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Les perroquets réunis en troupes sont plus farouches, parce qu'il y en a toujours un qui fait sentinelle, et qui avertit ses compagnons du danger. Lorsqu'ils dirigent leur vol vers un canton planté d'orangers ou ensemencé, d'où on a coutume de les éloigner, ils arrivent sans jeter aucun cri, et ils gardent le même silence en mangeant. Mais, pour l'ordinaire, ils ne sont pas défians; et les naturels de ces contrées les prennent d'une manière, qui peut-être paraîtra peu croyable. Ils attachent un ou deux morceaux de bois à un arbre dont les fruits plaisent aux perroquets; ils mettent un bâton ou deux en travers, depuis ces bois jusqu'à l'arbre, et ils forment, avec des feuilles de palmier, une cabane assez grande pour qu'un chasseur puisse s'y cacher. Celui-ci a un perroquet privé qui, par ses cris, appèle ceux des forêts, qui ne manquent pas d'arriver à la voix du prisonnier. Alors le chasseur, sans perdre de tems, leur passe au cou un nœud coulant attaché au bout d'une longue baguette, qu'il fait mouvoir depuis sa cabane; et s'il a quatre ou six de ces baguettes, il prend autant de perroquets, parce qu'il ne les retire pas sans que chacune d'elles n'ait saisi un oiseau, et que ces oiseaux ne cherchent pas à s'échapper avant d'être serrés par le lacet. Les mêmes Indiens font aussi la chasse aux perroquets avec des flèches; et lorsqu'ils veulent les avoir vivans, ils mettent à la pointe de leurs flèches un bouton, afin de les étourdir sans les tuer.

Si je n'examinais que les formes, je ne ferais que deux familles de mes perroquets ; l'une, qui comprendrait ceux dont la queue est longue, pointue et en étages très-sensibles, mais égaux; et l'autre, qui serait formée des cspèces à queue carrée et égale, et d'une largeur régulière. Cependant, je subdiviserais la première famille,

en

séparant les trois espèces qui portent le nom de guacamayos, et me déterminant par la grandeur et par les habitudes naturelles ; d'où il résulterait trois familles.

Buffon pensait que l'on ne trouve point de perroquets au delà du 25 degré; mais il a été mal informé ; car la ; plupart des espèces que je décris dépassent cette latitude, et quelques-unes vont plus loin, vers le sud, que le 36€ degré. Cet auteur rapporte ensuite, d'après Dutertre et Labat, que la chair des perroquets contracte l'odeur et la couleur des fruits et des graines dont ils se nourrissent, et que la graine de coton les enivre au point qu'on peut les prendre avec la main; mais tout cela est faux. '

' Quoique de pareils effets ne soient point extraordinaires dans l'économie animale, je dois faire observer que Buffon ne présente point ceux-ci comme des faits positifs ; il se contente de les rapporter avec cette formule qui annonce le doute: Quelques auteurs ont prétendu, etc. Je passe d'autres critiques qui ne sont guère mieux fondées. (S.)

CARACTÈRES COMMUNS

GUACAMATOS

AUX GUACAMAYOS.

est le nom que les Espagnols donnent à ces oiseaux; les Guaranis les appèlent guaha et araraca. Toutes ces dénominations proviennent de leur cri aigre, fort, incommode et désagréable. On les apprivoise facilement, même lorsqu'on les a pris adultes; mais on en fait peu de cas, parce qu'ils n'apprennent point à parler, qu'ils crient d'une manière insupportable, qu'ils cassent les bâtons des chaises et arrachent les clous des meubles avec leur bec très-robuste. Ils ont les ailes fortes, roides et assez pointues; la queue composée de 12 pennes trèsdroites, démesurément longues, également étagées, et dont la largeur diminue par gradations, jusqu'à se terminer en pointe aiguë. Ce sont les plus grands de tous les perroquets et ceux qui ont le dos plus large. Je n'en ai jamais vu que six à huit ensemble; ils vont communément par paires. Ils s'agitent et crient quand ils aperçoivent quelqu'un. Ils ne vont jamais à terre; Noseda en rencontra-un, et il le prit, parce qu'il ne put s'enlever; en effet, ses ailes excessivement longues et ses jambes très-courtes durent l'en empêcher; c'est pour cela que, pour prendre leur volée, les guacamayos s'élancent de dessus les arbres, et qu'ils ne sautent point comme la plupart des oiseaux. Ils ne s'abattent point dans les plantations d'orangers, de goïaviers, etc. et ils ne se nourrissent que des fruits des palmiers et des autres arbres des forêts dans lesquelles ils IV. a 4

