Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

nos pensées, sans prétendre cependant établir une suprématie en faveur des premières, d'autant plus que certaines sciences, les sciences morales tirent en grande partie leur influence de la beauté littéraire, de la perfection du style. Je vais donc exposer le résumé de vos travaux dans l'ordre suivant: sciences cosmologiques et physiques, sciences médicales, sciences morales; ensuite j'aurai quelques mots à dire de la poésie et de la critique littéraire, et je terminerai par l'industrie.

1° SCIENCES COSMOLOGIQUES ET PHYSIQUES.

Vous avez, durant quatre séances, entendu avec intérêt la lecture des principaux chapitres d'un ouvrage intitulé: Essai sur la connaissance et sur la physionomie de l'Univers. M. DOUSSEAU a décrit en se jouant les plus belles merveilles des cieux et les plus curieux phénomènes de la terre. Vous l'avez suivi, non sans éprouver quelquefois le vertige, dans ce voyage à travers les mondes. Comme il ne l'a pas fait le premier, il vous a cité, pour leur payer un tribut de reconnaissance, tous ceux qui l'ont entrepris avant lui, et vous avez eu cet autre plaisir d'entendre des notices biographiques intéressantes sur des astronomes, des géographes, des mathématiciens, des naturalistes de tous les temps et de tous les On peut pays. dire sans exagération que toutes les sciences ont concouru à cette œuvre gigantesque de notre laborieux collègue, qui a su en outre dérider de temps en temps la science par la gaieté,

Et mêler la sagesse à la plaisanterie.

Dans un ordre de choses plus restreint, M. BÉNARD

vous a entretenus de nouveau sur une question d'optique dont il s'occupe depuis plus de trois ans. Malgré la science qui affirme que l'image est renversée sur la rétine, il cherche à démontrer que l'image est droite. Quelques expériences faites devant vous dans ce but vous ont frappés; et, en outre, il vous a communiqué une note d'un savant étranger, M. Claudet, dont il a tiré, par induction, la confirmation de sa découverte. En même temps il s'est plaint de ne pas trouver de contradicteurs voulant bien lui prouver qu'il se trompe: on le renvoie de tous côtés aux principes. Messieurs, les savants ont-ils bien lu ses mémoires? Ce n'est pas nous, certes, de prononcer sur une question qui n'est pas de notre compétence; mais nous regrettons avec l'auteur qu'on lui réponde d'une façon aussi brève. Du reste, un de nos collègues, dont la parole est d'un grand poids, M. CLERGET, lui a fait observer que la question n'était pas d'une très grande importance; car si une image est renversée, toutes le sont également, en sorte que l'impression est la même que si elles étaient droites.

2o SCIENCES MÉDICALES.

à

Ceux de nos collègues qui produisent le plus, sont ceux qui ont peut être le moins de temps pour les travaux sédentaires. Ces hommes qui passent les jours, quelquefois les nuits au chevet des malades, trouvent encore, dans leur dévouement à l'humanité, des loisirs pour composer des mémoires, j'allais dire des livres utiles à la science médicale, à la philosophie, et par conséquent utiles à tous. Ils vous offrent l'un après l'autre les fruits abondants et précieux de leurs veil

les; et, cette année encore, M. le docteur LECADRE vous a entretenus souvent sur des matières impor

tantes.

Dans un travail intitulé: Rapport sur la constitution météorologique, médicale et statistique qu'a présentée le Havre et ses environs dans l'année 1856, il a établi, mois par mois, les variations barométriques et thermométriques, la direction des vents, les diverses phases du temps. Puis il étudie la cachexie scorbutique, les fièvres intermittentes, le choléra infantilis, la variole, la varicelle, maladies qui, en 1856, ont pris le caractère épidémique : Chacune de ces affections est envisagée sous le rapport des causes, de la symptomatologie, du pronostic et du traitement. Il termine son rapport par des données statistiques sur les naissances et les décès en 1856.

