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8 NOV 1971

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SOCIÉTÉ DES SCIENCES MORALES, DES LETTRES ET DES ARTS

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Vos travaux ne sauraient rester indifférents à tous les hommes d'intelligence qui se préoccupent des intérêts élevés de la Philosophie et de la Morale, de l'Histoire et des enseignements qu'elle donne, de la Littérature et des Beaux-Arts, ces gloires d'un pays qui, comme le nôtre, est à la fois la tête et le cœur de la civilisation.

Lorsqu'on parcourt, comme je l'ai fait, vos publications, on reste pénétré de reconnaissance pour des efforts qui ont pour but la recherche de tout ce qui a été grand et utile dans le passé, qui ont pour objet le développement des sentiments qui doivent, en les inspirant, rendre les travaux de l'esprit profitables à la société, nobles et respectables aux yeux de tous.

C'est, en effet, dans l'amour du beau et du bien, dans l'amour des saines idées de moralité que l'on puise ces grandes et pures inspirations qui appartiennent aux sphères élevées de l'intelli

TOME IV.

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gence: elles enfantent de ces œuvres qui durent co.ame la vérité, elles consolent l'humanité de ces productions, inspirées par l'esprit de vertige et d'orgueil, qui vivent peu et finissent par être maudites comme le mensonge.

Votre dernier et si éclairé président vous disait dans un discours qui est sans doute encore présent à vos souvenirs, et avec cette éloquence que vous lui savez tous: « Il est temps de nous rappe« ler que les écrivains ne sont pas les maîtres du public, mais « que le public est le maître des écrivains. Il faut qu'au lieu de << nous laisser corrompre la conscience et troubler la raison, nous rappelions sévèrement au sens commun et à la morale des au«teurs faits pour obéir et non pour régner. »>

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C'est aux compagnies savantes comme la vôtre, Messieurs, c'est à ces réunions d'hommes dont la raison ne se trouble jamais, parce qu'elle s'éclaire toujours des principes de moralité qui élèvent et fortifient toutes choses; c'est à ces hommes d'intelligence, de cœur et d'étude qu'il appartient de surveiller et de signaler à la justice du bon sens du public « les esprits faux et les «malhonnêtes gens. »

Les travaux de l'intelligence et du savoir ne sont pas les seuls objets de vos occupations et de votre sollicitude. Vous avez voulu aussi récompenser le dévouement et l'abnégation dans les classes les plus modestes; vous avez cru que ce n'était pas assez d'honorer les pensées élevées de l'esprit, mais qu'il fallait aussi glorifier les nobles actions du cœur, et vous avez été les chercher là où elles sont toutes d'initiative, dans ces classes laborieuses que nous aimons de toute la vivacité d'une estime profondément sentie.

Votre honorable secrétaire-perpétuel fera connaître à l'auditoire éclairé qui nous entoure vos travaux dans l'année qui vient de s'écouler; il lui en fera une de ces analyses qu'il sait toujours rendre attrayantes par la facilité et la rectitude de son esprit; mais ce qu'il ne dira pas, c'est que l'étude des sciences et des lettres n'a pas seulement occupé le plus grand nombre de membres de votre Société, que leurs sympathies se sont associées dans un moment où bien des misères étaient à soulager, aux efforts qu'avaient entrepris des hommes de bien pour venir en aide à ceux

qui avaient besoin d'être secourus. Nous pourrions citer, si la charité ne demandait qu'à être ignorée, telle association de bienfaisance qui comptait cet hiver plusieurs d'entre vous, Messieurs, parmi ceux qui la dirigeaient avec le plus d'activité.

Ce sont des exemples pratiques de vertus sociales qui vous ont été légués sans doute par ceux qui vous ont précédés dans votre Société; mais ils ne méritent pas moins une réelle reconnaissance.

Messieurs, les travaux de l'esprit qui s'appuient sur les saines idées morales et qui s'allient à la pratique des sentiments de dévouement fraternel envers ceux qui ont besoin d'être éclairés et secourus, sont, dans notre patrie, depuis longtemps en honneur ; mais ils doivent l'être sur-tout à une époque où le Gouvernement n'aspire qu'à étendre les conquêtes nobles et pacifiques de l'Intelligence, des Arts et de l'Industrie; à une époque où il s'efforce de favoriser le développement des principes religieux et des améliorations sociales; à une époque où il ne prend en main l'épée glorieuse de la France que pour faire respecter le droit, l'équité, la justice, et apprendre au fort à observer la foi jurée au faible.

Discours prononcé par M. PLOIX, Président annuel.

MESSIEURS,

Vingt ans se sont écoulés depuis que plusieurs de nos concitoyens, animés du désir de seconder le mouvement alors imprimé aux intelligences, formèrent cette Société dans le but de propager autour d'eux le goût des études qui intéressent le philosophe, le littérateur et l'artiste.

Elever l'ame, disaient-ils, seconder le jugement, en appliquant à des questions ou à des époques spéciales les principes de la philosophic pure, de la morale, de la législation, de la littérature et des beaux-arts, les enseignements positifs de la statistique, de l'archéologie et de l'histoire, telle sera la loi de cette Société. »

Depuis cette époque, la mort a décimé ses fondateurs, les évé

nements en ont fixé d'autres loin de nous; mais la Société et la pensée qui l'a inspirée subsistent encore. Créée dans des temps paisibles, les révolutions, qui ont détruit tant de choses, ne l'ont point emportée dans leur cours; les guerres lointaines, moins terribles que les guerres civiles, ne la troubleront pas. Au bruit des armes comme au milieu des douceurs de la paix, fidèles à votre institution, vous maintiendrez le goût de ces communications tantôt savantes, tantôt moins graves, mais toujours instructives, entremêlées quelquefois de discussions sérieuses et amicales, où l'expression franche de l'opinion littéraire n'a nui jamais à l'urbanité. Dans les œuvres de nos jours comme dans ceux des siècles passés, vous savez distinguer le bon et le vrai du mauvais et du faux, et conserver ces traditions fortes et salutaires qui ont conquis dans le monde à nos arts et à notre littérature une place si brillante et si légitime.

Qui les connaissait mieux, qui pouvait mieux nous en offrir le précepte et l'exemple que cet honorable président auquel vous prêtiez l'année dernière une oreille si attentive? Dans un discours où brillaient, comme dans tous ses écrits, les grâces et le bon sens, M. Rigault, envisageant les causes qui ont semblé précipiter notre pays dans la double décadence du goût et du sens moral, vous signalait le roman contemporain comme ayant exercé sur eux une déplorable influence. Il vous le montrait se glissant dans nos maisons avec les nouvelles politiques et les lettres de nos amis, pénétrant au cœur du foyer, se faisant lire et accepter d'une société qu'il calomniait, et endormant nos ames en les berçant de songes étranges jusqu'au moment d'un terrible réveil.

Mais le roman est-il la seule branche de littérature qui ait, comme on l'a dit, faussé les esprits, corrompu les cœurs, et porté la perturbation jusque dans l'état lui-même ? Des voix justes et sévères ont souvent accusé la littérature dramatique. L'histoire ne peut-elle revendiquer aussi une large part dans des aberrations morales, dont elle peut être considérée comme l'auteur ou la complice? L'indulgence avec laquelle vous avez accueilli, Messieurs, quelques appréciations historiques, que j'ai eu l'occasion de vous soumettre, m'encourage à le rechercher.

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