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supériorité de nombre, les Suédois, par leur discipline et leurs connaissances militaires, obtinrent de grands avantages sur des troupes qu'on pouvait comparer alors à des bandes de sauvages; mais cependant il n'y eut point d'action décisive. Les Russes se portèrent sur Wibourg, et voulurent en faire le siège: deux corps considérables, commandés par les princes russes, Démétrius et Pierre, et deux mille Tartares, conduits par le Chan de Casan, entourèrent la ville, et la battirent pendant trois jours consécutifs avec 15 pièces de campagne et 200 fauconneaux ; mais faute d'adresse et de munitions, ils ne causèrent presque point de dommages. Voyant leurs efforts inutiles, les Russes levèrent leur camp pendant la nuit, et prirent la fuite, comme s'ils eussent été battus. Les généraux suédois se mirent à leur poursuite, et parvin. rent à les chasser totalement de la Finlande.

Iwan, s'apercevant enfin dela différence qui existait entre les Suédois et les Asiatiques, ses voisins, perdit toute envie de continuer la guerre, regagna ses états, et chargea le gouverneur de Novogorod de négocier la paix avec Gustave, qui écrivit à Iwan pour lui proposer de renouveler l'alliance de soixante ans, en lui

observant que les Suédois ne l'avaient pas rompue. On fit un armistice de cinq mois, pendant lequel il fut convenu qu'un ambassadeur suédois se rendrait au camp du czar pour y régler les articles de la paix; mais sa cruauté reconnue, et son peu de respect pour le droit des gens furent cause que tout le monde se défendit de se charger de cette mission importante. Enfin le grand prévôt du chapitre d'Abo se décida à la remplir, espérant qu'on aurait quelques égards pour son caractère : il partit donc pour Moscou ; mais il en revint bientôt après avec la réponse d'I wan, qui demandait pour traiter de la paix, non un simple chargé d'affaires, mais une ambassade dans toutes les formes.

Après avoir pris les moyens de préserver la Finlande d'une nouvelle invasion, Gustave se décida à retourner à Stockholm. Dès qu'il y fut arrivé, il nomma à l'ambassade de Moscou l'archevêque Pierre, l'évêque d'Abo et trois sénateurs, auxquels il donna une suite brillante, Le czar, dont la vanité fut flattée de voir à sa cour de si grands personnages, les recut avec bonté, et témoigna le desir d'entendre disputer, en sa présence, en sa présence, l'archevêque suédois et le patriarche russe sur des points

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de religion. Ce desir étant un ordre, on ne s'occupa plus que du choix de la langue: l'archevêque demanda la latine, le patriarche la grecque; mais le czar préféra la langue allemande, ce qui fit un grand plaisir à Pierre. Le patriarche, qui n'entendait pas assez l'allemand, s'en tint au grec, et la lutte commença. Les jeûnes et l'adoration des images furent tour à tour contestés par l'archevêque, et défendus par le patriarche. Le czar voulait qu'on lui expliquât chaque mot; mais l'interprète, qui ne comprenait rien à la théologie, et qui craignait que le czar ne le punît sévèrement de son ignorance, disait tout ce qui lui passait par la tête. L'évêque d'Abo, Agricola, qui savait les deux langues, ne put s'empêcher de rire des explications données au czar par l'interprète. Iwan s'en étant aperçu, fit aussitôt finir la controverse, combla de présens les ambassadeurs, et àitacha au cou de l'archevêque, comme une faveur particulière, une chaîne d'or d'un grand prix.

Le 2 avril 1553, le traité fut enfin conclu entre les deux puissances, mais seulement pour quarante ans, terme déjà fixé dans celui qui avait été fait en 1537. Les principaux articles portaient que la liberté serait à l'instant

246 HISTOIRE DE GUSTAVE WASA. rendue aux prisonniers russes et suédois, et que les sujets des deux états pourraient réciproquement voyager et commercer, sans aucun empêchement, tant en Suède qu'en Russie. Il ne restait plus qu'à fixer les frontières: pour cela, l'on convint que le jour de saint Elie, 1559, cent hommes se rendraient des deux côtés sur les bords du fleuve Wopa, et se chargeraient de poser les limites des deux puissances. Le czar ratifia ce traité en présence des ambassadeurs suédois, à la manière russe, en baisant la croix, cérémonie qui fut répétée à Stockholm devant Gustave, par les ambassadeurs russes.

FIN DU LIVRE QUATORZIÈME.

ARGUMENT.

Mauvaise intelligence entre la Suède et le Danemarck. - Lettre sérieuse de Gustave à Christian. Satire composée à CoRéponse faite à Stockholm. Ambassade sué

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Propositions ridicules.

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Accroisse

penhague. doise en Angleterre. ment de la navigation suédoise. Les Livoniens implorent des secours de Gustave contre les Russes. Jalousie du prince héréditaire Erik contre son frère Jean. Erik de vient maître d'un grand arrondissement. Son ingratitude envers son père.

dité du trône.

Projet de Gustave de lui ôter l'héréRéconciliation de Gustave et de son fils.

Mariage de la princesse Catherine avec Ézar, comte de la Frise orientale. Aventure galante entre la princesse Cécile et le frère d'Ezar. Ses suites. Projet d'Erik de demander la main d'Elisabeth, reine d'Angleterre. Ambassade à ce sujet. Déclaration d'Elisabeth.

prince Jean pour Londres.

DER

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Départ du

EPUIS quelques années les Anglais avaient découvert la route de d'Archangel, lieu qui fut d'abord reconnu très-commode pour le commerce, puisque les Russes pouvaient y faire passer par la Dwina toutes leurs productions, au lieu de les envoyer, avec beaucoup de peine et de frais, à Riga et à Reval, qui n'appartenaient point encore à la Russie. Ce nouveau genre de commerce causa de vives

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