sur la rive gauche de la Seine. Cette petite ville, de nos jours si obscure et si paisible, a pourtant joué autrefois un rôle politique dans la paix et dans la guerre, et ne laissait pas d'avoir une importance bien plus grande qu'aujourd'hui. Elle possédait un château royal, où résidait souvent la cour; elle fut un moment le siége du Parlement, des assemblées générales du royaume; elle eut ses fêtes solennelles, royales, civiles et religieuses. Aussi les nombreux souvenirs qu'elle rappelle, et l'occasion que nous avons eue de trouver dans une fouille récente quelques je tons ou médailles peu connnus, nous ont inspiré l'idée d'éclairer par la numismatique et la paléographie quelques points obscurs ou controversés de son histoire.

Issu d'une famille à la fois normande et provençale, et amené par le hasard dans ses murs, nous n'avons pu nous défendre de l'idée, que l'histoire de la petite ville des confins de la Normandie présente plus d'un point d'analogie avec celle de la ville d'Aix en Provence. Et véritablement, le souvenir de leur éclat passé, et les vieux documents que l'on retrouve sur chacune d'elles, offrent souvent le même caractère, et excitent le même intérêt; par exemple, les poésies de ce prince ménestrel, Thibault, quoique comte de Champagne, l'adorateur de la Reine Blanche, composées en partie à Mantes, peuvent aussi bien être considérées comme des poésies nationales de ce pays, que celles, entre autres du poète mantais, Guillaume le Breton, l'historien de Philippe-Auguste.

Il est reconnu qu'en général la numismatique est d'un grand secours pour constater l'authenticité d'un fait historique. Une médaille, un jeton trouvés par hasard dans une fouille servent souvent à rectifier des erreurs commises par les historiens, souvent même révèlent des choses jusqu'alors inconnues. De vieux sceaux avec les chartes ou les

bulles auxquelles ils sont appendants, perdus et retrouvés ou tirés des archives dans lesquelles ils sont enfouis, donnent une valeur nouvelle à des faits restés sans importance. L'étude à laquelle nous allons nous livrer, en fournira une nouvelle preuve.

Par exemple quelques vieilles monnaies du temps d'Eudes, de Louis VI, de Louis VII, nous fourniront des renseignements plus positifs que les vagues et hypothétiques assertions émises par les historiens sur la haute antiquité de Mantes-la-Jolie. Des sceaux qui remontent aux règnes de Fhilippe-Auguste, de Louis IX, de Philippe-le-Bel, etc., nous dévoileront des détails curieux sur l'origine et le type primitif des vieilles armoiries de cette ville,rectifieront des erreurs commises par les auteurs, et ne permettront plus d'attribuer à Charles VII ce qui appartient réellement à Philippe-le-Bel, etc., etc. D'autre part, et c'est ce qui doit surtout ici exciter notre intérêt, la série des jetons peu connus, conservés à la bibliothèque impériale, et qui se rapportent aux règnes de Heuri III et de Henri IV, nous révèlera des faits intéressants pour l'histoire locale; car ces jetons nous amèneront à reconnaître, d'un côté, le rôle que Mantes a joué dans la Ligue, de l'autre, la part active que cette ville a prise à la conversion de Henri IV, à son avènement au trône, et par suite à la pacification générale de la France.

Il est inutile de reproduire ici toutes les vagues assertions avancées sur la haute antiquité de Mantes-la-Jolie; il est constant que des substructions antiques, des monnaies, des médailles celtiques et romaines, des jetons, des vases, des tombeaux découverts à diverses époques sur le territoire de cette ville ou de ses environs, prouvent évidemment que toute la contrée fut habitée dès les siècles les plus reculés.

PL.I

MONNAIES ET MEREAUX DE LA VILLE DE MANTES.

Empreintes des Exemplaires de la Bibliothèque Impériale.