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rivière de Vincent Pinçon était le Carapapori; ce fleuve étant obstrué, il se proposait de demander aux Portugais de céder à la France, moyennant un dédommagement, la rive septentrionale de l'Araouari. En 1792 le poste de Maccari fut abandonné et les Portugais purent reproduire leurs anciennes prétentions sans tenir compte de l'existence de ce fort français pendant quinze ans à proximité mème des limites du territoire contesté. En 1794 ils dirigèrent une expédition jusqu'à l'Oyapoc; ils sommèrent les habitants du poste de leur remettre les esclaves fugitifs et plantèrent un poteau aux armes du Portugal (8 décembre 1794). Ils transportèrent au delà de l'Amazone les Indiens de Counani et de Maccari, à demi civilisés par nos colons. « Au contact des Français, disait en 1798 D. Francisco de Souza Coutinho, gouverneur du Para, la province serait bientôt sans esclaves et sans Indiens. C'est ce qui se serait déjà réalisé si l'on n'avait rompu toute communication en nettoyant tout le territoire sur une étendue de 80 lieues entre Macapa et le cap Orange. »

Le traité du 20 août 1797 fixa la limite de la Carsevene ou Vincent Pinçon. Cette transaction arbitraire fut annulée par le refus du Portugal de ratifier le traité. Le traité de Badajoz (1801), qui fixait pour limites le cours de l'Araouari jusqu'à sa source puis une ligne droite tirée de cette source jusqu'au Rio Branco vers l'ouest, ne fut point ratifié par le premier consul. Quelques mois après, le traité de Madrid (29 septembre 1801) nous faisait la part plus large. Il fixait la limite au Carapanatuba. Ainsi que l'écrivait au ministre de la marine le gouverneur Victor Hugues qui avait fait explorer le pays, on trouve entre l'Araouari et le Carapanatuba des terres élevées, des forêts naturelles de cacaoyers, une population indienne nombreuse et soumise, des cultures, des ancrages sûrs et commodes. Malheureusement le traité d'Amiens (25 mars 1802) reportait nos limites à l'Araouari; elles devaient suivre cette rivière. depuis son embouchure la plus éloignée du cap Nord jusqu'à sa source et ensuite une ligne droite tirée de cette source jusqu'au Rio-Branco vers l'ouest. Ce traité ne reçut pas d'exécution; la guerre éclata et la Guyane fut remise aux Portugais en 1809.

Le traité du 30 mars 1814 stipula qu'elle nous serait restituée telle qu'elle existait le 1er janvier 1792, et qu'un arrangement à l'amiable termiņerait la question des limites. C'était nous rendre Maccari qui n'avait été abandonné que dans le courant de 1792.

Mais l'article 107 du traité de Vienne du 9 juin 1815 remplaça l'article 10 du traité de Paris. Il était conçu en termes ambigus, se contentant de se référer au traité d'Utrecht.

La France reprit possession de la Guyane en 1817. Le traité du 28 août avait décidé qu'il serait procédé à l'envoi de commissaires pour fixer les limites conformément au sens précis de l'article 8 du traité d'Utrecht. Si la commission ne parvenait point à s'entendre. dans le délai d'un an, il devait être procédé à un autre arrangement amiable sous la médiation de la Grande-Bretagne. M. de Humboldt énonçait à cette époque, dans un mémoire que lui avaient demandé les plénipotentiaires portugais, l'opinion que le RioPinçon débouchait au nord de l'île de Maraca: c'était la condamnation absolue, au point de vue scientifique, des prétentions portugaises.

