ecclésiastique, levée dans les évêchés et abbayes, ainsi que le numéraire qui proviendrait de la fonte de l'argenterie et des cloches superflues des églises. Les sénateurs, sentant bien que les propositions du chancelier pouvaient scules sauver le royaume, y adhérèrent. Mais les négocians suédois, ne consultant que leur intérêt et leurs liaisons particulières avec les villes anséatiques, s'opposèrent de toutes leurs forces à la réussite de ces projets si avantageux au bien de l'état. Cependant on n'en conclut pas moins à cette assemblée un traité de commerce avec la gouvernante des Pays-Bas, et avec la Hollande: traité d'autant plus nécessaire, que la Belgique, qui avait un besoin indispensable de plusieurs productions de la Suède, y portait à son tour du sel, qu'elle tenait à un prix si haut, qu'il répandait la cherté sur toutes les autres denrées. Les prêtres regardèrent ces délibérations comme l'avant-coureur de leur ruine totale: ils avaient cru que le roi, effrayé de ce qui s'était passé à Upsal, n'aurait jamais la hardiesse de faire de nouvelles tentatives. Tirés, malgré eux, de cette sécurité trompeuse, ils observèrent d'un oeil attentif celui qui dirigeait l'orage, et ne pensèrent qu'à rendre la foudre impuissante dans sa main. Fondant de grandes espérances sur l'intelligente audace de Knut et de Sunnanwæder, ils résolurent de les faire revenir de Norwège. En conséquence, l'archevêque de Drontheim fut prié de demander, pour eux, au roi un saufconduit, sous le prétexte que ces prélats desiraient des juges devant lesquels ils pussent prouver leur innocence. D'après les lois ecclésiastiques, le tribunal, destiné à entendre leur justification, ne pouvait être composé que d'évêques ; ce qui ôtait toute espèce d'inquiétude aux deux coupables, ainsi qu'à ceux qui les rappelaient. Ils furent tous si persuadés de la validité de ce droit, qu'ils oublièrent d'en faire une condition expresse du sauf- conduit. Gustave acquiesca à la demande de l'archevêque de Drontheim. Knut, qui regrettait tous les momens perdus pour son triomphe et sa vengeance, n'attendit pas que son ami Sunnanwæder, alors malade fût rétabli, et partit seul pour Stockholm. Mais quel fut son étonnement et son effroi lorsqu'au lieu de comparaître devant un tribunal ecclésiastique intéressé à le trouver innocent, il se vit obligé de répondre à des ? 3 juges séculiers, dont l'intégrité lui òta tout espoir de corruption. On lui représenta ses lettres aux Dalecarliens: il lui fut impossible de les désavouer. Les juges, forts de l'aveu de ce grand coupable, crurent qu'un sauf-conduit ne devait pas le soustraire à la juste vengeance des lois, et, d'une voix unanime, le déclarèrent traître à la patrie, et le condamnèrent à mort. Son exécution fut cependant suspendue. Les amis de Sunnanwæder, craignant de se compromettre en correspondant avec lui, se gardèrent bien de le prévenir de la condamnation de son ami Knut, si bien que ce prélat arriva en Suède sans la moindre défiance. Une ancienne coutume suédoise " qui existe encore aujourd'hui, et dont le malheureux Ankerstroem, et la comtesse Rudenskiold ont, de nos jours, éprouvé la barbarie, veut que les criminels soient exposés aux regards du public avec une cruauté qui ajoute à l'horreur de leur supplice. Knut, affublé d'une chasuble toute déchirée, une couronne de paille sur la tête, une épée de bois au côté, et placé à rebours sur un cheval, fut donc obligé d'aller hors de la ville au-devant de son ami Sunnanwæder, et de recevoir, pendant toute la route, les insultes du peuple, naturellement avide de pareils spectacles, et déployant toujours dans ces occasions une inhumanité révoltante. Son délire, ou plutôt sa fureur, alla si loin dans cette journée, qu'il fit arrêter Knut et Sunnanwæder sur la grande place, et les força de boire avec les valets des bourreaux qui les accompagnaient. On se peindra facilement la rage que portèrent dans le coeur des prêtres, ces indignes traitemens : tout moyen propre à servir leur vengeance, et à détruire les projets de leurs ennemis, leur parut légitime : les évêques réveillèrent le zèle des cnrés, des confesseurs et des moines, eu leur faisant un tableau fidèle des dangers qui les menaçaient. On vit bientôt le royaume couvert d'une nuée de moines, qui, sous prétexte de pourvoir, par les aumônes des fidèles, à leur propre subsistance, s'introduisirent dans les maisons, enflammèrent les dévots, décidèrent les incertains, ramenèrent les faibles et disposèrent, par des calomnies aussi adroites que perfides, les esprits à la révolte, en assurant au peuple des villes et des villages que l'intérêt du ciel leur en faisait un saint devoir. Les amis de Gustave ne furent pas 1 long-tems sans s'apercevoir des progrès des factieux mais il fallait nécessairement agir avec prudence. Le nombre des prêtres qui tenaient encore à la cour de Rome était trop grand pour que le mal pût être détruit par la force. Le roi préféra donc de chercher à gagner les évêques et les supérieurs des ordres religieux: il promit aux prélats que, s'ils voulaient remettre, de bonne volonté, à l'état les biens de l'église, il les dédommagerait de ces sacrifices par d'autres biens qui deviendraient leur fortune particulière, et par des places et des dignités séculières pour eux et leurs familles. I ne put réussir qu'auprès des évêques de Strengnæs et de Westeræs, qui s'engagèrent à suivre aveuglément tout ce qu'il voudrait : les autres évêques furent insensibles à ses promesses; ni la séduction, ni les menaces ne purent trouver prise sur Magnus, qui ne voulut jamais se prêter à aucun changement dans la religion. Gustave, irrité de l'opiniâtre résistance de ce prélat, profita des preuves de sa complicité dans des projets de révolte, pour saisir ses biens, et pour le faire enfermer dans un couvent de Stockholm. Cette rigueur ne put ébranler ce prélat inflexible. Le roi eut un |