Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

l'auteur d'une note curieuse sur les Pyrénées vues de Marseille. La Société a obtenu un sérieux succès. Bien que la cotisation soit assez élevée (25 francs), elle comptait trois cent cinquante et un membres actifs au 1er décembre 1886. Elle en aurait probablement beaucoup plus si le chiffre de la souscription était plus bas. Elle reçoit 5000 francs de subvention; ses recettes se sont élevées à 13000 francs. C'est donc à tous les points de vue une société prospère et une de celles qui emploient le mieux leurs ressources. Elle s'est imposé de grands sacrifices pour encourager l'enseignement de la géographie; elle donne près de mille francs de prix aux établissements d'instruction; elle distribue des récompenses aux explorateurs; elle a gracieusement envoyé une médaille commémorative de sa fondation aux autres sociétés; sa bibliothèque est généralement ouverte au public, et nous espérons qu'elle aura cherché à y réunir un collection des ouvrages consacrés à l'Afrique; un musée ethnographique est en voie de formation. Les conférences de MM. Stanley, O. Lenz, V. Giraud, Bayol, Soleillet, Révoil, de Mahy, ont attiré un public nombreux. Enfin, dès sa fondation, la Société a inauguré un cours public de géographie qui n'a point cessé d'être très suivi depuis onze ans. Les leçons y ont été faites successivement par MM. Armand, Dunan, Agabriel et Marchand. Ce dernier a pris pour objet de son cours en 1886 l'Allemagne ; une partie de ses leçons a été publiée dans le Bulletin sous le titre : l'Expansion de l'Allemagne; en 1887, il étudie les villes marchandes de la Méditerranée, sujet très heureusement choisi.

Chaque volume du Bulletin (le x1o vient de paraître) est terminé par un index alphabétique qui en rend l'usage fort commode: les autres sociétés feraient bien de joindre un index analogue à leurs publications, et de publier tous les dix ans une table dans le genre de celle que M. Henri Stein a rédigée en 1884 pour la Revue.

II

On a reçu de bonnes nouvelles de Stanley; il approchait de la résidence d'Emin-Pacha, d'après les dernières lettres qu'on a reçues de lui, et se proposait de se rendre à Wadelaï à marches forcées en laissant en arrière une partie de sa troupe; sur sa route il organise des postes pour protéger au besoin sa retraite. Tipo-Tip dirigera de la station des Chutes vers le lac Albert une caravane de ravitail

lement. L'expédition, si rien n'a entravé sa marche, a dû parvenir au lac Albert dans la première semaine d'août et être vers le 15 près d'Émin. Ce voyage ne peut manquer de produire de grands résultats scientifiques. Il nous donnera sans doute des renseiguements sur la rivière Kirkibbi, qui a été découverte par Emin et qui vient déboucher à l'extrémité méridionale du lac Albert. Cette rivière, dit le Mouvement géographique de Bruxelles, est sans doute le fleuve Rouge que Masou-Bey a signalé à la suite de son exploration du lac Albert en juin 1877 et dont il a fixé l'embouchure dans le lac par 1°11'3" de lat. nord. Le Kirkibbi descendrait sans doute des montagnes de l'Ousougara, qui constituent la prolongation vers le sud-ouest des montagnes Bleues, qui bordent à l'ouest le lac Albert et peut-être aussi le Mouta-Nzigė. Sa navigation est rendue difficile par de nombreuses cataractes; il traverse le pays du Mboga, contrée élevée, boisée, fertile. Servirait-il d'émissaire au Mouta-Nzigé, aperçu de loin par Stanley en 1876 et situé par 986 mètres d'altitude, entre le Victoria qui est à 1200 mètres, l'Albert qui est à 700 mètres, le Tanganyika qui est à 824, et le Congo qui coule à l'ouest par environ 500 mètres?

Le Mouvement géographique fait remarquer que l'excellente Spiezal Karte von Afrika d'Habenicht (Institut de Justus Perthes) délimite, dans la feuille VI de sa deuxième édition, le territoire du Soudan qui est demeuré au pouvoir d'Émin-Pacha et indique les stations défendues par ses troupes. Ces stations sont au nombre de dix Lado, Berren, Kirri, Laboré, Douffilé, Faloro, Wadelaï, sur les bords du Nil; Fadibek, Fatiko, dans l'intérieur, et Mabagi, sur la côte occidentale du lac Albert.

