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>> le trône de ses ancêtres et de l'y maintenir en paix, il a >> estimé l'une de ses premières obligations d'en faire goûter >> les fruits à ses peuples; qu'en conséquence, il a trouvé à >> propos de relever les arts de la peinture et de la sculpture » qui, autrefois, excellaient dans ses États, et qui semblent » présentement s'y être anéantis; qu'il a donc résolu, sur la >> supplication de ses bien amez Pierre Bourdiet, son pre>> mier architecte; Claude Charles, peintre ordinaire de son » hôtel; Joseph Provençal, peintre; Antoine Cordier, orfévre>>ciseleur; Renaud Mesny, sculpteur de son hôtel, et Didier » Lalance, mathématicien, de leur accorder l'établissement >> d'une académie dans sa bonne ville de Nancy, pour y >> instruire la jeunesse dans les dits arts, à l'exemple de >> celles qui sont établies à Rome, à Paris, etc. >> A la tête de cette Académie, il plaça Claude Charles, qui avait fait de longues études à Rome, sous le célèbre Carlo Maratti, et de cette école sortirent un assez grand nombre de sculpteurs et de peintres très-distingués, qui propagèrent en Lorraine le goût des beaux-arts. - Les églises et autres monuments publics furent alors enrichis d'une quantité de statues et de tableaux, la plupart sortis des mains d'artistes lorrains, parmi lesquels nous citerons, pour la sculpture: Sigisbert Adam et ses trois fils, dont le plus célèbre, Nicolas-Sébastien, a exécuté l'admirable mausolée de la reine de Pologne, placé dans l'église de Bon-Secours; - Bordenave, qui fut professeur à l'Académie fondée par Léopold. On admirait de lui un grand crucifix en bois suspendu à la voûte de l'église Saint-Epvre : il a été détruit; -Barthélemy Guibal, de Nîmes, qui a orné les fontaines de la place Stanislas des figures en plomb de Neptune et d'Amphitrite. Sur cette même place avait été érigée la statue de Louis XV, un des chefs-d'œuvre de cet excellent sculpteur : elle a été brisée en 1793 par les Marseillais;-Paul-Louis Cifflé, de Bruges, dont les statuettes en biscuit de porcelaine sont fort estimées. Son œuvre la plus importante est la belle fontaine de la place d'Alliance, com

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posée et exécutée entièrement par cet artiste;-Vassé, élève de Bouchardon, auteur du mausolée élevé à Stanislas dans l'église de Bon-Secours, en face de celui de la reine; - Jean Lamour, artiste serrurier, qui a donné les dessins des belles grilles de la place Stanislas, exécutées dans ses ateliers et sous sa direction; Saint-Urbain, graveur en médailles, qui a laissé un médaillier des princes de la maison de Lorraine. Et pour la peinture: Claude Charles (sur lequel Mariette recueillit dans son Abecedario d'Orlandi annoté ces lignes extraites du Mercure de France, août 1747, p. 183: << Claude Charles de Nancy, peintre ordinaire de Léopold, >> duc de Lorraine, hérault d'armes de Lorraine et ancien di» recteur de l'Académie de peinture établie à Nancy, mourut >> en cette ville le 4 juin 1747, âgé de 87 ans. Il était élève de » Gérard, peintre lorrain, connu dans la province par ses >> beaux ouvrages; et son élève, après avoir été longtemps >> en Italie, revint dans sa patrie à la fin du dernier siècle, » s'y établit, et y a fait quantité d'ouvrages. Les principales » églises de Nancy en sont remplies. On dit qu'il dessinait bien, » qu'il avait un bon coloris, et que ses ordonnances étaient >> riches. Entre ses disciples, on compte MM. Joseph Cha» mont, directeur de l'Académie à Florence, Girardet, Racle, >> Durand, Provençal, etc. ») Deux tableaux de ce maître se voient dans le chœur de la cathédrale : l'un re présente le banquet des pauvres servi par saint Sigisbert, et l'autre le couronnement de ce saint roi d'Austrasie; vençal, qui a orné de peintures les voûtes de l'église de BonSecours et celles de la Chapelle de Saint-Joseph; - Claude Jacquard, à qui l'on doit la coupole de l'église cathédrale; Jean Girardet, qui a décoré le grand salon et le péristyle de l'Hôtel de ville de fresques dignes des maîtres italiens; Jean-Baptiste Claudot, habile et fécond paysagiste. » Amiens aussi eut son école des arts, bien moins brillante, il est vrai, mais qui s'est maintenue jusqu'à notre temps par son humilité même. Voici comment le P. Daire, dans

Joseph Pro

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son Histoire littéraire de la Ville d'Amiens, en raconte l'origine.

