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>> Je ne me suis point frayé une >> voie à la succession du trône » de Suède par les armes; le choix >> libre de la nation m'a appelé, >> et voilà le droit sur lequel je » m'appuie. Rappelez-vous votre » état à mon arrivée, et voyez ce » que vous êtes maintenant!...........» Ces belles paroles ont fait une impression profonde sur les Suédois; l'histoire ne peut les oublier. Au commencement de 1818, le roi Charles XIII, dont la santé était très-affaiblie, fut atteint de la maladie qui le conduisit au tombeau; il, mourut le 5 février de la même année, regretté du peuple, dont il s'était efforcé de faire le bonheur. Le prince royal monta paisiblement sur le trône, prit le nom de CHARLES XIV, annonça sa ferme détermination de gouverner les deux royaumes d'après leurs lois fondamentales, et signa l'acte de garantie exigé par la constitution. Le 7, il renouvela dans la diète générale le serment exigé par la loi, et reçut celui des états-généraux. Son couronnement, comme roi de Suède, eut lieu le 11 mai, à Stockholm, et le 7 septembre, à Drontheim, comme roi de Norwège. Depuis l'époque de son avénement au pouvoir, le roi de Suède a été fidèle à ses promesses, il en est récompensé par l'amour du peuple. De tous les rois qui sont montés sur un des trônes de l'Europe depuis l'expulsion des Stuarts, il est le seul étranger qui y ait été appelé par le choix libre d'une nation généreuse et indépendante; il est aussi le seul dont la puissance sé soit affermie au milieu des orages,

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qui soit à l'abri des révolutions. Sa fidélité dans l'exécution des lois constitutionnelles, son respect pour les droits des citoyens, sont des titres plus solides à la vraie gloire, que ses plus brillans exploits comme guerrier. Leprince Oscar, son fils, élevé dans les mêmes principes, s'est déjà rendu cher aux peuples de la Scandinavie, par la loyauté de son caractère et son attachement à leurs constitutions. Un décret des états-généraux lui accorde la faculté de gouverner le royaume en cas de maladie du roi son père. Cette marque signalée de confiance lui impose de grands devoirs à remplir, et prouve tout l'attachement des Suédois à la nouvelle dynastie.

BERNARD (N.), lieutenantgénéral du génie. Distingué par ses talens et par son courage, il avait donné des preuves de l'un et de l'autre dans toutes les campagnes de la révolution, comme officier du génie; et cependant il n'était encore que colonel lorsqu'il fut présenté à l'empereur, qui le fit son aide-de-camp, et le nomma successivement général de brigade et général de division. Le général Bernard, attaché à Napoléon par la reconnaissance, se rangea sous ses drapeaux pendant les cent jours. Il le suivit dans la campagne de la Belgique, se distingua aux batailles de Ligny et de Waterloo, accompagna Napoléon jusqu'à Paris après cette dernière et funeste affaire, et ne le quitta qu'à son départ pour Rochefort. Depuis, le général Bernard est passé en Amérique, et est entré au service des Etats-U

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nis en qualité d'officier-général dans l'arme du génie.

BERNARD (ADRIEN-ANTOINE), était, en 1791, président du tribunal de Saintes, que l'on lui donne quelquefois pour surnom. Il fut nommé par le département de la Charente-Inférieure, à l'assemblée législative, où il ne se fit point remarquer, et passa ensuite à la convention nationale, où il ne resta pas dans la même obscurité. Ses votes dans le procès de Louis XVI sont conçus en ces termes : «En ma qualité d'homme de bien, » je regarde ce prince comme cou›pable, et je vote sa mort ». Dans la question de l'appel au peuple, il répondit que ce serait trop honorer le crime et le criminel. Nommé membre du comité de sûreté générale, il fut envoyé dans les départemens de la Côte-d'Or et de la Charente-Inférieure. De retour de cette mission, il devint secrétaire de la convention, et fut, après la chute de Robespierre, proposé par Barrère pour entrer au comité de salut public, en remplacement de l'un des membres expulsés par suite de cet événement. Tallien parvint à l'en écarter; mais Bernard de Saintes rentra de nouveau au comité de sûreté générale. A la fin de l'an 2, étant président de la convention, il répondit en cette qualité aux plaintes faites par les jacobins, sur l'incarcération des patriotes, et l'élargissement des aristocrates et des suspects: « La convention, » dit-il, qui a vaincu toutes les fac» tions, ne sera pas arrêtée par les >> clameurs des aristocrates impru» dens; elle saura maintenir le » gouvernement révolutionnaire;

