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moins d'hommes consacrés à l'étude de la géographie en province qu'à Paris, c'est peut-être un avantage pour les Sociétés provinciales. Car elles appellent à elles toutes les bonnes volontés; et tout homme possédant une science spéciale peut être considéré comme étant géographe sans le savoir: car les connaissances qu'il a acquises, et que les géographes de profession ne possèdent pas toujours, peuvent être très utiles pour cette étude de la géographie locale que doivent poursuivre en commun les membres des Sociétés provinciales le géologue, le naturaliste, le médecin, peuvent apporter à de semblables travaux le tribut de leur science particulière.

Suivant la nature du public auquel elle s'adresse, chaque Société cultivera avec plus ou moins d'ardeur telle branche de la science, histoire de la géographie, géographie scientifique, géographie commerciale, etc. Chacune d'elles aura ainsi ses fonctions spéciales, et rien ne pourra être plus fécond pour la science que cette diversité dans l'unité.

Fondée en novembre 1872 sur l'initiative de quelques membres de la Société nationale d'éducation et organisée en décembre 1873, la Société de Géographie de Lyon qui, depuis le mois de janvier 1875 jusqu'au mois de juillet 1887, a publié six volumes de son Bulletin, s'est proposé comme but la vulgarisation des connaissances géographiques, le développement de la géographie économique, la divulgation des travaux des missionnaires. Elle a pour président M. L. Desgrand, dont les membres du Congrès de Géographie de 1881 n'ont pas oublié l'hospitalité, et pour secrétaire général le lieutenant-colonel Debize, auteur de plusieurs études sur la géographie politique de l'Asie centrale, de la péninsule des Balkans, etc.

Elle a publié des mémoires sur la géographie économique : Le Commerce dans l'Afrique équatoriale, par le marquis de Compiègne; le Commerce de la Sicile, par M. Frachon; la Houille, par M. Stuart Merritt; le Pétrole en Transcaucasie; la Suppression du transit transcaucasien et le premier chemin de fer persan, etc. Les mémoires de cette nature sont peut-être moins nombreux qu'ils ne devraient l'être dans une ville telle que Lyon. La Société a cependant montré tout le prix qu'elle attachait à l'étude de la géographie commerciale. Elle a couronné la carte séricicole de M. Clugnet; la carte séricicole d'Italie de M. Morand; la carte économique du département du Rhône du même géographe. Dès 1875, la Chambre de commerce a fait les frais d'un cours de géographie commerciale

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organisé par la Société pour les instituteurs des écoles primaires de la ville.

Plusieurs autres cours ont été fondés par la Société en 1878 : un cours de géographie historique, militaire et politique, et un autre de géographie physique et commerciale. Des concours ont été organisés depuis 1878 entre les élèves des écoles; ils ont démontré que les concurrents étaient également faibles en géographie: ce n'est qu'en augmentant les connaissances géographiques des maîtres qu'on pourra améliorer leur enseignement; par malheur dans cet ordre d'idées la Société ne peut pas grand'chose.

Dans un but de vulgarisation, elle a obtenu de la Compagnie des chemins de fer de l'Est et elle a demandé aux autres Compagnies la pose de plaques géographiques dans les gares. La compagnie P. L. M. a inscrit les cotes d'altitude sur les murs qui bordent la voie. En 1875, la Société a mis au concours la solution de la question suivante : Les meilleurs moyens de vulgariser les connaissances géographiques; elle a publié le mémoire du lauréat, M. de Longuemar.

Son Bulletin a publié des chroniques géographiques, des comptes rendus d'ouvrages, des traductions nombreuses de mémoires géographiques étrangers. L'un des conservateurs du musée Guimet, M. de Milloué, y a résumé les travaux de la Société géographique de Tokio; M. Motono a publié un Mémoire sur les relations extérieures du Japon et la question de la revision des traités; plusieurs documents russes ont été traduits dans le recueil de la Société; M. Chantre, dans une revue annuelle, résume les voyages et les publications des géographes anglais. Les Bulletins des autres Sociétés contiennent moins de documents que celui de la Société de Lyon sur les travaux géographiques étrangers. Cette Société est la seule qui suive avec persévérance les travaux des missionnaires; non seulement elle a publié plusieurs de leurs lettres, mais M. Groffier a pris la peine de résumer chaque année, depuis 1883, les documents envoyés par eux aux recueils spéciaux, que les géographes connaissent en général si imparfaitement. Un ancien missionnaire a donné à la Société une bibliographie, bien utile, de la côte de Guinée et du Dahomey.

