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Attendu que cette prétendue sentence est radicalement nulle aux termes de la loi ;

Attendu effectivement 1°...; 2°...; 3°...; 4°...; 5°...; (déduire les moyens de nullité);

Par tous ces motifs et autres à suppléer d'office,

Voir dire que le sieur... sera reçu opposant à l'ordonnance d'exequatur surprise à la religion de M. le président du tribunal de..., le..., sur une prétendue sentence rendue le..., par M...;

Et, faisant droit sur ladite opposition, déclarer ladite sentence nulle et de nul effet; remettre les parties au même état où elles étaient avant la prétendue sentence;

S'entendre M... condamner aux dépens.

Dont acte...; coût...

(Signature de l'huissier.)

ESSAI

Sur la Connaissance et sur la

PHYSIONOMIE DE L'UNIVERS

Par M. DOUSSEAU,

Membre Résidant.

Multum in parvo.

MESSIEURS,

Notre savant président, M. le docteur MAIRE, dans sa Psychologie physiologique, s'est emparé du monde intellectuel et nous en a révélé presque tous les secrets; il est allé si loin dans ce monde mystérieux que de longtemps ses successeurs ne pourront franchir ce nec plus ultra, si toutefois même il y a quelque chose au delà.

Dans l'Hippocrate nous avons admiré le Platon; mais il ne nous a laissé que le monde matériel pour exercer notre perspicacité, satisfaire notre ardeur d'investigation et apaiser notre soif de nouveautés.

Les lauriers de Miltiade ont empêché...... quelqu'un de dormir.

Stimulé par le succès de notre cher collègue, encouragé par l'accueil bienveillant que vous avez fait à mon étude sur la Physionomie de la France, et ne me souvenant plus du petit accident arrivé à certaine grenouille dont parle Lafontaine, j'essaierai de faire pour un monde ce que M. MAIRE a fait pour l'autre; mais ai-je bien qualité pour affronter une tâche si considérable? que sais-je! comme disait Montaigne, qui suis-je ? Ego sum qui humilem in puncto elevo mentem in confusione.» (Imitation de J.-C.) « Chétif que je suis ! j'élève ma pensée vers une chose vulgaire et je ne puis la concevoir!»

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Cependant, Messieurs, permettez-moi de dire que depuis que j'ai l'âge de raison, c'est-à-dire depuis plus d'un demi-siècle, je me prépare à l'accomplissement de cette tâche, sans pourtant l'avoir prévue; à peine ai-je laissé s'écouler un jour sans examiner l'œuvre, sans réfléchir au but du fabricateur souverain, et j'ai tour-à-tour étudié le sujet en question dans les livres, fruit de la sagesse humaine, dans la nature, où se révèle la sagesse de Dieu, et dans l'intelligence où tout se reflète comme dans un miroir.

D'ailleurs, ce à quoi je vous convie n'est qu'une promenade dans un pays infiniment varié et pittoresque, et, chemin faisant, une causerie, comme quand on jase en famille sur des sujets d'intérêt commun; si le fond de la conversation est grave, nous tàcherons d'en tempérer l'austérité par l'aménité de la forme. Le pays en question étant très vaste et très peu connu encore, nous prendrons des guides, de peur de nous fourvoyer dès les premiers pas Arago, Herschell, Cuvier, Zimmermann, Humboldt et tant d'autres, nous offrent leurs services; si nous nous égarons avec eux, ce sera du moins en bonne compagnie.

De tout temps, d'intrépides explorateurs se sont aventurés dans ces régions sans bornes; chacun d'eux s'efforçant de pénétrer plus avant que ses devanciers; beaucoup ont fait fausse route et ont perdu leurs pas, d'autres leur bourse, ceux-ci la santé et ceux-là la vie même; plusieurs, plus

chanceux ou mieux inspirés, ont ajouté considérablement à la carte du pays. Nous mentionnerons un certain nombre de ces courageux et ingénieux touristes, regrettant d'être obligé, faute d'espace, de dire trop souvent :

J'en passe, et des meilleurs !

Les géographes et les astronomes entrent de droit en scène ainsi que divers autres savants, insignes dans des spécialités voisines de celles-ci; et comme le calcul est l'instrument de l'astronomie, ainsi que la vue est son organe, et que les progrès des sciences naturelles sont intimement liés à ceux des sciences exactes, les mathématiciens marcheront de pair avec leurs glorieux confrères.

Ce travail se composera donc de deux parties nécessairement distinctes : l'Histoire de l'idée que la science s'est faite du monde, c'est-à-dire la Biographie des hommes en qui cette idée s'est incarnée, et qui successivement l'ont fait progresser, et le tableau, ou du moins une esquisse, de ce que nous connaissons de la création. Nous débuterons par quelques considérations générales pour amener convenablement le reste; comme le prélude, l'ouverture d'un opéra nous donne un avant-goût de ce qui va suivre et nous prépare à l'audition de l'œuvre.

Si tel savant a pu passer vingt années à étudier la structure et les habitudes d'une chenille, tel autre écrire de gros volumes sur les qualités physiques et morales d'un scarabée, nous pourrions consacrer quelques milliers d'années à disserter sur les rêveries des philosophes, les théories des savants et leurs découvertes véritables. Malheureusement nous n'avons pas tout ce temps-là à notre disposition ! Il nous faut être précis et concis; c'est difficile et surtout c'est bien dommage.

Nous n'irons cependant pas jusqu'au laconisme de ce poëte du XVIe siècle, qui a raconté l'origine du monde dans

un poëme en sept chants et vingt vers dont voici le début :

De la création je chante les merveilles,

C'est un sujet nouveau, prêtez-moi vos oreilles :

Rien n'était les brouillards se coupaient au couteau ;

L'esprit d'un pied léger était porté sur l'eau ;

Dieu fit le premier jour, le soleil et la lune,
Et le jour qui suivit, l'abricot et la prune.

Et la fin :

Et l'Eternel content, toujours, toujours le même,
Comme dit Beaumarchais, ne fit rien le septième.

J'aime mieux ces vers, que Voltaire adressait à Condorcet, son ami :

La nature est ton livre et tu prétends y voir,
Moins ce qu'on a pensé que ce qu'il faut savoir;

La raison te conduit, avance à sa lumière;

Marche encor quelques pas, mais borne ta carrière :
Aux bords de l'infini ton cours doit s'arrêter.

Là commence un abime, il le faut respecter.

Aussi, n'essaierons-nous pas d'expliquer la nature et les attributs du Créateur! Quand la misérable intelligence humaine cherche à se rendre compte de ce qui porte le caractère de l'infini, elle sent bientôt toute sa faiblesse, elle recule, s'égare et s'épouvante !... Vouloir, pour ainsi dire, voir Dieu face-àface, c'est s'exposer au sort de Sémélé qui prétendait pouvoir contempler Jupiter dans sa gloire et en fut foudroyée.

Qu'il nous soit aussi permis de ne professer ici aucun dogme particulier; de même que les beaux-arts n'ont pas de sexe, la science, quoi qu'en disent MM. De Blainville et Maupied, dans leur sermon en trois volumes sur l'organisation zoologique, la science d'observation n'a pas de culte spécial; elle ne s'exerce que sur ce qui permet le doute et appelle l'examen; elle marche en tâtonnant, trébuche souvent, mais avance toujours; tandis que, quel que soit le

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