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encore comme une fcience de pure pratique, plutôt que comme un affemblage de principes certains & dépendans les uns des autres, capables de guider. furement dans l'examen des détails. C'est fous ce dernier point de vûe qu'on le préfente dans un ouvrage nouveau, intitulé Elémens du Commerce, en deux Parties, qui forment deux Volumes, que l'on trouve à Paris chez les Libraires Encyclopédiques.

L'Auteur s'eft propofé de rechercher l'origine des principes, d'en développer l'enchaînement mutuel & néceffaire. Il ne faut pas s'attendre cependant à ne trouver dans cet Ouvrage que les premières notions du Commerce; comme elles font très-fimples par elles-mêmes & en fort petit nombre, c'est dans l'étendue des conféquences que confifte la fcience du Commerce. En effet, l'Auteur, en partant toujours d'une idée trèsévidente & très-peu compofée, conduit infenfiblement fon lecteur à des connoiffances plus profondes & plus compliquées. Un Ouvrage auffi didactique exécuté avec une précision peut-être nouvelle dans ces matières, exige une leg ture très-réfléchie. Je n'ai point écrit, dit

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l'Auteur, pour ceux qui lifent afin de s'épargner la peine de penfer; mon plan a été de convaincre ; &, pour être convaincu, il faut avoir médité. C'est ce que je me flatte d'avoir fait, Monfieur.Comme cette matière étoit nouvelle pour moi, & qu'elle l'eft peut-être pour vous, je me fuis attaché à la connoître. J'ai lû ces Elémens avec toute l'attention dont je fuis capable, pour éviter le reproche de négliger quelquefois les objets folides, & dans Pidée que vous me fçauriez gré du fruit de mon travail: c'eft un précis où j'ai tâché de réunir toute la fubftance de ce Livre. Mon unique motif n'a pas été votre instruction & la mienne, mais encore l'efpérance de contribuer peut-être moi-même à répandre parmi mes Compatriotes le goût du Commerce & les grandes vûes du bien public.

L'Ouvrage eft divifé en 12 Chapitres. Le premier traite du Commerce en général il renferme l'objet & le plan des deux Volumes. Par le mot de Commerce on entend, dans le fens général, une communication réciproque. Il s'appli que plus particulièrement à la communication que les hommes fe font entre eux des productions de leurs terres & de leur induftrie.

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La dépendance réciproque des hommes, par la variété des denrées qu'ils peuvent fe fournir, s'étend fur des befoins réels ou fur des befoins d'opinion: c'eft à eux que le Commerce doit fon origine. Les denrées d'un Pays en général font les productions naturelles de fes terres, de fes rivières, de fes mers, & celles de fon induftrie: d'où naiffent Pagriculture, les manufactures, les arts libéraux, la pèche.

La communication entre tous les hommes répandus fur la terre fuppofe l'art de traverser les mers qui les féparent, ou la navigation. Les rifques de cette navigation ont été évalués; ce qui a produit le Commerce des Affurances. L'or & l'argent ayant été établis pour fignes des denrées, & la commodité du Commerce ayant fait imaginer depuis des représentations de ces métaux mêmes, ils devinrent marchandise. Le Commerce qui s'en fait eft appellé Commerce d'argent ou du Change.

Les Peuples intelligens ont encore envoyé une partie de leurs Concitoyens dans des climats différens, pour y former des établissemens toujours dépendans, dans

rées que la Nature refufoit au pays de la Domination. Ces établissemens font appellés Colonies.

Telles font les huit branches principales du Commerce que peut faire un Etat. Son opération générale confifte dans la circulation intérieure des denrées du pays ou des Colonies, l'exportation de leur fuperflu, & l'importation des denrées étrangères, foit pour les confommer, foit pour les réexporter.

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Avant que de paffer aux grands principes duCommerce intérieur & du Commerce extérieur, l'Auteur fait une expofition rapide des révolutions que le Commerce a éprouvées dans le Monde. L'anné 1664 eft proprement l'époque de notre Commerce. « Louis XIV communiqua à tout ce qui l'environnoit un caractère de grandeur; fon habileté » lui développa M. Colbert; fa confiance » fut entière; tout lui réuffit. Les Manufactures, la Navigation, les Arts de » toute efpèce, furent en peu d'années » portés à une perfection qui étonna "I'Europe & l'allarma. Les Colonies fu»rent peuplées; le Commerce en fut exclufif à leurs maîtres. Les Marchands » de l'Angleterre & de la Hollande

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virent par-tout ceux de la France en"trer en concurrence avec eux. Mais

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plus anciens que nous, ils y confervèrent la fupériorité : plus expérimen»tés, ils prévirent que le Commerce de» viendroit la bafe des intérêts politiques » & de l'équilibre des Puiffances. Ils en » firent une science & leur objet capital, » dans le temps que nous ne fongions » encore qu'à imiter leurs opérations, fans en dévoiler le principe. L'activité de notre industrie équivalut à des ma»ximes, lorsque la révocation de l'Edit » de Nantes la diminua par la perte » d'un grand nombre de fujets, & par le » partage qui s'en fit dans tous les pays » où l'on vouloit s'enrichir. Jamais plus grand facrifice ne fut offert à la Reli❞ gion.

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Ce détail n'eft point uniquement amepour fatisfaire la curiofité du Lecteur. L'hiftoire du Commerce préfente des réfléxions importantes, qui indiquent les principes du Commerce dans un Corps politique & particulier. L'agriculture & l'induftrie en font l'effence. Sans l'industrie les fruits de la terre n'auront point de valeur : fi l'agriculture est négligée, les fources du Commerce font

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