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l'existence en Tunisie d'une chaussée romaine non connue encore aujourd'hui. Cette chaussée est dans son genre un des travaux les plus remarquables accomplis par les Romains en Afrique. Elle est jetée sur le Sebkha Halk-elMengel, à 3 kilomètres à l'est d'Erghéla. Elle ne mesure pas moins de 480 pas de long. Cette chaussée faisait partie d'une voie romaine reliant au continent l'île où s'élève Erghéla. La construction de cette chaussée a amené dans la configuration du sol un changement notable et bien curieux. Ne pouvant s'échapper vers la mer, par suite de la construction même de la Sebkha, les eaux se sont frayé un nouveau lit à un kilomètre environ du lit primitif. La formation de ce nouveau lit, en coupant du continent une bande de terrain sablonneux, a déterminé la création d'un îlot qui se dresse au-dessus des basfonds de la Sebkha.

Cette chaussée romaine avait pour but de relier Erghéla à l'intérieur du continent. La voie romaine à laquelle appartenait cette chaussée est indiquée sur la carte de Peutinger. De la grande voie romaine qui va de Carthage à Hadrumėte par Thuburbo Majus, on voit en effet, à hauteur d'Erghéla se détacher une bifurcation qui va se terminer à Erghéla même. Aujourd'hui il faudrait, si l'on voulait relier Erghéla au continent, non seulement rétablir la chaussée antique, mais encore, par suite de la formation du lit nouveau, jeter encore un pont au-dessus de ce lit.

Au sujet de la communication de M. Rouire, l'amiral Jurien de la Gravière fait remarquer qu'au fond du golfe de la Sidre (la grande Syrte) se retrouvent certaines particularités géographiques semblables à celles que M. Rouire vient de signaler au fond du golfe de Hammamet. Au fond du golfe de la Sidre se trouverait même un mouillage signalé par M. l'amiral Mouchez. Ce mouillage aurait même attiré l'attention de l'Angleterre.

M. A. Chauvigné, secrétaire général adjoint de la Société de géographie de Tours, présente sa notice sur les Voies de communication en Touraine et expose le tracé nouveau d'une partie de la voie de Cæsarodunum (Tours) à Bordeaux. D'après les restes, la voie, en sortant de Saint-Senoch, allait directement à Preuilly, où elle traversait la Claise et rejoignait ainsi la voie de Châtellerault et Poitiers.

Cette communication est extraite d'un travail d'ensemble que prépare M. Chauvigné sur les voies romaines en Touraine.

INVENTAIRE CARTOGRAPHIQUE.

M. Haillant a dressé l'inventaire des cartes vosgiennes imprimées ou manuscrites, qu'il a extraites de sa Bibliographie vosgienne. L'auteur a suivi l'ordre alphabétique par noms d'auteurs ou de pays. S'il n'y a pas de raretés ni de pièces très curieuses, les documents recueillis prouvent que la science géographique a été depuis très longtemps cultivée dans les Vosges, soit au point de vue historique ou même simplement pittoresque, soit au point de vue géographique proprement dit. M. Haillant espère que la Société de géographie de l'Est (section vosgienne), qui a déjà publié un travail analogue au Congrès de la Sorbonne en 1885, fera également connaître ces documents à tous ceux que ces recherches intéressent.

M. Victor Advielle fait savoir que M. Eugène Cortambert fut chargé autrefois par le gouvernement de relever, dans tous les départements, la liste des cartes et plans manuscrits qui pourraient s'y trouver. Le travail du savant conservateur du Dépôt géographique de la Bibliothèque nationale existe1, et il suffirait de l'annexer au relevé général des cartes et plans de ce dépôt pour avoir sans beaucoup de difficultés la bibliographie géographique à peu près complète de la France. Il ne resterait plus alors aux savants de province qu'à compléter le travail général par quelques recherches locales, dans les collections privées

surtout.

M. V. Advielle cite ensuite quelques portulans, et retrace à grands traits la vie et les travaux d'un cosmographe du XVIe siècle, Nicolas de Nicolay. Il parle ensuite des géographes de Laval, tels que Hérault, de Berny, Postel, etc., qui ont fait plus particulièrement l'objet de ses recherches. Enfin, il émet le vœu que le gouvernement fasse faire des démarches auprès de nos anciens ingénieurs et arpenteurs pour obtenir d'eux, au profit des dépôts publics, le don des cartes et plans manuscrits qu'ils ont dù conserver, et qui constituent sans doute à peu près tout ce qui reste de l'ancienne géographie de la France.

HISTOIRE DE LA GÉOGRAPHIE.

