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mémoires fort énergiques, sous ces titres : Défense de l'Université de Paris et du collège du Mans, contre l'usurpation que les Jésuites veulent faire de ce collège et de la chapelle y fondée, 1632, in-8°; - Notes sur le Factum de M. de Beaumanoir et des Jésuites, 1632, in-4°. On fait valoir de part et d'autre des. raisons fort graves pour et contre le traité d'union. L'évêque invoque son droit ; il représente, en outre, le fâcheux état du collége, qui est une charge pour le diocèse et une charge sans profits: de son côté, le recteur de l'Université conteste le droit de l'évêque; il rappelle le texte des statuts rédigés par les exécuteurs testamentaires de Philippe de Luxembourg, et s'efforce d'établir qu'il y a violation flagrante de ces statuts dans le contrat d'aliénation signé par Charles de Beaumanoir; il ajoute que les Jésuites sont des pestes publiques, que leur dessein est de troubler l'État, qu'ils font au sein de l'Université une propagande séditieuse, et que, si les conseillers du roi n'y prennent garde, une grande institution sera bientôt par eux irrévocablement compromise.

Le conseil d'État ne se pressa pas de terminer cette affaire, et les deux contradicteurs eurent tout le loisir d'argumenter en faveur de leurs prétentions adverses. La conduite de Charles de Beaumanoir fut approuvée par quelques membres de son clergé, par le chapitre de l'église cathédrale, qui ratifia, fort tardivement il

est vrai, le traité passé avec les Jésuites (1), et par l'auteur anonyme du manuscrit qui, dans le catalogue de la bibliothèque du Mans, porte le titre de Vitæ Episcoporum Cenomanensium (2). Cet écrivain parle en ces termes des Pères de la société de Jésus : Eorum virtus egregia et doctrina excellens apud bonos admirationem imitationemque, apud parum æquos rerum æstimatores invidiam et calumniam peperere. Il désigne sans doute comme n'ayant pas fait preuve d'un jugement équitable les auteurs de deux pamphlets, dans lesquels Charles de Beaumanoir et les Jésuites sont, en effet, fort maltraités. Le premier a pour titre : Cenomanica, ex Harcuriano, 1632, in-8°; le titre du second est : Jesuitica prima, in-8°. Fevret de Fontette ne mentionne pas ces deux pièces; elles ne contiennent, il est vrai, aucun renseignement qui ne se trouve dans les factums publiés par le recteur de l'Université de Paris; mais comme elles semblent avoir été écrites par quelques membres du clergé, on ne les lit pas sans intérêt. Le premier de ces opuscules nous donne à entendre que Ch. Loppé fut un des opposants à la cession du collége.

(1) Cette adhésion tardive fut un des moyens invoqués par le recteur de l'Université pour obtenir le retrait des lettres-patentes. Nous lisons, en effet, dans les Extraits des registres du Secrétariat du Chapitre du Mans, dont la Bibliothèque du Mans possède un manuscrit, que la vente du collége ne fut pas acceptée par le chapitre avant le 23 avril 1632.

(2) Sous le numéro 97.

Cette cession rencontra pendant longtemps des obstacles que Charles de Beaumanoir ne sut pas surmonter, car elle n'eut lieu que longtemps après sa mort, en 1682. Les Jésuites entrèrent alors en possession des bâtiments du collége: ils les achetèrent 53,156 livres, somme que Louis XIV, leur protecteur, paya des deniers du trésor royal, comme nous l'apprennent deux arrêts du conseil, l'un du 18 mai 1682, l'autre du mois de juin suivant, enregistrés au parlement le 12 décembre de la même année, et, à la cour des comptes, le 15 janvier 1683 (1). Le collége du Mans fut transféré place Saint-Michel, dans une maison qui coûta 33,000 livres, où les boursiers continuèrent de vivre en commun. On sait qu'après l'expulsion des Jésuites, en 1762, tous les petits colléges de Paris furent réunis au collége Louis-leGrand (2).

Nous devions dire, à l'occasion des différends de notre évêque et de l'Université de Paris, quelle fut, à diverses époques, la fortune du collége fondé par Philippe de Luxembourg. Il nous reste à raconter les dernières années de l'épiscopat de Charles de Beaumanoir. En 1635, Alphonse-Louis Du Plessis, cardinal de Lyon, frère aîné de Richelieu, envoyé en ambassade auprès du pape, se fit accom

(1) Félibien, au lieu déjà cité.

(2) M. Cauvin, Recherches sur les établissements de charité et d'instruction publique du diocèse du Mans, p. 109 et 110.

pagner par les évêques du Mans et d'Albi. Le principal objet de cette mission était de poursuivre la dissolution du mariage du duc d'Orléans. L'évêque du Mans avait auprès de lui son neveu, l'abbé de Lavardin. Pendant leur séjour à la cour romaine, une contestation s'étant élevée entre le cardinal de Lyon et le prince Colonne, pour une simple affaire d'étiquette, le pape pria l'évêque du Mans de vouloir bien intervenir, et celui-ci s'acquitta fort heureusement de cette mission: il réussit, après beaucoup d'efforts, à réconcilier le cardinal et le prince, et la conclusion de ce débat lui fit beaucoup d'honneur. Le pape l'eut surtout pour agréable, et, afin de récompenser dignement l'habile négociateur, il le nomma évêque assistant de sa chapelle, lui accordant la faculté de créer trois protonotaires du Saint-Siége et trois chevaliers de l'éperon-d'or. Charles de Beaumanoir resta huit mois en Italie et revint ensuite dans son diocèse. Comme l'état de sa santé lui inspirait de trop légitimes inquiétudes, il se retira dans le domaine épiscopal d'Yvré, où il mourut environ une année après son retour, à l'âge de cinquante et un ans, le 17 novembre 1637.

Le Corvaisier termine ainsi la notice qu'il a consacrée à Charles de Beaumanoir: « Le pape Urbain VIII « et le cardinal de Richelieu donnèrent des preu«ves assez évidentes de l'estime qu'ils faisaient de << notre prélat, par le ressentiment qu'ils témoignèrent

de

<«<lorsqu'ils apprirent les nouvelles de son décès : « jusque-là qu'on tient que le pape, qui avait assez <«< reconnu les qualités qu'il possédait dans le peu << temps qu'il avait été à Rome, dit que l'évêque de << France était mort. Aussi tous ceux qui l'ont connu, << principalement ses diocésains, ont toujours publié << avec vérité qu'il était l'honneur du clergé, la gloire « de la noblesse et le protecteur de la province.

:

<< Son corps ayant été embaumé, puis revêtu de ses <<< habits pontificaux, fut exposé par trois jours con«< sécutifs dans l'église d'Yvré, à la vue de tout le « monde trois mois après, savoir en février de l'an«< née 1638, il fut porté en vue des chapelles de « l'église de la Couture, de là conduit en celle de << Saint-Julien avec une pompe funèbre dont j'expose<< rai l'ordre succinctement. En premier lieu mar<«< chaient les sonneurs; puis certain nombre de pau<< vres couverts de bureaux, qui portaient des torches <«< avec les armoiries; après, tous les monastères, <«< couvents, chapitres et colléges de la ville et des « faubourgs, avec quelques curés et doyens ruraux, <<< allaient selon le rang qu'ils tiennent aux proces<«<sions. Le grand-doyen, qui portait le sceau, précé<«<dait le cercueil qui était fort élevé, porté sur les << épaules de douze prêtres, couvert d'un grand drap <«< mortuaire, cantonné des armes dù défunt, et dont <«<les coins étaient soutenus par quatre chanoines et «< dignités de l'église cathédrale. Il était entouré de

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