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se divise en deux parties. De Reykjavik, la capitale, il se rend d'abord aux mines de soufre de Krisuoik. Le précieux métalloïde existe lå en grande quantité; il y en a des collines entières. Puis on franchit un premier fleuve, l'Olfusa les poneys se mettent à la nage; on voit dans la projection les vigoureuses petites bêtes luttant avec énergie contre la violence du courant. Le poney, que l'orateur vante beaucoup, est à l'Islandais ce que le renne est au Japon, le chien aux Esquimaux, le chameau à l'Arabe. Un second torrent, rapide comme le Rhône, et très dangereux à passer, faillit arrêter l'explorateur qui désirait visiter la vallée de Thorsmorh (bois du Dieu Thor). Là, dans un petit entonnoir volcanique protégé contre les fureurs de l'aquilon polaire par une série de glaciers surplombants, le Dr Labonne trouva une flore singulièrement développée pour un climat aussi froid.

Le 14 juillet, il fit l'ascension de l'Hékla dont il détermina exactement l'attitude: 1553 mètres au-dessus du niveau de la mer. De l'Hékla on arrive aux Geysers, qui offrirent au voyageur une splendide éruption. C'est un bien merveilleux pays, dit-il, que cette Islande où les feux souterrains font explosion à travers un sol glacé, où des gerbes d'eau bouillante jaillissent du sein des neiges perpétuelles. Il prouve au moyen de plantes fossiles trouvées à 4 mètres de profondeur dans les parois du cône de silice déposé par le grand Geyser que la végétation de l'Ultima Thule n'a pas varié depuis sa découverte par les Scandinaves en 874.

Après cette première excursion on rentre à Reykjavik, en passant par Thuigvellir, endroit très célèbre dans l'histoire islandaise. Le parlement s'y tenait jadis en plein air sur un monticule séparé du reste de la plaine par des crevasses volcanique d'une effrayante profondeur.

La deuxième partie du voyage consiste dans la traversée totale de l'île, du sud au nord, par le désert du Storisandr. Rien que des marais, des rochers, des précipices, de la glace, de la neige, de la lave, des rivières et des torrents; tel est le tableau fidèle et rapidement esquissé du pays parcouru. Certain jour, le voyageur dut faire trente lieues françaises dans la même étape. Parti à 8 heures du matin, il n'arriva que le lendemain à 2 heures après minuit au Boer (ferme) qui se trouve sur la lisière opposée du désert. Les poneys ne semblaient pas trop fatigués. Ce chemin nous conduit à Akreyri, la deuxième capitale de l'Islande avec ses 400 habitants. Si comme Reykjavik cette ville n'a pas de monuments, elle possède en revanche une great attraction, à savoir le seul arbre de l'île, un sorbier des oiseaux, qui date d'une centaine d'années. Les Italiens disent : «Voir Naples et mourir » ; les Islandais disent : « Voir l'arbre et mourir!» Une bonne vue d'ensemble nous permet de contempler les bateaux obligés de se frayer un chemin au milieu des glaçons qui, détachés de la banquise sont venus encombrer le fjord qui borde la ville. Les ours blancs arrivent parfois sur la côte, montés sur ces blocs de glace. Le Dr Labonne rappelle au sujet de ses glaces, que l'Islande joue un rôle très important dans la physique du globe. Lorsque, comme cette année, la banquise stationne aut nord de l'île, les Islandais ont très froid et nous très chaud; si au contraire, elle se déplace pour venir passer à l'ouest, le dégagement de la côte nord supprime une cause de basse température pour la terre de glace, tandis que l'Angleterre et aussi la France restent plus exposées aux vents polaires.

!

Enfin notons les merveilleuses cascades qui ont été projetées; ces curiosités naturelles abondent dans la reine des îles volcaniques.

ALLIANCE FRANÇAISE (SECTION DU LEVANT)

PRÉSIDENCE DE M. G. REY.

Séance du 9 décembre 1886.

C'est en présence d'un nombreux et brillant auditoire, où nous remarquons MM. de Parieu et Geffroy, de l'Institut, le général Parmentier, Maunoir, etc., que M. Maspero, de l'Académie des Inscriptions des Belles-Lettres, ancien directeur de l'École française du Caire, où il a eu pour successeur Ch. Grébaut, fait une communication des plus intéressantes sur les moyens de propager la langue française sur les bords du Nil. Tous ses auditeurs ont emporté de cette séance la conviction que l'éminent érudit connaît aussi bien les Égyptiens d'aujourd'hui que les dynasties antiques qu'il a exhumées et cataloguées. Il nous a montré combien réfractaire à « la bonne nouvelle », nous voulons dire au français, serait le Fellah ou paysan musulman. Mais il y a les Coptes, en majorité jacobites, dont la moralité est souvent chancelante, mais qui entrent volontiers en rapport avec les Occidentaux. Les protestants vaudois du Piémont ont utilement travaillé en faveur de la vulgarisation de notre idiome. Mais, depuis l'occupation britannique surtout, l'anglais l'emporte de beaucoup sur le français. M. Maspero insiste sur les localités où nos efforts doivent surtout s'exercer: Syout, principal entrepôt du commerce avec la haute Égypte, Syout et Louqsor. Au cours de son entretien, il a caractérisé avec beaucoup de pénétration, non seulement les Égyptiens contemporains, mais les Européens d'origine très diverse, qui leur apprennent à balbutier les langues néo-latines ou germaniques. L'Alliance française a deux comités en Égypte l'un à Alexandrie, l'autre au Caire.

