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Anatomie de la monnaie, par CERNUSCHI, Paris, Guillaumin, 1886. M. Cernuschi, notre éminent collaborateur, a traité la question de la monnaie avec une profondeur que nous n'avions rencontrée encore nulle part. Obligé, vu le caractère de notre Revue, de ne pas examiner toutes les données du problème soulevé par le grand économiste, nous détachons de son œuvre ces quelques lignes qui intéresseront tous nos lecteurs :

Le genre humain possède 18000 mètres cubes d'argent et 500 mètres cubes d'or, en tout 18 500 mètres cubes de métal monnaie. Le volume du métal monnaie serait moindre de 1/37 seulement si l'or n'existait pas, tandis qu'il serait moindre de 36/37 si l'argent n'existait pas. Ce serait donc pire pour le genre humain, en considération du volume monétaire, que de ne pas posséder l'or.

› Le volume de l'argent est trente-six fois le volume de l'or. Mais, comme le poids spécifique de l'or est deux fois celui de l'argent, le poids de tout l'argent n'est pas trente-six fois, mais seulement dix-huit fois le poids de tout l'or.

> Le poids de tout l'argent existant est dix-huit fois le poids de tout l'or. Si on défalque la quantité d'argent employée comme monnaie divisionnaire, et qu'on évalue le total de l'argent et le total de l'or à la proportion de 15 1/2, on trouve que la valeur totale de l'or et la valeur totale de l'argent sont à peu près égales. Ce n'est là qu'un pur hasard et le bimétallisine y est indifférent. Ce qui est important, c'est de constater que le masse de l'un ou de l'autre métal est tellement considérable qu'aucun effort ne pourrait renverser la proportion bimétallique internationale (15 1/2).

› Chaque année la production minière fait grandir la masse d'or et la masse d'argent de 1/2 p. 100 chacune. Par conséquent la masse bimétallique grandit de 1/2 p. 100 par année.

> Il faut aux nations une monnaie internationale, une monnaie universelle. Le système monométallique, inventé par lord Liverpool le père (mort en 1808), ne peut fournir cette monnaie qu'à condition de retirer de la circulation tout l'argent, opération désastreuse et chimérique. Désastreuse, parce que, sans faire subir aucune perte aux porteurs, tout l'argent retiré à la circulation devrait être remboursé en or, aux frais du gouvernement; chimérique, parce que les énormes quantités d'argent que les gouvernements auraient à vendre ne trouveraient pas d'acheteurs. Commun ouvrage du jurisconsulte et du mathématicien, le système bimétallique procure aux nations la seule monnaie universelle qui soit possible, sans imposer à aucune d'elles le moindre sacrifice et sans gonfler la circulation, puisque les 18 500 mètres cubes de métal monnaie possédés ne reçoivent aucune addition. >

Nous renvoyons au travail fondamental de l'« anatomiste de la monnaie ».

LUDOVIC DRAPEYRON.

Le musée de Minoussinsk et les antiquités de la période des métaux qui y sont conservées. Description de D. CLÉMENTZ, publiée par J. KoUZNÉTZOFF, Tomsk, 1886; texte et atlas, en russe. La petite ville de Minoussinsk (8300 hab.), en Sibérie, est située dans la partie méridionale de la province du Yénisséy, sur les bords du fleuve de ce nom et non loin du pied du Sayan. C'est un endroit peu fréquenté des voyageurs, peu important par son commerce et son industrie, mais qui est très intéressant pour les savants, parce qu'il possède un musée archéologique et des produits naturels du pays environnant. Or ce pays a jadis été habité par un peuple policé, les Hakas (ou Hagas), qui ont laissé plusieurs monuments de leur civilisation. Pallas, Muller, Gmelin, Klaproth, Spassky, Kastren, Radlow, Potanine, Adrianow et plusieurs autres savants se sont déjà occupés de l'étude de ces monuments; mais c'est seulement en 1877 que M. Martianoff a posé la base solide de ces études en fondant le musée qui est maintenant un des plus importants de l'Asie. En effet, la section archéologique seule contient 3630 objets, dont 7 en or, 46 en argent, 12 en laiton, 1270 en cuivre ou bronze et 1849 en fer; le reste en pierre, en plâtre, en argile et en os. La vue de la plupart de ces objets inspire une haute idée sur l'état des arts chez les Hakas et leurs prédécesseurs qui ont disparu de la scène historique longtemps avant l'arrivée des Russes dans le pays. Les armes, les ustensiles, les instruments, les vases, etc., représentés dans l'atlas qui accompagne l'ouvrage de M. Clémentz, le prouvent surabondamment. Où sont à présent les descendants directs de ces peuples remarquables? Nous ne le savons pas. Il est évident que les Hakas étaient en relations continues avec les Chinois, car on a trouvé, pendant les fouilles, plusieurs monnaies chinoises. Mais quand ces relations ont-elles cessé? L'histoire ne nous l'apprend pas. On peut supposer que les descendants des Hakas sont les Soyotes, habitants actuels des monts de Sayan; mais c'est un peuple demi-sauvage, nomade ou chasseur. Comment donc sont-ils retombés dans cet état primitif après plusieurs siècles de vie civilisée? C'est un problème à résoudre. Il doit surtout intéresser les historiens et les anthropographes; ces derniers, on le sait, forment actuellement l'avant-garde de l'armée des géographes.