>> elle reçoit avec plaisir les récla»mations des patriotes opprimés». Par suite des événemens du mois de prairial an 3, qui renversèrent le parti de Barrère, Bernard de Saintes fut décrété d'arrestation avec Robert Lindet, Jean-BonSaint-André, David, et plusieurs autres membres des comités. Déclaré, par la loi du 5 fructidor suivant, ineligible au corps - législatif, il n'obtint sa liberté, malgré les plus vives réclamations, qu'après l'amnistie du 4 brumaire an 4. Il a rempli pendant le gouverne ment impérial des fonctions judiciaires. En 1815, il fut envoyé, par le département de la Charente, à la chambre des représentans. Contraint bientôt de sortir de France, non-seulement comme votant et signataire de l'acte additionnel, mais encore comme proscrit spécialement par la liste dite des trente-huit, il se retira d'abord en Belgique, où il publia un écrit sur l'Instruction publique, et créa un journal intitulé le Surveillant. Quoique ces écrits ne fussent rien moins qu'hostiles, on le persécuta

par cela seul qu'il savait écrire. Sur la réquisition de la diplomatie, le gouvernement des PaysBas lui donna l'ordre de quitter le royaume. C'était lui ordonner de quitter l'Europe; il s'embarqua en mai 1816 les États-Unis: pour fit, dit-on, naufrage sur les côtes de l'île de Madère, et arriva ensuite en Amérique, où il est mort depuis deux ans, s'il faut en croire des bruits que nous n'avons pu vérifier.

BERNARD DE SAINT-AFRIQUE. Ministre protestant avant la révolution, il espéra trouver dans

le nouvel ordre de choses, des garanties contre les vexations auxquelles les religionnaires étaient livrés depuis long-temps. Mais il ne s'écarta jamais des principes de modération qui devaient faire remarquer sa conduite. Appelé en 1792 à la convention nationale, par le département de l'Aveyron, il vota, dans le procès de Louis XVI, la réclusion et le bannissement à la paix. Commissaire à l'armée du Nord en 1792, il fut, à son retour, élu secrétaire de l'assemblée, et passa, en 1795, au conseil des cinq-cents, dont il fut #successivement secrétaire et président, et où il ne démentit point eses principes de tolérance politique et religieuse. Cet homme de bien est mort dans la retraite il y a quelques années. Bernard de Saint-Afrique avait épousé en secondes noces la mère du lieutenant-général Maurice Mathieu; il était également beau-père, mais à un autre titre, du général Rampon, à qui il avait donné sa fille. Son beau-fils et son gendre sont tous deux pairs de France.

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BERNARD DES SABLONS (CLAUDE), député à la convention nationale par le département de Seine-et-Marne, il vota, dans le procès de Louis XVI, la mort et le sursis. Après la chute du parti de la Gironde, il donna sa démission. Arrêté pour cet acte de timidité il ne recouvra la liberté, et ne rentra à la convention qu'après la mort de Robespierre. En 1795, il devint membre du conseil des cinq-cents, d'où il sortit trois ans après. Depuis lors il n'a plus reparu dans les assemblées législatives, et n'a

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exercé aucune fonction publique.

