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qu'il forma le dessein d'écrire ce livre, quand il entendit un jour le cardinal de Tournon, allant assister aux obsèques de Paul III, recommander à son apothicaire de lui procurer au plus vite de la momie. On appelait ainsi certaine composition de poix et d'asphalte, qui avait, disait-on, la propriété de rendre les chairs incorruptibles. Ayant déjà lu, dans Pline et dans Pomponius Méla, que les Arabes désignaient par ce terme de momie ou mummie, non pas un onguent, mais un cadavre desséché, conservé, Belon n'oublia pas, lorsqu'il fut en Égypte, de recueillir tous les renseignements que les gens du pays purent lui fournir à ce sujet; à ces renseignements il ajouta, lorsqu'il parcourut la Grèce et l'Italie, d'autres observations non moins intéressantes, à l'aide desquelles il put redresser beaucoup d'erreurs accréditées par les interprètes des anciens auteurs. Voilà la matière de son ouvrage. On le lit encore, et avec fruit.

On consulte moins souvent son traité sur les arbres conifères: De arboribus coniferis, resiniferis aliisque nonnullis sempiterna fronde virentibus; Paris, G. Cavellat, 1553, in-4o, fig. Belon a dédié cet ouvrage au chancelier François Olivier, sieur de Leuville, un de ses bienfaiteurs.

Les critiques au long nez, nasutuli (1), ne manquèrent pas de signaler les lacunes qui se trouvaient

(1) Dans la dédicace du livre De admirabili operum antiquo-` rum præstantia.

dans le traité de Belon sur les poissons. Il leur fit la plus modeste et la plus sage des réponses; il reprit ce traité, pour le rendre au public complet et corrigé, sous ce titre De Aquatilibus libri duo, cum iconibus ad vivam ipsorum effigiem, quoad ejus fieri potuit, expressis; Paris, Ch. Estienne, 1553, in-8° oblong. Réimprimé à Zurich, chez Froschover, en 1558, in-fol., et à Francfort, en 1604, avec quelques écrits de Guillaume Rondelet et le livre IV de l'Historia animalium de Conrad Gesner (1). Il y a trois éditions de cet ouvrage traduit en français, et ces trois éditions sont de la même année: il ne faut pas les confondre, car, entre les unes et les autres, il y a des différences notables. En voici les titres : La nature et diversité des Poissons, avec leurs portraits représentés au plus près du naturel, en 2 livres; Paris, Ch. Estienne, 1555, in-8° oblong: De la nature et diversité des Poissons, avec leurs descriptions et naïfs portraits, en 7 livres; Paris, 1555, in-fol. : L'Histoire des Poissons, traitant de leur nature et propriétés, avec les portraits d'iceux; Paris, 1555, in-4o, en français et en latin.

Après avoir suffisamment traité des poissons, Belon s'occupa des oiseaux: L'Histoire de la nature des

(1) Conradi Gesneri Historiæ animalium liber IV, qui est de piscium et aquatilium natura...; Gulielmi Rondeletii quoque et Petri Bellonii, Cenomani, medici hoc tempore Lutetiæ eximii, De Aquatilium singulis scripta ; Francofurti, A. Cambierus, 1604, in-fol.

Oiseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraits retirés du naturel, écrite en sept livres; Paris, G. Corrozet, 1555, in-fol. (1). Dans la dédicace de ce livre, adressée par l'auteur à Henri II, nous lisons la phrase suivante: « Et maintenant, Sire, que par votre grâce << m'octroyez que je soie nombré entre vos écoliers, << désirant m'acquitter de mon devoir envers vous... <«< ai entrepris vous faire voir à part, en sept livres, «< ce qu'ai trouvé ès oiseaux digne de récit, l'ayant <«< rendu en notre langue presque en même ordre et « sentence de ce que (Dieu aidant) vous présenterai << en latin. » Il y a deux notes à faire sur cette phrase. Belon nous dit ici qu'il était au nombre des écoliers de Henri II; ailleurs, il s'applaudit d'être, en outre, compté parmi les écoliers du garde des sceaux, François Olivier (2) cela signifie qu'il était pensionnaire de la chancellerie de France et de la cassette du roi. Il recevait du roi deux cents écus de gages (3). L'autre note est relative au texte latin de l'Histoire de la nature des oiseaux: il n'a jamais été imprimé et paraît être perdu. Buffon faisait le plus grand cas de cette Histoire, et il l'a souvent citée.

