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HISTOIRE LITTÉRAIRE DU MAINE

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BEAUMANOIR (CHARLES DE).

Jean de Beaumanoir, seigneur de Lavardin, maréchal de France, gouverneur pour le roi des comtés du Maine, de Laval et du Perche, eut huit enfants mâles de son mariage avec Catherine de Carmaing, noble dame alliée aux familles royales d'Albret, de Béarn, de Navarre et de Foix. La famille de Beaumanoir, originaire de Bretagne, était une des plus illustres de la noblesse française. Costar, écrivant au P. Mascaron, de l'Oratoire, qui lui avait demandé des renseignements sur cette famille, s'exprime en ces termes : << Vous souvenez-vous, mon R. P., de cet empe«reur qui fut surnommé l'herbe pariétaire, parce que << son nom se lisait dans toutes les murailles de la « vieille Rome? On pourrait appeler ainsi les sei<< gneurs de Beaumanoir, dont le nom et les armes <«< se voient dans les pierres en tant d'endroits de la «Bretagne, que je n'aurais qu'à vous dire pour toute « réponse à la question que vous m'avez faite : In

« terroga lapides et docebunt te (1). » Cette famille, qui fut représentée, pendant plusieurs règnes, soit à l'armée, soit à la cour, par une foule de braves gentilshommes, donna deux évêques au diocèse du Mans. Jean de Beaumanoir réserva l'héritage de son gouvernement au premier de sa race : le troisième, Charles de BEAUMANOIR, né au château de Lavardin-Tucé, en l'année 1586, fut destiné à l'état ecclésiastique, et élevé dans ce dessein chez Madame de Chaourses, sa tante, abbesse du Pré, qui l'entoura des soins les plus tendres et lui inspira dès le berceau les sentiments d'une ardente piété. A l'âge de huit ans, Charles de Beaumanoir était pourvu de l'abbaye de Beaulieu ; quatre années après, on l'envoyait à Paris commencer ses études sous la conduite d'un jeune clerc de grande espérance, Charles Loppé, qui s'éleva plus tard au premier rang parmi les docteurs de l'Université de Paris et occupa les premières charges académiques (2) :

(1) Lettres de M. Costar, t. II, lettre ix.

(2) Ce Charles Loppé ne nous étant pas connu comme écrivain, -nous ne pouvons lui consacrer une notice spéciale dans cet Ouvrage. Il était né au Mans, dans la paroisse de Saint-Germain, en 1553. Après avoir achevé l'éducation de Ch. de Beaumanoir, il obtint de la reconnaissance de son élève l'archidiaconé de Sablé. Ayant ensuite pris ses degrés en la Faculté de théologie de Paris, il y fut reçu docteur. Le collége de Navarre l'eut bientôt pour grand-maître, puis pour professeur de théologie. Il ne quitta sa chaire qu'en 1631, et mourut curé de Saint-André-des-Arcs, le 25 décembre 1633, à l'âge de quatre-vingts ans. Il paraît qu'étant grand-maître du collège de Navarre, il convoitait un épiscopat, il épiscopisait, comme dit Ménage, car nous lisons dans une

on nous apprend encore que Charles de Beaumanoir eut pour maître en philosophie Cospéan, évêque de Lisieux. Nous aimons à croire qu'il profita beaucoup sous la discipline de ces habiles professeurs.

A quatorze ans, ses études élémentaires à peine achevées, Charles de Beaumanoir obtenait des lettres du roi qui le nommaient à l'évêché du Mans. On dis

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lettre de Jacques Levasseur, doyen de l'église de Noyon, qui lui est adressée : « Quid tantopere optandum habet infula quod desit <<< tibi? Antistitis parit nomen; quo triplici gaudes, Navarrica << sapientiæ, Sanctandreanæ caulæ, principis diaconorum ceno«manensium; antistes mihi millibus trecentis. Dat eminere; in « quo alio magis eminet virtus? Dat suspici; et ipsimet præsules << te suspiciunt; sceptra Jovemque conciliat ditio Navarrica et vis «< tui genii ad regia geniti. Dat prodesse largius ; quis hoc possit <<< copiosius quam pastor tot ovium, magister tot theologo«<rum, lustrator tot sacerdotum? Dat abundare; quasi te «< copiarum pœniteat cœlo terraque tibi congestarum! Dat << stipari; nempe ubi multæ opes, multi sunt qui comedant eas; vero circumstant comitum globi quam liberaliores et « spissiores! Circumstant, inquam, certatim et gratis..... Qui «<ter antistes emines virtute, sorte suspiceris, regibus arcte « conjungeris, Deo n deliciis, nostræ Navarræ prorex, utilis << omnibus, pastor, magister, inspector provinciæ, opum largus, << ab ore docentis pendentium corona cinctus et frequentium « comitatu septus, quid amplius ab episcopio, vel lautius a Deo, << vel benignius a fortunæ imperio expectes ?... Novioduni, idi« bus decembris, 1620. » Epistolæ, cent. prima, epist. XVI.-Cette lettre est très-emphatique : il est vrai, toutefois, que la maîtrise du collége de Navarre était une des dignités les plus recherchées. On trouvera quelques autres détails sur ce Ch. Loppé dans l'ouvrage bien connu de Jean de Launoy qui a pour titre Regiɩ Navarræ Gymnasii Paris. Historia, en divers endroits de la première partie de cette Histoire, dans le Dictionnaire de Moreri, et dans la seconde partie de l'Histoire de Sablé de Ménage.

posait alors des charges ecclésiastiques comme des charges militaires; pour les unes comme pour les autres il n'y avait pas de droits supérieurs à ceux de la naissance. Mais l'Église, ainsi que l'armée, murmurait contre ces abus. Le jeune évêque du Mans ne fut toutefois admis à prendre possession de son diocèse qu'au mois de novembre de l'année 1610. 11 était alors âgé de vingt-quatre ans.

Quand les rois s'étaient fait attribuer le droit d'élire les évêques, les papes s'étaient du moins réservé le droit de les instituer, et, comme les lois de l'Église ne leur permettaient pas de conférer l'autorité spirituelle à des enfants au berceau, les élus des rois devaient, quand ils n'avaient pas atteint l'âge canonique, se contenter de percevoir, pendant quelque temps, les revenus de leurs évêchés. Cependant la jouissance de ces revenus ne leur était pas toujours complétement assurée, soit avant, soit après l'institution papale. Des généraux d'armée, des gentilshommes endettés, des femmes de mœurs suspectes, des gens de toute sorte venaient souvent leur en demander, munis de lettres royales, une part considérable. Ainsi nous voyons Charles de Beaumanoir, peu de temps après sa nomination à l'évêché du Mans, persécuté par un ingénieur, intendant des fontaines royales, qui s'était fait donner une pension sur cet évêché. Il ne l'écoutait pas et ne le payait pas; mais l'ingénieur, se considérant à bon droit comme frustré de son bien, agitait la

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