UNIVERSELLE, ANCIENNE ET MODERNE, OU BISTOIRE, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, de la vie pUBLIQUE ET PRIVÉE DE TOUS LES HOMMES QUI SE SONT FAIT REMARQUER PAR LEURS ÉCRITS, LEURS ACTIONS, LEURS TALENTS, LEURS VERTUS OU LEURS CRIMES. OUVRAGE ENTIÈREMENT NEUF, RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES ET DE SAVANTS. On doit des égards aux vivants; on ne doit, aux morts, que la vérité. (VOLT., première Lettre sur OEdipe.) TOME DOUZIÈME. A PARIS, CHEZ L. G. MICHAUD, IMPRIMEUR DU ROI, RUE DES DONS-ENFANTS, No. 34. 1814. UNIVERSELLE. D DRABICIUS (NICOLAS), fils du bourgmestre de Strassnitz en Moravie, naquit dans cette ville vers l'an 1597, et devint en 1616 ministre à Drahotuss. En 1629, les édits sévères rendus contre les protestants l'obligèrent à se retirer à Lednitz, en Hongrie. Bientôt il se dégoûta des fonctions ecclésiastiques, épousa la fille d'un marchand de drap, ouvrit une boutique, s'adonna à la boisson, et prit insensiblement des habitudes toutes séculières. Ses confrères, scandalisés de son relâchement, voulurent le faire suspendre de ses fonctions. Pour conjurer l'orage, il s'amenda, contrefit l'inspiré, et feignit d'avoir des révélations la première date du 23 février 1638. L'esprit lui annonçait que de nombreuses armées venues du Nord soumettraient la maison d'Autriche; que d'autres, parties de l'Orient, seraient commandées par le prince Ragotski. Il lui était enjoint, de plus, d'annoncer à ses frères que la puissance divine vengerait leur injure, et les rétablirait dans leur pays. Malgré ces prédictions, les impériaux obtinrent plusieurs succès sur les ré fugiés, et s'emparèrent de la ville de Lednitz, où Drabicius s'était retiré. Le prophète, irrité, écrivit à Ragotski, pour le sommer d'attaquer les Autrichiens, le menaçant de la colère céleste et d'une ruine totale qui n'épar : gnerait pas même mingentem ad parietem. Le prince ne tint compte de ces menaces, et resta dans l'inaction jusqu'à sa mort, arrivée en 1652. L'esprit avait nommé pour coadjuteur du prophète, J. Amos Comenius, autre fanatique (Voy. COMENIUS). Ce dernier parvint, en 1654, à faire reintégrer Drabicius dans ses fonctions; il fit même imprimer ses prophéties, mais n'osa pas d'abord les distribuer. Cependant les événements démentaient de plus en plus ces prédictions, et la maison d'Autriche résolut enfin de se délivrer du soi-disant illuminé. Il fut arrêté en mai 1671, conduit à Presbourg, puis à Vienne, où les tribunaux le condamnèrent à mort. Après de vaines instances pour lui faire désavouer ses prophéties, on lui coupa la tête et la main droite, qui furent brûlées avec un exemplaire de ses œuvres, cendres furent jetées dans le Danube. Cette exécution se fit à Presbourg, le 17 juillet 1671. Le lendemain on ordonna, sous peine de mort, à tous les possesseurs du livre précité, d'en rapporter les exemplaires entre les mains de la justice. Les Révélations de Drabicius, jointes à celles de Christophe Kotter et de Christine Poniatove, ont été traduites en latin par Comenius lui-même. En voici le titre exact : Lux in tenebris, hoc est prophetia et ses |