Nous ne voulons pas citer ici tous les mémoires publiés par la Société; nous devons cependant rappeler l'étude de M. François Deloncle sur le Globe géographique de la bibliothèque de Lyon, et les importants travaux de M. Cordeiro et du P. Brucker, publiés

à cette occasion dans le Bulletin. Le chanoine Christophe, ancien vice-président de la Société, est l'auteur d'une autre Étude sur l'histoire de la géographie, consacrée à Ammien Marcellin. Un mémoire de M. Henri Bionne sur Dupleix et l'Inde française au XVIIIe siècle, couronné par la Société en 1881, a été revu et augmenté par l'auteur qui a consacré deux volumes à ce magnifique sujet.

La Société paraît avoir fait peu de chose pour la géographie locale; il faut citer cependant le très important mémoire de M. Falsan, intitulé: Esquisse géologique du bassin du Rhône. M. Steyert prépare une Étude sur l'état du Lyonnais en 1789. M. Didelot a résumé d'anciennes relations de voyage en France; la Société ne pourrait-elle pas entrer dans cette voie et rééditer les anciennes descriptions du Lyonnais? Il nous semble qu'elle s'est vraiment trop peu préoccupée de l'étude de la région du sud-est. Comme nous le verrons d'ailleurs, les autres Sociétés de Géographie ont négligé, elles aussi, la géographie locale, qui était, au contraire, leur principale raison d'être. C'est là un grave desideratum : c'est en montrant l'intérêt que présentent leurs travaux pour la connaissance de la patrie elle-même que les Sociétés peuvent attirer à elles le plus d'adhérents; elle ne saurait intéresser tout le monde en parlant de la Perse, de l'Océanie ou du Chili.

Les conférences de la Société de Lyon sont néanmoins très suivies. MM. de Chavannes et V. Giraud, qui sont Lyonnais, sont venus dès leur retour raconter leurs voyages à leurs compatriotes: 400 personnes prennent, chaque hiver, pour assister aux conférences, des cartes à 5 francs. La Société compte en outre 380 sociétaires payant une cotisation de 20 francs. Dans une ville aussi importante que Lyon, le nombre des adhérents devrait être beaucoup plus considérable. Peut-être la cotisation est-elle un peu élevée; il faut remarquer qu'ici, plus encore peut-être que dans la plupart des autres associations, l'accroissement du nombre des membres a été très lent. La Société a pourtant une bonne situation financière; elle reçoit 9000 francs de ses membres; elle a un capital de 15000 francs; la Chambre de commerce et le conseil général lui donnent 5000 francs de subvention. Le conseil municipal de Lyon lui en donnait autrefois une qu'il a supprimée depuis plusieurs années; il est fâcheux à tous les points de vue que les relations de la Société avec la municipalité ne soient pas, ainsi que ce fait le démontre,

aussi bonnes qu'elles pourraient l'être, quelle que soit la cause de cette mésintelligence.

La Société a cherché, mais sans succès, à créer des groupes annexes à Saint-Étienne, à Annonay et à Grenoble de telles tentatives ont très rarement réussi en France. Mais elle a les meilleurs rapports d'amitié avec sa jeune voisine de Bourg. Elle s'est fait représenter à tous les Congrès géographiques, et presque toujours par le colonel Debize qui a été l'un des membres les plus actifs de ces réunions. Au Congrès de Nantes, il a présenté au nom de la Société un mémoire sur la nécessité d'établir des points de jonction plus fréquents entre les voies ferrées et les voies fluviales; il faut, en effet, lutter contre ce préjugé que les canaux et les rivières n'ont plus de rôle à jouer depuis la création des chemins de fer; bien des produits encombrants trouveraient un débouché, si, après un court trajet, ils pouvaient arriver à un port intérieur, d'où ils seraient expédiés à bas prix. L'étude de ces questions de géographie économique nous paraît une de celles sur lesquelles la Société de Lyon doit concentrer son activité. Ainsi que le disaient ses fondateurs en 1875, à Lyon, la question géographique et la question commerciale sont étroitement unies.

