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CONTRIBUTIONS A LA FAUNE MALACOLOGIQUE FRANÇAISE

III

MONOGRAPHIE

DU

GENRE LARTETIA

PAR

M. ARNOULD LOCARD

Lu à la Société Linnéenne dans sa séance du 14 août 1882

Le genre Lartetia, dédié au savant anthropologiste Édouard Lartet, a été créé en 1869 par M. J.-R. Bourguignat (1) pour un groupe de petites coquilles d'eau douce affectant une disposition toute particulière dans leur ouverture. Il prend rang dans la famille des Melanide (2), après les Pyrgula et les Paladilhia. Les formes vivantes et fossiles ont tour à tour été confondues avec des Paludestrina, Paludina, Bythinia, Hydrobia, Vitrella et Littoridina. Et cependant on n'en connaît encore qu'un très petit nombre d'espèces, presque toujours vivant en colonies peu populeuses, dans des habitats bien déterminés.

Laissant de côté les formes fossiles très bien décrites et figurées par M. Bourguignat, et toutes localisées dans les dépôts quaternaires supérieurs du bassin de Paris, nous nous proposons, dans cette notice, de

(1) Bourguignat, 1869. Catal. moll. terr. fluv. diluvium des env. de Paris, p. 15-17, in Belgrand, le Bassin parisien aux âges préhistoriques. Paladilhe, 1869. Nouv. miscel. malac., p. 137, 4° fascic.

(2) Bourguignat. Loc. cit.

1877. Descr. deux nouv. genres algériens, suivie d'une classific. des familles et des genres de moll. terr. et fluv. du syst. europ., p. 45.

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passer en revue les seules formes actuellement vivantes. Leur nombre en est fort restreint. Mais aux formes déjà connues nous avons cru devoir en ajouter quelques-unes qui nous ont paru nouvelles, par suite des caractères particuliers qu'elles présentent, non seulement dans la disposition de leur ouverture, mais encore dans leur galbe général.

Les Lartetia vivent dans les eaux fraiches et limpides des sources, à travers les plantes aquatiques sur lesquelles elles aiment à grimper; plus rarement elles rampent sur les pierres couvertes de conferves. On peut les récolter en arrachant délicatement ces plantes et en en secouant les racines lorsqu'elles sont séchées. Plusieurs Lartetia, notamment les Lartetia diaphana, L. Michaudi, L. Terveri, n'ont encore été recueillis que dans les alluvions des cours d'eaux.

Mais un fait bien digne de remarque, c'est que les différentes formes que nous aurons à signaler, sont toutes localisées dans le nord-est de la France. La forme la plus septentrionale, le Lartetia Rayi, a été trouvée dans l'Aube, tandis que les plus méridionales comme les Lartetia diaphana, Michaudi et Terveri proviennent des alluvions du Rhône pris à Lyon. Les autres sujets appartiennent à des stations intermédiaires de l'Alsace, du Jura, ou de la Bourgogne. Si donc une telle forme a fait son apparition première à la fin de l'époque quaternaire, dans le bassin de Paris, son aire de dispersion géographique s'est peu étendu; et, vu la rareté des individus et leur mode d'habitat, il est peu probable qu'ils se dispersent davantage, si leurs conditions biologiques ne viennent pas à se modifier.

Les formes fossiles connues sont au nombre de sept, toutes décrites, comme nous l'avons dit, par M. Bourguignat; ce sont:

Lartetia Belgrandi (loc. cit., p. 15, pl. II., f. 38-43).

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Joinvillensis (loc. cit., p. 16, pl. II, f. 50-52).
Radigueli (loc. cit., p. 16, pl. II, f. 44-46).
Roujoni (loc. cit., p. 16, pl. II, f. 47-49).

Mabillei (loc. cit., p. 16, pl. II, f. 56-58).
Sequanica (loc. cit., p. 17, pl. II, f. 59-61).

Noulletiana (loc. cit., p. 17, pl. II, f. 53-55).

Toutes ces coquilles sont en général de taille plus grande que les formes actuellement vivantes; quelques-unes comme les Lartetia Belgrandi, L. Radigueli, L. Roujoni, L. Mabillei, atteignent ou dépassent 6 millim. de hauteur; le plus grand de tous, le Lartetia Radigueli a jusqu'à 9 millim.,

alors que nous ne connaissons aucune forme actuellement vivante qui atteigne 5 millim. On voit donc qu'au point de vue de la taille il y a en une véritable dégénérescence dans ce genre depuis son apparition jusqu'à nos jours.