« Il manquait à Amiens une école publique et gratuite des arts, de la manufacture de cette ville et du commerce. On est redevable de cet établissement, formé en 1758, à la protection de M. d'Invau, alors intendant de la province, et à la bienveillance du duc de Chaulnes, qui, pour exciter l'émulation parmi les élèves, a accordé des prix qui se distribuent chaque année à ceux qui les méritent. Le sieur Scellier, sous la direction duquel est cette école, y enseigne tout ce qui a rapport à la géométrie, aux mathématiques, au dessin et aux arts. A la première distribution des prix, faite le 2 novembre 1760, le jeune Traney, qui promet beaucoup, et Morviller, tous deux fils de menuisiers, ont reçu les premières couronnes dans la partie du dessin. Sous la protection du gouvernement et du corps municipal, on a accordé depuis peu à cette école un salon à l'Hôtel de ville, pour en jouir chaque année pendant quinze jours. Les amateurs, artistes, artisans, manufacturiers, tant de la Picardie que des provinces voisines, peuvent y exposer à la curiosité du public leurs inventions, leurs chefs-d'œuvre et tous les morceaux singuliers qui sortiront de leurs mains. >> · M. Scellier à l'enseignement des sciences applicables aux arts, qui paraît avoir été sa première pensée, avait joint des cours de dessin et d'architecture, et la chose n'était pas inutile; car, << en 1766, dit M. Dusevel, dans son Histoire de la Ville d'Amiens, il n'existait pas encore à Amiens d'architecte capable de réparer une pile défectueuse au pont de SaintMichel, et pour opérer cette réparation, le corps de ville était obligé de prier le prévôt des marchands de la ville de Paris d'envoyer un architecte de la capitale. En l'an II de la première république, on forma un petit musée dans la maison du district, en y déposant les manuscrits, tableaux, pièces d'histoire naturelle et autres objets d'arts que les commissaires agréés par l'administration du district d'A

miens, pour la recherche et la conservation des monuments des arts, et leurs concitoyens, pouvaient avoir recueillis à la suppression des couvents et maisons religieuses. Ce musée, ainsi qu'une collection de bustes en plâtre, furent mis, en l'an v, à la dispositiou du professeur de dessin de l'Ecole centrale. La classe de ce professeur était très-suivie; les jeunes gens de la ville qui la fréquentaient y firent des progrès si sensibles, qu'après la suppression de l'École centrale, le maire d'Amiens proposa au conseil municipal l'établissement d'une École communale et gratuite de dessin pour l'instruction de ceux de nos compatriotes qui se destinaient à des professions dans lesquelles la pratique de cet art était nécessaire. Par délibération du mois de thermidor an XII, le conseil vota l'établissement de cette école et les fonds nécessaires pour le traitement du professeur. M. Chantriaux, élève de Vincent, qui avait professé avec distinction à l'École centrale, obtint cet emploi. Il se montra depuis digne de cette faveur par le zèle qu'il apporta à former des élèves dont plusieurs se sont distingués. La distribution solennelle des prix a lieu chaque année, au mois d'août, dans la grande salle de la mairie: elle est précédée d'une exposition des ouvrages jugés dignes de cette distinction. - Depuis 1816, la ville consacre tous les trois ans une somme de mille francs à l'encouragement des jeunes dessinateurs qui, après avoir fait des progrès remarquables, vont perfectionner leurs talents à l'école d'architecture de la capitale, ou à celle des arts et métiers de Châlons. » Mais il faut mieux de suite reprendre en main, pour quelques pages encore, le précieux petit Almanach des artistes de 1777, - lequel va nous amener presque sans détours aux deux écoles célèbres qui, dans le nord du royaume, ont porté les plus beaux fruits celle de Rouen et celle de Dijon.

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Les écoles publiques de dessin et d'architecture établies à Lille, cette ville d'une construction si homogène et si singulière, durent certainement soutenir le zèle des derniers ar

tistes flamands, parmi lesquels on comptait encore des Eisen et des neveux du grand Watteau; les amateurs, possédant de riches cabinets, n'y manquaient point d'ailleurs, tels que MM. le marquis d'Aigremont, de Vandercousse, Savari du Grave, de Brigode de Remelandt, Libert de Beaumont, Gosselin père et fils, Jacquez, Delezenne. -Mais c'est à Dijon et à Rouen que sont les grands foyers; le fondateur, directeur de l'école de Rouen, est lui-même un Flamand, et des plus dévoués à sa province; c'est Descamps, le célèbre historien de la peinture flamande.

L'école royale académique et gratuite de dessin, peinture, sculpture et architecture de Rouen, prit naissance en 1741. Ses lettres-patentes sont de 1750, même année que celle de Toulouse.

Une heureuse fortune, l'accueil que Jean-Baptiste Descamps reçut à Rouen en 1740, et les encouragements de M. de Cideville, l'ami de Voltaire; de M. de la Bourdonnaye, intendant de la généralité de Rouen, et du célèbre chirurgien Lecat, le retinrent dans cette ville au moment où il allait passer en Angleterre pour aider Vanloo dans les travaux qu'il avait entrepris pour la cour. Descamps, Flamand de Dunkerque, appartenait un peu au sang normand par son oncle maternel Louis Coypel, qui lui avait donné les premières leçons; or, les Coypel descendaient, comme on sait, d'un cadet de Normandie. Une fois établi à Rouen, Descamps y forma une école particulière de dessin, où son instinct flamand et ses études chez Largillière firent prévaloir dans la manière normande un beau goût de coloris que l'on trouve dans les œuvres de ses élèves Lebarbier, Lemonnier, de Boisfremont, Houel, Lavallée-Poussin, Eschard, Lecarpentier, Jean de la Barthe, les frères Ozanne, etc. Quand l'Académie Française décerna, en 1767, un prix sur l'utilité des établissements d'écoles gratuites de dessin en faveur des métiers, ce fut Descamps qui remporta le prix : ce fut lui qui fut jugé comprendre et traduire le mieux les avantages à

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