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après en avoir fermé toutes les portes, ils délibérèrent sur les moyens de se venger, d'une manière éclatante, du sanglant outrage qu'ils venaient de recevoir. Brask, laissant un libre essor à toute sa fureur, s'écria que si l'excommunication, devant laquelle tant de souverains avaient tremblé, conservait encore quelque force, il fallait en frapper le roi impie qu'ils avaient trop long-tems ménagé. L'évêque de Westeræs, malgré son dévouement à Gustave, ne crut ni devoir, ni pouvoir répondre. Mais celui de Strengnæs observa à ses collègues que, dans les circonstances présentes, les moyens de rigueur, loin de produire des fruits salutaires, ne feraient, au contraire, qu'aggraver encore les malheurs. Il déclara même qu'il était prêt à remettre à Gustave son château, persuadé qu'un roi guerrier saurait mieux le défendre contre les ennemis de la nation, qu'un prêtre dont le devoir était d'être pacifique. L'évêque de Linkoeping lui fit, à ce sujet, les plus vifs reproches, et lui demanda de quel droit il dispo sait des biens de l'église, comme de sa propre fortune. Il finit par le conjurer de ne point se séparer de ses collègues, et de se réunir à eux pour défendre les droits de la

:

religion. Il rappela aux autres évêques, qui montraient une lâche indifférence, le serment qu'ils avaient fait au pape, et leur montra le mépris dans lequel ils étaient tombés, par leur faiblesse, aux yeux du roi et de la nation il les menaça de l'excommunication, s'ils ne sortaient pas de cette apathie impardonnable, et leur dit que le plus petit des dangers était la colère du roi; que celle du pape était le plus grand de tous, et le seul que pussent redouter de vrais catholiques, qui ne devaient compter aucuns sacrifices, quand la palme du martyre pouvait en être le prix. Son discours fit le plus grand effet. Tous les évêques et les ecclésiastiques présens jurèrent, au pied de l'autel, de ne consentir à aucun changement dans la religion. Le serment fut rédigé par écrit ; chacun le signa, y apposa le sceau de ses armes, et on le déposa dans l'église même, sous la pierre d'un tombeau. Animés par l'espoir de la victoire, les évêques se rendirent dans la salle d'assemblée, où ils trouvèrent, contre toute attente, un grand appui dans la personne du grand maréchal Thure Joenson:

seigneur, ennemi juré de Gustave, avai: le droit, en qualité de président de la

noblesse, de répondre le premier au discours par lequel le roi devait faire l'ouverture des états. Les évêques s'emparèrent tellement de son esprit, en flattant adroitement sa vanité, qu'il consentit à céder cet honneur à l'évêque de Linkoping.

Ce fut le chancelier Anderson qui porta laparole au nom du roi. Il fit, dans un discours profondément raisonné, l'histoire du règne de Gustave, et exposa les motifs de la conduite qu'il avait tenue jusqu'à ce jour. Il démontra ensuite la nécessité d'augmenter les revenus de l'état, afin de mettre le roi à même d'entretenir la marine, l'armée, les ambassadeurs, les juges, et de pourvoir d'une manière honorable aux dépenses de sa cour. Il prouva que la recette actuelle ne permetpas de fournir à ces différentes parties d'administration, puisque les revenus ne montaient qu'à 24,000 marcs, y compris 50 last de fer, et la dépense à 60,000. Il dit qu'il était tems d'imprimer dans l'esprit public le respect pour les lois, sans lequel elles restaient toujours languissantes et infructueuses, et de commander à tous les ordres de l'état une obéissance aveugle à l'autorité légitime. Il ajouta qu'il fallait mettre plus

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d'ordre et de sévérité dans l'administration des douanes, si l'on ne voulait pas entraîner celle des mines dans une ruine totale. Il parla de la justice qu'il y aurait à tirer la noblesse de la pauvreté où elle languissait, en lui rendant les biens que des ancêtres trop faibles avaient, par une piété mal entendue donnés à l'église. Enfin, il finit par demander que les places fortes et châteaux, qui se trouvaient entre les mains du clergé, fussent remis au gouvernement, et par déclarer que ce n'était qu'à ces conditions que le roi consentait à tenir encore les rênes de l'état.

Quand le chancelier eut fini de parler, tout le monde s'attendait à entendre la réponse du grand maréchal, et l'étonnement fut presque général lorsque l'on vit l'évêque de Linkoeping occuper sa place. Ce prélat dit qu'il était chargé de déclarer, au nom de ses collègues, que, fidèle au serment fait au pape, jamais le clergé ne consentirait à ce qu'il fût fait aucun changement qui pût porter atteinte aux droits sacrés et inviolables de l'église. Puis prenant un ton assuré, et pathétique en même tems, il s'écria : « Qu'il est douloureux pour nous de ne pou<< voir faire le sacrifice qu'on nous demande,

<< et qui doit, dit-on, assurer la prospérité « du royaume ! Mais, hélas! les biens de « l'église ne nous appartiennent pas : ils sont « un héritage confie à nos soins, que nous << devons surveiller, et dont nous devons << garantir la possession à son légitime maî«tre, le saint siège. »

Gustave s'était bien attendu à cette résistance de la part du clergé; mais il comptait sur la noblesse, à laquelle il procurait de si grands avantages. Plus sa confiance était grande, et plus son étonnement fut marqué quand il entendit le grand maréchal, de son propre mouvement, et sans avoir consulté les seigneurs qui l'entouraient, déclarer que toute la noblesse partageait les sentimens de l'évêque de Linkoping. Quelques seigneurs de la Gothie occidentale, fanatisés par leurs nions religieuses, et enhardis par la déclaration du grand maréchal, approuvèrent hautement la résistance et les scrupules du clergé. Personne dans l'assemblée n'osa les contredire. Alors Gustave se levant, dit : « Puisque mes ordres ne sont pas exécutés, << et toutes mes propositions rejetées, pujs<qu'on me rend responsable de la cherté, << de la disette et des maux qui accablent

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