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étoient du goût de l'Etre Suprême, &c,

Voici une partie des réponfes que fait M. de Nefle à des objections auffi frivoles. Dieu eft touché de nos louanges, non parce qu'elles contribuent à fon bonheur, mais parce que cet acte de juftice eft conforme à l'ordre, & conféquemment à la volonté Divine, dont l'objet eft l'ordre effentiellement. L'hom me raisonnable connoît que Dieu n'eft point corporel; qu'il n'eft point affujetti à nos befoins, & par conféquent qu'il ne peut fe laiffer gagner ni par la magnificence de nos. dons, ni par la déli eateffe des mêts qu'on pourroit lui offrir.. Il n'exige de nous des offrandes & des victimes, qu'afin que nous nous remettions fans. ceffe: devant les yeux notre entière dépendance à fon égard pour les befoins continuels.de la vie.

Je ne m'étendrai pas davantage fur un fujet auffi férieux; ce que j'en ai dit doit fuffire pour vous faire connoître, Monfieur, la méthode que M. de Nefle a obfervée dans tout le cours de fon Examen, & fa manière claire & précife de philofopher. Cet Ouvrage fuppofe beaucoup de lecture & d'érudi son. On voit que l'Auteur eft maître

de fa matière ; qu'il a puifé dans toutes les fources: il ne diffimule aucune objection; & toutes fes réponses font trèsfatisfaifantes pour les efprits bien-faits, qui veulent ufer de leur raison. M. de Nefle eft un homine de Lettres dans toute l'étendue de ce terme ; c'est àdire, qu'il a fait d'excellentes études; qu'il poffède tous les bons Auteurs anciens & modernes ; qu'il eft né d'ailleurs. avec beaucoup d'efprit, de talent d'imagination même. J'ai vû des vers François de fa façon qui font honneur à fon génie. Il a déja fait imprimer quelques ouvrages qui ont été bien accueillis; entre autres, l'Ariftippe Mo derne, & les Préjugés du Public. On prépare une nouvelle édition de ce dernier Livre, & je me propofe de vous le faire connoître lorfqu'il paroîtra. L'Examen du Matérialisme, fi propre à confondre les Impies, les Libertins & les Incrédules, fe trouve à Paris, chez Vincent Imprimeur-Libraire, Rue S. Séverin. Lettre Critique de M. le Marquis De *** à M. de Servandoni.

Cette Lettre Critique eft d'un Amateur

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goût. C'eft une ironie foutenue avec end jouement, dans laquelle, fous prétexte de relever les prétendus défauts du Spectacle de M. de Servandoni, on en fait fentir les beautés. La frivolité de notre fiécle y eft feule en butte aux traits d'un éloge Satyrique. M. le Marquis De *** qu'on fuppofe un Marquis du bon ton, dit d'abord à M. de Servandoni: « De quoi diable vous avifez - vous d'imiter » cette Nature tant prônée, & qui ra dote, de la copier dans l'obscurité d'une »nuit, dans une belle aurore, dans un jour plein, dans une féchereffe, dans une pluye abondante, le tonnerre, » les éclairs, le fombre des forêts, l'é paiffeur des bois, dans la chute des torrens, les nuances d'un beau Ciel, la » verdure des arbres, & tous autres ob» jets fi triviaux & fi ordinaires? On voit » cela tous les jours, & fans y faire la » moindre attention, dans la Nature » même : comment voulez-vous que » mitation nous intéreffe?... Une Mofquée! Je vous en paffe l'architecture, » les ornemens, la richeffe ; je veux qu'elle éblouiffe: mais en vérité c'eft » un lieu où l'on invoque, où l'on prié il y a un pupitre, une efpèce de

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Prêtre; que fçais-je? Un appareil de » Culte! Oh cela eft du dernier fingulier; je vous pardonne encore moins l'Hermite qui s'avife de faire un miracle. » Pour le coup, on n'y peut plus tenir. »

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Le Marquis dévoile enfuite le fujet de La Forêt Enchantée, & fait voir que M. De Servandoni a fçû faire de cet Epifode du Taffe un Poëme, où les règles font a peu près obfervées. « Voilà de quoi af» fommer tout le monde. Sont-ce là nos ufages, nos heureufes libertés, notre » charmante indépendance, ce brillant découfu qui fait tant d'honneur à nos » modernes!... De quel œil voulez» vous que vous voyent nos fublimes Tragiques, & nos Comiques fenten» tieux? Ce font des gens admirables; ils font économes de méthode, & ils » ont raifon ; ils fe font déclarés ouvertei »ment contre tout ce que l'on appelle unité, & ils ont bien fait : & vous dans un fpectacle d'une heure de reprefentation, vous mettez plus de ces miferes là, qu'ils ne feroient dans cinquante Pièces de cinq Actes chacune... »Ah vous êtes furieufement vieilli; le fiècle précédent vous adoptera, fi vous

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» cette efpèce de génie qu'on ne connoir plus; mais on vous refufera de l'ef

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J'aime furtout la plaifanterie du Marquis au fujet de Renaud, lorfqu'il arrive pour defenchanter la Forêt. Conve»noit-il qu'il marchât feul & à pied, » comme un homme ordinaire ? Pour qu'il » entrât décemment dans la Forêt, il fal»loit au moins le mettre dans une petite » voiture légère, dans un Diable, par exemple, qu'il auroit mené lui-même; » il falloit lui pendre un gros manchon » fur l'épaule au bout d'une ceinture en » bandoulière ; c'est la de l'intéreffant, & tout le monde eût été comble. »

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M. le Marquis part de là pour confeilTer à M. De Servandoni de tourner fon génie à inventer des refforts plus liants & plus actifs pour nos voitures; à fabriquer des Sophas, des Pareffeufes qui puiffent fe mouvoir par eux-mêmes, & qui ayent une élasticité conforme à leurs ufages. Il Pinvite auffi à fe rendre fouvent au Boulevard, où il pourra faifir ce qui peut intéreffer, amufer le Public. Il y verrat les plus jolies chofes du monde, des Marionnetes admirables, &c. Enfin il est perfuadé que notre grand Artifte pour

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