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Age et à la grande réputation de Voltaire, madame du Deffand ne craignait pas toujours d'effaroucher son amour-propre : nous allons transcrire le passage entier, parce qu'on y trouve ce style animé et néanmoins toujours naturel de madame de Sévigné : elle avait demandé à Voltaire des couplets pour être chantés, avec accompagnement de Bulbâtre, à un souper qu'elle devait donner à toute la famille Choiseul, la veille de Noël. Voltaire, au lieu de couplets, lui envoya des noëls voici de quelle manière elle lui en accuse la réception.

« Ah! oui, je vous garderai le secret, vous pouvez en être sûr. Jamais faveur n'a été plus promptement accordée mais plus différente de celle qu'on espérait. Vous n'avez point compris ma · demande; il n'était point question de « poupon, de boeuf, d'âne, de sainte « famille, mais de la joie du retour; et « puis je ne me fixais point à des couplets; une petite épître, ou quelque petite « pièce de vers m'aurait satisfaite. Je vois « que j'ai eu tort, que j'ai fait une de«mande indiscrète, que j'ai eu trop de familiarité avec le grand Voltaire « pour m'apprendre mon devoir, il m'a a fait répondre par l'abbé Pellegrin. Vous vous seriez diverti de ma grande joie et de ma consternation subite. On « m'apporte votre lette: ouvrez vite; y « a-t-il des vers?. Oui, quatre couplets.

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et

Chantez-les. Ah mon Dieu ! mon Dieu! est-il possible! pourquoi me << traitez-vous ainsi, mon cher Voltaire? « un resus yaut mieux qu'une telle complaisance. Voici tout le remerciment « que vous aurez. »

OEuvres complètes de madame de La Fayette. Nouvelle édition revne, corrigée et précédée d'une notice historique et littéraire, et d'un traité sur l'origine des romans, 5 vol. grand in-18, beau papier. D'Hautel. 9 fr.

que trop commune, et l'on en trouve par. ticulièrement un exemple assez frappant, non-seulement dans les éditions détachées des charmans ouvrages de madame de La Fayette, mais encore dans l'édition com plète de ses OEuvres qui a paru en cinq volumes in-8°., chez Colnet, en 1805, conjointement avec celles de mesdames de Tencin et de Fontaines. Cette édition

d'ailleurs assez agréable, sous le rapport du caractère et du papier, est remplie de fautes d'impression.

Non seulement l'édition que nous annonçons ici est de la plus graude correction; mais l'Editeur, sans se permettre d'altérer jamais ni le sens ni même les tours de phrase de l'auteur, a soigneusement purgé toutes les parties de l'ouvrage original, des fautes de grammaire échap pées à madame de La Fayette, et dont ne sont pas même exempts les meilleurs ouvrages des écrivains des deux siècles précédens et du siècle actuel : nous n'en citerous que trois exemples.

Madame de La Fayette emploie toujours l'imparfait du subjonctif au lieu de l'imparfait de l'indicatif : ainsi elle écrit eût où il faudrait aurait : elle emploie toujours la particule ne sans y ajouter la particule pas ou point, lorsqu'elle s'exprime à l'affirmative, tandis que le retranchement de la particule pas ou point ne doit avoir lieu que quand la particule ne est employé d'une manière suspensive. Enfin elle déplace les pronoms relatifs le ou la, ce qui jette dans sa phrase ou de l'équivoque ou une teinte de barbarisme, Ces corrections et plusieurs autres qu'il serait trop long d'indiquer, rajeunissent en quelque sorte le style de madame de La Fayette dans les passages de ses OEuvres qui la ssent échapper quelques traces de l'ancienne imperfection de notre langue.

Ces divers genres de mérite nous ont paru assurer à la nouvelle édition, que nous aunonçons, le succès le plus mérité.

Le défaut d'espace nous oblige de renvoyer à d'autres cahiers l'analyse des La défectuosité des réimpressions n'est Œuvres de M. Turgot.

DE LA

LITTÉRATURE DE FRANCE.

SIXIÈME CAHIER, 1812.