M. Quarré-Reybourdon, membre de la commission historique du Nord et de la Société de géographie de Lille, donne un aperçu de son travail sur PascalFrançois-Joseph Gosselin (1751-1830), géographe lillois, contemporain du second Buache, savant trop peu connu. Les renseignements relatifs à sa vie et à ses œuvres se trouvent dans des recueils qui ne sont guère à la portée du public. Ses travaux se rapportent surtout, comme ceux de d'Anville, à la géographie ancienne. Mentionnons sa Dissertation sur la Chersonèse d'Or et sur le pays des Sines (1777). On trouvera dans le tome IX des Mémoires de l'Académie des instructions et belles-lettres son éloge par Abel Rémusat.

M. Quarré-Reybourdon a fait son travail sur les documents déjà publiés et sur des pièces inédites qui se trouvent dans sa curieuse collection lilloise. Il a joint à cette étude des notes bibliographiques.

L'ORTHOGRAPHE DES NOMS GÉOGRAPHIQUES.

M. Barbier, secrétaire général de Société de géographie de l'Est, parle de l'application des règles adoptées par la Société de géographie de Paris pour la transcription des noms géographiques. Adoptant, en principe, le thème géné ral de ces règles, il établit les points particuliers qu'il convient, selon lui, de modifier, spécialement en ce qui concerne la transcription des noms. S'appuyant sur les documents officiels de l'Allemagne, de l'Autriche, notamment sur la carte de l'Europe centrale de l'Institut militaire de Vienne, il en déduit la nécessité de respecter absolument l'orthographe des noms géographiques des pays qui empruntent l'alphabet latin avec les signes particuliers qui leur donnent leur valeur réelle.

1. Voir à ce sujet ce qu'a dit M. G. Marcel, à la dernière séance de la Société de géographie, page 74 de la présente livraison.

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Il appelle l'attention des géographes qui s'occupent des transcriptions sur l'utilité de prendre pour type de celles-ci, dans la langue russe, l'alphabet employé pour l'orthographe des noms slaves de l'ouest. Enfin, il émet le vœu que les imprimeurs et les éditeurs se munissent, à l'exemple de toutes les typographies bien organisées, des caractères sans lesquels on ne peut que dénaturer l'orthographe exacte, nationale, de chaque pays.

M. Bouquet de la Grye répond à l'un des arguments de M. Barbier que les traces de l'étymologie tendent à disparaître dans l'orthographe des noms français.

Au point de vue du service des postes, il y a intérêt à transcrire les noms en suivant la phonétique. Les orthographes analogues de divers noms tendent aujourd'hui à s'identifier, et il serait fàcheux, pour distinguer les dix-sept Villefranche de France, de donner à chacune d'elles une orthographe spéciale. Les règles, très générales, admises par la commission de la Société de Géographie pour l'orthographe géographique, ont été suivies par le commandant Rouvier dans ses cartes du Congo et de l'Ouest-Africain. L'adoption de ces règles ne saurait être imposée; elle ne saurait l'ètre qu'au détriment d'une partie des théories de M. Barbier.

M. Venukoff, membre d'honneur de la Société de Topographie de France, estime qu'il est impossible d'établir une orthographe universelle sans avoir un alphabet universel. Plusieurs congrès de savants slaves ont vainement essayé d'en fixer un pour les langues slaves; il eût fallu y introduire au moins 42 lettres et l'alphabet russe n'en a que 35. Un alphabet universel pour les langues de toute l'Europe entraînerait l'adoption de plus de 100 lettres ! M. Venukoff présente une carte ethnographique de la Russie d'Asie, dont il est l'auteur. Cette carte indique des peuples de vingt nationalités différentes, dont plusieurs sont russes depuis trois siècles. La Russie n'a pas cherché à unifier l'orthographe des noms de ces contrées. Depuis vingt ans, la langue russe est imposée à l'instruction publique en Pologne; cependant on n'est pas encore arrivé à avoir un mode d'orthographe qui permette de transcrire le polonais en russe ou vice versa. M. Venukoff cite le fameux voyageur Prjévalski, dont le nom polonais orthographié à la russe aurait une toute autre consonnance qu'en polonais. Il ajoute que, dans l'atlas de Vivien de Saint-Martin, la transcription des noms russes a été très convenablement réalisée.

M. le général Perrier donne quelques détails sur les mesures prises pour la transcription des noms arabes en français dans les cartes de l'Algérie. Les officiers topographes parcourent le pays, demandent les noms aux indigènes, les leur font même, s'il est possible, écrire en arabe, et s'efforcent de trouver une transcription juste; cette première approximation est examinée par un interprète et revue en dernier lieu à Paris, par M. Gabeau, interprète militaire, auteur, avec M. de Plane, d'un mode de transcription de l'arabe en français.