Le gouvernement français voulut profiter des troubles qui suivirent la déclaration d'indépendance du Brésil pour occuper les limites assignées par le traité d'Amiens, dont il considérait les stipulations comme interprétant de la manière la plus équitable le traité d'Utrecht. Il ne fut pas donné suite à ce projet; mais en 1836 un poste fut établi sur un petit îlot qui sépare le lac Maja du lac Macari. Cette occupation fut signifiée au président de la province de Para qui protesta avec dignité. La nomination d'une commission de délimitation fut décidée; et, par respect pour la convention de 1817, le poste de Mapa fut évacué en 1840. Le 5 juillet 1841, le cabinet de Rio donna son adhésion à une note par laquelle le baron Rouen, ministre de France, promettait au nom de son gouvernement de ne pas occuper Mapa à condition que le Brésil respectât aussi le statu quo, et proposait de nommer des plénipotentiaires pour fixer le sens de l'article 8 du traité d'Utrecht. Ces plénipotentiaires furent nommés en 1842: c'étaient MM. Deffandis et de Araujo Ribeiro. Mais leurs pourparlers n'aboutirent pas.

Les négociations furent reprises en 1853: le vicomte de l'Uruguay, plénipotentiaire brésilien, offrit la limite du Carsevenne (dont on ne connaît pas la source); le plénipotentiaire français la fontière de Tartarougal (dont l'embouchure se perd dans un lacis de lacs ou de marécages). Aucun accord ne fut conclu et depuis cette époque la question n'a plus été traitée diplomatiquement. Mais la situation a été modifiée par suite de l'établissement de nombreux colons, d'origine française dans le Nord, brésilienne dans le Sud, et la

fondation de la république de Counani a rappelé l'attention sur l'histoire du démêlé franco-brésilien.

L. DELAVAUD.

III

Nous appelons l'attention de nos lecteurs sur divers documents. que nous donnons in extenso aux comptes rendus :

1° La communication que M. le général Faidherbe vient d'adresser à M. Crépy, président de la Société de géographie de Lille, concernant l'arrivée à Tombouktou du lieutenant de vaisseau Caron, commandant la canonnière le Niger.

2o Les récents décrets du gouvernement français touchant l'union indo-chinoise.

3o Les vues de M. Étienne, sous-secrétaire d'État aux colonies, sur la colonisation.

La colonisation, comme la politique, requiert une connaissance approfondie de la géographie, et les hommes d'État, ainsi que les négociants, ont grand tort de se contenter, sous ce rapport, d'études superficielles, faites hâtivement et au moment même où des questions vitales les saisissent à la gorge pour ainsi dire.

C'est ce qu'a parfaitement compris le colonel Charles Warren, président de la section de géographie au congrès de la British Association, récemment tenu à Manchester. Dans une allocution que nous a signalée M. J.-W. Hay et dont M. Ch. Lasalle nous a envoyé le texte, le colonel Warren se plaint amèrement de l'insuffisance des études géographiques en Angleterre, et il voit dans cette insuffisance, si on n'y porte promptement remède, une cause certaine de décadence politique et commerciale. « La science géographique, s'écrie-t-il, même dans le sens restreint du mot, embrasse la vie d'un Anglais de toute classe et de tout métier (embraced the life of an Englishman of every class and occupation).

Mais, ajoute-t-il, «de toutes les personnes auxquelles est nécessaire la science géographique, il faut mettre au premier rang celles à qui incombe spécialement le gouvernement de notre Empire ».

La conclusion pratique du colonel Warren est qu'il faut instituer des examens spéciaux de géographie, sans doute quelque chose d'analogue à une agrégation de géographie.

Le manifeste de Manchester ne saurait nous étonner. N'en

faisons-nous pas nous-même fréquemment d'analogues depuis dix ans ?

En quoi sir Charles Warren a été plus favorisé que nous, c'est qu'il n'a trouvé aucun contradicteur.

Le général sir H.-E.-L. Thuillier, l'amiral sir Erasmus Ommanney et M. E. Sowerbutts, ce dernier au nom de la société de géographie de Manchester, se sont fait les interprètes de la section tout entière, et ont vivement remercié sir Warren.