Ce même recueil vient de publier une carte de l'État indépendant du Congo, à l'échelle de 1/6000000o. Il fait à cette occasion un tableau des dernières découvertes. On doit à Stanley, outre le premier tracé du Congo, la reconnaissance du lac Léopold II, qui, par le Mfini, se déverse dans le Kassaï; du lac Matoumba qui se déverse sur la rive gauche du Congo, presque en face du confluent de l'Oubangi; et du fleuve Arouwimi, affluent de droite du Congo. Le docteur Ludwig Wolf a exploré le Sankourou, affluent de droite du Kassaï qui, sous le 4 degré de latitude sud, se continue vers l'est par le Lomani. Le capitaine Van Gele a visité en février 1887 le Lépori, affluent du Loulango (qui dans sa partie la plus septentrionale est parallèle au Congo) et les affluents de l'Oubangi;

il a entrepris récemment une expédition en vue de résoudre le problème de l'Ouellé, et de vérifier si ce fleuve ne serait point le cours supérieur de l'Oubangi. Il est parti le 1er juillet avec une escorte d'une centaine d'hommes sur deux steamers; il doit remonter l'Itimbiri jusqu'aux chutes de la Loubi, puis se diriger vers le nord jusqu'à l'Ouellé.

Le R. Grenfell a exploré le Mfini, affluent de droite du Kassaï, l'Ikelemba, affluent de gauche du Congo sous l'équateur; l'Oubangi, la Loïka, affluents de droite; le Loulami, le Loulongo et le Tchouapa, affluents de gauche.

MM. Kund et Tappenbeck ont découvert le Loukengé; le docteur Butner a reconnu le cours du Koango au nord du 5° degré ; MM. Bohm et Reichard ont parcouru le pays compris entre le Louapoula et le Loualaba; M. Baert a reconnu la Mongalla qui débouche sur la rive droite du Congo au sommet de sa courbe, par 2° de latitude nord; MM. Vandevelde, Elliot, Mikic et Destrain ont parcouru les régions de Kouilou et de Tchiloango; M. Rouvier, a rectifié le cours du Congo entre Vivi et l'équateur, et exploré le cours inférieur de l'Oubangi et de la Loucouala; cette dernière rivière a été reconnue par le lieutenant Massari. M. Jacques de Brazza vient de publier la carte de ce bassin qu'il a descendu en 1885-86 avec M. Pecile, à partir de 2° 49′ latitude nord jusqu'à son embouchure dans le Congo.

M. Hakansson a exploré l'Inkissi, affluent de gauche qui débouche dans le fleuve en aval de Stanley-Pool et dont le cours supérieur traverse un pays fertile et peuplé (de novembre 1886 à février 1887).

M. de Schwerin a parcouru en tout sens le bassin du Congo inférieur, et, avant de rentrer en Europe, a exploré le pays des Moussourongos, etc., de San-Antonio à Noki, et fait des excursions le long de la côte d'Angola, dans la province de Mossamedès et de Banana à Boma.

MM. Serpa Pinto, Capello et Ivens ont déterminé les régions situées entre le bassin du Congo et celui du Zambèze. M. Wissmann a relevé le cours du Kassaï et de son affluent la Louloua, dont le lieutenant Von François a dessiné la première carte. M. Wissmann vient de traverser l'Afrique pour la seconde fois; parti de Loulabourg le 16 novembre 1886, il s'est dirigé vers le confluent du Loubi pour pénétrer ensuite dans le pays où se trouvent les sources du Loulongo, du Tchouapo et du Lomani; il a atteint le Tanganyka

au mois d'avril, et est arrivé à Mozambique le 17 août dernier, après avoir traversé la région située au sud-est de Tanganyka, le Nyassa, le Chiré et le Zambèze.