BERNARDI (JOSEPH-ELZÉARDOMINIQUE), légiste profond, mais peut-être un peu trop attaché aux coutumes de l'ancienne monarchie, a très-bien commenté la République de Cicéron, et s'est fortement opposé aux actes de la république française. La classe de littérature ancienne de l'institut a mentionné honorablement son ouvrage de la République de Ciceron); mais il est encore incertain si la conduite politique de M. Bernardi mérite les mêmes éloges que son érudition et son goût. Il est né à Montjeu, en Provence, le 16 mars 1751. Avant la révolution, il était lieutenant-général au siége du comté de Sault. Un Eloge de Cujas (1770, in-12); un Discours sur la justice criminelle, couronné par l'académie de Châlons-sur-Marne (1780); un Essai sur les révolutions du droit français (1782), et un Mémoire sur les jugemens par jury, couronné par l'académie des inscriptions (1789), l'avaient fait remarquer comme un jurisconsulte habile et un écrivain distingué, lorsque la révolution éclata. Il s'en déclara l'adversaire; refusa, diton, des fonctions importantes, qu'on voulait lui confier; accepta seulement une place de juge dans un tribunal de district; manifesta toujours des opinions contraires au vœu général, et fut destitué après le 10 août : il est tout simple que l'homme qui lutte contre le courant soit emporté par sa violence. Arrêté en 1795, il aurait péri infailliblement victime de cette époque désastreuse, sans l'insurrection des fédéralistes,

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qui le sauva. Il émigra, ne rentra dans sa patrie qu'après le 9thermidor, et fut nommé député en l'an 5, parle département de Vaucluse, au conseil des cinq - cents. Les émigrés de Toulon,qui avaient appelé les Anglais en France, et contre lesquels la convention avait évi, trouvèrent en lui un défeneur; il fit abroger les lois portées S ontre eux. La révolution du 18 Cructidor annula sa nomination. Il publia, en 1796, son Institution au droit français et criminel (2e éd., 1800); et, à l'avènement du premier consul au trône, il se réfugia, suivant l'expression d'un biographe, dans les bureaux du ministère de la justice, où il est encore caché sous le titre de chef de division des affaires civiles. Il a donné depuis ce temps, plusieurs ouvrages de jurisprudence, entre autres, nouvelle Théorie des lois civiles (1802); Cours de droit civil français (1803 et 1805, 4 vol. in-4°); Observations sur l'ancienne constitution francaise, et sur les lois et les codes du gouvernement révolutionnaire, par un ancien jurisconsulte (1814, in-8°); de l'origine et des progrès de la Législation française (1816, in 8°). Un de ses meilleurs ouvrages est son Essai sur la vie, les lois et les écrits de Michel de l'Hopital (1807). Il est un des collaborateurs de la Biographie universelle, et a coopéré à la rédaction de plusieurs jour

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tre de censeur des journaux, et la croix de la légion-d'honneur.

BERNARDIN DE SAINTPIERRE (JACQUES-HENRI). Il y a deux hommes à qui la gloire a fait perdre pour ainsi dire leur nom de famille; JEAN-JACQUES et BErnarDIN. Le nom de famille de celuici est SAINT-PIERRE, mais nous le plaçons sous le nom patronimique de BERNARDIN, où la plupart des lecteurs le chercheront sans doute. Un tel rapport est singulier entre ces deux écrivains, qui d'ailleurs ont encore d'autres ressemblances. Tous deux, disciples d'une philosophie qu'ils modifièrent et quittèrent souvent; tous deux éloquens, et puisant leur éloquence dans l'excessive sensibilité de leur âme; misantropes par amour de l'humanité; méconnus et négligeant de se faire connaître; amis des idées nouvelles qui étaient belles et grandes; ennemis de tout préjugé et de tout despotisme, ils se virent, s'apprécièrent, et malgré une morosité, trop souvent excitée par les contrariétés, malgré la susceptibilité de leur caractère, et peut-être la rivalité de leur talent, ils s'aimèrent. Jean-Jacques Rousseau a porté dans le domaine de la pensée, dans les institutions sociales et dans les mœurs, le même esprit d'innovation et de système, que Bernardin de SaintPierre porta un peu plus tard dans l'étude de la nature. Le talent descriptif, l'onction, le natu rel, la grâce originale de l'auteur de Paul et Virginie, suppléent à la verve, à l'éclat, à l'inimitable vigueur, au génie de l'auteur d'Emile. Plus subtile chez l'un,

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