II

C'est un membre de la Société de Géographie de Lyon, M. CointBavarot, qui a fait adopter par le Congrès de Géographie de Nancy un vœu en faveur de la création de Chambres de commerce françaises à l'étranger. M. Combanaire a fait aussi à Lyon une conférence sur le même sujet en 1883. « Le fonctionnement intelligent de ces Chambres, disait-il, sera notre meilleure arme pour arriver à lutter contre les produits étrangers vendus au détriment des nôtres, tout simplement parce que nos industriels, nos fabricants, nos ouvriers ne connaissent pas les marchandises qu'on préfère aux leurs et pourquoi on les préfère. »

Les Chambres de commerce françaises à l'étranger doivent recueillir tous les renseignements profitables aux intérêts du commerce français et les tenir à la disposition des commerçants ou des autres Chambres françaises; elles donnent leur avis toutes les fois qu'elles en sont sollicitées. Elles pourraient servir d'arbitres dans les différends commerciaux qui leur seraient soumis; elles éviteraient ainsi à nos commerçants de s'adresser aux tribunaux du

pays, au risque d'attirer la défaveur sur leur maison. A elles de prendre l'initiative auprès de l'administration et des Compagnies de chemin de fer ou de navigation de toutes les réformes qu'elles croient possibles en matière de douanes, de tarifs, etc. Elles doivent, d'une manière générale, rechercher et étudier les moyens de développer le commerce français, faire connaître les marchandises préférables et leurs lieux de provenance. Ainsi que M. Combanaire le disait en 1882 à la Société de Géographie commerciale, nos articles sont toujours les plus beaux, mais les plus chers. « Dans l'Amérique du Sud, disait-il, nous sommes forcés pour la bonneterie et la mercerie de subir la concurrence allemande. Les Allemands mêlent du coton avec de la laine, mais ils le dissimulent habilement; ils placent la marchandise dans de beaux cartons bien dorés, bien ficelés; tout est bien échantillonné, bien arrangé, en un mot cela a de l'œil, cela plaît. Au contraire, quand on reçoit des articles de bonneterie française, le plus souvent tout est à la diable, les cartons sont à peine attachés et d'une solidité douteuse; on néglige d'employer des faveurs. Pour les boîtes de boutons, les bandes brodées, les entre-deux, que font les Allemands et les Suisses? Ils disposent la marchandise très habilement dans les cartons: c'est très propre, c'est très coquet; puis ils mettent au dessus unc feuille pliée en deux sur laquelle il y a une série de petits numéros en regard desquels se trouvent des échantillons. On ne fait pas cela en France: on expédie la marchandise pêle-mêle dans les cartons. C'est un tort auprès du commerçant, qui se voit privé de l'avantage de s'y reconnaître aisément. Vous voyez sur combien de détails les fabricants français ont besoin d'être renseignés et de quelle utilité pourraient être encore en ce point les Chambres de

commerce. »

En 1882, il n'y avait que trois Chambres de commerce: celles de la Nouvelle-Orléans, de Lima et de Montevideo; depuis cette époque, un grand nombre d'autres ont été fondées à Londres, Barcelone, Constantinople, Charleroi, Buenos-Ayres, Alexandrie, Mexico, Valparaiso, Port-Saïd, Rosario, Rio-de-Janeiro, Valence, Galatz, Bruxelles, Liverpool, Milan, Singapour, etc.

Nous avons aussi dans les colonies des Chambres de commerce qui rendent de grands services. Il y en a deux à la Martinique, deux à la Guadeloupe, une à la Réunion, une à la Guyane, deux au Sénégal, une à Nouméa, une à Papéiti et une à Saïgon. Ces Chambres sont

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