Quant à la diversité ou à la multiplicité des formes vivantes, on ne saurait entièrement l'attribuer à l'influence des milieux dans lesquels elles se plaisent à vivre. Si telle forme, déplacée de son milieu normal, se modifie par la suite des temps en s'adaptant au nouveau milieu dans lequel elle est condamnée à vivre, nous voyons par contre des Lartetia d'un galbe pourtant bien différent vivre dans le même milieu. Tel est, par exemple, le cas des Lartetia Lacroixi et L. Burgundina, formes bien distinctes, qui toutes deux ont été trouvées dans la même source. Rappelons également que les Lartetia Bourguignati et L. Moussoniana vivent ensemble dans les sources de l'Ain. Il peut en être de même sans que nous puissions toutefois l'affirmer des Lartetia diaphana, L. Michaudi et L. Terveri que nous avons trouvées dans le même lot d'alluvions.

Par suite de l'exiguïté de la taille de ces petites coquilles, on comprend qu'elles aient pu souvent échapper à l'œil d'un observateur encore inexpérimenté. Aussi sommes-nous persuadé que de nouvelles recherches faites dans des conditions convenables amèneront la découverte d'un nombre plus grand encore de formes nouvelles de Lartetia.

Genre LARTETIA, Bourguignat

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1869. Cat. moll. diluvium Paris, p. 15.

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Description. Coquille de petite taille, d'un galbe conique ou cylindroïde, lancéolé, plus ou moins acuminé. - Test relativement solide, mince, subtransparent ou même transparent, d'un blanc légèrement corné ou vitré, rarement encroûté de matières verdâtres, très finement rayé, devenant d'un blanc hyalin après la mort de l'animal. Spire composée de cinq à sept tours plus ou moins convexes, séparés par une suture assez profonde, à croissance en général assez régulière; sommet obtus, mammelonné, lisse et brillant. Ouverture de forme variable, patulescente, avec une saillie du bord inférieur par rapport au bord supérieur; le bord externe dilaté, arqué, plus ou moins projeté en avant, de telle sorte

qu'entre cette dilatation et le point d'insertion, il existe une partie du bord plus ou moins concave. - Péristome continu, libre, détaché vers l'insertion du bord externe, droit, sans bourrelet ni saillie intérieure, sans gibbosité extérieure. Ombilic presque nul, réduit à une simple fente ombilicale. Opercule profond.

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OBSERVATIONS. Comme on le voit par cette description générale, la caractéristique de ce genre porte surtout sur la forme toute spéciale de l'ouverture, dont la dilatation du bord externe fait qu'il existe vers l'insertion une sorte de canaliculation qui rappelle la fente pleurotomoïdale propre à certains genres. On peut d'après cela rapprocher le genre Lartetia du genre Paladilhia (1). Chez les individus de ces deux genres, en effet, on voit que la base de l'ouverture est plus avancée que la partie supérieure; chez tous deux le bord externe de cette ouverture est plus ou moins développé en avant, et s'avance en saillie par rapport au plan normal d'insertion, de manière à former vers la suture une partie creuse ou en retraite.

Mais chez les Paladilhia, il existe en ce point une véritable fente pleurotomoïdale plus ou moins étroite, accompagnée d'une sorte de méplan qui suit la ligne suturale au-dessus de chaque tour de spire. Chez les Lartetia, au contraire, les tours sont toujours arrondis vers la suture, et la fente pleurotomoïdale est remplacée par un simple sinus, plus ou moins large, mais toujours peu profond.

Enfin, comme distribution géographique, d'après les données actuelles, nous voyons que les Paladilhia semblent propres au midi de la France, et plus particulièrement au département de l'Hérault, tandis qu'au contraire les Lartetia sont dispersés dans le nord-est.

CLASSIFICATION. D'après le galbe général plus ou moins conique ou cylindroïde, nous classerons les Lartetia vivants, en deux groupes :

A. Groupe du Lartetia Michaudi. - Ce groupe est caractérisé par un galbe subcylindrique, allongé, non ventru, avec des tours de spire peu arrondis; il comprend les formes suivantes :

Lartetia Michaudi, Locard.

Terveri, Locard.

Lacroixi, Locard.

Charpyi, Paladilhe.

Drouetiana, S. Clessin.

(1) Bourguignat, 1865. Monogr. du nouv. genre Paladilhia.

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