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25000 francs à l'un d'eux, le révérend Shaw, pour savoir qu'ils ne nous sont rien moins que bienveillants.

Autre neutralité : nous avons promis dans le traité de ne pas intervenir dans les affaires intérieures de l'île; et nous prétendions cependant établir le protectorat ! Il est de fait que si nous nous en tenions à régler les affaires extérieures de l'île, notre rôle serait bientôt joué; nous serions vite jetés à la mer par la force de ces mêmes étrangers, qui convoitent notre succession à Madagascar et qui y ajouteraient l'influence effective, politique et religieuse, qu'ils ont su prendre dans les affaires intérieures.

On n'empêchera jamais un Malgache, si intelligent qu'il soit, .de confondre l'influence catholique avec la cause française, et réciproquement la propagande protestante avec la cause antifrançaise, britannique. Conformons-nous aux faits et acceptons cette confusion inévitable, puisque tant est qu'elle existe. Que l'ennemi né et déclaré de notre légitime influence à Madagascar soit Arabe ou mulsuman, ou Anglais et protestant, c'est toujours l'ennemi, et nous sommes d'autant plus libre pour exprimer notre opinion à cet égard que, si comme Gambetta nous voulons une protection efficace du catholicisme au dehors par le gouvernement français, comme lui nous croyons qu'il est opportun de ne se réclamer d'aucune confession dans les questions de politique intérieure.

Tous les faits rapportés plus haut, et dont plusieurs sont tout récents, prouvent amplement qu'il est impossible de ne pas combattre la politique des Arabes auprès des Sakalaves sans lutter contre leur propagande religieuse.

Nous avons un résident à Majunga, au milieu même du foyer arabe et musulman; c'est à lui qu'il appartient d'étudier la question sur place et d'employer toute son énergie à rétablir notre prestige et notre influence sur les chefs antankares et sakalaves, influence que les menées des Arabes mettent en danger.

Il faut enfin songer que nous serons peut-être amenés un jour, quand les esprits verront clair en France, quand aussi la situation de l'Europe et celle de nos finances le permettront, à marcher sur Tananarive. Tous les hommes qui connaissent Madagascar et les Hovas s'accordent à dire que c'est là un sacrifice nécessaire qu'il faudra faire, mais faire en son temps, sans hésiter, non plus par la méthode des petits paquets, et au jour la journée, perdant d'un côté le terrain qu'on gagne de l'autre, mais par une action

concentrée, énergique, efficace et soudaine. C'est à Tananarive qu'il faudra aller reviser le traité Patrimonio et cette fois en vainqueurs. C'est dans une victoire définitive sur l'insolente peuplade des Hovas1 que nous retrouverons une paix durable et le prestige perdu, indispensable à reconquérir, si nous voulons faire à Madagascar une œuvre digne d'être léguée à la génération qui vient.

Or ce serait de la côte nord-ouest qu'il nous faudrait partir. Là serait notre base d'opérations; il faut donc que nous nous y établissions solidement dès aujourd'hui et que nous ne laissions pas miner sourdement le terrain par les Arabes au profit des Hovas. Il faut que nous puissions au jour donné marcher vers la capitale, sûrs des peuplades que nous laisserons derrière nous et sûrs aussi qu'après avoir battu les Hovas dans l'Emirne nous n'aurons pas à combattre, en nous retournant, les tribus de l'ouest révoltées à l'instigation des suppôts des Hovas vaincus, des Arabes antalotsis.

MAX LECLERC.

1. Nous apprenions récemment que le premier ministre hova avait envoyé au pays des Sakalaves du sud, c'est-à-dire là où les Hovas n'ont jamais pu jusqu'ici asseoir leur domination et où la France avait su conserver jusqu'en ces dernières années une influence réelle grâce aux nombreux traités qu'elle a faits avec les chefs de toutes ces peuplades, indépendantes des Hovas, nous apprenions que le premier ministre avait envoyé l'un de ses fils pour y établir le joug détesté des Hovas. Autre fait 14 juillet dernier, le gouvernement hova faisait interdire aux petits chefs sakalaves, nos protégés, sur la côte située en face de notre colonie de Nossi-bé, de rendre visite au gouverneur d'Hell-Ville, comme ils en avaient l'habitude, pour la fête nationale française.

au

En même temps, passant en violation du traité de 1885 par-dessus la tête de notre résident général à Tananarive, le premier ministre hova accordait à des Anglais une concession immense de forêts de cette même côte ouest qui n'appartient pas aux Hovas.