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BLUMENTRITT. Des États indigènes qui existaient aux Philippines au temps de la conquête espagnole (Bol. S. G. Madrid, t. VIII, 1886). GATTA. L'archipel des Philippines (Bol. S. G. ital., janvier et février 1886).

LABARBE. Commerce français à Manille (Bull. S. G. commerciale, t. VIII, p. 278).

MEYER. Voyage à Luçon (Mit. Ver. für Erdk. Leipzig, 1885). L'archipel des Philippines et ses dépendances (Écon. fr., 26 octobre 1886).

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BRAU DE SAINT-POL LIAS. Atché (Bull. S. G. Paris, 4 trimestre 1885).

CAIX DE SAINT-AYMOUR (Vicomte de). Les nouveaux protectorats français et les Indes néerlandaises (Revue contemporaine, 25 mars 1886).

FAUQUE. Rapport sur un voyage à Sumatra (Archives des miss. sc. et litt., t. XII).

LAVELEYE (E. de). La propriété collective à Java et la famille primitive à Sumatra (Rev. de Belgique., 15 mars 1886).

POURTALES (Comie de). Note sur les habitants des îles Timor (Bull. S. G. comm., t.VIII, p. 160).

DABRY DE THIERSANT. L'armée coloniale des Indes néerlandaises (Rev. mar., janvier 1885). - Commerce de Java (Bull. consul., oct. 1885).

INTRODUCTION

A LA GÉOGRAPHIE HISTORIQUE1

LA FORMATION TERRITORIALE

DES PRINCIPAUX ÉTATS CIVILISÉS

La Géographie et l'Histoire.

La Géographie pourrait à la rigueur se passer de l'Histoire, car on conçoit très bien l'existence de la Terre sans les hommes. L'Histoire ne saurait se passer de la Géographie que seraient les hommes, y aurait-il des hommes sans la Terre ?

La Terre.

La Terre est la nourrice des hommes; elle leur prodigue l'air, l'eau, les aliments, le feu, les métaux; elle les habille, les pare, les loge. Ce n'est pas tout, elle a été, dès leur naissance, leur grande et puissante éducatrice. Par la variété des climats, la répartition des continents et des mers, la disposition des plaines, des montagnes et des plateaux, la direction des fleuves, des vallées et des cols, la distribution des plantes et des animaux, elle a présidé, pourrait-on dire, à la formation des divers peuples, ayant chacun leur genre de vie particulier et bientôt leurs habitudes héréditaires et leurs traditions, origine principale de leur manière de sentir et de penser. Elle a marqué des limites à leur première extension; elle a ouvert d'avance les routes naturelles qui seules pouvaient leur permettre de se mêler entre eux ou de changer de résidence. A mesure que les peuples ont grandi, ils se sont de plus en plus affranchis de cette tutelle d'abord inflexible, mais tant qu'il y aura des pôles et une zone équatoriale, un désert de Sahara et des neiges éternelles sur les Alpes, les Andes ou l'Himalaya, des contrées aussi différentes que les bords de la Seine et ceux du Gange, de l'Amazone et du Congo, les hommes resteront plus ou moins les élèves et les sujets de leur antique mèrenourrice.

La Terre, comme l'univers entier, se transforme sans cesse, mais avec une telle lenteur que nous, ses hôtes éphémères, nous ne nous apercevons pas, nous n'avons pas le temps de nous apercevoir de ces changements. Il n'y a que les accidents brusques et partiels comme l'éboulement d'une montagne, l'éruption

1. Ces pages remarquables constituent la préface de la Géographie historique résumant l'histoire de la formation territoriale des pays civilisés et l'histoire de la civilisation, par M. Foncin, inspecteur général de l'instruction publique, à l'usage des établissements d'enseignement secondaire et primaire supérieur (Texte en regard des cartes, 48 cartes, 50 figures). L'ouvrage paraîtra chez Armand Colin (Note de la direction).

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