ainsi à chaque instant, dans l'immensité des cieux, un soleil s'éteint, et périssent avec lui ses planètes et leurs satellites, et tout ce qui vivait sur ces globes, et jusqu'aux comètes qui s'en éloignaient et s'en approchaient tour à tour! mais pendant ce temps un nouveau soleil et tout son cortège arrivent à l'état de perfection et commencent à exister, actifs et robustes; puis la vieillesse arrive, la décrépitude, et au temps marqué par la providence, après bien des millions de nos années d'existence vivace et glorieuse, ce système périt à son tour et sa substance revivifiée va prendre part à de nouvelles combinaisons.... mais soyons-en bien persuadés, Dieu sait le nombre des atômes qu'il a créés, il ne souffre pas qu'un seul s'égare, et nul ne peut être anéanti que par la volonté qui l'a tiré du néant. Répétons donc ce que déjà répétait Thalès, il y a plus de 2,500 ans : point d'atôme qui ne jouisse de quelques propriétés à l'aide desquelles il prend part à une infinité de combinaisons diverses, et si tout périt comme forme actuelle, rien ne périt définitivement; et ajoutons que le créateur se plaît à ces métamorphoses, à ces transformations perpétuelles, puisqu'il les a ordonnées à la matière. Quand sous nos yeux un astre comme notre soleil s'éteint, que périssent en même temps les êtres innombrables auxquels ils dispensait la lumière, dont il entretenait la vie, en présence d'une si épouvantable catastrophe, l'homme si faible, si chétif, peut-il se plaindre de mourir aussi ! "Les empires, les langues mêmes périssent... et l'homme, lui seul, se plaindrait de mourir !..... Le Tasse aurait pu ajouter ce que dit Shakespear dans son drame The Tempest: » The cloud-capped towers, the gorgeous palaces, And like the baseless fabric of a vision Leave no a rack behind! vers que je traduirai ainsi en développant l'idée de l'auteur. Les sourcilleuses tours que couronnent les nues, Sur les flots irrités les arches suspendues, Comme nous périront..... Ce globe énorme, immense, Et comme, du sommeil dissipant le mensonge, Sans qu'il reste un débris de ces mondes divers. Sans doute l'homme, le globe qui le porte et le soleil qui l'éclaire, sont également sujets à la destruction; mais les astres ne sont que matière inintelligente, insensible, ils s'ignorent, ils ignorent leur auteur; l'homme sait, ou plutôt sent qu'il est un Dieu, il le rencontre, le reconnaît partout et surtout dans son cœur; l'homme sent qu'il ne saurait périr tout entier, et que Dieu l'a doué d'une âme immortelle; il a comme le souvenir vague et mystérieux d'une patrie absente, dont il est éloigné depuis longtemps, mais qu'il doit revoir, et toutes ses aspirations le transportent dans le domaine de l'infini.... Alors il s'écrie comme Caton dans la tragédie d'Addison : It must be so, Plato, thou reasonest well! Else why that fond desire, that longing after immortality. Il en doit être ainsi, ô Platon! ton raisonnement est juste! car pourquoi ce pressentiment, cette impatience de l'immortalité? Oui, Messieurs, nous nous plaisons à le redire, c'est parce qu'il y a en nous autre chose que la matière périssable, que nous avons le sentiment de l'impérissable et de l'immatériel ; c'est parce que Dieu a mis en nous une étincelle de sa divinité que nous pouvons nous élever jusqu'à lui; c'est grâce à cette lumière que nous pouvons apercevoir, contempler, admirer les merveilles de l'univers et reconnaître dans la création la manifestation sublime de la sagesse et de la toute puissance du créateur. Ainsi, ce que l'homme peut le moins expliquer, analyser, est ce dont il a l'intuition la plus intime... Car l'âme est plus lucide en nous que la raison vacillante et que la science incertaine. Pour nous,l'univers n'est qu'une révélation: c'est le corps dont Dieu est l'âme, et nous croyons que cette âme du monde n'est pas, comme la nôtre, obscurcie par les ténèbres, enchaînée par les liens du corps, et que l'être qui a tiré la matière du néant, et qui pourrait l'y replonger, en est resté parfaitement distinct et indépendant. Et nous terminerons enfin cette trop longue étude par ces beaux vers de Voltaire, qui eussent pu lui servir d'épigraphe : Tout annonce d'un Dieu l'éternelle existence, On ne peut le comprendre, on ne peut l'ignorer; La voix de l'univers proclame sa puissance Et la voix de nos cœurs dit qu'il faut l'adorer. Havre, le 25 Décembre 1858. (Corrigé en Mai suivant, d'après les documents les plus nouveaux) RAPPORT Sur un Travail intitulé Description d'un nouveau genre d'Edenté fossile, etc. (Par L. NODOT, directeur du Musée d'histoire naturelle de Dijon, etc.; inséré dans le Tome 5o des MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE DIJON, année 1857.) Par M. le Docteur DEROME, Membre Résidant. Nous lisons dans l'Encyclopédie d'histoire naturelle, publiée par le docteur Chenu, art. Glyptodon : « Au Glyptodon clovipes de M. Owen, on devra probablement joindre » d'autres espèces; c'est ce que montre l'étude de ces di» verses queues conservées dans les galeries du Muséum et » de l'Ecole normale, et que de Blainville avait reproduites » dans une des planches de son Ostéographie, qui va enfin paraître. » Le volume qui contient cette phrase a été imprimé en 1856, et dès l'année suivante, un savant de province, M. L. Nodot, réalisait la prévision de l'auteur de l'Encyclopédie. Voici à quelle occasion. M. le vice-amiral Dupotet ayant rapporté du Brésil de grandes richesses paléontologiques, en |