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membres postérieurs, à les maintenir dans la position verticale. N'en était-il pas ainsi du schistopleurum? sa queue si robuste n'avait-elle pas une destination analogue ? N'est-il pas supposable que cet organe qui, au premier abord, paraît plus qu'inutile, lui fournissait un point d'appui solide, lorsque, pour atteindre les grains et les fruits situés au dessus de sa tête, il avait besoin d'élever le train antérieur dans une position se rapprochant de la verticale ? La rigidité de cette queue, les dispositions remarquables de certains tubercules, destinés à s'opposer à son renversement, la construction des membres postérieurs, dont les tibias et les péronés sont soudés; celle du pied, dont la conformation révèle une grande puissance, viennent à l'appui de cette supposition, pleinement confirmée par la considération des membres antérieurs, claviculés, et dont les avant-bras jouissent de mouvements de rotation assez étendus, pour en faire des organes de préhension plutôt que des organes de sustentation.

Cette mobilité de l'avant-bras paraît encore répondre à une autre faculté, si l'on en juge par la disposition des phalanges unguéales des pieds antérieurs, au-dessous desquelles se remarque une forte saillie osseuse destinée à porter sur le sol et à garantir les ongles des frottements extérieurs. Ces précautions, prises pour leur conservation, portent à croire que l'animal s'en servait pour fouiller la terre et y rechercher les racines dont il se nourrissait.

M. Nodot attribue encore à la queue une autre fonction : c'était, suivant lui, une arme puissante dont le schistopleurum se servait pour assommer ses agresseurs. Je ne crois pas cette hypothèse admissible pour que des armes, situées à la partie postérieure du corps puissent être utiles, il faut nécessairement que l'animal qui en est pourvu jouisse d'une grande légèreté et d'une grande mobilité de la tête.

Nous passerons sur la description des espèces, tant du g Schistopleurum que du g: Glyptodon, établies presque toutes (deux espèces seules: Sc: typus et Sc: gemmatum ont pu être

restaurées) sur les caractères des tubercules, travail qui nous paraît prématuré, et nous dirons quelques mots du système de classification qui termine cet important mémoire.

M. Nodot est du nombre de ces naturalistes qui pensent que la série linéaire est loin de satisfaire à toutes les exigences de l'esprit philosophique. Il y a du vrai dans cette manière de voir. La série linéaire a le double inconvénient de rapprocher souvent des êtres qui diffèrent par leur organisation, leurs mœurs, leur genre de vie, et d'en séparer d'autres que de nombreuses conformités devraient rapprocher. La série bilinéaire présente le même inconvénient, quoique à un degré beaucoup moins prononcé. Le système proposé par M. Nodot, pour la tribu des Loricata de l'ordre des édentés, est proche parent du système des affinités, appliqué par Lindley à l'étude de la botanique et adopté par plusieurs naturalistes; toutefois, il est moins parfait que celui de cet auteur. Après avoir établi, en fait, que des genres, adoptés par des auteurs éminents, ne different de leurs voisins que par les habitudes et le genre d'alimentation, M. Nodot prend en considération tout d'abord cette dernière particularité et divise ses genres en deux séries carnassiers et phytophages; puis, il groupe les genres qui composent ces deux séries autour de deux genres types placés aux deux foyers d'une ellipse, le foyer supérieur étant occupé par le genre qui réunit au plus haut degré les caractères de l'ordre, le foyer inférieur, par le genre le moins parfait. Les genres de chaque série sont rangés à droite et à gauche à une distance plus ou moins grande de leur type, suivant qu'ils s'en rapprochent plus ou moins par leurs caractères, et ceux qui se correspondent dans chaque série sont placés vis-à-vis l'un de l'autre dans chaque colonne. Lorsqu'un genre d'une série n'a pas d'analogue dans la deuxième, M. Nodot indique la place vide par une N. : c'est une pierre d'attente, un jalon qui appelle des recherches postérieures.

Certes, ce système mérite des éloges, il contient des données philosophiques, et c'est un pas dans la voie qui tend à

rapprocher nos méthodes le plus possible de la nature. Mais, en cela, il est inférieur à celui de Lyndley, qui tient compte, pour la classification des êtres, de toutes les données fournies par l'observation, qu'elles soient puisées dans les caractères physiques, ou dans les mœurs et les habitudes. D'ailleurs, le système de M. Nodot rétrécit le champ de l'observation, et, s'il était suivi, diviserait toute l'histoire naturelle en groupes nombreux, sans rapports avec leurs voisins, tandis que le système des affinités a pour caractère de signaler les points de contact par lesquels se relient entr'eux des groupes quelquefois très-éloignés.

Un mot encore et je termine ce long rapport : le mémoire de M. Nodot est une œuvre de haute valeur, et qui nous révèle, en son auteur, les qualités les plus éminentes du naturaliste. Observateur patient, travailleur infatigable, habile dans la description et dans la discussion, il a su donner à son travail la valeur d'une monographie complète qui sera toujours consultée avec fruit. A côté de ces éloges bien mérités, je me permettrai d'exprimer le regret que M. Nodot ne se soit pas tenu en garde contre un travers de notre époque, travers qui pousse les naturalistes à multiplier les genres, et à créer sans besoin des noms nouveaux. Ainsi, pour appliquer cette réflexion au travail qui nous occupe, je me suis demandé s'il est permis de considérer comme un caractère d'une valeur générique, la rigidité plus ou moins grande de la queue, surtout quand cette différence ne change en rien les fonctions de cet organe? Je ne le pense pas, et il faut croire que la mode est une maitresse bien puissante, puisque les meilleurs esprits s'inclinent devant elle. Cette manière de procéder a le grave inconvénient de surcharger la mémoire et de nuire ainsi aux études d'ensemble, qui étaient encore faciles il n'y a pas un demi siècle.

J'allais oublier, Messieurs, la partie matérielle du travail, le splendide atlas dans lequel M. Nodot a fait représenter, avec une infinie perfection, tous les détails nécessaires à l'intelligence de son texte.

Havre, le 23 Novembre 1858.

DE LA PREMIÈRE ALIMENTATION

DU

NOUVEAU-NÉ

Par M. le Docteur BELLEVUE,

Membre Résidant.

Dès mes premiers pas dans la carrière médicale, j'ai eu de la prédilection pour les études qui touchent à la mère et à

l'enfant.

Ma thèse inaugurale, soutenue en 1834, à la faculté de médecine de Paris, avait pour titre : Considérations sur la mère, l'enfant et la nourrice.

Vous le voyez, déjà je ne séparais pas l'enfant de la mère. Depuis lors, l'expérience est venue fortifier mes convictions, et l'âge de l'homme mûr n'a fait que corroborer les inspirarations du jeune homme.

Une circonstance récente a réveillé en moi de vieux souvenirs. Je fais allusion à ce qui s'est passé, dans notre ville, l'année dernière.

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