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Quoi ! C'est l'Amour encor qui guide le poi

gnard!

Tu vas bruler d'un feu qu'Andromaque déteste;
Cours recevoir le prix de ta flamme funeste :
Orefte va punir tes crimes par les fiens,
Et les Grecs que tu fers vont venger les
Troyens.

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Mais toi, perfide Ulysse, Je vois tout l'Univers armé pour ton fupplice. La mer, pour t'engloutir, a foulevé fes eaux ; Et la foudre à tes yeux embrase tes vaisseaux. Les ombres des Enfers, les monftres de la Terre Confpirent à l'envi pour te faire la guerre. Sous quel horrible aspect verras-tu ta maifon, Où tu ne vas trouver que trouble & trahison ? N'ofant plus, fous ton nom, jouir de la lumière,

Où vas-tu terminer ta fatale carrière ?

La Parque te préfente au glaive que tu fuis;
Miférable, tu meurs de la main de ton Fils.
Télégone cherchoit le fang qui l'a fait naître;
Et c'est en le verfant qu'il va le reconnoître.....
Mais quel phantôme encor fe préfente à mes
yeux ?

J'ai peine à difcerner fon vifage odieux....
C'est Hélène, grands Dieux, qu'entraîne une
Furie.

Ses charmes dangereux embrafèrent l'Afie.

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Perfide, & refpirant de nouvelles amours
Une Rivale enfin s'arme contre les jours:
La rage dans le cœur elle fond fur fa proie,
Lui montre, en l'immolant, une barbare joie,
Et, d'un lien affreux qu'a tiffu fa fureur,

La rend pour fon Amant un fpectacle d'hor

reur.

Voilà de tant d'attraits l'épouvantable reste!
L'Univers eft vengé de fa beauté funcste,

Il ne faut point regarder cette prédic tion comme un hors-d'œuvre, où le Poëte a voulu faire briller fon génie. Elle est très-adroite & même nécessaire, en ce qu'elle fait entrevoir le jufte châtiment des Grecs, & que par-là le Spectateur fort content dans l'efpoir que toutes les inhumanités dont il doit être témoin, ne resteront pas impunies. Peut-être par cette raifon produiroitelle plus d'effet encore, placée au cinquième Acte, quoiqu'elle foit auffi dans Euripide au fecond Acte. Caffandre finit par prédire que fa mère ne vivra point t'efclave d'Ulyffe.

Le troisième Acte, l'un des plus intéreffans, offre un nouvel objet. Il s'agit d'Aftyanax. Que la tendreffe de fa mèfes allarmes, fes inquiétudes font

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bien rendues! Elle fe flatte d'emmener avec elle fon fils en Epire. Mais Idas vient le demander de la part des Grecs. Andromaque s'abandonne au desespoir : Theftor arrive heureufement. Calchas, Te Grand Prêtre des ennemis, a ouvert fa prifon. Il ne diffimule point à Andromaque que les vainqueurs ont réfolu de faire précipiter fon fils du haut d'une Tour. Mais il lui fubftitue le fils d'un Grec qu'on a dérobé dans la foule, & qui eft du même âge qu' Aftyanax. Les deux enfans paroiffent fur la Scène. Theftor annonce en même-temps qu'Ulyffe va venir lui-même chercher la victime. La mère tremblante ne fçait où cacher fon fils; elle prend le parti de l'enfermer dans le tombeau d'Hector. Cette fituation est une des plus neuves & des plus frappantes qui ait jamais paru fur le Théâtre. Elle eft de l'invention de Sénèque. Notre Auteur en a tiré un très-grand parti : il y a ajouté cet enfant Grec mis à la place du fils d'Hector; ce qui eft heureusement imaginé pour mieux tromper l'artificieux Ulyffe. Il fe préfente accompagné d'un détachement de foldats, auxquels il ordonne de fe faifir de l'enfant. Deux d'en

tr'eux le prennent; Andromaque feint dè fe defefpérer : les foldats emportent le faux Afiyanax. Les Grecs veulent encore qu'on détruife le tombeau d'Hector. Les foldats fe mettent en devoir de le tenverfer. Andromaque fe jette entr'eux & le tombeau. Elle eft prête à périr de douleur & de rage. Elle invoque Theftor; celui-ci repréfente à Ulyffe que ce monument ne peut échapper aux Grecs; que l'humanité doit l'engager à ne pas rendre les yeux d'une Epoufe fi tendre témoins de cette barbare exécution; qu'il n'y a qu'à la conduire au tribunal des Grecs; qu'elle viendra peutêtre à bout de les toucher par fes larmes, & d'obtenir qu'on refpecte les cendres de fon mari. Ulysse le rend à ce confeil; & comme Andromaque, qui fe difpofe à le fuivre, voit que les foldats font mine de, refter, il lui échappe ee vers admirable de fentiment:

Ces farouches foldats, les laiffez-vous ici? Ulyffe leur ordonne de l'accompagner il fort avec Andromaque Dès que Thef tor les a perdus de vûe, il ouvre la porte du tombeau, en tire Aftyanax, & l'emporte dans fes bras. Dans l'intervalle

du troisième & du quatrième Acte le tombeau d'Hector, qui étoit d'un côté du Théâtre, & celui de Paris de l'autre, font détruits.

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Andromaque ouvre le quatrième Acte. Elle voit le tombeau d'Hector renversé elle craint que fon fils n'ait été enféveli fous fes ruines. Céphife lui apprend que Theftor l'a fauvé; mais que les Grecs le redemandent; que fur le point de précipiter le jeune Grec, Idas qui connoiffoit les traits d'Aftyanax, s'étoit apperçû de l'échange; que les vainqueurs n'en étoient que plus animés contre Af tyanax & contre Theftor, que l'on cherchoit de tous côtés pour le punir de fa perfidie. Andromaque exprime fa triste fituation par ces beaux vers:

Non, je vois fon deftin : non, il faut qu'il périffe.

Le Ciel à ma tendresse égale mon fupplice. Céphife, qui l'eût dit, quand je pleurois Hector, Qu'il étoit des douleurs que j'ignorois encor ?

Ulyffe cependant, ayant recours à la feinte, vient affurer Andromaque que les Grecs ont changé de pensée ; qu'elle peut leur confier fon fils; que Pyrrhus

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