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rieuse et Laurent de Médicis fut blessé dans un combat; il s'en suivit du trouble à Florence, mais on le comprima par la force et par l'exil de vingt-cinq citoyens, et l'éloignement momentané d'un nombre égal, qui furent relégués dans leurs villas. Pendant ce temps, Florence, gouvernée par Goio de Pistoja, d'après l'ordre du pape, était pressurée par tous ceux qui occupaient les places importantes; les impôts étaient devenus écrasants à cause de la guerre, les mariages convoités pour s'enrichir, l'expropriation de biens arrachée de force, en faveur des voisins puissants qui ne payaient, et à leur aise, que d'insignifiantes indemnités; mais 1 guerre eut une fin, par l'intervention de la France et de l'Espagne, qui firent accorder au duc d'Urbin, François-Marie, une indemnité pour l'abandon de ses Etats.

Laurent de Médicis, revenu à Florence, partit bientôt pour Paris, pour aller se marier avec Madeleine, fille et héritière du duc de Boulogne, de la maison de Bourgogne. François Vettori et Philippe Strozzi, qui l'accompagnaient, lui conseillèrent de se faire duc de Florence. Le projet lui sourit; il alla à Rome le communiquer au pape; mais il fut mal reçu et vertement réprimandé. Depuis ce moment Laurent se montra mécontent et dégoûté ; livré à une vic déréglée et tourmenté par une maladie vénérienne, il mourut le 5 mai 1519; sa femme l'avait précédé dans le tombeau dès le 11 avril de la même année, à la suite des couches où elle donna le jour à Catherine, depuis reine de France.

Pitti fait connaitre ici le changement qui s'opéra dans les idées du pape, par rapport à Florence et à la politique en général. Léon X songea sérieusement à rendre aux Florentins la jouissance de leur première liberté. Il commença par annexer à leur territoire Montefeltro et Saint-Leo, avec soixante châteaux du duché d'Urbin qu'il leur céda en à compte sur les 350,000 ducats qu'ils avaient dépensés pour aider l'Eglise à faire cette conquête. Il se décida ensuite à mettre à exécution son projet de chasser l'une après l'autre les deux puissances (la France et l'Espagne) qui se disputaient l'influence sur l'Italie. Il voyait du côté de la France un roi guerrier, avide de gloire, plein d'habileté (buono di consiglio), ayant de l'argent, une armée regardée à juste titre comme la meilleure de l'Europe à cette époque, lié à Venise, recevant des contingents de troupes suisses, possédant Milan, et ayant les Génois à ses ordres; mais il voyait aussi les peuples soumis aux Français et les princes italiens fatigués de leur fierté et de leur avarice. Léon X, jetant ses regards sur l'Espagne, voyait un roi maitre des Flandres et de Naples, jeune homme de vingt ans et sans expérience qu'il pouvait s'attacher facilement pour reprendre le Milanais, y restaurer le duc, délivrer Gênes, et chasser les Français de l'Italie; il pensait ainsi s'attirer sa reconnaissance en l'aidant à expulser son rival. Les Florentins, en recouvrant leur liberté par le pape, ne se tourneraient plus vers la France; les marchands établis dans ce pays n'oseraient pas attaquer cette mesure, et les partisans du gouvernement de la république, vu leur petit nombre, ne pourraient la combattre, privés qu'ils seraient de l'appui de l'empereur Charles V.

Léon X suivit son penchant pour l'Espagne, espérant aussi rattacher au domaine de l'Eglise Parme et Plaisance et fortifier le duc de Milan.

Mais, pour mieux masquer son projet, il convint avec le roi de France de partager entre eux le royaume de Naples et d'en chasser les Espagnols. François Ier poussa son armée en Espagne, alors en révolte, pendant que le pape faisait à Rome un traité d'alliance avec le roi d'Espagne.

Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce traité, du 17 janvier 1519, c'est que la république de Florence s'y trouve comprise comme un Etat dont le pape peut disposer, et comme une dépendance des Etats de l'Église; les Suisses y figurent comme amis et comme faisant partie de la ligue ; enfin on assure au duc d'Urbin, neveu du pape, la protection des parties contractantes.

Ce traité fut mis à exécution; les troupes réunies du pape et de l'Espagne s'emparèrent de Milan, où le duc fut rétabli. Parme et Plaisance retournèrent à l'Eglise, et Léon X, après avoir reçu avec joie la nouvelle de ces succès, mourut le 1er décembre 1521.

La mort prématurée du pape l'empêcha d'accomplir la réforme de la république. Le cardinal de Médicis, toujours attaché au gouvernement de Florence, essaya de l'entreprendre l'opposition qu'il rencontra chez les nobles fut acharnée; il se rejeta, pour réussir, sur le parti du frère Savonarola (démocratique) (1). On arrêta un projet qui approchait de celui que l'on avait mis en pratique eu 1512; nous croyons inutile de le rapporter, attendu qu'il n'eut pas lieu, quoique l'ordonnance fût signée, ce qui n'empêcha pas Alex. de' Pazzi, auteur du projet, de publier une oraison latine par laquelle il remerciait le cardinal, au nom du peuple florentin, de lui avoir rendu la liberté.

Nous ne croyons pas devoir rapporter toutes les intrigues qui se croisaient en tous sens, suivant l'auteur, soit pour arracher au cardinal de Médicis le' gouvernement de Florence, soit pour l'empêcher de donner suite à son projet de réforme.

On eut recours même à l'assassinat, qui devait s'exécuter le jour de la FêteDieu, jour où l'on pouvait approcher facilement du cardinal; mais le courrier qui venait de Rome avec les lettres pour les conjurés fut arrêté; deux d'entre eux furent décapités; on mit à prix la tète des deux autres, qui avaient pris la fuite; neuf furent déportés, et le courrier se vit condamné à l'emprisonnement à vie. Le cardinal fut effrayé de cet attentat contre sa vie et abandonna son projet.

En 1523, le pape Adrien, élu après la mort de Léon X, ne fit que passer d'Espagne à Rome; il ne vécut pas longtemps. Cependant, dit notre auteur, il entra dans la ligue qui se forma contre la France, entre lui, l'empereur, le roi d'Angleterre, l'archiduc d'Autriche, le duc de Milan, le cardinal de Médicis, avec les Florentins et les Génois, pour s'opposer à la marche de François Ier sur l'Italie. Mais celui-ci ne put être arrêté que momentanément par la conjuration (1) L'auteur Pitti donne à ce parti tantôt le nom de Frateschi, tantôt celui de Ciompi, Arrabbiati, Libertini, ou partisans du frère Savonarola, boiteux, enragés, libéraux.

du dac de Bourbon contre lui. En attendant, Adrien meurt et le cardinal de Médicis est élu pape sous le titre de Clément VII. Celui-ci envoya 20,000 ducats pour son compte et 30,000 pour celui de Florence à la ligue, mais il déclara qu'il se tiendrait dans la neutralité. Il reprit ensuite son projet de réforme de la république de Florence; ensuite il songea plus à son intérêt personnel qu'aux affaires de la république.

L'auteur Pitti nous fait connaitre que le pape se rappelait très-bien que sa famille avait grandi à la faveur du peuple, mais pour se rendre populaire il rencontrait des obstacles insurmontables. Sa famille et ses partisans avaient été gorgés d'honneurs et de richesses par Léon X; le luxe qu'ils déployaient à Rome, les bâtiments somptueux qu'ils élevaient, les châteaux qu'ils avaient reçus en récompense de leur dévoument, la haine qu'avait le peuple pour eux et pour la famille de Médicis, étaient des causes qui ne permettaient pas au pape d'agir librement pour gouverner Florence, et le parti qu'il prit mécontenta tout le monde. Il confia le gouvernement à Alexandre de Médicis, son fils, qui passait publiquement pour le fils du duc Laurent. Il était sous la direction du cardinal de Cortone, homme à manières brusques, choisi exprès pour mettre à la raison les seigneurs.

