La Mère LEGRAND. Oh! vous le savez bien tous les deux. Expliquez-vous. Madame LE DOUX. La Mère LEGRAND. Dame! il ne l'a point pris, ni il ne l'a point demandé; cela lui est venu tout seul. Madame LE DOUX (bas.) Ne dites rien devant mon mari. M. LE DOUX (bas.) Ne parlez pas devant ma femme. La Mère LEGRAND. Il n'y a pas de secret; puisqu'il n'en veut pas, et qu'il m'a chargé de vous le rendre. Taisez-vous. Paix donc. Madame LE DOUX (bas.) M. LE DOUX (bas.) ВАВЕТ. Vous allez fâcher Monsieur et Madame contre André, la mère. La Mère LE GRAND (rendant les paquets de l'un et de l'autre.) Tenez, voilà chacun votre paquet: il est honnête garçon. Il dit que c'est vous tromper tous les deux que de prendre votre argent, sans vous en rien dire ni à l'un ni à l'autre; et pour finir son embarras, il vous rend le tout. Voilà votre argent, Monsieur, et voilà le vôtre, Madame. Je crois que je ne nous méprenons pas. M. LE DOUX. Quoi! madame, vous aviez donné cela à André ?, Madame LE DOUX. Et vous, Monsieur, n'en aviez-vous pas fait autant? M. LE DOUX. Il est vrai; j'étois fàché d'avoir consenti à le renvoyer. Madame LE DOUX. Et moi, j'étois fàchée de vous y avoir engagé. La Mère LEGRAND. Vous voyez bien que s'il avoit gardé votre argent, il auroit été riche. M. LE DOUX. Eh bien il l'est encore; car il lui appartient toujours. La Mère LEGRAND. Je suis sûre qu'il n'en voudra point sans Babet. M. LE DOUX. Voyons, Madame, puisque nous pensons toujours l'un comme l'autre, si vous pensez encore comme moi dans ce moment-ci. Madame LE DOUX. Si vous voulez le savoir, je n'hésiterai pas à vous dire que mon sentiment est qu'il faut marier André avec Babet. M. LE DOUX. pour C'est le mien aussi ; elle ne sauroit avoir mari un plus honnête homme. BABET. Ah! Monsieur a bien raison! M. LE DOUX. Et nous serons bien sûrs d'avoir fait aujourd'hui deux heureux. Madame LE DOUX. Il faut faire courir après André, la mère. La Mère LEGRAND. Il n'est pas bien loin. Vous le croyez? M. LE DOUX. La Mère LEGRAND. Oui, vraiment ; il n'a jamais voulu partir sans être sûr que Monsieur et Madame auriont repris ce qu'ils lui aviont donnés. Madame LE DOUX. Allons, faites-le venir. La Mère LEGRAND. André! André! viens, viens, fieu. SCÈNE XII ET DERNIÈRE. M. LE DOUX, Madame LE DOUX, BABET, ANDRÉ, la Mère LEGRAND. ANDRÉ. 59 FRONS Me voilà, ma mère. M, LE DOUX. André, tu n'iras point à Paris, et nous allons te marier avec Babet. ANDRÉ. Quoi! Monsieur, cela est bien vrai? M. LE DOUX. Oui, mon ami. ANDRÉ. Ah! Babet, je ne sais si je dors ou si je veille. ВАВЕТ. Je suis tout de même, André. ANDRÉ. Mais, dis donc! moi qui oublie de remercier de si bons maîtres! ВАВЕТ. Va, va, notre joie, notre contentement parlent à leurs cœurs pour nous; ils les entendent: ils sont toujours heureux du bien qu'ils peuvent faire. M. LE DOUX. Tiens, André, voilà ce que je t'avois donné. Madame LE DOUX. Je te rends aussi cela, et nous en donnerons autant à Babet. Ah! Madame.... BABET. M. LE DOUX. Travaillez, et nous vous aiderons. Madame LE DOUX. Aimez-vous bien, mes enfans, et nous aurons soin de vous. BABET Oui, Madame, nous nous aimerons; mais nous vous aimerons encore davantage, si je le pouvons. La Mère LEGRAND. Oh! Monsieur et Madame, je sommes bien sûrs qu'ils vous tiendront parole. Votre exemple à tous deux prouve bien qu'il n'y a de vrai bonheur que celui qu'on partage. |