:

Vient ensuite le livre intitulé: Portraits d'oiseaux, animaux, serpens, herbes, arbres, hommes et femmes d'Arabie et d'Egypte; Paris, G. Cavellat, 1557, et

(1) Il a des exemplaires au nom de Benoist Prévost. (2) Dédicace du livre De admirabili, etc., etc.

(3) La Croix du Maine, au mot P. Belon.

1618, in-4°. C'est l'abrégé du livre précédent. On a lieu de croire que cet abrégé n'est pas l'œuvre de Belon, mais d'un de ses éditeurs, Cavellat ou Corrozet. Cavellat semble se l'attribuer dans une épître dédicatoire qu'il a signée de son nom, et où, s'adressant au roi Henri II, il s'exprime en ces termes : << Et combien que les oiseaux soient assez amplement « décrits ès sept livres qu'avons jà imprimés, toute«<fois, en si grande variété de volonté et esprits, il << s'en trouve une partie qui aime brièveté; auxquels << voulant donner occasion de se contenter, nous <«< avons rédigé cet abrégé en moindre volume... Et, << en attendant le retour de leur auteur, maintenant «<enserré au prochats de son instauration de l'agri<«< culture, par les plaines et montagnes d'étrange << pays où l'avez envoyé, avons écrit aucuns quatrains « français... » Quelquefois, il est vrai, les éditeurs prenaient sur leur compte ces sortes de compilations, afin que l'auteur ne parût pas avoir lui-même mutilé son livre pour le mieux vendre. Tels étaient les scrupules du vieux temps.

Le dernier, mais non pas le moins célèbre, des ouvrages de Belon qui aient vu le jour, est son traité sur l'agriculture Les Remontrances sur le défaut du labour et culture des plantes, et de la connaissance d'icelles, contenant la manière d'affranchir et apprivoiser les arbres sauvages; Paris, Cavellat, 1558, in-8°. Les progrès de la science n'ont pas encore

fait oublier ces

Remontrances. Dans ce livre

Belon donne la liste des arbres étrangers qu'il était curieux de voir acclimater en France, et invite le collége des médecins de Paris à fonder un établissement pour l'éducation des plantes. L'évêque du Mans, René Du Bellay, avait déjà réalisé, dans ses jardins de Touvoie, sous la direction de Belon, quelque chose de ces grands projets (1); mais c'était à Paris, dans la métropole des sciences, qu'il importait surtout de donner au public des leçons de culture, et de faire connaître les produits des plages lointaines dont la naturalisation devait procurer tant d'avantages au prix des moindres efforts. Le cardinal de Lorraine recommanda le plan de Belon à Henri II, et peut-être eût-il été dès lors exécuté si les finances de l'État s'étaient trouvées dans une situation meilleure. C'est Richer de Belleval qui ouvrit, à Montpellier, le premier établissement public consacré à la culture des plantes. Ch. de L'Écluse a traduit aussi les Remontrances de Belon, sous ce titre De neglecta plantarum cultura atque earum cognitione libellus. Cette traduction se trouve dans l'édition des œuvres de ce médecin publiée à Anvers en 1865.

Quand Belon eut renoncé tout à fait aux voyages,

(1) « C'est aux bienfaits de Belon et de Du Bellay que les provinces du Maine, de l'Anjou et de la Touraine ont dû le bonheur d'être les premières en France qui aient cultivé avec succès les arbres à fruits de toute espèce. » (Renouard, Annuaire de 1809.)

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