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sans maître, et agité par des troubles intérieurs, ils crurent pouvoir profiter de l'état de faiblesse où se trouvait ce royaume pour l'attaquer. Les Danois recoururent à Gustave, et firent avec lui une alliance connue sous le nom de paix eternelle, par laquelle les deux royaumes s'engagèrent à se défendre réciproquement contre les Lubeckois; et afin d'éviter toute espèce de mésintelligence à l'avenir, on convint que toute contestation serait portée devant un tribunal composé de douze juges choisis dans les deux royaumes, qui prononceraient en dernier ressort. Cette alliance ne fit que redoubler la fureur des Lubeckois, qui concurent alors le plan de tirer Christiern de sa prison, et de le remettre sur le trône de Danemarck, se réservant néanmoins toutes les conquêtes qu'ils seraient dans le cas de faire dans le cours des opérations qui devaient assurer le succès de cette entreprise. Christophe, comte d'Oldenbourg, parent du prisonnier, prit le commandement des troupes chargées de cette expédition sur la promesse qu'on lui fit de lui fournir des hommes et de l'argent, il s'engagea à délivrer son parent, et à dédommager amplement les Lubeckois de leurs

avances, par les conquêtes qu'il ferait, pour leur compte, tant en Danemark qu'en Holstein. Les conventions signécs, le comte recruta à la hâte 4000 hommes, et fit demander à Christian, duc de Holstein, la liberté de Christiern, retenu prisonnier dans ses états, avec menace d'y entrer en ennemi si on le refusait. Le duc répondit que Christiern n'étant pas son prisonnier, mais celui des Danois et des Suédois réunis d'opinion à cet égard, il n'était pas en sa puissance de disposer de sa personne. Christophe, après cette réponse, entra dans le Holstein, où il n'éprouva que peu de résistance: il pilla, mit tout à contribution, et s'empara de plusieurs places fortes. Dans cette position, il menaça les Danois d'entrer en Danemarck s'ils ne reconnaissaient Christiern pour leur roi. Les Danois alors rassemblèrent toutes leurs troupes, et les envoyèrent dans le Holstein, afin d'empêcher l'ennemi d'y faire de nouveaux progrès. Par ce moyen, ils dégarnirent considérablement le Danemarck. Les Lubeckois, profitant de cette circonstance, parurent tout à coup avec vingt-trois vaisseaux de ligne sur les côtes de la Sélande: Wollenweber, commandait la marine, et Meyer, les

troupes de débarquement. Trolle, le comte de Hoya et plusieurs autres Suédois révoltés, tant nobles que prêtres, étaient aussi à bord. La crainte que causa l'apparition subite de cette flotte, jointe à celle qu'inspiraient déjà les troupes du comte Christophe, répandit une alarme générale dans le Le royaume. comte, traversant les terres, se rendit en Scanie arrivé à Lunden, il y fit proclamer Christiern, envoya des ordres en Norwège pour l'y faire reconnaître, et exerça partout une autorité royale.

Le duc de Holstein ne demeura pas spectateur tranquille de ces évènemens : il reçut de Brunswick, du Mecklenbourg et de Lunebourg 1600 hommes de cavalerie et 2000 d'infanterie en peu de tems, il reprit toutes les places occupées par l'ennemi, s'empara de Travemunde, brûla une grande quantité de vaisseaux, et parvint à entourer Lubeck. Il s'adressa aussi au roi de Suède, pour le prier de venir à son secours. Ce monarque était trop intéressé à s'opposer au rétablissement de Christiern pour refuser le duc; et d'ailleurs, sa dernière alliance avec les Danois lui faisait un devoir d'embrasser leur défense il envoya donc en Danemarck 1500

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hommes d'infanterie, 700 de cavalerie, et une flotte composée de dix vaisseaux. Il écrivit aux Scaniens pour les exhorter à rester fidèles aux fils de leur roi Frédérik, et à choisir le fils aîné de ce monarque pour lui succéder. Mais les choses avaient bien changé de face en Danemarck ! le peuple, excité dans plusieurs provinces par les prêtres catholiques, s'était montré tellement disposé en faveur de Christiern, que ceux mêmes qui tenaient à Copenhague les rênes du gouvernement avaient été forcés d'écrire à Gustave que ses secours devenaient inutiles, Christiern étant partout reconnu roi. Loin de se laisser abattre par une aussi fâcheuse nouvelle, Gustave invita la noblesse du Jutland et de Fionie à la constance, s'engageant à la seconder de toutes ses forces. Sa fermeté produisit l'effet qu'il en avait attendu : les Danois fidèles s'assemblèrent au Jutland, et proclamèrent roi de Danemarck, Christian, fils aîné de Frédérik. Cet exemple fut suivi en Fionie. Gustave fit alors tout ce qui dépendait de lui pour soutenir son beau-frère sur le trône où il venait de le placer : il fit partir pour la Scanie une armée considérable, et, malgré l'état peu florissant de ses finances, il envoya au

nouveau monarque, sous l'escorte de trois vaisseaux de guerre, mille marcs d'argent et 4106 gros écus. Il détacha aussi un une flotte commandée par l'amiral Flemming, en Prusse et en Pomeranie, afin d'y recruter pour Christian des soldats et des matelots. Mais cette flotte éprouva une horrible tempête qui la dispersa, et fit couler bas plusieurs vaisseaux. Ceux qui eurent le bonheur d'échapper à la fureur des flots, dirigèrent leur route vers Dantzick, et, au mépris des traités faits avec le sénat de cette ville, s'emparèrent, non-seulement des vaisseaux lubeckois, mais de tous ceux qu'ils rencontrèrent, sans en excepter même ceux de Dantzick. Cette conduite peu convenable eut les suites les plus fâcheuses : tous les Suédois qui se trouvèrent à Dantzick furent arrêtés et jetés en prison; l'amiral ne fut pas plus exempt que les autres de cette mesure de rigueur. Le plus grand vaisseau de la flotte suédoise, le grand Cravel, destiné à porter 1300 hommes, fut atpar ruse dans le port: aussitôt entré, on le désarma, et on le livra au pillage. Les habitans de Dantzick égalaient ceux de Lubeck en insolence et en orgueil. L'impuissance et le peu d'intelligence qui régnait

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