Nous ne reproduirons pas les récits que fait l'auteur sur la guerre et sur la politique; nous nous bornons à dire que François Ier, à la suite des événements de la guerre, avait été fait prisonnier par les Espagnols; qu'il se délivra au bout d'un an, en donnant ses deux fils en otage; que ces succès de l'Espagne avaient effrayé tous les princes italiens, et que l'on commença à combattre cette puissance, avec laquelle le pape se trouva aux prises tout seul.

Nous ne suivrons pas l'auteur non plus sur la conduite indigne du duc de Bourbon envers le pape et envers la ville de Rome, qui fut livrée au pillage, et nous revenons à Florence.

La puissance des Médicis, malgré l'appui du pape, n'était qu'éphémère; on peut en avoir la preuve daus le fait suivant. On répandit un jour le bruit que les Médicis s'étaient échappés de Florence; un mouvement populaire eut lieu à l'instant; on tomba sur le palais, on força l'entrée, et on obligea le gonfalonier, malgré sa résistance, à crier à la fenêtre du palais : Peuple et liberté. A peine l'acte de déchéance des Médicis avait-il été rédigé que ceux-ci rentrent en ville. Ils avaient été à la rencontre du duc d'Urbin. La place est prise par les troupes, le palais assiégé, et les révoltés sont forcés de capituler. Sur les remontrances des cardinaux Cibo et Ridolfi, on usa de clémence pour ne pas répandre du sang. François Guicciardini (l'historien), lieutenant du pape, se trouvant présent, fut chargé par les Médicis de rédiger, comme docteur, l'acte par lequel on assurait le pardon et la sûreté aux révoltés; Frédéric de Buozzolo se chargea de le faire signer des deux partis. Néanmoins, celui qui avait rédigé l'acte de déchéance des Médicis et ceux qui avaient sonné le tocsin furent condamnés à une amende de 1000 écus.

Cette échauffourée fut le prélude d'une crise nouvelle. Les nobles, les partisans des Médicis avaient été froissés; ils se retournèrent vers le peuple qui reprenait son ascendant. On n'espérait pas de secours du pape qui était embarrassé.

Le cardinal de Cortona, qui gouvernait à Florence, effrayé de l'isolement dans lequel se trouvait la famille des Médicis, songea à quitter la ville. Il se borna à obtenir quelques priviléges pour les neveux de Clément, et à en sauver les richesses qu'il avait entassées. Il fit partir d'abord son trésor, dont toute l'argenterie des plus riches églises de Florence formait une grande partie : il sortit après, accompagné des jeunes Médicis, de Philippe Strozzi, de Nicolo Capponi et de François Vettori, et alla se fixer à Lucques.

Un mouvement populaire suivit ce départ. La jeunesse s'empara du palais; le gonfalonier se vit obligé malgré lui à faire des concessions pour la calmer ; mais ces palliatifs ne firent qu'augmenter les difficultés, de sorte que la peur produisit son effet. Le seigneurie convoqua les conseils des Soixante-Dix et des Cent, les magistrats et quelques citoyens agréables au peuple, qui arrêtèrent les dispositions suivantes :

1o Les présents seigneurs, comités, conseils des Soixante-dix et les magistrats seront autorisés à élire trente citoyens par quartier.

20 Les métiers inférieurs seront représentés dans ces élections proportionnellement.

30 Ces trente citoyens par quartier, à peine élus, se réuniront aux électeurs susdits et nommeront tous les employés jusqu'à la réunion du grand conseil. 4o Ils seront autorisés à nommer des ambassadeurs, à voter les impôts, et à exercer toutes les autres attributions dont les conseils des Soixante-Dix et des Cent sont investis.

5o Le conseil des Quatre-Vingt sera nommé quatre mois après.

