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cette belle symétrie qui forme une parfaite beauté, mais c'est comme un rayon de l'âme qui s'épand au dehors et qui va frapper le cœur; ce sont certains mouvements animés d'un beau feu et qui ont, encore une fois, tant de grâce qu'ils charment les plus insensibles, et c'est enfin ce que les plus habiles peintres ont bien de la peine à attraper. Les anciens, pour exprimer la beauté d'un jeune homme, vouloient que les yeux fussent vifs et bien ouverts, les sourcils hauts et petits, le nez aquilin et carré par le bas, la bouche petite, les dents blanches et bien rangées, les lèvres vermeilles et bien élevées, le menton rond ou quarré, les joues pleines, teint fin, blanc et vermeil, enfin toutes les parties bien formées dans une parfaite ovale, et un aussi beau visage devoit être accompagné de cheveux blonds et bouclés, parce que cette sorte étoit recommandable parmi eux; et, en effet, les cheveux ont toujours été regardés, parmi les personnes d'esprit et de bon goût, comme un ornement très-agréable et aussi nécessaire pour accompagner un beau visage que les rayons le sont au soleil... Ces règles générales de beauté étoient appuyées sur les mesures qu'ils avoient choisies et déterminées pour donner une belle proportion à toutes les parties du corps, telle qu'est celle de l'Apollon du Vatican et du Méleagre..... Pour faire des portraits, il est à propos qu'un peintre, pour être capable, les sache parfaitement... Et c'est ce rapport qu'ont les jeunes et belles personnes avec cette régularité que donnent les règles qui est la cause qu'un peintre a plus de difficulté à en marquer la différence, ce qui ne se rencontre pas dans les vieillards qui ont des rides et de la barbe, ou des hommes laids, qui ont de la difformité ou des touches fortes. Outre ces marques fortes, qui aident à distinguer les visages, la différence des cheveux naturels contribuoit encore beaucoup à ces sortes de distinctions avant l'usage des perruques, soit par leur couleur ou leur longueur, ou

leur différente manière de frisure. Mais aujourd'hui l'usage des perruques est devenu si universel, que toutes ces différences de couleurs sont confondues sous une même livrée; car ces ornements artificiels rendent presque toutes les coiffures égales. Il est vrai que la tête ne fut jamais mieux ornée qu'elle est aujourd'hui, et je ne crois pas que les perruques dont parlent Pétrone et Suétone, ni celle que portoit l'empereur Othon eussent rien d'égal, car on est arrivé dans un degré de perfection qui fait honte à la nature, soit qu'elles soient à l'espagnole ou à boucles, il faut avouer que l'on n'a jamais rien fait de plus charmant pour ces sortes d'ornements, non plus que les habits d'aujourd'hui, qui sont tout à fait galants et rendent la taille dégagée avec beaucoup de grâce. Il y a deux choses à observer dans les habits aussi bien que dans les bâtiments : savoir la commodité et la beauté. Pour la commodité, elle ne fut jamais plus grande que dans la disposition qu'on leur donne aujourd'hui....... Ils sont à peu près de la figure de ceux des chevaliers romains, lesquels étoient les plus agréables qu'on ait jamais portés. Les anciens peintres et sculpteurs distinguoient encore leurs portraits par la différence des habits. et cette différence des habits marquoit aussi la différence des conditions. Mais ceux d'aujourd'hui les confondent dans les ondes d'une pièce d'étoffe ou quelque robe de chambre à la négligence, sur laquelle ils campent une tête, en sorte que le marquis, le chevalier, ou le magistrat portent les mêmes livrées et les mêmes ornements que le marchand ou le plus simple ouvrier, et toutes ces conditions sont confondues sous les mêmes apparences, et cet usage n'ayant point d'autre fondement que le caprice de quelques peintres, il sera blámé un jour à venir par tous les sages, qui seront amateurs d'étudier la subordination des personnes de ce siècle. Je dirai encore qu'outre la physionomie, l'expression des passions qui marquent la vie et don

