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A une des lattes du toît eft attaché un chaudron qui defcend jufques fur la lampe, dont la flamme fert en mêmetemps à faire cuire ce qu'il y a dans le chaudron,à éclairer la maifon & à l'échauffer.

Comme ces Peuples vivent d'une ma nière très-fimple, leurs mariages fe font fans grandes cérémonies. L'homme ne demande autre chofe, finon qu'une fille foit entendue pour le ménage; & la fille, que fon amant foit adroit à la pêche. Quand un garçon a fait connoître fon choix, on charge deux vieilles femmes d'en avertir les parens de la jeune perfonne, & de leur en faire la demande. Si la propofition convient, les parens y confentent & communiquent l'affaire à leur fille. Celle-ci défait la queue de fes cheveux, la jette fur fon visage, se met à pleurer, & ne dit cependant ni oui ni non. Les deux vieilles femmes, fans faire femblant de s'appercevoir de fon affliction, la prennent fous les bras, & l'entrainent avec elles. Lorfqu'elle eft arrivée dans la maifon de fon amant, elle refte affife en pleurant continuellement, fans qu'il lui dife un feul mot. Le jeune homme feignant de s'impatienter, lui

parle enfin, & l'invite à venir fe coucher auprès de lui. Elle lui accorde fa demande, & le mariage fe confomme bientôt après. Il arrive souvent que la mariée quitte la maifon de fon nouvel époux & rentre dans celle de fon père. Le marié va la reprendre, & la ramène chez lui. Elle recommence deux ou trois fois la même cérémonie ; mais le mari fe laffe à la fin, & fait faire un fac, dans lequel les vieilles vont la rechercher. Elles la prennent de force chez fes parens, & l'ayant mife dans le fac, elles le nouent par en haut, & n'en laiffent fortir que les cheveux. Elles la trai pent ainfi jufqu'aux pieds de fon époux, avec lequel elle eft obligée derefter malgré elle.

Il me refte, Monfieur, à vous faire connoître l'Auteur de cet ouvrage. Vous verrez que perfonne n'étoit plus à portée de s'inftruire des mœurs & des ufa

ges des pays dont il a écrit l'hiftoire.. Jean Anderfon nâquit à Hambourg en 1674. Son père étoit un riche Négociant qui ne négligea rien pour feconder fes heureux talens. M. Anderfon se rendit très-habile dans le Droit Canon, dans les langues & dans l'histoire natu

relle. Peu de temps après la mort de fon père, on le nomma Syndic de la République de Hambourg. Il fut employé à différentes négociations dans les principales Cours de l'Europe: & dans tous fes voyages il fit une étude particulière de ce que chaque pays lui offroit de plus curieux. De retour dans fa patrie, il fut nommé Bourgmestre & Chef de la Ville & du territoire de Hambourg. Cette place ne l'empêcha pas de continuer fes études, & d'entretenir une correfpondance avec les fçavans de France & d'Allemagne. Il s'appliqua fur-tout à la connoiffance des Peuples du Nord. Il ne fe borna pas à lire les relations; il voulut voir les Voyageurs eux-mêmes, pour apprendre de leur propre bouche des particularités qu'il ne trouvoit pas toujours dans les Livres. Il profita de l'occafion des Colonies Danoifes établies vers le Détrois de Davis: il eut de fréquentes converfations avec des perfonnes qui y avoient vêcu pendant long-temps: & les recherches particulières qu'il fit fur l'Iflande, le mirent en état de remplacer les relations ridicules & fabuleufes de cette Ifle, par des faits plus importans & plus certains. M. Anderson est mort

en 1743. Il a laiffé beaucoup d'autres ouvrages qui ne font pas encore impri

més.

Le Palais du Silence.

Iphis, jeune Prince né avec les plus heureufes difpofitions, mais fans expérience, s'abandonne aux confeils de Protas, indigne favori qui feconde les feux de fon maître pour Mezronime, Prêtreffe de Venus, contre la volonté de Clidème Roi des Cnidiens, père d'Iphis, qui veut lui faire époufer Hermoclée, fille d' Ariftagore Roi de Milet. Iphis fait confentir fon père à confulter les Dieux. Protas avoit féduit le Grand-Prêtre & s'étoit affuré de l'Oracle qu'il devoit rendre. Mais au milieu du facrifice, le tonnerre gronde, la terre est ébranlée, l'Autel tremble, le Pontife eft troublé. Le Dieu qui l'infpire contre fon gré lui fait prononcer un Oracle contraire à celui qu'il avoit préparé :

L'amour, l'amitié, l'innocence
Triompheront du vain effort
D'une coupable intelligence.
Ce n'eft qu'au Palais du Silence

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A peine ces mots font-ils achevés, que l'infidéle Miniftre tombe aux pieds de l'Autel, & meurt dans les plus horribles convulfions. Ces paroles facrées rempliffent Iphis d'épouvante & d'inquiétude. Il ignore en quel endroit de la terre eft fitué le Palais du Dieu du Silence. Sa maîtreffe & fon favori lui font entendre que cet Oracle eft un artifice de fon père. Il pourfuit donc fes amoureux projets, & le Roi, de fon côté, s'obtine à vouloir qu'il épouse Hermoclée, Protas engage Iphis dans une confpiration fecrette contre fon père. Il fe rend la nuit dans une plaine, lieu du rendez-vous. Il y trouve Protas_avec plufieurs Conjurés, qui tous pour éclater, n'attendent qu'un mot de fa part. Il alloit prononcer l'ordre fatal, lorf que tout à coup la terre s'ouvre fous

fes pas & l'engloutit. Tel eft, Monfieur, le fond du premier Tome d'un Roman nouveau en deux Volumes, intitulé, le Palais du Silence, Conte Philofophique.

Vous croyez peut-être avec Clidème & toute la Cour de Cnide qu'Iphis n'est plus. Il avoit fans doute perdu la connoiffance dans l'affreux inftant où il fur abimé mais il revint à lui & ne fentit

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