6o Le grand-conseil sera convoqué le 30 juin avec toutes les restrictions et prescriptions que les vingt citoyens, chargés de faire une réforme, jugeront à propos d'adopter.

70 Ces vingt citoyens réformateurs seront élus par le conseil nouveau à la majorité.

Les cent vingt citoyens (trente par quartier), furent élus en effet deux jours après.

« Il y cut, dit l'auteur Pitti, plus de joie que de liberté dans cette mesure; « car les cent vingt électeurs qui formaient ce nouveau conseil étaient presque « tous des amis et des alliés de ceux qui sortaient du gouvernement, qui les avaient choisis. En conséquence, les vingt réformateurs nommés par les cent vingt électeurs étaient l'âme des ennemis du peuple; et, quand même il y eût «< eu des amis de la liberté parmi les cent vingt électeurs, les seigneurs, les « comités et les conseils présentant un nombre à peu près égal aux cent vingt « électeurs, ceux-ci n'auraient pu empêcher que la nomination des vingt réfor

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«mateurs ne fût faite parmi les amis ct adhérents des anciens gouvernants. « C'est par cette combinaison qu'on voulait rendre nul le grand-conseil qu'on « devait convoquer.

« Mais la méfiance du peuple fut tellement grande que, le 20 juin, il se réu« nit et obtint le grand-conseil tel qu'il existait auparavant; au lieu d'apporter des restrictions au grand-conseil, le peuple les apporta au conseil des Quatre• Vingt (ou sénat), auquel il retira le droit de nommer les ambassadeurs et les « commissaires de guerre.

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Ce grand-conseil s'ouvrit à l'instant, et il procéda à la nomination des co« mités de la guerre (dix), de la garde (huit), du sénat (quatre-vingt), des

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« vingt citoyens qui devaient procéder à la nomination du gonfalonier pour << un an et nommer à tous les emplois et toutes les places du dedans et du dehors de la ville. »

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Cette réforme déplut beaucoup à Clément VII. On ourdit un complot, dont François Guicciardini (l'historien) était l'âme, pour la renverser. On gagna le nouveau gonfalonier Capponi, qui entretenait une correspondance secrète avec le pape pour faire rentrer les Médicis à Florence. On passa de la mésintelligence aux hostilités ouvertes entre les Florentins et le pape, du moment que celui-ci se plaignit qu'on refusait de lui envoyer ses revenus et un ambassadeur près de

sa cour.

Le gonfalonier se regardait comme prisonnier dans le palais, où il était surveillé par la jeunesse; on lui conseilla de faire le recensement général des citoyens armés dans la ville. Le peuple convoqua le grand-conseil, où il demanda la nomination des neuf citoyens composant le comité de la milice. La seigneurie avait déjà obtenu, l'année précédente (1527), par une manœuvre très-habile, une modification à la loi par laquelle on avait rendu à ce comité le droit d'organiser la milice du domaine, l'inspection des fortifications, et l'autorité de faire le recensement. Elle accéda volontiers à la demande du peuple; car la nouvelle organisation de la milice citoyenne, dont ce plan était dû au talent de Machiavel depuis 1506, devait avoir lieu sous ce comité.

ORDONNANCE SUR L'ORGANISATION DE LA MILICE CITOYENNE DU PEuple FLORENTIN, RENDUE LE 6 NOVEMBRE MDXXVIII,

Dont nous donnons l'analyse suivante :

On ordonna que tous les citoyens âgés de dix-huit à cinquante ans, jugés capables de porter les armes, seraient inscrits sur les rôles par quatre gonfaloniers de compagnie, par trois membres du comité des Douze du quartier, et par les membres composant le comité de la guerre.

Leur inscription devait se faire compagnie par compagnie, sous sa propre bannière, dans l'église que la seigneurie aurait indiquée par une ordonnance spéciale; cette inscription devait avoir lieu pour les seize compagnies successi

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