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« Cet esprit est substantiel, visible, tangible, sensible pour les autres esprits. Tous les esprits se connaissent réciproquement (1). Ils ont entre eux leur idiôme et leurs discours, qui n'ont point de lien avec les nôtres. Ils ont leurs passions indépendantes de nous. Ils peuvent se léser les uns les autres, et leurs lésions retentissent dans nos corps, qui ont alors besoin d'une médecine spirituelle.

< L'esprit n'est point engendré par la raison, mais par la volonté seule. Tout ce qui vit selon la volonté, vit dans l'esprit; ce qui vit selon la raison, vit contrairement à l'esprit. La raison, en effet, n'engendre aucun esprit; l'intelligence seule (sola mens) est fille de la raison.

« L'esprit n'est pas dans les enfants, car ils n'ont pas une volonté parfaite. Les hommes qui ont une volonté parfaite, et qui agissent d'après elle, créent en eux-mêmes un esprit substantiel, de la même manière que le feu sort du caillou.

« Lorsque nos pensées, nos sentiments et notre volonté sont parfaitement d'accord, nous pouvons confirmer en nous une volonté assez parfaite, pour que nous consentions, pour que nous cherchions même avec ardeur à faire injure et à porter préjudice au corps d'autrui. C'est cette volonté arrêtée et confirmée qui est la mère des esprits; elle les engendre de la même manière que la pensée engendre la parole, car la pensée est la mère du discours.

« Il y a donc deux mondes également substantiels, celui des corps et celui des esprits; et l'ens des esprits a sur les corps une domination puissante et vigoureuse; aussi peutil causer toutes les maladies (2).

(4) Cognati sunt; ils sont cousins.

(2) Tout ceci pourrait bien accommoder les doctrines du magnétisme animal, et spécialement le mesmérisme.

« 5.° L'ens de Dieu (1). Ce qui a été dit jusqu'ici peut paraitre suspect de paganisme; ce qui suit est chrétien : « Les maladies et la santé viennent de Dieu.

« Toute maladie est un purgatoire; elle ne guérit que quand le purgatoire est remis.

Quand le médecin guérit son malade, c'est qu'il est envoyé par Dieu, parce que le temps de la rémission est arrivé.

« Celui qui croit guérit par miracle.

« Le malade qui a mis sa confiance dans la médecine n'est point chrétien. Dieu est le suprême médecin.

« Il y a des maladies incurables, c'est qu'on ne peut savoir quand et comment elles sont causées par l'ens de Dieu.

« Les causes universelles de toutes les maladies étant ainsi connues, il est bon de donner une idée de l'anatomie véritable de l'homme (2). Nous ne parlerons point ici de cette anatomie vulgaire et locale qui apprend à connaître la forme et les rapports des os, des muscles, des vaisseaux, etc., elle est la moindre des choses; ni de l'anatomie de la mort, celle qui nous indique les changements opérés par la mort. Il s'agit de cette anatomie réelle, pratique et matérielle, qui est la principale, qui nous fait connaître de quoi se composent nos organes. C'est le fondement de la médecine; elle nous apprend à connaître la nature véritable des maladies diverses, et c'est d'après elles que celles-ci doivent être dénommées, si l'on veut en établir une nomenclature logique et rationnelle.

« Selon les principes de cette anatomie, l'homme con

(1) PARACELSI., t. I, de ente Dei, passim.

(2) Ibid., Paramirum, lib. I, de origine morborum ex tribus primis substantiis, c. VI.

siste en trois substances (1); quoiqu'il soit créé de rien, il est créé en quelque chose, et ce quelque chose se divise en trois :

« Ces trois substances sont le soufre, le mercure et le sel; et dans le corps, il n'y a rien de plus que la vie.

« Le médecin qui connaîtra les propriétés de ces trois substances dans le macrocosme, les retrouvera clairement dans l'homme ou microcosme.

<< Dans le bois, ce qui brûle avec flamme, c'est le soufre; ce qui s'envole avec fumée, c'est le mercure; ce qui reste en cendres, c'est le sel.

« La vie est un voile qui nous cache ces trois principes constitutifs; nous ne les distinguons qu'après la mort. De même le diamant, si on le décompose, n'est que du sou-fre, du mercure et du sel; ce qui fait sa beauté, son éclat, c'est la vie.

« Le soufre est ce dont le corps s'accroît; tout le corps est donc soufre, mais soufre si subtil qu'il se consume invisiblement par le feu de la vie; il est volatil dans les parties molles, fixe dans les os.

