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que

toutes les marchandises étrangères y abordent , pour être voiturées par la

Seine à Paris. Le commerce des dentelles y eft d'une très-grande étendue; il y a dans cette Ville près de dix mille femmes ou filles qui ne font occupées qu'à ce travail. Il s'en fabrique de toutes qualités, depuis quatre föls jufqu'à vingt cinq livres l'aulne. On en fait des envois confidérables dans toutes les parties du monde. Je ne fuivrai pas l'Auteur dans le détail immenfe des autres marchandises qui fortent tous les ans de ce Port, ou de celles qui y arrivent. Je dirai feulement en général, qu'il entre au Havre, durant le cours d'une année commune, plus de fix cens vaiffeaux chargés, qui s'en retournent avec d'autres marchandifes. Il en vient foixante de la Martinique, dix-huit du Grand Banc, quarante de Marseille, vingt de Cette, foixante-cinq des Côtes de France depuis Bayonne jufqu'à S. Malo, dix du Port S. Maurice, cinquante d'Espagne, quinze de Lisbonne, vingt de Hollande, deux cens foixante d'Angleterre, & plus de foixante des autres pays du

Nord.

Voilà en abrégé ce qui compofe la

première Partie de cet ouvrage : elle ne peut être utile qu'aux Commerçans. La feconde peut l'être aux amateurs de l'Hiftoire Naturelle. On y trouve d'abord la defcription d'un banc pétrifié à quelque distance du Havre, fuivie de réfléxions fur la caufe du déplacement des coquillages, foffiles, & des autres corps ma rins. L'Auteur attribue ce tranfport de coquillages d'une extrémité du monde à l'autre, au bouleverfement arrivé dans notre globe par le Déluge. Il prétend qu'un fort grand nombre de ces corps marins furent enfevelis dans l'intérieur de la terre, par les violentes fecouffes qu'elle éprouva lorfqu'elle fut couverte, d'eau. Mais outre que ces conjectures ne préfentent rien de neuf pour le fond, elles me paroiffent encore dépourvues de raifons fatisfaifantes.

Les autres Chapitres de cette feconde Partie traitent des mines de fer, des eaux minérales, des cailloux d'Angle terre, d'un cancre appellé le Soldat, d'une fontaine pétrifiante, & de la végétation des Coralloïdes. Chacune de ces matières a été l'objet de l'amufement plutôt que de l'occupation de M."

Turelle ne puiffe être profondément trai-
tée que par ceux qui en font leur étude
principale, c'eft contribuer toujours aux .
progrès de cette fcience, que d'indiquer
aux fçavans ce qui peut être l'objet de
leurs remarques. Ces Mémoires utiles
ont été imprimnés au Havre de Grace,
chez Faure, Imprimeur de la Marine &
de la Ville, & fe trouvent à Paris chez
Lambert, Libraire, Rue & à côté de la
Comédie Françoife.

Caftor & Pollux.

La meilleure réponse faite à M. Rouf feau de Genève, eft cette Tragédie Lyrique de Caftor & Pollux, repréfentée pour la première fois à l'Opéra le 24 Octobre 1737, & remife le 8 Janvier de cette année 1754, dans la plus grande chaleur de la fermentation Muficale. Un homme ordinaire eût peut-être redouté cette circonftance critique; mais un génie tel que Monfieur Rameau faifit exprès un pareil moment pour triompher avec plus d'éclat. C'eft précisément lorfque la terre eft le plus échauffée & qu'elle exhale plus de vapeurs, que Jupiter tonne, diffipe les nuages, & rend la

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férénité aux plaines du Ciel. Que n'avez-vous pu, Monfieur, être témoin, à la première représentation, des applaudiffemens unanimes & redoublés dont retentit la Salle du Palais Royal? Vous euffiez vû les Bouffoniftes confondus quitter le Coin de la Reine, abandonner ce pofte important, s'égarer, fe perdre dans la foule, fe précipiter à la porte pour fe fauver, comme de malheureux affiégés, dont la Ville vient d'être prife d'affaut. Je vous avoue, Monfieur, que ce fpectacle me toucha. Eh, qui n'auroit gémi comme moi, de voir des François s'attrifter des plaifirs & des faceès de leurs compatriotes!

Le Poëte & le Muficien ont fait à cette Tragédie les plus heureufes corrections. Elle s'eft foutenue pendant trois mois, & on la donnera encore après Pâques. Le Poëme eft un des meilleurs qui ayent été faits depuis Quinault: il ouvre une vafte & belle carrière à la Mufique ; le fublime, le pathétique, le touchant, le terrible, le gracieux s'y trouvent réunis. Les Actes & les Scènes m'ont paru coupés de main de maitre; les changeinens de lieux, & par conféquent

rellement amenés, & fortent de l'Action. Il y a bien du génie à l'Auteur d'avoir choifi ce fujet, le plus heureux peut-être pour un Opéra. Il préfente fans ceffe de nouveaux objets à l'imagination du Spectateur. La Scène est tour à tour fur la Terre, aux Enfers & dans les Cieux. L'exécution répond à la conduite de la Fable. Le ftyle eft celui du genre, & la poësie eft toujours noble, grande, tendre ou agréable.

Caftor & Pollux, tous deux fils de Léda, qui avoit eu le premier de Tyndare, & le fecond de Jupiter, aiment TéLaïre fille du Soleil, qui ne foupire que pour Caftor; Pollux facrifie fa paffion, & céde Télaire à fon frère. Mais Phabé l'enchantereffe, fœur de Télaïre, brule auffi pour Caftor; & furieufe de fe voir méprifée, fçachant d'ailleurs que Lincée adore Télaire, elle anime ce dernier à la vengeance; il vient à main armée pour enlever la Princeffe. Caftor s'oppose à fa fureur; il eft tué dans le combat. On élève un Maufolée pour les funérailles de Caftor. Il est environné d'un peuple gémiflant. Le Théâtre repréfente des voures fouterraines, éclairées par des lampes fépulchrales. Télaïre, dans le plus

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