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gea sur près de 400 kilomètres la côte septentrionale et probablement donna à cette terre le nom de Nouvelle-Guinée, à cause de la couleur des habitants, gardèrent, comme on le faisait généralement alors, le secret de leurs découvertes.

Les Hollandais prirent part bientôt à ces reconnaissances; en 1605, le Duifken, « le Pigeon », commandé par Willem Sansz, navigua vers le sud-est jusqu'au cap Walsche. L'année suivante, l'Espagnol Torrès découvrait le détroit qui porte son nom et la côte méridionale de la Nouvelle-Guinée, mais sa relation demeura secrète jusqu'à l'époque où les Anglais prirent Manille (1762). En 1616, Lemaire et Schouten, après avoir doublé le cap Horn et traversé le Pacifique, longèrent, depuis les îles Schouten, une partie de la côte septentrionale, et Schouten publia une intéressante narration de son voyage; Tasman (1643), au retour de la circumnavigation de l'Australie, suivit leurs traces et reconnut l'île Vulcain, ainsi nommée à cause de son volcan. Le boucanier anglais Dampier, venu aussi à travers le Pacifique sur un navire de l'État, reconnut un certain nombre de points importants de la côte septentrionale (1699). Cinq ans après, la compagnie néerlandaise des Indes arma le Geelvinck qui, sous la conduite de Jacob Weyland, explora la baie de ce nom (1705). En 1768, le Français Bougainville, après avoir exploré avec la Boudeuse et l'Étoile le Pacifique, toucha terre à la baie de l'Orangerie, au sud-est de la Nouvelle-Guinée et découvrit l'archipel de la Louisiade. De 1773 à 1776, Forrest, envoyé sur le Tartare par la compagnie britannique des Indes, séjourna dans la baie de Doreï, au nord-ouest de l'île et fit d'utiles reconnaissances. En 1792, d'Entrecasteaux, à la recherche de La Pérouse, visita de nouveau l'archipel de la Louisiade et donna son nom aux îles d'Entrecasteaux. De 1822 à 1825, Duperrey, monté sur la Coquille, fit le relevé des îles Schouten et de la région avoisinante; en 1827, Dumont d'Urville, sur l'Astrolabe, franchit le détroit de Dampier et releva avec exactitude la côte septentrionale. Le lieutenant hollandais Kolff, sur le Dourga (1826), puis le lieutenant Langenberg Kool sur la Sirène (1835) reconnurent le détroit du Dourga qu'on avait d'abord regardé comme l'embouchure d'un fleuve. Le capitaine anglais Owen Stanley reconnut une grande partie des côtes et signala la haute chaîne du sud.

Les derniers explorateurs des côtes orientales de la NouvelleGuinée ont été des Australiens cherchant un passage vers la Chine

et élevant déjà des prétentions à la possession de l'île; c'est ainsi que Moresby, monté sur le Basilisk (1873-1874), explora la pointe sud-est et découvrit le port Moresby et le détroit de la Chine. Stimulés par l'exemple et désireux de ne pas laisser périmer leurs droits sur la partie occidentale, les Hollandais en ont fait explorer les côtes par le Sourabaya et l'Éperon en 1875-76, par le Havik en 1879, le Batavia en 1881-82 (voyages du contrôleur J. van Oldenborgh, etc.), le Sing Tjin en 1883, le Havik en 1884.

Dans l'intérieur, l'Italien L. d'Albertis, chef d'une expédition australienne, remonta la rivière Fly jusqu'en vue des montagnes du centre (1875). Quelques explorations dans les monts Arfak, sur les rivières du nord-ouest, sur les contreforts des monts Owen Stanley et la traversée du docteur Meyer entre la baie du Geelvinck et la baie de Mac Cluer (680 m. au point culminant), les voyages de M. Chalmers, de 1879 à 1882, dans le sud-est et plusieurs expéditions organisées en 1884 et en 1885 par des journaux australiens, dont l'une a fait un voyage de près de 1000 kilomètres dans l'intérieur et a trouvé de vastes forêts et des pâturages sans habitants, et dont l'autre a essayé de remonter la rivière Fly, sont les principales tentatives faites avant l'annexion pour connaître. l'intérieur de cette grande île.