<< Toute coagulation dans le corps vient du sel, c'est le sel qui donne la consistance.

« Le mercure est liquide; il constitue tout ce qui est liquide dans nos corps.

Ainsi, dans nos corps, le soufre, c'est la farine; le sel, c'est la consistance; le mercure, c'est le liquide.

« Le médecin doit connaître et distinguer toutes ces choses et beaucoup d'autres encore; il doit avoir sans cesse présent à l'esprit que l'homme est calqué, jusque dans les moindres détails, sur l'ensemble du monde; que de même qu'on discerne dans ce microcosme un firma

(1) PARACELSI., caput I et seq.

ment et une terre, on y trouve les éléments et les météores, les minéraux, les métaux, les plantes avec leurs racines, leurs fleurs et leurs fruits, les animaux avec leurs instincts divers. Il faut apprendre à discerner tout cela dans l'homme, à dire ce qui est de l'arsenic ou du plomb, une fleur de violette ou une racine de chicorée, de l'agneau ou du lion; et l'on n'est médecin que lorsque l'on possède clairement ces notions, car c'est sur elles que se fonde la connaissance intime des maladies, et c'est d'après elles qu'il faut les nommer. Ainsi ce que vous nommez la fièvre, c'est la maladie du nitre sulfureux enflammé; l'apoplexie doit s'appeler mercure cacochymial sublimé, etc., d'après leur cause, leur matière peccante; tel mal est le crapaud, tel la fleur de giroflée (1). Ces connaissances doivent diriger le médecin dans la pratique curative. On ne guérit en effet un mal que lorsqu'on y applique un remède semblable à la cause qui le produit, et si l'on prétend l'avoir guéri par son contraire, c'est que l'on s'est trompé, et sur la cause du mal, et sur la nature du remède, erreur commune à Hippocrate, à Galien et aux Arabes; car telle est la maladie, tel en est le remède (2). Si une maladie est empreinte de l'esprit des plantes, les plantes la guérissent; si de l'esprit des pierres, les pierres en sont le remède; si du jeûne, elle guérit par le jeûne.

« Il ne faut point hésiter à employer les remèdes les plus actifs, une fois que l'on sait qu'ils sont l'arcane spécifique de telle ou telle maladie; ainsi le crapaud est un remède souverain et mystérieux contre la peste.

« D'ailleurs, le médecin qui dédaigne l'emploi des poi

(1) Tout ceci ne paraît pas répugner à la doctrine de l'Homœopathie. (2) PARACELSI., t. I, p. 251.

sons (1) ignore quelle est leur puissance cachée, et rien n'est poison pour qui sait choisir et mesurer.

« Tel est, mes Maîtres, continua M. Larivière, le sommaire très abrégé de la doctrine du très illustre Paracelse, vous me permettrez d'en faire l'application au cas d'hydropisie dont nous sommes occupés ici.

«Que le mot d'hydropisie (2) ou que son étymologie soit prise au latin, au grec, à l'arabe, au chaldéen, il ne s'en faut point tourmenter; c'est une bataille de langues, comme celle de rats et de chats. C'est chose oiseuse et de rien. Retenons seulement le nom eau, ajoutons abondance ou maladie, ou tout ce que vous voudrez, et nous saurons que cette maladie n'est autre chose que l'abondance de l'eau. Car il n'est ici question que d'eau, c'est-àdire que le mal est de l'eau pure. Le mot résolution ou fonte conviendrait mieux, car c'est de l'eau de résolution ou de fonte ; c'est par-là qu'elle se distingue de l'eau commune. Ainsi la meilleure appellation est liquide de résolution, ou émanation liquide.

« Dans cette maladie, le corps est gonflé contre nature, les pieds et les hanches sont enflés, l'intumescence occupe les génitoires, le cœur, quelquefois les paupières et autres lieux semblables; elle augmente jusqu'à ce que l'esprit de vie soit asphyxié, ni plus ni moins qu'un homme tombé dans un lac; si de plus la marque d'une compression reste sur la peau, si la respiration est oppressée, s'il y a toux, anhélation fatigante, on a le tableau de cette maladie, c'està-dire de l'hydropisie. Enfin, l'urine sort plus rouge, la peau se fendille, et par ses fentes laisse couler de l'eau; le

(1) PARACELSI., t. I, p. 254.

(2) Ce qui suit est traduit littéralement de PARACELSE, t. I, p. 590 et suivantes.

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