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De ces mystiques rêveries
Dont les corps sont des pierreries,
Et qui ne veulent pour prairies

Que l'azur, empire des dieux.

III.

Mais voici qu'ils se sont arrêtés sur un faîte
Et qu'on entend soudain frissonner la tempête.
A gagner les hauteurs où le ciel est serein

Ils épuisent leur vol. La rafale sans frein

Les prend et vers le sol les pousse avec la nue.

Ils tombent tout meurtris sur la terre inconnue.

Dans le feuillage impur, mes doux oiseaux, pourquoi
Être venus déchoir de votre essor de roi?

Par un rire infernal raillant vos épouvantes,

Des hommes au teint noir, sur vos lueurs vivantes
Se sont rués; et vous, l'emblême des splendeurs,
Vous êtes an pouvoir de toutes les hideurs.
Ces ailes qu'on prendrait pour les ailes d'une ame,
Ce plumage plus fin que des cheveux de femme

Et qui, langoureux, tombe, ainsi qu'un pleur d'amour,
Rien ne peut vous sauver; car l'homme est un vautour
Dont l'ongle sans pitié n'ignore aucun supplice.
De peur que, par la mort, votre éclat ne pâlisse
Et que vous n'ayez plus vos grâces de l'éther,

On va vous embaumer vivants. Déjà le fer
Entre rouge dans vos entrailles. L'agonie
Vous convulse un moment. Hourra! L'œuvre est finie.
Et maintenant, allez, cadavres de beauté !

Le monde vous attend comme une volupté.

Le peintre au doux pinceau vous mettra sur l'épaule D'un ange, devant Dieu, s'inclinant comme un saule; Ou bien, d'une marquise ornant le front charmant, Vous serez effleurés des lèvres d'un amant.

IV.

Oiseaux de paradis, pour le penseur austère,
Martyrs, vous figurez tout ce qui sur la terre
Reflète la splendeur céleste. Comme vous,
Quiconque veut planer se brise au sol jaloux.
Et c'est pourquoi la vierge, en un songe endormie,
Se réveille séduite et tombe à l'infamie.

Et c'est pourquoi ton cœur, triste comme le mien,
Sur l'Italie esclave, ô grand Italien,

Exhala le sonnet qui, sombre dans ses charmes,
Maudit tant de beauté, source de tant de larmes.

Ainsi le veut celui qui fait tout à son gré;
Victimes de l'amour qu'elles ont inspiré,

N'importe où ni comment, toutes les belles choses
Servent de proie à l'homme, ardent faucheur des roses,

Et s'en allant tomber sous ses désirs maudits,

Ici-bas, sont autant d'oiseaux de paradis.

J'ai du pain! Reviens, ma fierté,
Reviens, ma virile attitude :
La Faim, c'était la servitude,
Et le pain, c'est la liberté.

Aux soins du corps l'ame abaissée
Vers le ciel ne prend plus son vol;
La faim nous traîne sur le sol;
Le pain relève la pensée.

Au fond de mon cœur abattu
Où l'amour du bien se déprime,
La faim met le vice ou le crime :
Le pain me rend à la vertu.

Ainsi, contre ce qui m'affame
Quand Dieu couronne mes efforts,
En me donnant le pain du corps,
Dieu me donne le pain de l'ame.

Avant de partager ce pain
Quand j'y trace la croix divine,
Si ton cœur, enfant, me devine,
Ta main imitera ma main.

II

Dans la croix sont les armoiries
Du Prince éternel notre appui ;
Sur tout bien qui nous vient de lui
Quand tu mets sa marque, tu pries.

J'offre la croix ; c'est mon encens

Malgré les vains rires du monde ; Dieu qui tient nos cœurs et les sonde.

De mon signe connaît le sens.

Dans la famille il est une heure
Où le père, avec le couteau,
Va détacher l'humble chanteau,
Nourriture de sa demeure.

La pointe, avant que le tranchant
Donne à chacun sa part de vie,
Court; elle est de la croix suivie ;
Son bruit plaît à Dieu comme un chant.

Le pain accomplit la promesse ;
La croix atteste notre amour;
La croix, dans tout pieux séjour,
Vaut sur le pain prière ou messe.

La croix sur le pain est le sceau
Qui, sur la table hospitalière,
Même en la plus humble chaumière,
Marque un charitable morceau.

A l'indigence ouvrons la porte,
Car, devant le maître des cieux,
Ce qui du pain nous vaut le mieux,
C'est la part que le pauvre emporte.

Si hauts que brillent nos destins,
La croix porte au ciel notre hommage;
Le pain doit au pauvre un fermage,
Si maigres que soient nos festins.

Souffre, travaille, prie et donne ;
Sous ces quatre lois tu tombas
Quand Dieu fit descendre ici-bas
La faim, le pain, la croix, l'aumône.

Avant de partager ce pain
Quand j'y trace la croix divine,
Si ton cœur, enfant, me devine,
Ta main imitera ma main.

LE JOUR DE SA PREMIÈRE COMMUNION,

PAR M. MONTALANT-BOUGLEUX,

MEMBRE TITULAIRE.

ENFANT!...

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Non, plus enfant ; te voici grande fille,

Puisque l'Esprit d'en-haut, dont pour toi le feu brille,
De l'aliment céleste a nourri ta raison;

Puisque, de ses élus trouvant sur toi le signe,
Dieu, qui de ses faveurs aujourd'hui te voit digne,
A visité ton ame en sa jeune maison ;

On t'a donné le dogme, il faut chercher l'exemple;
Retourne à la famille en revenant du temple;
Le prêtre et les parents sont ministres de Dieu.

Va, pour sanctifier cette vie éphémère,

Du giron de l'Eglise au giron de ta mère ;

Le foyer paternel est encor le saint lieu.

Car la voix des parents, c'est l'écho de Dieu même,
Leur regard, un rayon de la clarté suprême,
Leur présence une égide, et leurs bras des soutiens.
L'amour des bons parents, notre plus sûr asile,
Rend le mal plus léger, la vertu plus facile.
Bénis, bénis le Ciel, qui t'a donné les tiens.

Pour moi, je les chéris, et j'aime en toi leur fille.
Tu porteras toujours la joie en leur famille,
Si de former ces vœux je mérite l'honneur.
J'ai vieilli, j'ai souffert; à l'humaine faiblesse
Douleur, âge, amitié rendent quelque noblesse ;
Mon bras, tendu sur toi, peut te porter bonheur.

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