LUDOVIC DRAPEYRON.

LIVRES.

Les Civilisations de l'Inde, par le docteur GUSTAVE LE BON, chargé par le ministère de l'instruction publique d'une mission archéologique dans l'Inde; ouvrage illustré de 7 chromolithographies, 2 cartes et 350 gravures et héliogravures, d'après les photographies, aquarelles et documents de l'auteur; Paris, librairie de Firmin-Didot et C'e, imprimeurs de l'Institut, 1887. — Comme le dit très bien le docteur Le Bon, dans son introduction, « l'Inde est une des contrées qui ont toujours vivement excité la curiosité des savants, des voyageurs, des artistes et des poètes. Par son climat et par son sol, aussi bien que par les êtres qui l'habitent, elle forme un monde profondément différent du nôtre. Ses conceptions religieuses et philosophiques, ses arts et ses littératures, ses civilisations et ses croyances ne ressemblent à rien de ce que nous connaissons en Occident. Ce monde étrange est une synthèse de tous les mondes,

un résumé vivant de toutes les phases de l'histoire, un tablean fidèle des laborieuses étapes qui ont conduit les premières tribus humaines de la barbarie primitive à la civilisation moderne. Mundo par liber, dirons-nous à notre tour; le livre du docteur Le Bon, grâce au texte et aux illustrations qui nous présentent l'Inde bien complète et bien vivante, rivalise avec l'immense et prodigieux pays qu'il nous décrit. Que l'on contemple (c'est bien le mot) les magnifiques chromolithographies: la porte de bronze du palais du roi à Patan (Nepal), la porte d'entrée du palais de Gwalior, la salle d'audience du palais des rois mogols à Delhi, la grande mosquée de Patan, les plats hindous en métal émaillé et en cuivre rouge incrusté de bronze et d'argent, les armes ct objets indous divers. Ce sont autant de merveilles que l'on croit réellement voir et toucher.

De même que l'œuvre du docteur Le Bon excède presque les limites d'un livre, nous dépasserions certainement celles d'un compte rendu si nous entreprenions d'en donner un résumé. Voyons d'abord, si vous le voulez bien, l'une des populations les plus vaillantes de l'Hindoustan septentrional et, immédiatement après, attachons-nous à ces conquérants mongols qui, en asservissant la plupart des autochtones ou soi-disant tels, ont travaillé, à leur insu, pour l'Angleterre, si éloignée pourtant.

Voici de nobles guerriers rajpouts à l'attitude martiale.

<Le Rajpoutana, dit M. le docteur Le Bon, est la vaste contrée qui s'étend de l'Indus jusqu'aux portes d'Agra, et de la frontière méridionale du Pundjab aux États mahrattes qui vont de Baroda à Gwalior. Toute sa moitié occidentale est occupée par le grand désert du Thar, dans lequel errent des tribus à demi sauvages; sa moitié orientale est sillonnée de nombreux cours d'eau, entre les vallées desquels s'étendent des plateaux et se dressent des montagnes. Les plus importantes de ces montagnes sont la chaîne des Aravulli, d'où se détache au sud-ouest la masse imposante du mont Abou. Ces irrégularités du sol dans le Rajpoutana ont empêché les races de s'y fondre comme dans les plates vallées du Gange et de l'Indus. Elles y sont restées très distinctes et correspondent aux différentes régions des vallées, des plateaux et des montagnes. Au bord des rivières se groupent les cabanes des Jâts touraniens et agriculteurs; sur les plateaux se dressent les châteaux fortifiés des belliqueux Rajpouts aryens; enfin, sur les pentes élevées et dans le fond des forêts inaccessibles, les Bhils aborigènes défendent encore leurs antiques coutumes et leur sauvage liberté. Les Rajpouts ont donné leur nom au pays parce qu'ils en ont été les maîtres, et qu'ils y forment encore un groupe ethnique très important, mais on les trouve répandus dans toute l'Inde du nord, soit purs, soit mêlés à des populations diverses. Bien que l'histoire ne soit pas toujours d'accord avec leurs légendes, quant à l'antiquité de leur origine, il est certain que par leur type les Rajpouts représentent la race la plus belle et la plus pure de l'Inde. Ils sont d'une taille haute et élégante, ont la peau claire et mate, les yeux grands, bien fendus, jaune foncé ou gris; le nez aquilin, les narines fines et frémissantes ; une chevelure noire abondante et bouclée, la barbe longue et bien fournie; souvent ils laissent croître démesurément cette barbe ou plutôt les favoris, qu'ils ramènent ensuite sur le sommet de la tête pour les nouer avec leurs cheveux. Leurs femmes sont également fort belles. C'est parmi les Rajpouts que

se rencontre la plus vieille noblesse du monde. Le rajah d'Odeypour est le seul souverain qui puisse dire que ses ancêtres règnent depuis plus de mille ans.

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L'histoire des anciens Rajpouts nous est aussi inconnue que celle des autres anciens États de l'Inde, mais les légendes hindoues sont pleines des exploits de

leurs héros, et les luttes formidables qu'ils soutinrent contre les musulmans, les sièges terribles qu'ils subirent, notamment celui de Chittor, dans lequel les femmes se brûlèrent par milliers plutôt que de tomber aux mains de l'ennem,

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et les défenseurs se firent tuer jusqu'au dernier plutôt que de se rendre, prouvent l'antique valeur de cette race. Elle tranche par son courage sur la masse des Hindous, généralement assez pusillanimes. Lorsque les Musulmans enva

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