La population de la Nouvelle-Guinée. -Les populations de la Nouvelle-Guinée ne sont pas mieux connues que le territoire1. Elles sont de race mélangée; les tribus voisines des côtes avec lesquelles des Européens ont pu se trouver en relation paraissent appartenir surtout à deux races: la race papoue, dont le nom en malais signifie «< crépue », ou race mélanésienne, à l'ouest et au nord, et la race polynésienne au sud-est. La première est une race noire qui est de petite taille et qui a la tête étroite, le nez plus saillant que les Malais, la poitrine large, le corps velu, souvent tatoué; les femmes sont laides, ont les seins très allongés et pendants. Ces noirs appartiennent à des tribus diverses par leurs mœurs, par la couleur de leur peau qui varie du bleu sombre au noir pur et qu'ils peignent de diverses couleurs, par leur degré de civilisation, comme par les mélanges qui en ont modifié le type; dans la presqu'île occidentale, les indigènes paraissent avoir subi fortement l'influence malaise. Presque tous se percent le nez et les oreilles pour y placer

1. On n'a pu donner sur la population de la Nouvelle-Guinée que des chiffres hypothétiques, variant de 2 millions et demi à 4 millions et demi d'habitants.

des ornements en coquillage ou en bambou. La race polynésienne est la plus sauvage, mais la plus active; elle dédaigne les autres races et elle se distingue par une aptitude plus marquée pour la navigation; les uns s'adonnent exclusivement à la pêche, les autres à la culture de la terre.

Les idiomes que parlent ces indigènes paraissent être très divers. Sur les côtes, la plupart des demeures sont construites sur pilotis et disposées de manière à ce que le plancher soit à peu près au niveau des hautes marées. Les constructions sont en général de grands hangars sans fenêtres, faits de bois mal équarris, mal joints et propres à contenir plusieurs familles; hommes, femmes et enfants y couchent pêle-mêle sur des nattes. Dans le sud-est et dans le nord, des villages placés sur les hauteurs ont un dobbo, bâti quelquefois dans les hautes branches d'un grand arbre et servant de refuge en cas d'attaque. Dans quelques régions, particulièrement au sud-est, les indigènes construisent toutes leurs habitations dans les arbres, à une trentaine de mètres de hauteur.

Dans le sud-ouest, on trouve de misérables huttes de forme ronde, ne contenant presque aucun ustensile de ménage. Les canots, creusés dans des troncs d'arbres, surtout ceux des Polynésiens désignés sous le nom de praos, accusent un art et même un luxe plus avancé que les maisons.

Les indigènes de la Nouvelle-Guinée ne sont pas ou sont à peine vêtus; les femmes portent une courte jupe et les hommes une ceinture, mais ils se parent de colliers, d'anneaux, de plumes d'oiseaux, et s'enduisent le corps d'huile de coco. Leurs armes sont l'arc et la flèche, munie quelquefois d'une pointe de fer, la hache de pierre, une courte lance et un bouclier de peau. Ils fabriquent certaines poteries, quelques-uns sur la côte occidentale ont des fusiis.

Dans la Papouasie occidentale, le nombre des hommes paraît être supérieur à celui des femmes; les femmes, auxquelles incombent les travaux les plus pénibles, ont en général peu d'enfants; d'ailleurs ces sauvages tuent les nouveau-nés, quand ils les embarrassent, surtout les filles. Ils vivent principalement de poisson, de coquillages, de sagou, qu'ils extraient du tronc du palmier, sagoutier, sur les côtes; c'est d'ailleurs dans le voisinage des côtes que paraît se porter la plus grande partie de la population qui y trouve plus de ressources que dans l'intérieur. Le bananier, le

taro et le cocotier, quelquefois même le riz, servent aussi à l'alimentation. Parmi les rares mammifères que les indigènes trouvent à chasser sont le kangourou, le dingo et le petit sanglier papou; le peu d'aliments du règne animal est peut-être une des causes de l'anthropophagie qu'on a observée sur plusieurs points. Des indigènes de l'intérieur cultivent le tabac et la canne à sucre. Les Papous connaissent à peine l'état social; ils vivent par petits groupes qui sont des familles plutôt que des tribus. Cependant, dans la partie occidentale, où domine la race polynésienne, on a rencontré des chefs dont l'autorité paraît s'exercer sur un vaste territoire. Les hommes achètent leurs femmes; ils en ont très rarement plus de deux. Les femmes enceintes vont faire leurs couches dans une cabane isolée où quelques compagnes les assistent1. Ces sauvages sont presque toujours en état d'hostilité avec les villages voisins; c'est pourquoi ils sortent toujours armés et craignent beaucoup de s'aventurer loin de leur domicile. Certaines tribus sont anthropophages. Presque tous passent pour cruels et surtout pour très hostiles aux étrangers; l'équipage de plusieurs bâtiments naufragés a été massacré et mangé, et l'émotion que ces faits ont produite a été un desarguments invoqués par les Australiens pour l'annexion. Cependant les Européens qui ont su traiter avec ménagement ces sauvages, comme les missionnaires hollandais et anglais et comme Moresby, ont eu souvent à se louer de leur manière d'agir.

