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<«<devaient être à peu près aussi éclairés sur les prin<«< cipaux mystères de la loi de Jésus-Christ que l'ont <«< été les saints Pères, et que l'Eglise, que le Fils de << Dieu a établie sur la terre, est véritablement catho<«<lique et universelle, aussi bien pour tous les temps « que pour tous les lieux du monde. » On pense bien que cette seconde proposition nous semble, à nous, moins contestable que la première. Puisque nous pouvons aujourd'hui nommer les vrais inventeurs de tous les dogmes qui sont, au cours des temps, devenus chrétiens, nous accordons sans hésiter, dès qu'on nous prie de le faire, que tous les « docteurs de la loi << naturelle » connaissaient avant les Pères ce que les Pères ont appris d'eux. Mais évidemment, quand un prêtre chrétien fait de semblables aveux, il ne distingue pas autant que son habit l'exige la foi révélée de la loi naturelle, et il ne faut pas s'étonner si nos missionnaires français furent un jour accusés sur ces aveux d'avoir eu pour les mandarins de trop grandes faiblesses.

Enfin le P. Bouvet prétend expliquer cette merveilleuse conformité des livres chinois et de l'Evangile, et son explication ne paraitra pas sans doute moins singulière que le reste. Les Chinois appellent Fô l'auteur de leurs anciens livres. Mais ce prétendu Fô n'a jamais, dit-il, existé. C'est le patriarche Enoch. Les Grecs le nomment Hermès, les Arabes Edris, les Alexandrins Thos et les Chinois Fô; mais, sous ces

noms divers, c'est toujours Enoch qu'on retrouve. Ainsi toutes les religions anciennes viennent de ce patriarche aimé de Dieu, et voilà pourquoi toutes ces religions diffèrent si peu de la nôtre. Telle est l'explication donnée par le P. Bouvet.

Cet illustre missionnaire mourut à Pékin, le 28 juin 1732. On n'a pu le comparer sans emphase à saint François-Xavier(1); mais il est incontestable qu'il rendit d'éclatants services à son ordre et à son pays. C'est la mission de 1685 qui commença les rapports de la France et de la Chine.

Quelques-uns de ses ouvrages ont été imprimés. Après le Portrait historique de l'Empereur, trois lettres du P. Bouvet ont été publiées dans le second volume des Lettres édifiantes et dans le Recueil de diverses pièces par M. Leibnitz. On trouve encore quelques fragments du P. Bouvet dans les Mémoires de Trévoux (janvier 1704) et dans la Description de la Chine du P. Duhalde (2). Il contribua pour quelque part à l'ouvrage suivant: Etat présent de la Chine, en figures, gravées par le P. Giffart, sur les dessins présentés au roi par le P. Bouvet; Paris, 1697, in-fol. En outre il composa, pour l'usage de l'empereur ou des Chinois convertis, quelques traités sur les maladies, sur la philosophie, sur la géométrie, sur diverses matières théologiques, et traduisit

(1) Ansart, Biblioth. litt. du Maine.

(2) 1735, in-fol., dans les tom. I et II.

en tartare des éléments d'Euclide. Mais si ces ouvrages ont été conservés, ils sont en Chine. Un recueil précieux de manuscrits autographes du P. Bouvet nous est offert par le n° 17,240 des manuscrits français de la Bibliothèque Nationale. Là se trouvent son Journal, dont avons parlé, diverses lettres au P. de La Chaise, à l'abbé Bignon, à Leibnitz. Il avait encore laissé plusieurs dissertations sur la Chine et la langue chinoise qui ont été longtemps à la bibliothèque du Mans, comme nous l'atteste M. Abel Rémusat; mais quand nous les avons recherchées dans cette bibliothèque, elles n'y étaient plus on les avait envoyées à l'Institut. Nous ignorons ce qu'elles sont aujourd'hui devenues.

BOUVET (RENÉ).

René BOUVET, sieur de Bossé (1), conseiller au siége présidial du Mans, est auteur d'une relation insérée presque intégralement dans la Bibliothèque littéraire d'Ansart. Cette relation a pour objet un voyage fait à

(1) Terre seigneuriale de la paroisse d'Aubigné.

Sauges, paroisse du doyenné de Brûlon, au pays des Arviens. Elle nous semble d'un médiocre intérêt. René Bouvet fit son voyage en 1706, et mourut l'année suivante.

BRÉARD (ÉTIENNE).

Au temps où les administrateurs suprêmes de nos affaires s'occupaient un peu moins qu'ils ne le font aujourd'hui des besoins bien nommés les besoins matériels, et beaucoup plus des besoins intellectuels du pays, un chancelier de France, l'illustre d'Aguesseau, apprit qu'un ouvrier du Mans venait de traduire en beaux vers latins le poëme de la Religion, de Louis Racine. N'était-ce pas un faux rapport? Curieux de vérifier cette étrange nouvelle, d'Aguesseau s'empressa d'écrire au lieutenant général du Mans, Samson de Lorchère. Quel était cet humble érudit? Comment cet habile homme se rencontrait-il parmi des gens dépourvus de toute éducation littéraire? Le lieutenant général fut lui-même fort embarrassé de répondre à ces questions. Cependant comme le chancelier lui mandait le nom de l'ouvrier poëte, il fit rechercher partout cet Etienne BREARD dont il n'avait pas encore

entendu parler, et l'on découvrit enfin, sur un grabat humide et obscur de la cité, un vieillard paralytique, qui, dans le plus triste abandon, employait à lire les grands poëtes et à les imiter tous les instants de relâche que lui laissait la douleur. C'était bien l'homme qu'avait désigné le chancelier, et voici dans quels termes il répondit à l'interrogatoire qu'on lui fit subir sur son origine, sa famille et sa vie passée.

Il était né, en 1680, dans la paroisse de Gourdaine. Son père, fabricant d'étamines, avait été curieux d'élever au-dessus de sa condition un enfant auquel tout le monde reconnaissait une imagination ardente, une intelligence prompte à tout saisir. Il l'avait envoyé, dans ce dessein, au collége du Mans, administré par les religieux de l'Oratoire. Là, Bréard avait fait de fortes études; mais, à l'âge où il s'agit de commencer une carrière, il n'avait su quelle voie suivre, quel engagement contracter avec la vie. C'est alors que, pour se soustraire aux embarras d'un tel choix, il avait été chercher un refuge chez les moines de La Trappe. Que d'ennuis il avait éprouvés dans leur silencieuse prison! Faisant alors un retour sur lui-même et se persuadant qu'il n'était pas fait pour le repos, mais pour l'action, il n'avait pas même achevé son noviciat chez les frères trappistes. Les ayant donc quittés, il était revenu sous le toit paternel et avait formé le projet d'entrer dans le clergé séculier. Mais, pour obtenir la plus misérable cure, il fallait montrer un

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