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- VOYAGES.

TOME SEPTIÈME.

1853.

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LITTÉRATURE.

BEAUX-ARTS.

AUX BUREAUX DE LA REVUE CONTEMPORAINE,

FAUBOURG MONTMARTRE, N° 13.

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LIBRARY

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HISTOIRE PHILOSOPHIQUE.

LA FRANCE ET LA MAISON DE BOURBON

AVANT 1789.

Dieu est plein à la fois de clarté et de mystère; il brille sans se dévoiler. De toutes les générations humaines, la nôtre devrait en être la plus convaincue, car il n'en est aucune qui ait vu s'accomplir tant et de si grandes choses à la fois imprévues et chargées de révélations éclatantes. Plus qu'aucun autre, notre siècle serait impardonnable d'être impie; Dieu n'a jamais été si visible. Visible, et en même temps impénétrable; les choses qui se sont passées de nos jours ont surpassé infiniment les plans et les forces des hommes; Dieu seul les a pu faire; les plus aveugles le reconnaissent. Maintenant que veut-il faire de nous? Les plus clairvoyants ne le démêlent point.

Entre les obscurités de la pensée divine, il en est une dont il est impossible de n'être pas frappé, et d'être frappé sans une profonde émotion. Quelles sont les vues de Dieu sur la maison de Bourbon? Il l'a traitée tour à tour avec des faveurs et des rigueurs inouïes dans l'histoire, pourtant si brillante et si tragique tour à tour, des familles royales. Deux siècles de puissance et de gloire sans pareille; puis, en moins de soixante ans, sur quatre Rois, un mort sur l'échafaud, deux dans l'exil; toutes les douleurs filiales épuisées par une sainte Princesse, toutes les douleurs maternelles par une sainte Reine; des enfants bannis violemment, au sortir du berceau, et jetés au loin, à

l'étranger, comme de grands criminels. Les Stuarts, si malheureux, n'avaient jamais eu d'éclat ni de bonheur; les Bourbons ont touché au faîte et aux abimes des fortunes royales; jamais tant de coups de foudre ne sont si rapidement tombés sur un si grand arbre; et pourtant le tronc brisé n'est pas mort; les branches sont dispersées, mais non pas desséchées. Pourquoi ainsi frappé? Pourquoi ainsi conservé? Est-ce une sentence? Est-ce une épreuve?

Même quand je ne la comprends pas, je crois à la Providence divine, et à la justice de la Providence divine. Nulle pensée, j'ose le dire, ne s'incline plus profondément que la mienne devant les ténèbres que Dieu place au-dessus de nous et devant nous. Mais Dieu, qui nous voile l'avenir, livre le passé à nos regards; s'il nous interdit de connaître ses desseins, il nous admet à étudier ses œuvres. Peut-être nous est-il permis d'entrevoir dans ses œuvres quelque chose de ses desseins.

La France et la maison de Bourbon avant 1789, c'est du passé, c'est de l'histoire. Je voudrais rappeler ce que la France et la maison de Bourbon ont été ensemble avant 1789. On l'a beaucoup oublié; mais ce que les peuples oublient ne disparaît pas, pour cela, dans l'enchaînement des faits qui influent sur leur sort.

Entre les faits de cette époque, voici le plus général et le plus saillant. Les deux siècles de la royauté de la maison de Bourbon, le dix-septième et le dix-huitième siècles, sont les plus beaux de notre histoire. C'est la mode, depuis longtemps déjà, de les opposer l'un à l'autre pour les élever ou les abaisser, les encenser ou les accuser l'un aux dépens de l'autre. Ils diffèrent beaucoup en effet, et il y a beaucoup à leur reprocher; mais au-dessus de leurs contrastes et de leurs fautes domine ce grand résultat qui leur est commun, le développement éclatant de la société française, le progrès rapide de la civilisation française, au dedans son activité, au dehors son expansion toujours croissantes. Ce sont, pour la France, deux siècles incomparables de puissance politique, de splendeur intellectuelle, d'élan vers le bien social.

Il se rencontre des esprits sérieux, honnêtes et sincères, qui regardent cette époque comme une époque de décadence. A partir du seizième siècle, de ce jour où ce qu'ils appellent l'unité religieuse de la société chrétienne a été rompue, et parcequ'elle a été rompue, il n'y a eu, pensent-ils, en Europe, qu'égarement et décadence. Je n'ai garde d'entrer ici dans ce débat, je ne puis qu'exprimer mon profond dissentiment. C'est là méconnaître également, selon moi, et la vérité des faits, et la grandeur de la religion chrétienne. Le bien et le mal ont été profondément mêlés dans le mouvement moral et social des deux derniers siècles, et le mal y a abondé, comme dans tout

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