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Bel. C'est ce prince qui, pour mettre un frein au pouvoir féodal lui opposa le Tiers-État auquel il voulut donner un gage de son alliance. Il assembla les premiers conseils généraux, où vinrent siéger les députés des communes ; en 1307 il fit arrêter les templiers, instruire leur procès, et, de concert avec le pape Clément V, il prononça l'abolition de cet ordre. Il favorisait les communes, leur accordant des privilèges, ainsi que cette époque de l'histoire nous en fournit la preuve dans la contestation du Prieur de Saint-Juziers avec la commune de Mantes, et dans l'édification sous ce règne de l'élégant portail de la tour méridionale, par le maire et les pairs de la commune, qui, suivant les annalistes de la ville, y firent placer leurs statues en pierre sous les attributs des saints leurs patrons.

On ne doit donc pas s'étonner de rencontrer sous ce règne l'origine du sceau que nous trouvons au bas de l'acte de 1307. Ce sceau représente à leur naissance les armoiries de notre ville; seul il suffit pour prouver que le mi-chêne entier dans sa hauteur doit figurer dans l'écusson, au lieu du simple et maigre rameau qui se remarque sur quelques modernes sculptures de la ville. D'après la disposition du sceau précédent, les armes actuelles de Mantes, si l'on veut leur conserver le caractère de leur antique origine, doivent porter le mi-chêne arraché. Ces armes viennent de l'ancien sceau du grand prévôt de cette ville en 1307. Elles ne portaient sans doute alors que l'arbre. Elles furent combinées dans le sceau du grand prévôt avec la fleur de lis de France. Et plus tard la ville garda ce même sceau comme celui de la commune; seulement elle changea la légende, et retrancha les deux petites fleurs de lis cantonnées, qui se trouvaient sur le sceau de 1307, et cela sans doute afin de lui donner plus de symétrie.

S'il est évident que l'écusson actuel mi-fleur de lis et mi-chêne arraché remonte à Philippe-le-Bel, il nous a été impossible jusqu'à présent de suivre les vicissitudes qu'il a dû subir pour arriver de 1364 à 1570. Ni la numismatique ni la palæographie ne nous ont fourni de documents à ce sujet.

La tradition peut en avoir été interrompue pendant ces temps de guerre où la ville fut le point de mire des parties belligérantes, et se trouvait sans cesse en danger de tomber au pouvoir des rois d'Angleterre ou de Navarre. Elle était en effet sous la puissance de Charles le Mauvais, roi de Navarre, lorsqu'elle fut reprise en 1364 par BertrandDuguesclin pour le compte du roi de France (1). En 1416,

(1) Quelques personnes prétendent que les anciens vitraux de l'église Notre-Dame de Mantes ont été à cette époque enlevés en tout ou en partie par Bertrand-Duguesclin, et transportés en Bretagne dans l'église de la petite commune des Iffs (canton de Bécherel, arrondissement de Montfort, Ille-et-Vilaine). Voici quelques renseignements à ce sujet.

Il existe en effet dans cette église de magnifiques vitraux sur l'origine desquels on ne possède aucun document. Tout le monde s'accorde à dire qu'ils datent du XIVe siècle. Ils sont réparés à neuf depuis trois ans et font l'admiration de tous les amateurs, qui viennent en grand nombre les visiter. Ils occupent six grandes fenêtres. La vitre principale est placée dans le fond, derrière le Maître-Autel; elle retrace la passion de Notre-Seigneur. Parmi les cinq autres qui contiennent des sujets divers, nous appellerons l'attention sur l'une des trois vitres placées dans la chapelle méridionale du sanctuaire : elle représente une ville assiégée, les habitants sortent en foule pour se défendre, l'armée assiégeante porte un étendard qui est d'après les uns celui de Duguesclin, et d'après les autres un étendard romain, l'aigle noir écartelé. Plusieurs connaisseurs disent que c'est la prise de Mantes par Bertrand-Duguesclin. D'autres en plus grand nombre sont d'avis que c'est la conversion de saint Paul, près la ville de Damas. Ils se fondent sur ce qu'au bas de la vitre se trouve un personnage guerrier renversé de dessus son cheval, portant les yeux et les mains jointes vers le ciel, où se voit Notre-Seigneur placé au haut de la vitre. Ce guerrier démonté pourrait aussi rappeler, selon nous, Guillaume le Conquérant au siége de

sous Charles VI, Mantes retomba au pouvoir des Anglais, et y resta jusqu'en 1449, époque à laquelle Charles VII en reprit définitivement possession. Ce fut sans doute alors que ce roi, en rendant à la ville ses anciens droits et priviléges, lui rendit également le sceau qu'elle tenait de Philippe-leBel; il fit seulement subir à ce sceau une légère modification, afin de lui donner plus de symétrie, en retranchant les deux petites fleurs de lis latérales, que nous avons vues sur le sceau de 1307. C'est probablement pour ce motif que l'on a été induit en erreur, et qu'on lui a rapporté exclusivement les armes que la ville a conservées depuis cette époque jusqu'à nos jours.