1. On trouve un usage analogue chez les Australiens de la presqu'ile du cap York. Le détail des mœurs et des institutions varie suivant les groupes. Voici quelques renseignements complémentaires sur un de ces groupes extraits du travail de M. le comte Meyners d'Estrey sur la Papouasie. Les Arfaks ont une taille moyenne de 1m,64; mal nourris, ils ont une constitution généralement faible, la tête trop grosse proportionnellement, le ventre ballonné, les bras et les jambes très maigres. Les femmes, un peu plus petites que les hommes, ont les mamelles flasques et pendantes, les cheveux tournés en spirale au sommet de la tête, les yeux grands et brillants, le nez épaté, les lèvres épaisses et la bouche proéminente. Les femmes sont de véritables bêtes de somme. Les hommes sont paresseux et celui qui a quelques provisions ne se remet d'ordinaire au travail que lorsqu'il les a épuisées et que la faim le presse. Ils portent comme ornements des colliers, des anneaux aux bras, quelquefois une calotte ornée de plumes, une ceinture en écorce d'arbre nouée sur le bas-ventre. Les hommes et les femmes ne se lavent jamais; ils sont d'une saleté repoussante; ils ont la tête couverte de vermine qu'ils mangent. L'autorité des chefs est à peu près nulle dans les circonstances ordinaires de la vie. Quand un meurtre ou un vol a été commis, on livre le coupable à la famille offensée, qui souvent se contente d'un rachat du crime. Les Arfaks ont des esclaves. Ils admettent la polygamie, mais ils se contentent le plus souvent par pauvreté, d'une seule femme. Ils l'achètent à la famille, comptant ou à crédit, pour une valeur de 25 francs. Ils peuvent, à volonté, la renvoyer dans sa famille. La femme est toujours réduite à une condition très inférieure dans les sociétés sauvages.

Les possessions néerlandaises britanniques et allemandes. Après que l'islamisme eut pénétré dans la partie orientale de la Malaisie, le sultan de Tidore ou plutôt celui de Batjan conquit, à partir du xv siècle probablement, l'archipel occidental de la Papouasie : plusieurs tribus de la presqu'île occidentale lui payèrent tribut. A la fin du xvIII° siècle, le sultan de Gêbé paraît avoir, pendant un demi-siècle, exercé la suprématie sur cette contrée. Après le rétablissement de l'autorité hollandaise (1814) en Malaisie, le sultan de Tidore put devenir de nouveau chef nominal de la Papouasie occidentale. Les Hollandais finirent par s'approprier les prétentions de ce sultan qui avait été longtemps un rival; en 1828, le commissaire van Delden déclara que le pays allant du cap de Bonne-Espérance sur la côte nord jusqu'au 141° degré (méridien de Greenwich) appartenait aux Pays-Bas, réserve faite des droits du sultan de Tidore et, en 1848, le gouverneur général des Indes néerlandaises déclara que sur la côte septentrionale les droits du sultan de Tidore, vassal des Pays-Bas, s'étendaient jusque par 140°37′ (méridien de Greenwich); de là, la limite idéale tracée du nord au sud suivant 138°40′ (méridien de Paris) (141° méridien de Greenwich). Les Hollandais avaient tenté en 1828 un établissement au milieu d'un paysage magnifique, dans la baie nommée Triton du nom de leur navire, et bâti le fort Du Bus; mais ils l'ont abandonné à cause de l'insalubrité en 1835. Ils ont un dépôt de charbon et une mission à Doreï, et ils exercent leur protectorat sur dixhuit colonies du littoral dont la population totale est d'environ 14 000 habitants.

Plusieurs tentatives de colonisation ou d'exploration avaient été faites depuis 1872 par des sociétés formées à Sydney. Depuis 1870, des missionnaires anglais se sont établis, malgré l'insalubrité du pays, sur les côtes; ils ont, en 1873, fixé le centre de leurs missions, vers l'extrémité orientale de la Nouvelle-Guinée, à Port Moresby (population du village, environ 800 habitants en 1884).

Les Australiens aspiraient depuis plusieurs années à la possession de la Nouvelle-Guinée ou du moins de la partie dont les Hollandais n'avaient pas pris nominalement possession; ils avaient dirigé dans ce but leurs essais de colonisation et entrepris plusieurs expéditions maritimes et des explorations par terre. La convention qu'ils avaient réunie à Sydney en décembre 1883 avait expressément réclamé cette annexion. L'Angleterre s'est décidée en effet à placer,

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