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CARACTÈRES COMMUNS

AUX PIRIRIGUAS ET AUX ANNOS.

Ce sont trois espèces d'oiseaux que leur conformation et

leurs habitudes rapprochent. Ils sont sédentaires ; ils vivent en familles et en bandes de huit à trente individus ; ils se tiennent dans les plantations, dans les bosquets et à la lisière des forêts, sans y pénétrer ni rechercher les grands arbres; ils sautillent, se réfugient et dorment sur les buissons les plus élevés et les plus fourrés. Leur queue est longue et formée de huit pennes inégales, un peu plus larges vers leurs bouts, presque dégarnies de barbes à leur origine et toujours un peu étalées en éventail. Les ailes ont 19 pennes faibles, desquelles la première est trèscourte et la quatrième la plus longue. La tête est un peu petite, et les plumes qui la couvrent, ainsi que celles d'une partie du cou, sont très-étroites, luisantes et rudes. L'œik est arrondi et entouré d'un large espace dénué de plumes, qui s'étend jusqu'au bec; les cils supérieurs sont gros, durs, longs et noirs. Les pieds ont deux doigts en arrière. Le cou est un peu court. Le vol de ces oiseaux est bas, droit, horizontal et de peu de durée; dans le vol, leurs ailes forment, avec leur corps, une véritable croix, parce qu'ils les étendent beaucoup et les élèvent un peu plus que le corps.

Le piririgua et l'anno ne sont point farouches, et ils cherchent leur nourriture, de côté et d'autre, sans néanmoins se poser à terre, dans les plantations, les enclos et

les bosquets; ils tournent aussi autour des bœufs dans les pâturages, mais ils ne se posent jamais sur ces animaux.

L'anno-guazu, au contraire, est si défiant, qu'il ne se montre jamais dans les lieux découverts; il se tient toujours dans les cantons et les halliers les plus fourrés et les plus sombres, où il se nourrit d'insectes et de vers. Le piririgua et l'anno, qui sont vingt fois plus communs, mangent les grillons, les sauterelles, les petits lézards et les petites couleuvres. Quoique ces trois oiseaux se tiennent en bandes, près l'un de l'autre, l'anno et le piririgua se serrent tellement les uns contre les autres, sur quelques branches, pour se mettre à l'abri du vent, lorsqu'il fait froid, que l'on peut en tuer un grand nombre d'un seul coup de fusil. Ces deux espèces sont si amies, que leurs troupes se mêlent fréquemment, et qu'elles travaillent de concert comme si elles étaient de la même famille. Ce n'est pas tout: ces mêmes bandes, composées d'espèces différentes, travaillent souvent ensemble à la construction d'un grand nid, où toutes les femelles déposent leurs œufs, les couvent jusqu'à ce qu'ils soient éclos, nourrissent et élèvent les petits, comme s'ils étaient de la même espèce. J'ai vu plusieurs de ces nids dans lesquels étaient des œufs des deux espèces. Cependant il arrive plus ordinairement que chaque troupe de piririguas et d'annös fait un nid assez spacieux pour contenir les œufs de toutes les femelles de la bande. On dit la même chose de l'anno-guazu, mais je ne l'ai

pas vu.

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L'auteur contredit Buffon au sujet de l'histoire naturelle des deux espèces d'anis (annos d'Azara); mais ces oiseaux sont si communs et si connus dans nos colonies, qu'il n'y a personne qui ne sache que Buffon les a bien décrits, par rapport à leurs habi

tudes. (S.)

N°. CCLXII.

LE PIRIRIGUA.

le

On l'appèle au Paraguay piririgua et piririta, et ces deux noms expriment son cri le plus ordinaire, qu'il répète, soit au vol, soit en repos. Il prononce aussi quelquefois les syllabes piriririri, comme s'il riait, et d'autres fois guaogua, du ton de quelqu'un qui pleure. Il est fort rare à Buenos-Ayres, où il porte, m'a-t-on dit, nom de cocholote; mais il est très-commun au Paraguay, et l'on assure qu'il existe aussi au Tucuman, et que les Portugais du Brésil le nomment feitizeira. C'est un oiseau sédentaire; on l'élève facilement en cage, avec de petits morceaux de viande crue. Un homme, très-digne de foi, m'a assuré qu'ayant pris une nichée de piririguas, il laissa vivre les petits en toute liberté dans sa maison, où ils se plaisaient tellement, qu'ils se promenaient et volaient dans le jardin, parcouraient la maison, et entraient par-tout sans la moindre crainte, comme les animaux domestiques les plus familiers. Quand ils eurent un an d'âge, ils construisirent tous ensemble un nid dans une grande caisse, ils y firent leur ponte et y élevèrent une

nouvelle famille.

