quilz ne furent apperçus ainsy fut conclue de l'abattre ; la quelle chose on fit par force d'artillerie, dont ce fut un grand dommage, car c'estoit une moult belle pièche. Voiant ceulx de dedans leur guet abat furent fort maries, nonobstant ce ne laissèrent faire tousjours grosses saillies sur nos gens. »

Du trespas du comte de Roeulx et de Bignicourt quy fut lieutenant en son lieu par provision et de ladite guerre qu'on y fit.

<< En ces entrefaicts trespassa le noble Adrien Decroix comte de Roeulx et gouverneur de Flandre, Arthois, et Lille, etc., et mourut au lict d'honneur d'une mort assez soudaine; mais pour ce ne fut l'armée perturbie, car le sieur de Bignicourt, lequel estoit son lieutenant et quy estoit fort affecté d'un chascun fut député chef dudict camp de l'empereur jusques à ce qu'il auroit pourved. Après la morte du feu comte de Roeulx l'on fit plus grande diligence de prendre lad. ville que devant et la commença on la battre plus fort que jamais tellement que lon y fit merveilleuse bresche et de remplir les fossez au massive, et de miner par plusieurs lieux mais les mines guerre ne proffitèrent et plus de donner faux assaulx. »

D'un assault quy fut faict a Théroanne et de l'occision quy y fut faict d'un costé et d'autre.

<< Durant que ces choses se faisoient et voiant que la bresche assez raisonnable pour donner un grand assault fut délibéré d'en livrer un par un lundy matin vingt deuxiesme de juin, durant lequel temps l'artillerie donnoit tousjours sans donner repos à ceux de dedans, et puis lundy venu furent deputez 24 enseignes de gens de pieds à faire led. assault, et furent de chacune nation six enseignes assavoir allemans, espagnolz, wallons et namurois. Puis led. lundy venu dès six

heures du matin commença l'assault très fier et cruel pour plusieurs, car nos soldats lesquelz y alloient de grande force et vigueur. Quand ils entrèrent au sommet du rampart ne purent passer oultre car les françois avoient mis du bois lequel passoit oultre led. rampart tellement quilz ne pouvoient passer oultre led. bois quy fut grand encombre de nos gens, car plusieurs en perdirent la vie d'autant que l'assault dura l'espace de trois heures ou environ et des françois en mourut beaucoup car nostre artillerie donnoit es flus sur les ramparts, laquelle en fit grand murire car le sieur Dessès y fut occis, le sieur de Loche et plusieurs aultres avecq plus de trois. cens soldats dont ilz furent fort affaiblis car aussy avoient beaucoup perdus aux saillies quilz avoient faictz et de nos gens en mourut beaucoup aussy et furent occis et navrez aucuns capitaines et gens de nom et mainte nobles soldats avant que la retraite se fit; après que lad. retraicte fut faicte aux de dedans furent fort espouvantez de la perte quilz avoient eu de leur bon capitaine et soldats quilz avoient perdus ; mais pour ce ne firent aucuns semblans et ceux de dehors adviserent moien par où ilz pourroient avoir lad. ville, tellement que conclusion fut faicte de cageler le pied de la muraille par les pionniers, ce quy fut faict. »

Des soldats françois quy entrèrent dans la ville de Theroanne.

« Ce temps pendant, par un jeudy après led. assault, de nuict furent boutez trois cens soldats françois, ou plus dedans. la ville, et passèrent assez près du guet de nos gens, sans leurs demander quilz estoient, pensant que ce fut aultres gens dud. guet, dont celuy quy en avoit la charge n'eut guerre d'honneur. Après quilz furent dedans menèrent grande joie dedans la ville pour le renfort desd. soldats que cestoit là tout le secours que le roy leurs pouvoit faire dont ilz furent fort esbahis. Pendant que les pionniers besonnoient n'avoient nul repos

ceux de dedans; plus quand vint le lundy après led. assault lon bouta le feu ès pilots quy soustenoient la muraille, par quoy incontinent tout fondy et vint aval, dont ceux de la ville furent fort espouvantez car la bresche estoit facile à monter et leur fut incontinent livré plusieurs faux assaulx, ainsy passa celuy jour, >>

Des partlemens quy furent faicts à Theroanne et de la prinse d'icelle et du gain quilz y firent.