Les doubles prix, séparés par un tiret

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annoncés dans ce journal, désignent le prix pour Paris, et celui franc de port par la poste, jusqu'aux frontières de la France. Ces prix doivent nécessairement augmenter dans l'étranger, vu les frais ultérieurs, en raison de la distance des lieux.

PREMIÈRE CLASSE.

BOTANIQUE.

Flore pittoresque des environs de Paris, contenant la description de toutes les plantes qui croissent naturellement dans un rayon de dixhuit à vingt lieues de cette capitale; la figure coloriée de celles qui sont employées en médecine, dans les dans l'économie ruarts, rale et dans l'économie domésti

que; enfin des notices détaillées et raisonnées sur leurs diverses propriétés, sur les principes qu'elles fournissent à l'analyse chimique, et

Journal général, 1812, No. 6.

sur les phénomènes de physiologie végétale qu'elles offrent. Ouvrage orné de plus de 250 figures coloriées (dessinées et gravées par l'auteur) presque toutes de grandeur naturelle; renfermant en outre des élémens de botanique; un vocabulaire des mots employés le plus frẻ. quemment dans cette science, et une carte topographique des environs de Paris, par A. Vigneux. Un vol. in-4°. Chez l'auteur, boulevard et porte Saint-Antoine, no. 3, et chez Treuttel et Würtz. 30 fr.

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botanique plusieurs classes d'amateurs, et surtout celle des femmes.

la curiosité des amateurs et aux besoins des élèves en botanique put être portatif, et n'être pas inutilement grossi d'arDans les figures qui accompagnent ticles étrangers à cet utile but de l'aul'ouvrage, l'auteur s'est plus attaché à teur, il n'y a point fait entrer la figure exprimer la ressemblance exacte de chades végétaux qui sont connus de tout le monde, tels que l'orme, le chêne, l'or- que plante par une imitation de la natie, etc; mais il n'a rien omis néantes font trop souvent méconnaître. Il a ture, qu'à composer des bouquets qui moins des propriétés dont ces mêmes végétaux sont pourvus.

Pour la classification des plantes, l'auteur a cru devoir suivre le système sexuel de Linnée, parce qu'il a reconnu que ce système était le plus facile pour rapporter, au seul aspect, une plante à la classe à laquelle elle appartient. Mais comme les exceptions qu'offre ce système sont assez nombreuses et embarrassent souvent les personnes qui étudient la botanique, l'auteur a noté ces anomalies dans les genres qui les présentaient; puis il a rappelé chaque espèce rébelle aux caractères du genre dont elles portent le nom, à la fin de l'ordre où le nombre réel de ses étamines aurait dû la faire ranger, si l'on n'avait égard qu'à cette seule considération.

Les notices qui accompagnent la description des plantes usuelles et qui ont le rare mérite d'une grande clarté et d'une extrême concision tout-à-la-fois, ont été rédigées par l'auteur d'après les meilleurs Ouvrages modernes dont il a eu l'attention de donner la liste à la tête de l'ouvrage. Il ajoute qu'il devrait peut-être s'excuser d'avoir traité des plantes médicinales sans être médecin; mais il observe qu'après avoir apporté le plus grand soin à ne consigner dans son ouvrage que ce qui est constaté dans les écrits des médecins les plus habiles, il a encore soumis tous les articles qui concernent les plantes médicinales à un jeune praticien plein de mérite et élève de M.

eu soin, au reste, de noter les proportions de chaque figure, parce que, bien que la plupart soient de grandeur-nature, ou à peu-près, il a été forcé d'en réduire plusieurs, soit à demi-nature, soit au deux tiers, à raison des grandes dimensions des végétanx qu'elles représentent, ou parce qu'il était inutile d'en montrer une plus grande partie.

L'auteur avait eu d'abord l'intention de donner l'étymologie des noms des plantes; mais il a renoncé à ce projet, parce qu'il a reconnu que le plus souvent cette étymologie est incertaine, et a quelquefois même l'inconvénient de préter au ridicule. Mais en même temps, il a indiqué, autant qu'il lui était possible de le faire, le sol et l'époque où les~ plantes médicinales doivent être recueillies.