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La France se place au-dessous de ces pays. Jusqu'en 1877, elle avait peu de relations directes avec l'Australasie, quoiqu'elle consommât beaucoup de laines venues de Sydney ou de Melbourne1; elle faisait et elle fait encore la plupart de ses achats de laine en Angleterre, et c'était par l'Angleterre que quelques-uns de ses produits, confondus le plus souvent avec les marchandises anglaises, pénétraient sur les marchés australasiens. Cependant Sydney entretenait et entretient encore des relations directes avec la NouvelleCalédonie. Les expositions universelles de Sydney et de Melbourne, l'installation d'un service de paquebots français et surtout l'insuffisance des récoltes en France, de 1879 à 1882, ont commencé à

1. Les navires, en général d'un petit tonnage, trouvaient moins facilement que les navires anglais du frêt en Australie.

2. D'apres les douanes australasiennes, ce commerce n'aurait été que de 19 millions 1/2 dont 12 1/2 pour la Nouvelle-Calédonie.

COMMERCE DE LA FRANCE ET DES COLONIES FRANÇAISES EN 1882,
D'APRÈS LES DOUANES AUSTRALASIENNES

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soit 19 millions 1/2 de francs. Les droits sur les vins et spiritueux, qui s'élèvent jusqu'à 165 et 275 francs l'hectolitre, sont un obstacle au commerce français.

modifier quelque peu cette situation. En 1882, le commerce général de la France avec l'Australie était d'environ 26 millions de francs, sur lesquels 20 millions 1/2 ont été payés pour importation de froment et 3 millions 1/2 pour exportation d'eau-de-vie et liqueurs. (Voir la figure n° 21 qui représente le commerce de la France avec l'Australasie, d'après les douanes françaises, de 1868 à 1883.) Mais les importations de céréales ayant été considérablement

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réduites en 1883, par suite de l'état de la récolte en France, le total du commerce général n'a été que de 24 millions et celui du commerce spécial est tombé à 11 millions de francs'. Il devait augmenter nécessairement avec les facilités de relations que procure depuis 1883 le service des Messageries maritimes. Aussi, en 1884, le commerce général s'est-il élevé à 52 millions de francs, et le commerce spécial à près de 38 millions, dont près de 26 millions pour le froment. Mais il est retombé en 1885 à 42 millions (commerce général) et à 21 millions (commerce spécial), parce que l'importation

1. Cette grande différence entre le commerce spécial et le commerce général de 1882 provient de ce que l'importation résultant d'achats faits en France (6 360 000 fr.), c'est-à-dire figurant au commerce spécial, a été beaucoup moindre que les arrivages dans les ports (14018 000 francs) qui constituent le commerce général. Pour la laine particulièrement, une petite partie seulement (valeur de 81000 francs) de la laine importée dans les ports français (valeur 2 392 000 francs) a été achetéé en France. D'autre part sur les 10 100000 francs de l'exportation générale, les marchandises françaises ou francisées ne comptent que pour 4 804 000 francs.

du froment, gênée par le nouveau droit de douane, n'a été que de 2 millions 1/2. Cependant la laine importée en France1, qui avait éte de moins de 4 millions en 1884, s'est élevée à 7 millions 1/3 en 1885 (commerce spécial); c'est un progrès. La principale exportation. de France a été l'eau-de-vie (3771 000 francs pour le commerce spécial); mais il est regrettable que la majeure partie des articles fabriqués que la France a expédiés en Australie soient des marchandises étrangères que ses paquebots n'ont fait que transporter. Ainsi, sur 4302000 francs de tissus exportés qui figurent à son commerce général, il n'y en a que 145000 au compte du commerce spécial, sur 918 000 de tabletterie et boutons, 254 000 au commerce spécial. L'exportation française de ces articles, ainsi que celle des gants et chaussures, a été moindre en 1885 qu'en 1884.

XIX. Les résultats généraux.

que

Les projets de colonisation australasienne. Le résumé nous venons de présenter montre, ainsi que nous le disions au début, que le progrès des colonies australasiennes, depuis un demi-siècle, est un des faits les plus remarquables du développement de la civilisation européenne dans le monde.

Le commencement du XIXe siècle a vu cette société à sa naissance; la seconde moitié de ce siècle a été témoin de sa rapide croissance. L'Australasie est aujourd'hui dans la vigueur de l'adolescence: elle compte plus de trois millions de membres et elle en comptera peut-être plus de cinq au commencement du siècle prochain. Il y a là assurément un ordre de choses digne d'intéresser le politique et l'économiste.

Nous savons que l'Australasie est occupée par un des trois grands essaims qui, partis d'Europe, se sont fixés dans l'hémisphère austral: l'un en Amérique, le second en Afrique, le troisième en Océanie. Son vaste territoire est donc un de ceux qui ont servi au développement de la race la plus civilisée, et partant, au progrès de la civilisation dans le monde.

Par ce peuplement, les forces naturelles de ces contrées, qui étaient pour ainsi dire sans emploi, ont été utilisées, et la quantité

1. L'importation des laines était de 10 millions au commerce général mais une grande partie des arrivages a dû rester à l'entrepôt faute d'acheteurs.

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