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ment des sommes qu'ils avaient avancées pour lui pendant son séjour à Lubeck. Le roi rit d'une pareille demande, et fit aux Lubeckois l'énumération de l'argent qu'ils avaient tiré avec tant d'usure de la Suède. Ils crièrent à l'ingratitude, et, aveuglés par la colère, mirent l'embargo sur tous les vaisseaux suédois qui se trouvaient dans leurs ports. La cargaison de plusieurs, consistant en cuivre et en fer, appartenait personnellement à Gustave, qui usa aussitôt de représailles : tous les bâtimens et toutes les marchandises appartenant à Lubeck furent saisis, par ses ordres, dans toute l'étendue du royaume, et les privilèges dont jouissait cette ville abolis dans le même jour. Les Lubeckois ne s'occupèrent plus que de vengeance, et dirigèrent tous leurs soins à la faire tourner à leur avantage. Ils disputèrent long-tems sur les moyens qu'ils emploieraient, lorsque Wollenweber réunit enfin les opinions, en leur disant que Lubeck pouvait bien

déposer un roi qui n'avait monté sur le « trône que par son secours. » Ils décidèrent donc de s'adresser à un fils de l'administrateur Sture, qui voyageait avec une permission de Gustave, et de lui ouvrir le chemin

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au trône de Suède, et même à celui de Danemarck, qui était encore un sujet de contestation. Ce plan qui avait besoin d'un protecteur, en trouva bientôt un puissant dans le perfide beau-frère de Gustave, le comte de Hoya. Ce seigneur, excité par l'ambition la plus injuste, n'avait pas cessé de conspirer en secret contre un souverain qui, en le comblant de bienfaits, et en lui accordant la main de sa soeur, lui avait donné sur les seigneurs suédois une préférence impardonnable. Les Lubeckois, qui connaissaient sa façon de penser, ne craignirent pas de lui communiquer leurs desseins: ils le trouvèrent très-disposé à les servir, et les accords furent faits de part et d'autre. Gustave fut informé à tems de cette conjuration. Trop cruellement blessé pour pouvoir retenir sa colère, il écrivit au comte dans les termes les plus forts, et lui ordonna de se rendre aussitôt à sa cour. Mais celui-ci sentant bien le danger auquel il s'exposerait en obéissant, chargea à la hâte trois vaisseaux de ses objets les plus précieux, et engagea sa femme à s'embarquer avec lui, lui persuadant qu'il se rendait à Stockholm. Ne trouvant pas prudent de prendre directement la route de Lubeck, il fit d'abord voile vers Reval. Ce fut

dans cette ville que la mort lui enleva son épouse, ce qui finit de rompre tous les liens qui l'attachaient à Gustave. Après avoir fait rendre les derniers devoirs à sa malheureuse compagne, il alla par terre à Lubeck. Pendant ce tems-là, on faisait le siège de son château de Wibourg. Gerstenberg, qui y commandait, se défendit long-tems, et n'en remit les clefs que lorsqu'on lui eut accordé la permission de partir, et d'emmener avec lui quatre vaisseaux.

Le jeune Swante Sture se trouvait alors à la cour du comte de Saxe de Lauenbourg: on parvint, à force d'adresse, à le faire venir dans un petit endroit situé sur le territoire de Lubeck. Le général Meyer, un des nouveaux gouvernans de cette république, l'y attendait il fit son possible pour éblouir ce jeune homme, en lui faisant les propositions les plus brillantes : il chercha à lui prouver les droits incontestables qu'il avait au trône de Suède il lui parla avec un respect affecté de son père, de l'amour que les Suédois portaient à sa mémoire, amour qui rejaillissait sur lui, par l'espoir qu'on avait qu'il lui ressemblerait un jour : il lui fit part des dispositions où étaient les Lubeckois de placer la couronne sur sa tête, et il finit par lui dire

qu'on ne lui demandait pour cela que son simple consentement. Etonné d'un semblable discours, ce brave jeune homme ne dissimula pas le mécontentement qu'il lui causait il répondit que son devoir envers sa patrie et son légitime souverain, lui imposait la loi de fermer l'oreille à de si belles propositions. Le général, emporté par son zèle, lui dit avec humeur que, s'il ne voulait pas les accepter, on saurait bien l'y contraindre menace bien extraordinaire, puisqu'une couronne en était l'objet. Sture, peu effrayé de la colère de Meyer, persistait dans son refus, lorsqu'il vit paraître une troupe de cinquante cavaliers qui l'entourèrent et le conduisirent prisonnier à Lubeck. Les magistrats furent contraints de le loger tour à tour, et de veiller sur sa personne. Mais ces mesures de rigueur cessèrent bientôt, et on lui permit de se promener dans la ville sur sa parole d'honneur de n'en pas sortir. Les Lubeckois employèrent tous les moyens qu'ils crurent capables de le séduire : ils lui firent de magnifiques présens, et lui rendirent les mêmes honneurs qu'à un roi ; ils firent aussi passer en son nom des lettres en Suède, croyant par-là exciter le peuple à la

révolte; mais il refusa constamment de les signer, et ne fit rien qui pût faire soupçonner qu'il prenait quelque part au rôle qu'on voulait lui faire jouer. Meyer, désespérant d'en venir à ses fins avec un jeune homme d'une vertu si austère, craignit que le moment où on lui rendrait la liberté, ne lui devînt funeste: en conséquence, il chercha à le perdre, et crut y parvenir en faisant arrêter sa correspondance avec le duc de Lauenbourg, persuadé qu'on y trouverait quelque chose contre le gouvernement de Lubeck. Mais son attente fut déçue: on n'y vit rien que de très-innocent. A force de sollicitations et d'instances, Sture obtint enfin sa liberté; mais avant de la lui accorder, on exigea de lui une assurance par écrit que ni lui, ni les siens, ni même ses amis, ne tireraient jamais vengeance de ce qui s'était passé. A ces conditions les portes de la ville s'ouvrirent pour ce brave et rare jeune homme. Mais le sénat lui donna, avant son départ, une preuve bien forte de sa bassesse et de son avarice, en reprenant tous les présens qu'il lui avait faits. Les Lubeckois furent donc forcés de renoncer, malgré eux, à leurs projets ur la Suède. Voyant alors le Danemarck

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