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DE

GÉOGRAPHIE

DIRIGÉE PAR

M. LUDOVIC DRAPEYRON

La géographie, bien comprise, centralisera, au profit des sciences politiques, toutes les connaissances humaines. » (CONGRES GÉOGRAPHIQUE DE PARIS, 4 août 1875.)

ONZIÈME ANNÉE

Quatrième livraison. - Octobre 1887

SOMMAIRE

L. DRAPEYRON : L'éducation géographique de trois princes français
au XVIIIe siècle, le duc de Berry et les comtes de Provence et d'Artois
(Louis XVI, Louis XVIII, Charles X).

M. VENUKOFF (le général): La nouvelle frontière entre la Russie et
l'Afghanistan.

P. GAFFAREL: La découverte du Canada par les Français: Verrazano,
Jacques Cartier, Robervai (fin).

L. DELAVAUD: Le mouvement géographique. La Société de géographie

de Rouen.

H. MEYNERS D'ESTREY (le Dr Comte): Le Japon actuel, d'après
Russell Robertson, consul anglais à Yokohama.

D. BELLET: Le canal de Nicaragua.

Discours de M. Emile Levasseur (de l'Institut), à l'ouverture du Congrès
géographique du Havre (16 août 1887).

Correspondances et comptes rendus critiques des Sociétés de géographie et
des publications récentes.

Nouvelles géographiques.

CARTES

La frontière russe-afghane, par M. Venukoff.

PARIS

INSTITUT GÉOGRAPHIQUE DE PARIS

CH. DELAGRAVE

15, RUE SOUFFLOT, 15

Droits de traduction et de reproduction réservés.

ÉTUDES

SUR

LA TURQUIE D'EUROPE

LA BULGARIE

LA ROUMÉLIE ORIENTALE, LA SERBIE, LA BOSNIE, L'ALBANIE
LA GRÈCE, LA ROUMANIE

PUBLIÉES

PAR LA REVUE DE GÉOGRAPHIE

Le traité de Berlin étant le principe de toutes les complications et la base de toutes les discussions actuelles concernant la question d'Orient, il convient de se référer aux études fondamentales que feu M. Ernest Dottain (des Débats) lui a consacrées dans nos livraisons d'août et de septembre 1878 (avec 3 cartes par M. Ch. Périgot). C'est M. G. Guibal, professeur d'histoire à la Faculté des lettres d'Aix, qui, le premier en France, attira, avec une profonde sympathie, l'attention publique sur les Bulgares (Revue de Geographie de septembre 1877). La Revue doit des articles fort intéressants sur la Serbie à M. Levasseur, de l'Institut, et à M. Louis Leger, professeur au Collège de France. M. J. Carlus a traité des Albanais; M. E. Ruelle, des Grecs. Le regretté M. A. Ubicini, celui de nos compatriotes qui connaissait le mieux les diverses populations de la péninsule des Balkans, a publié dans nos colonnes des études vraiment magistrales sur La Bosnie avant et après le traité de Berlin (septembre 1882, juillet et août 1883), et sur la Roumelie orientale (février et mars 1880). Enfin l'étude de M. J. Mourier sur Batoum et le Bassin du Tchorok (juillet-août 1886) fournit les renseignements les plus abondants et les plus précis sur une question tout récemment soulevée : « Batoum port franc ou port militaire ».

On voudra certainement relire le Grand dessein secret de Louis XIV contre l'Empire ottoman, texte inédit qu'a publié, avec commentaire, la Revue de Géographie (juin et juillet 1877), et le Voyage, également inédit, du comte d'Hauterive, en 1785, il y a un siècle, de Constantinople à Jassy, paru dans ce même recueil.

Librairie CH. DELAGRAVE, éditeur, 15, rue Soufflot, Paris

LA REVUE DE GÉOGRAPHIE

Paraît tous les mois, par livraisons de 5 à 6 feuilles grand in-8 raisin, format de nos grandes revues littéraires, et forme, à la fin de l'année, deux beaux volumes d'environ 500 pages chacun, imprimés sur beau papier en caractères neufs.

Nous donnons régulièrement des cartes exécutées avec soin. Le prix de l'abonnement est de 25 fr. par an pour Paris; de 28 fr. pour les départements et les pays faisant partie de l'Union générale des postes. Pour les autres pays, les frais de poste en sus.

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Prix d'un numéro séparé : 3 fr.

Pour les abonnements, s'adresser à M. CHARLES DELAGRAVE, éditeur de la Revue de Géographie. Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé franco à M. L. Drapeyron, 55, rue Claude-Bernard, ancienne rue des Feuillantines.

Il sera rendu compte de tout ouvrage dont deux exemplaires seront envoyés au bureau de la Revue.

Les annonces sont reçues, 15, rue Soufflot.

L'ÉDUCATION GÉOGRAPHIQUE

DE TROIS PRINCES FRANÇAIS

AU XVIII SIÈCLE

LE DUC DE BERRY ET LES COMTES DE PROVENCE ET D'ARTOIS
(LOUIS XVI, LOUIS XVIII, CHARLES X)

La section géographique de la Bibliothèque nationale possède divers documents manuscrits, réunis et reliés ensemble sous ce titre :

Programmes, cahiers, cartes pour les leçons géographiques des quatre fils du dauphin, fils de Louis XV, manuscrits autographes de Buache et de l'abbé d'Argentré, directeur des études, appartenant à M. Monteil.

Alexis Monteil (1769-1850), l'auteur bien connu de l'Histoire des Français des divers états aux cinq derniers siècles, les a vendus, le 24 février 1841, avec divers autres objets, pour la somme de quarante francs, bien qu'il semble les avoir tout d'abord estimés cent francs.