nent la grâce à un portrait, aussi bien que les cheveux et les habillements, il y a encore une circonstance qui en donne beaucoup, c'est de donner une belle attitude aux portraits; celle-ci aide beaucoup à les perfectionner, mais on la doit donner suivant les conditions, par exemple celle d'un maréchal de France, qui doit tenir un bâton à la main et être armé en homme qui commande les armées avec un air fier, ne conviendroit pas à un docteur, qui doit être dans sa bibliothèque, appuyé sur sa table ou sa chaise, un livre à la main; ni celle d'un magistrat avec celle d'un courrier qui bat la campagne, parce que ces différentes conditions demandent différence d'attitudes et d'habillements, afin de marquer les distinctions nécessaires dans les portraits, malgré l'usage corrompu de ces derniers temps... »

Vous venez de lire à peu près tout ce qu'on ait écrit en théorie sur les beaux-arts en Basse-Normandie durant les deux derniers siècles, la plupart des savants hommes de ce pays-là n'ayant entendu parler de la peinture (je vous l'ai dit) que par le fameux chapitre de Pline, ou, moins que cela, par Plutarque et Rollin, ainsi qu'il est trop facile de le voir par le discours sur la naissance et le progrès des sciences et des arts de Porée, curé de Louvigny, frère du célèbre Père Porée, le poëte comique latin, discours inséré dans les Nouvelles littéraires de Caen (1744) et où l'on trouve pourtant ce cri d'orgueil patriotique : « A quel degré la gloire des beaux-arts n'est-elle pas montée dans ces derniers siècles? Quels chefs-d'œuvre de peinture et de sculpture une noble et utile émulation n'a-t-elle pas produit depuis un siècle? Si la France n'a pas encore surpassé l'Italie, elle a égalé la Flandre, et donné des concurrents aux grands maîtres que l'une et l'autre ont tant vantés. Que peut-on même nous opposer qui approche de l'art d'employer la laine et la soie avec une délicatesse qui égale presque celle du pinceau? (Manufacture des Gobelins).

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Page 37, ligne 5.

M. Jules Renouvier, dans son beau et excellent livre des Types et des Manières des Maîtres Graveurs, XVI° siècle, (Montpellier, 1854), p. 213, a étudié, jugé et loué les « Termes d'hommes et de femmes de Hugues Sambin, dessinés dans ce caractère de grandeur sombre que MichelAnge avait créé. On disait à Dijon que le petit Hugues ou Huguet (il était fort petit de taille) avait été l'élève et l'ami de Michel-Ange. » Nos lecteurs connaissent sur ce point nos réserves; mais nous sommes pleinement d'accord avec M. J. Renouvier, quand il ajoute : « Il est certain qu'il avait profondément étudié ses ouvrages; on ne trouverait pas dans l'école italienne un dessinateur qui rende avec plus de crânerie des Grâces ou des Satyres en cariatides. »

INDEX DU TOME TROISIÈME.

NICOLAS QUANTIN, de Dijon..

GABRIEL REVEL et JEAN REVEL.

HUGUES SAMBIN, de Dijon.

JEAN DUBOIS, Sculpteur dijonnais.

CHARLES ERRARD le père, peintre, né à Bressuire.

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Description d'un exemplaire de ce livre, et observations sur une
lettre du Poussin.

M. de Chambray et ses frères MM. de Chantelou..

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Comment fut publié en France le Traité de Léonard de Vinci sur la
Peinture. Trichet du Fresne et Chambray; Errard et Poussin. 158

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146

Chambray dédie au Poussin sa traduction du Traité de Léonard..
Quelques mots sur le cabinet de peintures du Cavalier del Pozzo. . 149
Où est la copie manuscrite du Traité de la Peinture de Léonard, ornée
des dessins de Nicolas Poussin.

Quelles étrivières reçut M. de Chambray pour avoir publié le Traité
de Léonard, et que pensait le Poussin de ce Traité.
gleries de maître Abraham Bosse.

Felibien rêve, lui aussi, de publier le Léonard.

Les papiers de Léonard.

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155

-

Les espiè-

161

168

173

185

Des observations du Poussin sur la Peinture et des Conférences de

l'Académie royale.

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