Nous pouvons recommander à ces savants l'excellent ouvrage de M. Clémentz, avec la ferme conviction qu'ils y trouveront une foule de faits intéressants et jusqu'ici inconnus. Les géographes proprement dits, c'est-à-dire les topographes, liront avec plaisir l'esquisse topographique du bassin du haut Yénisséy. M. VENUKOFF.

CARTES.

Carte de l'île de Sumatra et de l'archipel de Riouw, 2 feuilles. Échelle 1/1,500,000. Bruxelles, Institut national de géographie; Batavia, Kolff et Cie. Parmi les possessions néerlandaises en Orient, l'île de Sumatra attire, depuis plusieurs années, l'attention générale. L'extension de la domination néerlandaise sur cette île, jadis qualifiée comme un exemple de rapidité immo

dérée en fait de nouvelles acquisitions coloniales (ambition of territorial extentension, run wild) a contribué largement au développement du bien-être de la population indigène.

Sauf la partie septentrionale de Sumatra, l'ancien royaume d'Atjeh où la population se montre encore toujours hostile aux Européens, les différentes parties de l'ile se conforment de plus en plus au régime colonial adopté par les Pays-Bas.

Ce qui entrave seulement le développement de l'agriculture et des entreprises minières, c'est la faible densité de la population indigène et le manque de chemins de fer.

Pour ce qui est des ouvriers, l'île de Java pourra y pourvoir en envoyant le trop plein de sa population à l'ile voisine. Autrefois les Javanais montraient une répugnance visible à quitter le sol natal, mais l'accroissement exceptionnel de la population javanaise a déjà eu pour effet l'émigration, même pour des pays situés en dehors des possessions néerlandaises. Il y a donc lieu d'espérer que cette émigration, sagement conduite par le gouvernement, améliorera peu à peu l'insuffisance actuelle des travailleurs.

Quant aux chemins de fer, il semble qu'une ère nouvelle est prête à s'ouvrir. Dans la session actuelle des états généraux des Pays-Bas, le ministre des colonies a présenté un projet de loi concernant l'exploitation du bassin houiller <Ombiliën. Or, la construction d'un chemin de fer est inhérente à cette exploitation. L'exploitation de ce dépôt houiller, un des plus riches du monde, promet de devenir une source de prospérité pour Sumatra.

Jusqu'ici les Indes néerlandaises sont tributaires de l'étranger pour leurs besoins en charbon, ceux provenant de l'île de Bornéo ne pouvant être utilisés que mélangés avec des charbons anglais.

Les charbons d'Ombiliën possèdent à peu près les mêmes qualités que ceux de provenance anglaise : il en résulte qu'ils affranchiront un jour les colonies néerlandaises de l'emploi de la houille étrangère et seront un concurrent formidable pour celle-ci sur les marchés de l'extrême Orient, particulièrement à Singapour et à Hongkong, où les grands steamers transatlantiques ont habitude de s'approvisionner de combustible.