«Le lendemain de grand matin furent les nobles du camp armés pour donner l'assault avecq grand nombre de gens d'armes; voiant ce les françois firent ce que encor navoient faicts car ils envoièrent trompettes pour parlementer, les quelz furent onys, et leur demande fut telle que wuider vie et bagues sauves avecq l'artillerie du roy, lequel ne leur fut accordé rien, puis leur montra tousjours fière mine en montant sur les ramparts, cela espouvanta fort les françois et demanderent seullement la vie et les armes saulvés, mais encor furent refusez, de telle sorte qu'on ne leur voulut accorder aultre chose sinon que la volonté de l'empereur comme avoient faict le roy à Ivoy. Dura led. parlement plus de cincq heures, en telle sorte fut dit à la trompette, par le capitaine Bignicourt quilz se despechassent et que plus il ne pouvoit tenir les soldats lesquelz estoient tous en mise au rampart se jettèrent sur les françois sans que jamais nul ne leur sceut rompre et les françois avoient desja mis la main en accordant tout tel appoinctement que lon voudroit accorder; nonobstant ce les espagnols aspres de gaigner montèrent à la bresche avecq plusieurs aultres nations, mais lesd. françois ne firent aucunes resistences, mais jettoient tous les battons bas en levant la main en hault dont furent plusieurs prins à mercy par les espagnols; mais plusieurs desd. françois se fuirent de laultre costé de la bresche craignant la fureur des soldats, pour sauver leur vie, mais a celuy costé

estoient les alemans lesquelz tuèrent tous ceux quilz trouvèrent, à celay coste et parmy la ville après, ce fut de piller dans estoient grandes richesses à l'eglise et ailleurs et grande. wunition de vivres et aultres choses comme pour un an car illee estoit la roialle espirance de France, parquoy n'avoient rien mis hors après ce, fut totalement bruslée, puis fut prisonnier le sieur de Momorenchy et plusieurs autres grands seigneurs et gentilhommes en grand nombre car plusieurs sestoient enfermez la dedans pour la grande force qu'y sentoient estre en lad, ville et la tenoient comme ville imprenable toute fois fut elle prins des bourguignons le vintiesme de juin, anno 1533. »

Chronographe de la prinse et demolition de Theroanne.

DELETI MORINI

MDLIII

Comme on laissa gens à Theroanne pour la desmolir.

<< Après ce, resta l'armée douze jours pour délibérer des affaires de lad. ville, et puis furent délibéré la desmolir et y laissa ou six enseignes de gens de pieds avecq deux guidons de chevaux et plus lon comissa tous les vagabonds de Flandres et Arthois, comme serviteurs de tavernes et aultres pour pionniers et se trouvèrent bien cincq ou six mil, lesquelz furent tous mis en œuvre à desmolir lad. ville et esglise et generallement tout ce que dedans estoit et fut achevée lad. œuvre en la fin du mois d'aoust. Puis les prisonniers nobles et gentilzhommes furent amenez en Flandres tenir prison et les soldats furent mis à ranchon et retournerent en leur pays. Durant les douze jours que lon fut sejournant après la prinse furent trouvé plusieurs muches de grand valeur parquoy les soldats gaignèrent beaucoup, aussy fut gaignée un grand nombre d'artillerie dedans lad. ville. »

De la prinse du chasteau de Tournehem.

<< Plus tirèrent vers la basse Flandre, vers le chasteau de Tournehem, lequel fut incontinent pris et y fut occis le capitaine Martin; après vinrent faire plusieurs escarmouches sur nos gens à bien petite compagnie, mais jamais le comte de Roeux ne voulut qu'iceux sortirent de la compagnie et ne scay pour quelle cause dont chacun murmuroit grandement. Finablement les franchois se retirèrent car je croy qu'il avoient affaire aultre part car le bruict estoit que l'empereur tant désiré approchoit. >>

De la prinse du chasteau de Contes.

« Après ces choses environ la Sainct Barthélémy audict an le sieur de Vendosme rassembla grand nombre de gendarmerie, soy voulant venger de l'oultrage que l'on avoit faict à Hesdin et vint avec grand nombre d'artillerie assièger le chasteau de Contes à deux lieux d'Hesdin, auquel chasteau estoient renferméz 7 ou 800 hommes, tous gentilz gallans, car le sieur · de Roeulx y avoit pourveu de tout ce que mestier estoit, car ilz avoient arme suffisante assez pour combattre celle des dictz françois et estoient à trois lieues près dudict chasteau; nonobstant ce les françois environnèrent la place de touts parts. et la battirent de toutte leur puissance l'espace de deux jours, sans donner repos aux soldats quy dedans estoient, et au tiers jour commenchèrent à assaillir de telle force et courage que c'estoit merveille car les fossez qui estoient profonds et larges furent rempliz de bois, encoire les soldats entrèrent jusques à la ceinture en l'eau, nonobstant ce passèrent oultre et vinrent jusques aux rempars et donnèrent ung assault merveilleux ; mais ceux de dedans se deffendirent de grande virtue et durat ledict assault l'espace de demy-heure; mais l'artillerie des françois donnoit tant a travers des rempars de telle sorte qu'on ne s'osoit monstrer à bresche, car plusieurs des soldats furent