Le piririgua préfère les plantations voisines des habitations; il entre même dans les lieux habités. Il place son

'Le guira-cantara, Buffon, Hist. nat. tom. XII, pag. 71. guira acangatara, Marcgrave, Hist. nat. Bras. pag. 216. Cuculus cristatus Brasiliensis, Brisson, ornith. tom. iv, pag. 144. Cuculus guira Linn. syst. nat. gen. 57, sp. 32, Latham, syst, ornith. gen. 20, sp. 40. (S.)

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nid sur des buissons hauts et épais; il le compose de ra meaux, et il en garnit l'intérieur de feuilles sèches; la forme de ce nid est assez aplatie. Les œufs sont exactement en ellipse alongée, aussi gros à un bout qu'à l'autre, et de 19 et 14 lignes de diamètres. Leur couleur est un vert bleuâtre, avec des veines blanches qui s'effacent par un léger frottement, et ne laissent que la belle couleur du fond. Si quelque caracara, ou quelqu'autre oiseau, passe près du nid, même sans aucun dessein d'y causer du dommage, le piririgua l'attaque avec acharnement et le met en fuite.

Formes. Les plumes de l'occiput, longues de 15 lignes, forment une huppe qui n'est jamais couchée, et que l'oiseau relève un peu, sur-tout quand il est en colère. Le bec est aussi épais que large, très-comprimé sur les côtés et médiocrement courbé. Le tarse est presqu'entièrement couvert d'écailles.

Dimensions. Longueur totale, 15 pouces ; de la queue, 7 trois quarts; du vol, 18 et demi; de la jambe, 27 ligues; du tarse, 19; du bec, 11 et demie. La penne extérieure de chaque côté de la queue est de 17 lignes plus courte que les intermédiaires.

Couleurs. Les plumes de dessus la tête ont leurs tiges noirâtres et leurs bords dorés; celles des côtés sont d'un blanc jaunâtre; celles de l'occiput sont noires dans leur milieu et blanchâtres sur leurs bords, et celles de la partie postérieure du cou et du haut du dos ont du blanc le long de leurs tiges, du blanchâtre en liséré et du brun foncé sur le reste. Le dos et toutes les parties inférieures sont blancs, et les couvertures du dessus des ailes sont noirâtres et bordées ds blanchâtre. Les pennes et les couvertures de la partie extérieure de l'aile sont brunes, et le reste des ailes

est noirâtre. La queue est blanche à son origine, sur la longueur de trois pouces ; le reste des deux pennes intermédiaires est brun, et sur les autres pennes noir, avec une tache blanche d'un pouce à l'extrémité. Le tarse est d'un vert noirâtre, le bec orangé, l'iris d'un orangé vif et le tour de l'œil d'un jaune bleuâtre.

N° CCLXIII.

L'ANNO.

Je ne crois pas que cette espèce se trouve au delà du 28e degré de latitude australe; mais elle est très-commune au Paraguay, où elle porte plus particulièrement le nom d'anno, d'après son cri que les uns entendent anno, et qui exprime, à mon sens, les voyelles oooi ou aaai. Cet oiseau bâtit son nid avec de petites lianes flexibles, et il le tapisse en dedans avec des feuilles de différens arbres, et principalement d'orangers; il le place de même que le piririgua, et quelquefois ce nid contient jusqu'à vingt et trente œufs, semblables à ceux de l'espèce précédente, mais dont les diamètres ont 16 et demie et 12 lignes; ils

П.o 102,

1 L'ani des savannes, Buffon, tom. XII, pag. 89, et pl. enl. fig. 2, sous la dénomination de petit bout de petun. Ani brasiliensibus, Marcgrave, Hist. nat. Bras. pag. 193. Crotophagus, Brisson, ornith, tom. IV, pag. 177.-Crotophagus ani Linn. syst. nat. gen. 49, sp. 1. —Latham, syst. ornith. gen. 11, sp. 1. Ces oiseaux exhalent une mauvaise odeur, et leur attitude est fort maussade; car posés à terre ou sur une branche, ils retirent leur cou et serrent la tête contre leur corps. Ils nichent toute l'année, et ils subissent plusieurs mues. Cette espèce est commune à la Guiane, à Saint - Domingue et dans d'autres parties du midi de l'Amérique. (S.)

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