Un itinéraire à peu près semblable avait été parcouru quelques mois auparavant par le docteur Lenz, bien connu par son voyage à Tombouctou et son exploration de l'Ogooué. Le Bulletin de la Société de géographie de Marseille a donné un résumé du récit de ce voyage fait par le docteur Lenz dans une conférence à Bruxelles. Il partit de Léopoldville le 29 décembre 1885, avec M. Baumann, pour les Stanley-Falls, où il arriva le 14 février 1886, et où il dut laisser son compagnon malade; il se proposait de gagner les régions du Nil supérieur, pour dissiper l'incertitude où on se trouvait sur le compte de Junker, d'Émin-Pacha et de Casati. Forcé de renoncer à marcher au nord, Lenz se décida à remonter le Congo avec l'aide de Tipo-Tip. Il arriva à Nyangoué le 16 mai, et le 23, à Kasongo. Il quitta cette localité le 30 juin, après avoir engagé quatre-vingts porteurs pour gagner le Tanganyka par la voie de terre. Il mit quarante jours à atteindre la côte occidentale du lac à travers un pays qui ressemble à un parc, mais peu habité et où les difficultés d'approvisionnement étaient grandes. Le 8 août, il arrivait sur les bords du Tanganyka qu'il traversa en vingt-quatre heures; à Oujiji, il apprit que la route du Nord lui était définitivement fermée par suite de l'état de surexcitation des populations; il se dirigea vers le Nyassa qu'il atteignit le 17 octobre; il le traversa du nord au sud, en cinq jours, sur le vapeur de la mission écossaise; le 25 octobre, il quittait Livingstonia pour s'engager dans le Chiré, puis descendit le Zambèze et arriva à Quilimané le 13 décembre 1886.

III

Nous ne reviendrons aujourd'hui sur l'exploration du Niger par M. le lieutenant Caron, que pour ajouter que la Djemaa de Timbouc tou a refusé de faire aucun traité avec nous. Une seconde canonnière, le Mage, est parti de Bamakou. Une chaloupe, le Faidherbe, a été construite à Bamakou même. Enfin le colonel Galliéni a quitté Bordeaux le 20 octobre dernier; il va étudier la région située entre la Falemé et le cours du Niger.

L'exploration d'un autre grand fleuve de nos possessions coloniales se poursuit. Une expédition a été organisée à Saïgon, au mois d'août

dernier, afin de reconnaître les moyens d'ouvrir au commerce la partie du Laos comprise entre les rapides du Mékong et les cataractes de Keong. M. de Fesigny, commandant le Doc-Phu-Ca, a reconnu cent cinquante kilomètres du fleuve qui n'avaient jamais été parcourus par un bateau à vapeur; il est remonté jusqu'aux cataractes et a reconnu la rivière d'Attopeu.

La nécessité s'impose plus que jamais d'étudier les voies de communication de l'Indo-Chine française et des pays voisins, au moment où l'Angleterre cherche à établir des relations entre la Birmanie et la Chine. M. Archibald Colquhoun, commissaire anglais en Birmanie, vient d'adresser à son gouvernement et aux chambres de commerce de son pays un rapport important', sur les motifs qui militent en faveur de l'établissement d'une voie ferrée entre Moulmein et Yunnan-fou. Un embranchement relierait cette ligne à Bangkok, capitale du Siam, un autre se dirigerait plus tard vers la vallée du Gange. M. Colquhoun écrit aux présidents des Chambres des communes: « La crise industrielle et commerciale qui pèse sur l'Europe, la concurrence que nous font les puissances continentales, l'annexion de la Birmanie et des États de Shan, les profonds changements qui s'accomplissent présentement en Chine, la course au clocher ouverte entre la Frauce et l'Angleterre pour savoir qui arrivera la première à la Chine par sa frontière sud-ouest, course dont l'objectif est Ssumao pour les deux nations: tous ces éléments, vous l'estimerez sans doute, donnent une valeur exceptionnelle aux mesures qui peuvent nous ouvrir le plus grand marché encore inexploité qu'il y ait au monde. »

M. Colquhoun pense qu'on peut construire en quatre ans la ligne préconisée par lui qui mettrait Yunnan-fou à 18 ou 20 lieues de la mer des Indes. Les routes fluviales sont seulement accessibles aux jonques, et représentent pour les marchandises parties du littoral, des trajets de deux à trois mois au moins. Ce que ne dit pas M. Colquhoun, comme on l'a observé avant nous, c'est que les lignes françaises projetées mettraient le Yunnan bien plus près de la mer que la ligne anglaise de Birmanie. La commission nommée par le gouvernement français a conclu à la construction immédiate de trois lignes ferrées, d'Hanoï à la mer, d'Hanoï à la frontière du Yunnan par Lao-kaï, de Bac-ninh à Kouang-si par Langson; deux

1. Le journal le Temps du 12 novembre 1887 en a donné l'analyse.

« VorigeDoorgaan »