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aussi nous apparaît-elle comme une mer parsemée d'îles et d'archipels séparées par des espaces absolument vides. Les moindres de ses archipels, les nébuleuses, presque imperceptibles aux plus puissants télescopes, sont cependant des voies lactées semblables à celle dont nous faisons partie, des groupes de systèmes solaires; or, dans notre voie lactée, on compte 40,000,000 d'étoiles ! C'est à donner le vertige, à terrifier l'imagination! et penser qu'entre ces massifs, au-delà des nébuleuses les plus irréductibles, de celles qui semblent fuir dans l'espace à mesure que le télescope s'efforce de les saisir, nos regards épouvantés plongent de tous côtés dans le vide absolu !....

Est-ce à dire qu'alors il n'y a réellement rien devant nos yeux, rien que le néant?.. N'est-il pas plus probable que nous ne saurions diriger nos regards vers un point quelconque du ciel sans y rencontrer des astres; mais qu'au-delà de certaines bornes, la lumière de ces astres s'éteint dans l'éther et ne peut parvenir jusqu'à nous? Si l'éther n'existait pas, ou s'il était parfaitement transparent, nous ne verrions partout qu'un ciel de feu, uniforme, effroyable, insupportable! Mais si l'éther absorbe une partie de la lumière, la différence d'illumination s'explique et nous comprenons pourquoi tant et de si vastes espaces dans le ciel nous semblent déserts : l'éther est déjà si rare à la distance de Jupiter que, selon Newton, il ne pourrait faire perdre à cette planète, pendant un million d'années, que la millionnième partie de son mouvement. Un calcul aussi hasardeux ne prouve rien; aussi Newton ne croyait guère à ses chiffres, puisqu'il a fini par nier l'existence de l'éther, contrairement à l'opinion de toute l'antiquité et de presque tous les savants modernes; évidemment il y a, au moins, dans l'espace, la substance de la lumière que les astres y versent incessamment.

Un autre calcul, également aventureux, nous apprend qu'il est des nébuleuses tellement distantes que leur lumière met 2,000,000 d'années à venir jusqu'à nous... S'il en est ainsi, et c'est très probable, ces astres ont au moins cet âge : la création dure depuis ce temps.

On a calculé le nombre de grains de sable (4,000,000 par pouce cube) que contiendrait le globe terrestre; on a comparé ce chiffre à celui des lieues cubes contenues dans l'orbite de Neptune; etc.; je vous fais grâce de ces enfilades de chiffres dont le moindre défaut est d'être inutiles; mais l'audace mathématique n'a pas osé s'attaquer au nombre des étoiles. Seulement ARGELANDER, astronome prussien, renchérissant sur ces prédécesseurs, et après un travail bien long et bien pénible, a catalogué comme il suit le demi-million des étoiles les plus apparentes, selon leur puissance photométrique :

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De ces étoiles, 5,500 à 6,000 sont visibles à l'œil nu, selon la puissance de l'organe, et 4,000 seulement sont visibles sur l'horizon de Paris... Inutile de dire qu'après la 10° grandeur, les étoiles sont innombrables!...

Tous ces astres semblent tourner autour d'un point central qu'on croit avoir trouvé dans la constellation du Taureau. De plus, Argelander, d'après le mouvement apparent de 537 étoiles, affirme que notre système se dirige vers la constellation d'Hercule, et que dans ce mouvement la vitesse du soleil est plus que double de celle de la terre dans son orbite, il l'estime à 620,000 myriamètres en 24 heures.

Argelander mesurant la grandeur photométrique des vingt

Ainsi a du Centaure, la plus proche, n'est que la 4 en éclat, Sirius, la plus éclatante, est plus éloignée que la précédente, que la 64° du Cygne et que plusieurs autres peut

être.

Un très grand nombre d'étoiles sont colorées et leurs teintes varient selon toutes les gradations du prisme solaire; leurs habitants doivent donc voir le jour, la lumière, teinte de ces couleurs diverses. On compte 6,000 couples d'étoiles doubles ou fixes, et 650 couples d'étoiles doubles de deux couleurs, et tournant autour d'un centre commun et obscur; les étoiles blanches doubles sont deux fois et demi plus nombreuses que les rouges, et celles-ci deux fois et demi plus que les bleues. Il y a nombre de couples d'étoiles doubles et même des groupes d'étoiles triples dont chaque astre a sa couleur particulière, et c'est un des plus beaux, des plus étonnants spectacles qu'offre le ciel. Chacun de ces groupes semble tourner autour d'un de ses membres, ou plus souvent encore autour d'un centre occupé peut-être par un corps obscur, et nous voyons distinctement s'occulter des étoiles dites fixes. Ainsi dans ces systèmes, contrairement à l'ordonnance du nôtre, des soleils tournent autour d'un corps sombre.

Il est d'autres étoiles qui jouissent d'un éclat variable et périodique; depuis 200 ans on a remarqué vingt-quatre de ces étoiles et leur place est déterminée. Il en est d'autres qui changent de couleur, tel que Sirius, rougeâtre au temps de Pline et maintenant « d'une entière blancheur. » D'autres encore, d'un aspect terne, nébuleux, sont entourées d'atmosphères denses, sombres, immenses, plusieurs desquelles s'étendraient jusqu'à huit fois la distance du soleil à Uranus; il est probable que ces astres sont des centres de systèmes en formation. Tous ces astres se meuvent, soit par un mouvement général, soit qu'ils exécutent, en outre, des révolutions particulières; au reste nous l'avons déjà dit, la création toute entière est en mouvement; le mouvement étant inhérent à la matière, essentiel à son développement, à sa conservation.

Comme nous l'avons vu, la parallaxe de plusieurs étoiles a été calculée; celle de a du centaure, c'est-à-dire de l'angle le moins aigu, le plus appréciable, n'est que de 0",9487, soit la 392me partie d'un degré! qu'on juge des autres! l'orbite de plusieurs étoiles tournantes a été calculée également; ce sont des prodiges de l'industrie d'optique et de la science mathématique.

Cependant jusqu'ici nos télescopes ne donnent aux étoiles fixes que des diamètres factices, spurious diameters, comme disait Hershell. Les plus forts grossissements nous montrent les étoiles de plus en plus brillantes en les dépouillant davantage de la lumière diffuse, éparse dans l'atmosphère; la preuve de l'excellence de l'instrument, c'est que l'astre se projette nettement, vigoureusement sur un fond parfaitement noir.

Nos admirables lunettes d'approche vont chercher, saisissent au-delà des étoiles de dix et douzième grandeur, une foule de nébuleuses qu'elles réduisent en étoiles agglomérées, ces groupes sont ordinairement ronds ou ovales. Nous apercevons aussi nombre de nébuleuses irréductibles, amas incommensurables de matière cosmique, peut-être de systèmes groupés plus loin encore dans les profondeurs de l'univers et rendus indistincts par leur distance excessive.... Ces amas affectent les formes les plus variées et les plus fantastiques.

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Beaucoup d'étoiles semblent s'accroître des nébulosités qui les entourent: il est probable que l'œuvre de création et de destruction continue par tout le ciel comme sur la terre, et que la matière passe par toutes sortes de transformations sans que sa quantité varie; ainsi depuis 2,000 ans, 21 étoiles nouvelles sont apparues la plupart très visibles à l'œil nu, et nombre d'étoiles ont disparu, quelquefois après avoir jeté un éclat extraordinaire.

De même que, sur notre globe, pas un instant ne s'écoule sans qu'un être humain périsse, sans qu'un autre naisse,

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