En s'attachant rigoureusement dans l'exécution de son ouvrage au plan qui vient d'être exposé, M. Vigneux a enrichi la botanique d'une production qui après tant de livres élémentaires publiés sur cette science, sera encore d'une grande utilité.

Le jeune Botaniste, on Entretien d'un père avec son fils sur la botanique, et la physique végétale: onvrage contenant, en abrégé les principes de la physique végétale,

Richerand, qui a bien voulu se charger l'exposition de la méthode de Tour

de les revoir.

L'auteur a cru devoir se dispenser de donner les noms latins des plantes, parce qu'il a regardé cet appareil scientifique comme propre à écarter de l'étude de la

nefort et celle du système de Linné, le tableau des familles naturelles de Jussieu, et l'indication très-détaillée des caractères qui les constituent, la description d'un

grand nombre de genres qui les composent, et un abrégé de l'histoire des plantes les plus ntiles, par Auguste Plée, avec 48 planches dessinées et gravées par l'auteur d'après nature. 2 vol, in-12. Ferra aîné. Figures noires 5 fr.; figures coloriées 6 fr. 50 c.

Nouvelle Flore des environs de Paris, suivant le système sexuel de Linnée, avec l'indication des vertus des plantes usitées en médecine, des détails sur leur emploi pharmaceutique, etc., par F. V. Mérat, docteur en médecine, membre-adjoint de la Faculté, etc. Un vol. in-8°. Méquignon - Marvis. 6 fr. —7 fr. 5o.c.

Précis d'un voyage botanique fait en Suisse, chez les Grisons, aux sources du Rhin, au Saint Gothart, dans les départemens du Tessin, le Milanais, le Piémont, cantons du Lac-majeur, sur le Simplon, au Vallais, etc., en juillet, août et septembre 1811, précédé de quelques réflexions sur l'utilité des voyages pour les naturalistes, par D. Villars, professeur de botanique, G. Lauth et A. Nestler. Uu. vol. in-8°. avec quatre planches représentant des plantes nouvelles. Strasbourg, Levrault. Paris, Le

normant.

PHYSIOLOGIE. MÉDECINE. HYGIENE. CHIRURGIE. PHARMACIE.

Expériences sur le principe de la vie, notamment sur celui des mouvemens du cœur, et sur le siége de ce principe; suivies du rapport fait à la première classe

de l'Institut sur celles relatives aux mouvemens du cœur, par M. Le Galiois, docteur en médecine de la Faculté de Paris, ete. Un vol. in-8°. avec une planche. D'Hautel. 6 fr.

Dans tous les temps, ou au moins à remonter jusqu'à Gallien, on s'est oc cupé de la recherche si intéressante du Principe de la vie. Depuis la renaissance

des sciences surtout on trouve une chaîne non interrompue de médecins et de physiciens qui se sont livrés à cette recherche, tels que Piccolhomini, Bauhio, Riolan, Blasius, Willis, Lower Boyle, Valsalva, Vieussens, Senac, Bonnet, etc. Mais plus récemment trois hommes distingués, Fontana, Bichat, M. Prochaska, et surtout le célèbre Haller, ont répandu de grandes lumières sur te principe de la vie. M, Le Gallois, tout en appréciant le mérite de leurs travaux, a été conduit par les nombreuses expériences qu'il a entreprises sur les animaux et qu'il a exécutées avec la plus infatigable persévérance et la plus grande sagacité, à reconnaître qu'il y avait encore beaucoup à ajouter à leurs découvertes, et à rectifier beaucoup, dans les conséquentes qu'ils en ont tirées. Il a particulièrement reconnu que ces savans avaient donné trop d'influence au cerveau sur le principe de la vie, et il a restitué à lạ moëlle épinière, par ses expériences sur un nombre infini d'animaux qu'il avait rendus acéphales, une grande partie de cette influence. Ces mêmes expériences ont été pour lui l'occasion de jeter le plus grand jour sur les mouvemens du cœur, viscère qui joue un si grand rôle dans l'économie animale. L'analyse de son ouvrage qui, indépendamment du mérite éminent des découvertes qu'il renferme, se distingue encore par celui d'un style également clair et concis, ne nous a point paru praticable, vu que tout en est substantiel et ne pourrait être réduit sans être affaibli ou altéré. Pour en apprécier le rare mérite, il faut le lire tout