Deux de ses confrères sont venus confirmer ses observations. M. le docteur MAIRE a assigné comme principale cause de la cachexie scorbutique l'insuffisance et la mauvaise qualité des aliments, et M. le Docteur DEROME a considéré comme la principale cause des fièvres intermittentes épidémiques, les creusages, terrassements et autres travaux alors en voie d'exécution dans un sol neuf, rempli de matières organiques, d'où s'exhalaient en abondance des effluves paludéens. Dans une autre séance, vous avez encore entendu un Rapport intéressant sur la plus terrible épidémie de notre époque. M. le docteur BEAUREGARD, assez heureux contre le choléra de 1853, moins méchant toutefois que celui de 1832, a cru trouver le siége de la maladie dans les nerfs ganglionnaires, et a employé contre elle, avec succès, l'é

ther laudanisé, pris à haute dose. Il a en conséquence préconisé ce spécifique dans une brochure publiée, il y a quelques années, et qui a été suivie d'un Mémoire sur le même sujet. M. le docteur LECADRE n'a pas eu assez d'éloges pour le Mémoire de son confrère auquel il a fait voter une lettre de félicitation par la Société. Mais, comme il ne partage pas tout à fait son opinion sur la nature de la maladie, et par suite sur l'efficacité du traitement préconisé, il a pris, après une étude approfondie de la question, les conclusions suivantes :

« Les expériences physiologiques basées sur les vivisections sont aujourd'hui trop contradictoires pour pouvoir avec leur secours édifier une doctrine médicale, quelle qu'elle soit ;

» L'opinion qui veut que le siége du choléra soit dans les nerfs ganglionnaires peut être probable; elle s'appuie sur des inductions plus ou moins fondées, mais ne peut encore être prouvée par des expériences directes, et les autopsies faites pour le prouver ne sont point assez nombreuses pour établir une théorie à cet égard;

>> Bien que l'éther associé au laudanum ait eu, dans plusieurs circonstances de choléra grave, un certain succès, les relevés statistiques et les rapports généraux manquent encore pour exalter ce remède au dessus des autres qui, eux aussi, comptent des succès;

» L'état comateux et la fièvre de réaction étant autant à craindre dans le choléra que les symptômes d'invasion, il faut ne jamais perdre de vue que les stimulants et les narcotiques à haute dose occasionnent l'un et aggravent l'autre ;

» Le temps où le siége du choléra sera une vérité pour tout le monde, celui où, sans précisément se rendre compte de la véritable nature de la maladie, on aura découvert un antidote contre elle, n'est point encore arrivé et il est encore l'objet de nos vœux. »

A l'appui de ces conclusions, M. le docteur BELLEVUE nous a raconté un fait qui prouve, selon lui, que M. BEAUREGARD n'est pas l'inventeur de ce traitement, et qu'il n'a pas autant de vertu qu'il lui en attribue. Il était externe à la Pitié en 1832. Il y eut à cette époque dans cet hôpital une réunion de médecins en vue de se concerter sur le meilleur traitement à suivre contre le choléra. On conseilla, parmi bien d'autres choses, l'éther laudanisé même à très-haute dose. Mais il ne produisit pas plus d'effet que les autres médicaments; il eut même au contraire, dans plusieurs circonstances, un résultat funeste, en excitant des congestions cérébrales.

Ces incertitudes de la science ne sont guère propres à nous rassurer contre le choléra. Mais nous ne sommes pas de ces esprits sceptiques qui généralisent à tort et à travers et qui ne croient pas du tout à la médecine, parce que quelques médecins se sont trompés. Leur scepticisme heureusement ne dure qu'autant qu'ils se portent bien; la foi revient à la plupart avec le mal; et tant pis pour ceux qui meurent à cause de leur incrédulité !

Mais il me reste à vous rappeler un autre ouvrage de M. LECADRE. Il a vous a lu, dans une des dernières séances, la fin d'un Mémoire sous ce titre : Un nouveau chapitre aux études sociales, hygiéniques et médicales sur les ouvriers employés aux travaux du port du Havre.

« VorigeDoorgaan »