Dans une préface, il en a lui-même marqué la valeur historique : « On ne peut se défendre d'un vif sentiment de curiosité et d'intérêt pour ces objets matériels qui, longues années avant la Révolution, ont servi à l'instruction des anciens maîtres de la France. » L'étude de ces pages peut nous permettre, en outre, de répondre aux questions suivantes :

Quelle part les géographes, dès la première moitié du XVIIIe siècle, auraient-ils voulu faire à la géographie dans une éducation complète et vraiment classique?

Quel prix le roi et ses ministres dirigeants attachaient-ils à cette science considérée dès lors comme le fondement de la politique extérieure et intérieure1?

Quelle méthode les maîtres les plus éminents de l'époque avaientils adoptée pour cet enseignement?

1. C'est là l'idée dominante des pages que nous allons publier pour la première fois. REVUE DE GEOGR. OCTOBRE 1887.

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Dans quelle mesure ont-ils répondu aux espérances qu'ils avaient vraisemblablement suscitées à Versailles, à Paris, dans toute la

France?

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Quels élèves nous parlons de trois rois de France, Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, — ont-ils formés et auraient-ils pu former? La part faite à la géographie dans l'éducation des rois sous les Bourbons, avant l'époque dont nous traitons aujourd'hui, quoique insuffisante, avait été incontestablement plus grande que sous les Capétiens directs et sous les Valois.

Dès le xvi° siècle existait le titre de « géographe du roi », mais il avait été porté par des savants assez obscurs, lorsque Louis XIII le conféra à Nicolas Sanson (1600-1667), sur la proposition de Richelieu, qui savait le prix de cette science. Le souverain eut de fréquents entretiens avec Sanson, il voulut loger chez lui lors de son passage å Abbeville, et, à son départ, lui remit le brevet de conseiller d'Etat. Sanson donna également quelques leçons de géographie à Louis XIV enfant.

Le successeur du grand roi semble avoir eu, malgré son apathie bien connue, un goût assez prononcé pour la géographie, dont le louaient volontiers ses contemporains'. La Bibliothèque nationale conserve le Cours des principaux fleuves et rivières de l'Europe, composé et imprimé par Louis XV, roy de France et de Navarre, à Paris, dans l'imprimerie du Cabinet de Sa Majesté, dirigée par G. Collombat, imprimeur ordinaire du Roy, Suite, Maison, Bâtiments, Arts et Manufactures de Sa Majesté (1718, juin-septembre). Le fameux Guillaume Delisle (1675-1726) reçut à cette occasion le titre, créé tout exprès pour lui, de premier géographe du Roi. C'est au duc d'Orléans, régent du royaume, son ancien élève, qu'il était redevable de cet insigne honneur.

Toutefois, ce n'est qu'à la dérobée que jusqu'alors les Enfants de France avaient reçu des Sanson et des Delisle des conseils plutôt que des leçons. A la cour, pas plus qu'à la ville, le titre et la profession de maître de géographie n'existait encore. Aussi l'enseignement de cette branche des études se faisait-il sans méthode, à plus forte raison sans corps de doctrine, comme le témoigne le passage suivant de Bossuet, à propos de l'éducation du grand dauphin :

1. Sur quoi le goût du roi s'est déclaré de si bonne heure comme étant de sa compétence préférablement à toute autre sorte d'étude. » Voir le manuscrit. 2. Voir l'éloge de Delisle, par Fontenelle.

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« Nous voyions la géographie en jouant et comme en faisant voyage tantôt en suivant le courant des fleuves, tantôt en rasant les côtes de la mer et allant terre à terre; puis tout d'un coup, cinglant en haute mer, nous traversions dans les terres, nous voyions les ports et les villes, non en courant comme feraient des voyageurs sans curiosité, arrêtant dans les plus fameuses villes pour connaître les humeurs opposées de tant de divers peuples qui composent cette nation belliqueuse et remuante; ce qui, joint à la vaste étendue d'un royaume si peuplé, faisait voir qu'il ne pouvait être conduit qu'avec une profonde sagesse 1. »

D'un assez grand nombre de passages épars dans les lettres de La Bruyère, chargé de l'éducation du duc de Bourbon (1668-1710), petit-fils de Condé, il résulte que l'auteur des Caractères : 1° lui enseignait parallèlement la géographie physique, le gouvernement et la généalogie des familles régnantes des pays étrangers; 2o qu'à propos des guerres des rois de France avec les peuples étrangers, il revenait sur la géographie des pays où avaient lieu les hostilités ; 3o qu'il faisait apprendre par cœur la géographie à son disciple2. Tels étaient les errements suivis quand, en 1735, on se préoc« signe des temps de la prochaine institution »; c'est ainsi qu'on s'exprimait alors du dauphin, fils de Louis XV, âgé seulement de six ans.

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Philippe Buache, gendre de Guillaume Delisle, son successeur comme premier géographe du roi et membre de l'Académie des sciences, adressa au cardinal de Fleury, une remarquable lettre, d'où nous extrayons quelques passages:

Nécessité d'établir autant de maîtres qu'il y a d'objets divers d'études :

« L'on sait que, lorsqu'il s'agit de l'éducation de princes et principalement d'un dauphin, les personnes qui en sont chargées ne manquent point de se procurer toutes les connaissances qui sont nécessaires à un rang si élevé; aussi est-ce pour cet effet qu'ils ont l'attention de lui attacher presque autant de maîtres pour ses études qu'il y a de parties différentes dans les sciences et dans les

arts. »

La géographie ne doit pas faire exception

1. Bossuet, Lettre au pape Innocent XI, sur l'instruction de Monseigneur le Dauphin, fils de Louis XIV,

3.

2. Note que nous devons à M. René Worms, étudiant de la Faculté des Lettres de Paris.

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