entier. Nous nous bornerons à rapporter ici les conclusions du lumineux rapport fait par les membres de la commission nommée par la première classe de l'institut pour l'examen du mémoire concernant le principe des forces du cœur et le siége de ce principe et l'adoption faite de ces conclusions par la classe,

« Il nous semble, disent les commissaires, qu'on peut dire des divers au«teurs qui ont eu quelques vues sur les « matières que M. Le Gallois a traitées, «< ce que M. La Place a dit avec tant de justesse dans une occasion semblable : «On peut y rencontrer quelques vérités, amais elles sont presque toujours mé« lées avec beaucoup d'erreurs, et leur « découverte n'appartient qu'à celui qui, les séparant de ce mélange, parvient « à les établir solidement par le calcul «ou par l'observation.

<< Notre opinion est donc que le travail « de M. Le Gallois est un des plus beaux, « et certainement le plus important qui «ait été fait en physiologie, depuis les « savantes expériences de Haller ; que ce travail fera époque dans cette science « sur laquelle il doit répandre un jour << tout nouveau; que son auteur si mo<< deste, si laborieux, si recommandable « mérite que la classe lui accorde sa « bienveillance spéciale et tous les encouragemens qui peuvent dépen ire « d'elle. Nous n'oublierious pas d'ajouter « que le mémoire dout nous venons de « rendre compte est digne d'occuper une & place dans le recueil des savans étran«gers, si la publicité des découvertes essentielles qui y sont consignées pou« vait être différée jusqu'à l'époque, peut a être tardive, de l'impression de ce re«cueil. Signé De Humboldt, Halle, « Peroy, rapporteur.

« La classe approuve le rapport et « adopte les conclusions: elle arrête, en « outre, que ce rapport sera imprimé <«< dans l'histoire de la classe, et que le comité de la classe se concertera avec « M. Le Gallois pour les dépenses occa

«sionnées par les expériences qu'il a « déjà faites et pour les moyens de les << continuer. >>

Dictionnaire des sciences médicales, etc. 12 vol. in-8°. Tome I. (Voyez pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le précédent cahier de ce Journal.)

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à

Dans l'introduction placée à la tête de cet ouvrage, M Renauldin, l'un des collaborateurs, trace, d'un style rapide et animé, les progrès qu'ont successivement faits les sciences médicales prendre depuis Hippocrate jusqu'à nos jours. Il y signale les savans les plus renommés dans chacune des branches de ces sciences, et apprécie avec autant de sagacité que d'impartialité leurs divers genres de mérite, soit par les récherches et les découvertes qu'ils ont faites, soit par les théories qu'ils ont établies, soit par la pratique même dans laquelle ils se sont distingués.

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Tous les articles du volume que nous annonçons sont faits avec le plus grand soin; mais on distinguera particulièrement l'article abcès par M. Heurteloup chirurgien en chef des armées, que la mort vient d'enlever inopinément aux sciences, et qui laisse après lui de profonds regrets l'article accouchement, par M. Gardien : l'article age, par M. Renauldin : l'article air, par MM. Halle et Nysten: les articles alienation et aliéné, par MM. Pinel et Marc : l'article aliment, par MM. Halle et Nysten: l'article allaitement, par M. Gardien: enfin l'article amputation, par MM. Pariset et Petit.

La grande utilité du nouveau Dictionnaire des sciences médicales se présente d'elle-même lorsqu'on considère, d'un côté, que depuis la publication dẹ la traduction du grand Dictionnaire de médecine par Diderot et Toussaint, ouvrage très-estimable pour le temps où il a paru, mais nécessairement vicilli au

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