M. Alexandre Bertrand ajoute que la transcription des noms grecs modernes en français présente de très grandes difficultés.

Nous renvoyons nos lecteurs à l'étude que M. le général Parmentier a publiée en janvier 1887 dans la Revue de Géographie.

REVUE DE GÉOGR.

JUILLET 1887.

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AUTRES SECTIONS DU CONGRÈS.

On pourrait signaler dans les autres sections du congrès divers travaux qui intéressent la géographie. Nous en analyserons un seul:

A la section d'histoire, M. l'abbé Arbellot, président de la Société archéologique du Limousin, a fait l'histoire de la discussion élevée au XVIe et au XVII siècles sur la position d'Augustoritum, que les savants, d'après les éditions fautives de Ptolémée, plaçaient à Poitiers, et que l'abbé Belley, par une étude approfondie des anciens documents, démontrait être Limoges, puis il donne la signification de ce nom, et il examine comment et par qui ce nom fut donné à cette ville.

D'après Dion Cassius, Auguste et le Sénat donnèrent le nom d'Auguste, de Jules ou de César à certaines villes qu'ils voulaient honorer plusieurs savants ont pensé que les nombreuses villes de la Gaule qui portaient ce nom avaient demandé cette faveur pour témoigner leur attachement à l'empire. M. Arbellot pense que ce nom d'Auguste, de Jules et de César fut imposé par les conquérants pour éteindre dans certaines villes de la Gaule le sentiment de nationalité gauloise et les rattacher à l'empire romain par des liens plus étroits.

Nous aurions entendu avec plaisir et profit des lectures, telles que l'Histoire de Versailles à l'epoque feodale, par M. Maquet; les Amiraux de France et les grands maîtres surintendants généraux du commerce et de la havigation, par M. Meyer; les Grottes de l'Ariège et en particulier celles de Lombrire, par M. Marty; Des moyens pratiques pour assurer dans nos colonies el dans les pays voisins un debouché aux produits industriels français, par M. Paulus; Le fétichisme des peuples de l'Inde et de l'Indo-Chine, par M. Schobel; l'Age du soulevement de la montagne Noire, par M. Caraven-Cachin, etc., etc.

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> Je vous envoie la note du moment. Pour attendre la fin des pluies, qui se prolongent cette année d'une façon insolite, je vais passer quinze jours au placer Saint-Élie, exploitation aurifère la plus importante de la colonie. Je partirai au commencement de juillet pour les Tumac-Humac par l'Approuague et les Indiens Émérillons. Je vous écrirai encore par le courrier de juillet. > Bien cordialement vôtre

> HENRI COUDREAU. »

De nouvelles découvertes aurifères de la plus haute importance viennent d'être faites sur la rive gauche de l'Aoua. Des chercheurs d'or sont revenus au bout d'un mois d'inspection, qui avec 10 kilos, qui avec 15 ou même 30 par tête. Telle crique donne en moyenne un kilo d'or par homme et par jour. On a jamais rien vu de mieux en Californie ou en Australie. Malheureusement, cet Eldorado est un territoire contesté entre la France et la Hollande. Ce contesté était demeuré jusqu'à nos jours inaperçu, il a fallu les récentes découvertes pour le mettre en évidence. Ainsi, il y a quelques mois, dans le contesté anglo-vénézuélien se sont, de la même manière, déroulés les mêmes événe

ments.

Le contesté franco-hollandais est le pays compris entre l'Aoua, bras oriental du Maroni, et le Tapanahoni, bras occidental de ce fleuve. C'est une région de 20 à 25000 kilomètres carrés, peuplée de 4 à 5000 nègres à peu près indépendants, divisés en deux tribus les Bonis qui habitent la basse Aoua et les Youcas qui habitent le bas Tapanahoni (Voy. la planche VIII de mon atlas). Trois tribus indiennes se trouvent dans les hautes terres de l'intérieur : les Roucouyennes, dans la région des sources de l'Aoua, les Trios, dans le haut Tapanahoni, et les mystérieux Oyacoulets, Indiens blonds aux yeux bleus, à la barbe blonde, qui habitent, paraît-il, entre l'Aoua et le Tapanahoni, du 3 au 4 degrés Nord.

Les gouverneurs des deux colonies ont dû interdire à leurs chercheurs d'or respectifs toute recherche sur ce terrain, désormais neutralisé et défendu, jusqu'à entente à l'amiable et délimitation définitive entre les deux gouverne

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