font leur demeure habituelle; ils se tiennent plus volon→ tiers près des bords. Ils se perchent sur le quart le plus élevé des arbres les plus hauts, et néanmoins ils se montrent rarement à leur cime. Leur vol est horizontal, médiocrement élevé. Buffon les a fait connaître sous le nom d'aras.

N.° CCLX X I.

LE GUACAMAYO ROUGE.

Il n'est point commun, et je ne crois pas qu'il passe le 28° degré de latitude australe. Sa ponte est de deux œufs d'un blanc luisant, plus pointus à un bout qu'à l'autre, et dont les diamètres sont de 24 et de 16 lignes. Les petits, qui ressemblent d'abord aux adultes, ne crient point pour exprimer le besoin, et ils prennent leur nourriture en frappant de leur bec le tronc des arbres. Les père et mère ne perdent pas de vue leur nid, et ils montrent beaucoup d'inquiétude lorsque quelqu'un en approche; ils couvent et ils donnent tour à tour à manger à leurs petits. Il n'y a pas de différence entre le mâle et la femelle; et le fait suivant prouve combien ils s'affectionnent l'un et l'autre. Au mois d'Avril 1788, Manuel Palomares alla chasser à une lieue de distance de la ville; il tua un guacamayo, qu'il attacha sur la croupe de son cheval. Un

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L'ara rouge, Buffon, tom. 11, pag. 250. - Psittacus macao Linn. syst. nat. gen. 45, sp. 1. — Latham, syst. ornith. gen. 5, sp. 1. Il n'est pas étonnant que M. d'Azara ait remarqué des différences entre sa description et celle de Buffon. Il y a long-tems que l'on a observé que les guacamayos ou aras rouges diffèrent entr'eux, non-seulement dans la distribution des couleurs, mais encore en grandeur. (S.)

autre oiseau de la même espèce suivit Palomares jusqu'à sa maison, située au centre de la capitale du Paraguay, et arrivé dans la cour, il se jeta sur l'oiseau mort. On le vit le lendemain et plusieurs jours de suite sur le mur; enfin les domestiques le trouvèrent à terre, à côté de son compagnon; il se laissa prendre, et il resta privé dans la maison. Dans une autre maison de la ville, on nourrissait un guacamayo qui avait quarante-quatre ans, et qui ne pouvait plus manger sur la fin que du maïs bouilli. M'étant arrivé de tuer un de ces oiseaux, et de le poser le ventre en l'air, je lui donnai des coups sur la poitrine, avec la main, et je remarquai qu'il rendait les mêmes cris que s'il eût été vivant.

Formes. 23 pennes aux ailes, la deuxième, la troisième et la quatrième presque égales. La queué en a 12 pointues et également étagées; l'extérieure a 13 pouces et demi de moins que les deux intermédiaires. De petites écailles noires couvrent le tarse. En dedans de la mandibule supérieure du bec, il y a une proéminence contre laquelle l'oiseau appuie les noyaux durs de quelques fruits, pour les briser en les pressant avec le bout de la mandibule inférieure. Le bec, à sa naissance, est entouré d'une membrane blanchâtre, large d'une ligne à la base de la pièce supérieure, et qui, passant au-dessus de l'œil, occupe les côtés de la tête, dénués de plumes et sillonnés par quelques rides, avec des lignes de petites plumes rouges.

Dimensions. Longueur totale, 33 pouces et demi; de la queue, 19 et demi; du vol, 45; de la jambe, 48 lignes; du tarse, 20; du bec, 36.

Couleurs. Le dessus et les côtés du corps, les couvertures supérieures et inférieures des ailes, toute la tête et le cou, sont d'un rouge très-vif, à l'exception des deux rangs

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