A compter de Charles VII, Mantes cessa d'être tour à tour prise et reprise, pillée, saccagée et même brûlée par les partis contraires, et plus d'un siècle s'écoule sans qu'il soit question d'elle dans les annales de l'histoire. Elle retrouve un instant quelques jours de gloire sous Henri III et Henri IV; mais bientôt elle retombe dans l'état obscur et paisible, d'où elle n'est guère sortie depuis.

V.

Jetons historiques de la ville de Mantes.

Un jeton est historique quand il rappelle le souvenir

Mantes, en 1087, bien que rien dans le tableau n'indique un incendie (réflexion de l'auteur). Tel est le résumé succinct des renseignements qui nous ont été fournis par M. le curé de la commune des Iffs, et que nous a transmis M. Duchatellier de Kornus, ancien membre titulaire, actuellement correspondant de la société. « Je sais, dit M. le curé en terminant sa lettre, du 29 janvier 1858, que Duguesclin a été propriétaire du château de Montmurau, par son mariage avec Jeanne de Laval. Mais y a-t-il apporté les vitraux de l'église, ou sont-ils venus d'ailleurs? Voilà ce que j'ignore. »

d'un fait important. On a frappé, dit M. Chéruel (1), des jetons historiques, dont la série commence à Louis XIII. Le premier de ces jetons a rapport à un acte public et solennel par lequel ce roi consacra sa personne et la France, et les mit sous la protection spéciale de la sainte Vierge, etc.

Mais ces jetons se multiplièrent principalement sous Louis XIV (2). Cette assertion de M. Chéruel n'est pas exacte. Il existe des jetons du sacre de François Ier; et on lit dans Philibert Lebas (3) qu'on frappa sous Henri III des médailles fort curieuses. Les jetons dont nous allons parler nous en offrent de leur côté des exemples.

Ces jetons appartiennent aux règnes de Henri III, de Henri IV et de Louis XIV. Il ne paraît pas que Mantes en ait frappé à d'autres époques. C'est du moins ce qu'on peut induire de l'absence complète dans les fouilles de pareils documents (4).

Les jetons des règnes de Henri III et de Henri IV sont historiques. C'est ce que nous nous proposons de démontrer. Rien n'indique en effet qu'ils aient servi de monnaie et encore moins de simples jetons de compte. Les derniers du règne de Henri IV seulement ont pu servir de jetons d'étrennes faites au roi par Sully. Quant aux jetons de compte, ils sont bien différents, ainsi qu'on peut en juger par l'exemplaire ci-joint trouvé dans la localité (5). (Pl. V,

(1) Dictionnaire des Institutions, mœurs et coutumes de la France, Paris, 1855, art. jeton.

(2) Claude-François Ménestrier a fait l'histoire de ce roi, d'après les jetons, médailles, emblêmes et devises de l'époque.

· (3) Dictionnaire Encyclopédique, art. Henri III (monnaie), ibidem, art. jeton.

(4) On possède seulement quelques exemplaires de jetons sans importance, appartenant à divers corps d'état.

(5) Ces jetons de compte si fréquemment employés au moyen-âge se

fig. 3.) Nous allons tâcher ici de rapporter ces jetons aux évènements contemporains à l'occasion desquels ils ont été frappés. Ceux de Henri III, et en partie ceux de Henri IV ont leur cause dans les troubles de l'époque à la fois politiques et religieux, Les autres retracent quelque fait particulier, soit au gouverneur soit au maire de la ville.

JETONS FRAPPÉS SOUS LE RÈGNE DE HENRI III.

Ces jetons sont au nombre de trois, et portent pour dates: 1576, 1579 et 1585. Il existe une double variété de ce dernier avec une contrefaçon allemande.

JETON DE 1576, une variété (1). Pl. III, fig. 1.

Droit. Légende. A. SE. IPSA. QVERCVM. RETINET. REX. LILIVM. ADAVXIT. Dans le champ: demi fleur de lis et demichêne arraché dans un écu formé de lambrequins.

Revers. Légende: SIC. JVNCTA. QVERCV. LILIA. MANTA. GERIT. Dans le champ un chien couché, tourné à droite, la tête levée de face. Au-dessous, FIDELIS. COMES. Exergue 1576; en bas, une croix.

JETON DE 1579, une variété (2). Pl. III, fig. 2.

Droit. Légende: STELLA. DVCE. SECVRE. Dans le champ : Ecu en accolade, portant en chef un limier courant surmonté d'une étoile. En pointe, un massacre ou rencontre de cerf. Cimier, une tête humaine. Lambrequin, une

fabriquaient partout. Mais la manufacture la plus renommée était celle de Nuremberg. Aussi presque tous les jetons que l'on rencontre en France viennent-ils de cette ville. Si les légendes qu'on y lit sont ordinairement en allemand, les types sont pour la plupart français. Les fabricants avaient en général le bon esprit d'adopter les empreintes qui avaient le plus de vogue dans les pays pour lesquels ils travaillaient. (Philibert Lebas, art. jeton.)

(1) Exemplaire de la Bibliothèque impériale.

(2) Exemplaire de la Bibliothèque impériale.

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