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moment le projet de lui faire faire son procès; mais, changeant tout à coup d'idée, il feignit de lui pardonner, et lui rendit sa liberté et ses biens. Cependant il sentait combien il lui serait avantageux d'ôter au clergé ce chef que rien ne pouvait effrayer ni séduire, et de mettre à sa place un des frères de Pierre sur le siège archiepiscopal d'Upsal. La nécessité et le desir de réussir lui firent quitter un instant son caractère naturel, pour recourir à la ruse; disons mieux, à la fausseté: il combla d'amitié le prélat qu'il détestait dans le fond de son ame; et, lui faisant part du dessein où il était de s'unir à la fille du roi de Pologne, Sigismond, il lui proposa d'aller, en qualité d'ambassadeur à cette cour, pour demander la main de cette princesse. Cette proposition combla de joie Magnus, qui vivait depuis si long-tems dans une crainte continuelle, et qui pouvait satisfaire avec sûreté l'envie qu'il avait de quitter à jamais la Suède. Ce prélat convoqua sur-lechamp une assemblée du clergé à Soderby, lui communiqua la mission honorable dont le roi l'avait chargé, et lui confia que son dessein était, au lieu d'aller en Pologne, de se rendre de suite à Rome, afin d'y travailler,

avec le zèle d'un vrai catholique, aux intérêts les plus chers de la religion : il demanda qu'on lui fournit l'argent nécessaire pour une si longue route, et pour appuyer plus fortement ses représentations auprès du saint-siège. Le clergé lui procura bientôt une somme considérable. L'archevêque enchanté, mit encore, dans de pieuses intentions, la main sur l'argenterie de quelques églises, et quitta la Suède au mois de mai 1527.

Gustave n'attendait que ce départ pour agir avec plus de vigueur : il attaqua ouvertement les supérieurs des ordres religieux qu'il n'avait pu gagner: la plupart étrangers, et presque tous allemands, avaient été envoyés, par les généraux des ordres, pour visiter les couvens, et pour y occuper les places de supérieurs. Le roi fit une ordonnance par laquelle il fut défendu à tout étranger de s'immiscer à l'avenir dans les affaires des ordres religieux en Suède, et qui enjoignit à tout supérieur d'ordres, qui n'était pas originaire Suédois, de quitter aussitôt le royaume. Gustave fit remplir les places vacantes par des personnes sur les sentimensdesquelles il pouvait compter. Une autre ordonnance fixa les époques auxquelles les

moines mendians feraient leurs tournées :

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Il ne leur fut permis de sortir que deux fois par an de leurs couvens et le tenis de leurs quêtes ne dut jamais dépasser le terme de quinze jours. On s'occupa alors du procès de Sunnanwæder. Ce prélat fut conduit à Upsal, où le roi se rendit en personne, et se présenta comme accusateur devant un tribunal composé de sénateurs et d'ecclésiastiques chargés de l'instruction de ce procès. Les évêques et les autres membres du clergé, qui parurent à ce tribunal, partie comme juges, partie comme simples spectateurs, protestèrent ouvertement contre tout arrêt prononcé par des juges séculiers contre un ecclésiastique, et déclarèrent que leur présence ne devait pas être regardée comme une adhésion de leur part. Le roi, sans avoir égard à leur protestation, ordonna aux juges de commencer l'instruction: il accusa Sunnanwæder d'avoir, dans une mission à Dantzick, détourné plusieurs sommes considérables, et d'avoir trahi sa patrie, tant par l'appui qu'il avait donné au jeune Sture, que par ses conseils perfides aux Dalecarliens, et ses correspondances avec Melen et Norby. Les lettres du prélat vinrent à l'appui de

ces accusations; ce qui décida les juges à le condamner à mort : il fut exécuté le même

jour; on lui trancha la tête, et son corps fut ensuite exposé sur une roue. Quelques jours après, Knut éprouva le même sort à Stockholm.

L'exécution de ces deux prélats fit la plus vive impression sur les catholiques duroyaume, qui ne virent dans ces traîtres que des martyrs, victimes de la haine de Gustave pour l'église romaine. Les évêques ne pouvaient pas pardonner qu'on eût fait juger des ecclésiastiques par des séculiers; mais ce mais ce qui les révolta au-dessus de toute expression, fut le spectacle du corps de Knut exposé sur une roue aux regards du peuple de la capitale. Ils crièrent au scandale, à l'hérésie, et cherchèrent à exciter des mouvemens séditieux. Le roi, fatigué de leurs criailleries, fit enlever le corps de ce rebelle, qui fut conduit et inhumé dans un couvent d'Upsal.

Les dévots nombreux répandus dans le royaume, leurs séditieuses lamentations sur la mort de Sunnanwæder et de Knut, le dernier effort des évêques pour soutenir leur puissance expirante, la jalousie de la noblesse contre Gustave, la cherté, la disette,

pour

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les nouveaux impôts, étaient autant de matériaux inflammables qui préparaient un incendie général. L'étendard de la révolte, flotter sur tout le royaume, n'attendait qu'une main assez hardie pour le déployer. Le grand maréchal Thure Jocuson, homme ambitieux, infatué de lui-même, fier de sa dignité, de ses titres et de sa grande influence sur le clergé qui lui faisait bassement la cour, se mit à la tête des mécontens. Il comptait beaucoup sur l'appui de ses trois fils, qui occupaient des places importantes dans l'état. L'aîné, cependant, lui paraissait peu disposé à servir son ambition : son amitié et son dévouement pour le roi lui inspiraient quelques doutes. Il chercha à gagner sa confiance, et, pour y parvenir, il lui proposa de travailler à lui obtenir la main de Christine. Cette dame, trompée dans ses espérances d'alliance avec Norby, n'en desirait pas moins de rentrer dans les liens de l'hyménée, et l'hommage d'un jeune cavalier, aimable et parent de son premier époux, ne pouvait que flatter son amour-propre et son cocur. Cette affaire se traita avec un si grand mystère, que le roi n'en fut instruit que lorsque les deux époux furent unis. Le

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