Au point de vue de l'avenir on peut être certain que l'ile de Sumatra, dont la fertilité et les produits équivalent à ceux de l'île de Java, éclipsera un jour celle-ci. Déjà les rapports commerciaux de Sumatra avec l'Europe et les colonies avoisinantes s'étendent de plus en plus.

Grâce à l'intervention anglaise, les États indigènes, situés sur la côte occidentale de la péninsule de Malakka, commencent à prendre leur rang et leur importance dans le mouvement commercial, établi entre Sumatra et cette péninsule.

En présence des développements commerciaux de Sumatra, de la péninsule de Malakka et de l'archipel de Riouw, nous avons cru faire une oeuvre utile en dressant une carte de ces territoires, qui tout en indiquant ce qui peut intéresser le commerce, notamment les voies de communication tant sur terre que sur mer, les bureaux télégraphiques, les câbles sous-marins, les différentes catégories de ports, les phares, les chambres de commerce, permet également de se rendre compte de notre connaissance actuelle de ce pays.

La carte a été dressée d'après les meilleures données pour la partie concernant la péninsule de Malakka, nous avons emprunté les renseignements fournis par les Proceedings de la Société de Géographie de Londres, du mois de juillet 1882.

L'échelle adoptée est telle qu'elle permet d'étudier la carte dans son ensemble.

Le colonel d'état major général en retraite,

ancien chef du service topographique aux Indes orientales néerlandaises,

HAVENGA.

NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES

M. D. Kaltbrünner, le savant géographe, a entrepris, dans la Gazette géographique, l'examen, très bienveillant envers tous les hommes de bonne volonté, des revues et bulletins de géographie que possèdent la France et le monde entier. Nous devons pour notre part le remercier de l'accueil qu'il a fait à la Revue de Géographie. Il déclare « qu'elle est l'une des mieux écrites et qu'elle renferme une grande variété d'articles ». Il s'est récemment posé cette question : « Pourquoi la France ne possède-t-elle pas encore un recueil analogue aux Mittheilungen de Petermann?» On sait qu'actuellement la supériorité de l'organe allemand consiste dans ses cartes, si savantes et si bien exécutées, et pourtant si nombreuses et si coûteuses. Le desideratum français tient avant tout à la dispersion des travaux et des ressources de tant de bulletins. L'École de géographie remédiera à ce mal, et voilà pourquoi M. Kaltbrünner, conséquent avec lui-même, loue M. Drapeyron de « soutenir vaillamment son projet ». Une bonne organisation du travail replacerait la France au rang que lui méritent certainement le zèle et l'intelligence de ses géographes, auxquels il ne manque que de savoir s'unir.

M. J. Rochard publie dans la Revue scientifique du 19 février la conférence faite par lui à l'Association scientifique française sur la Population de la France (avec planches).

L'Académie des sciences nous adresse une note de M. Vulpian, son secrétaire perpétuel Statistique générale des personnes qui ont été traitées à l'Institut Pasteur, après avoir été mordues par des animaux enragés ou suspects, où il est établi que les personnes mordues et traitées ont été, jusqu'au 31 décembre 1886, au nombre de 2682; 31 seulement sont mortes (1,15 p. 100). « La découverte du traitement préventif de la rage après mor sure, due entièrement au génie expérimental de M. Pasteur, est, dit M. Vulpian, une des plus belles découvertes qui aient jamais été faites, soit au point de vue scientifique, soit au point de vue humanitaire. »

M. A. Germain, membre de l'Institut, ancien doyen de la Faculté des lettres de Montpellier, vient de mourir à l'âge de soixante-dix-huit ans. Connu surtout par ses remarquables travaux sur l'histoire de Montpellier, il était collaborateur de la Société languedocienne de Géographie, aux bulletins de laquelle il a donné des études que nous avons signalées antérieurement.

- Le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze (t. VIII, 4o livraison) commence la publication d'une étude intitulée : Simples notions d'ancienne géographie du bas Limousin, avec leur application, soit aux cartulaires de Tulle et de Vigeois, soit au cartulaire de Beaulieu, mais plus particulièrement pour ce dernier, aux identifications de M. Deloche, de l'Institut.

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