La ville de Gaza yint offrir les clefs de ses portes et de ses tours, au général Bonaparte; mais la ville de Jaffa préparant une vigoureuse résistance, on en fit le siège, et elle fut prise d'assaut. Pendant la durée du siège, on eut un assez grand nombre de malades, et une trentaine de blessés, dont plusieurs furent opérés avec beaucoup de succès; mais il y en eut aussi plusieurs qui pèrirent d'une mort très-prompte; M. Larrey reconnut dans leurs cadavres, comme il l'avait déjà observé en Egypte l'existence d'une fièvre pestilentielle. Il établit, dans un vaste couvent, un hôpital pour les blessés : un second hôpital fut disposé pour les fièvres, dans un autre couvent. Après une marche très-pénible, dans un pays montueux, on arriva à la hauteur de Saint-Jean-d'Acre. La plaine en avant de cette place, étant inondée pendant l'hiver, les torrens des montagues et des pluies très abondantes, y forment des lacs qui ne tarissent jamais, et donnent naissance à trois petites rivières, dont les eaux sont fort insalubres et causent des coliques violentes, des diarrhées opiniâtres, et disposent aux fièvres nerveuses putrides. On prévint ces accidens qui avaient déjà atteint quelques soldats, en coupant un aqueduc qui portait de très-bonne eau à Saint-Jean-d'Acre, pour la faire servir à l'usage de l'armée et des malades. Le premier germinal ( 21 mai 1797) on ouvrit la tranchée devant la place et M. Larrey plaça, dans le point le plus favorable, à trente toises environ de la ville, une ambulance pour donner les premiers secours aux blessés. Les accidens de fièvre contagieuse qui survinrent d'abord dans les bataillons, et la diversité des méthodes que les chirurgiens de ces corps employaient pour traiter cette maladie, engagèrent M. Larrey a leur écrire une lettre circulaire, dont l'objet était, de régulariser le traitement, elle fut appuyée d'un or dre du jour : l'une et l'autre sont rap portés dans l'ouvrage. Un rassemblement de troupes, composées de Syriens, d'Arabes et de Mammelucks, formé pour faire lever le siège, amena la bataille du Mont - Tabor, où elles furent entièrement dispersées, et qui donna environ cent blessés qui furent transportés dans un hôpital formé dans le couvent de la Terre-Sainte, Nazareth. M. Larrey observe, que l'église de ce couveut, quoique moderne, est remarquable par sa belle architecture et par la sculpture de son autel en marbre de Paros. La ville de Nazareth lui parut assez bien bâtie et entourée de sites magnifiques, arrosés par des ruisseaux d'une eau très limpide: on y trouve d'excellens alimens et du bon vin. Les habitans sont doux et fort hospitaliers. Le général Bonaparte y fut reçu avec le plus vif enthousiasme. M. Larrey était impatient de rejoindre le camp pour revoir les blessés qu'il y avait laissés. Comme la maladie pestilentielle y faisait de grands progrès, il devenait important de prendre la ville. On tenta de fréquens assauts, et l'on alla successivement jusqu'au treizième. Le siège produisit environ deux mille blessés: toutes les blessures étaient graves, doubles, triples et reçues de fort près: il fut fait soixante-dix amputations. Sur sept trépanés cinq furent guéris. On conçoit, d'après cela, que pendant tout le cours du siége M. Larrey n'eut pas un moment de calme et de parfait repos.Il fallait être sans cesse à l'ambulance, ou en marche du camp à la tranchée, de la tranchée à l'hôpital, ou occupé à parcourir les divisions où il y avait presque autant de blessés et de malades qu'à l'ambulance. Il est remarquable que pendant le travail de la suppuration des plaies, les blessés ayant été incommodés par des vers ou larves de la mouche bleue commune en Syrie, la présence de ces vers dans les plaies, loin d'entraîner des accidens fâcheux en accélérait la cicatrisation et en provoquant la chûte des escarres escarres celluleuses qu'ils dévoraient, obligeait seulement de panser les blessés trois ou quatre fois par jour. Dans le nombre des blessés on comptait plusieurs officiers distingués dont les blessures étaient très-graves, tels que les généraux Lannes, Arrighi, Beauharnais, Cafarelli, le premier aide-de-camp ou général en chef, Duroc. M. Larrey eût l'habileté et le bonheur de les guérir tous à l'exception du général Cafarelli dont les blessures se compliquèrent avec la maladie du pays. Tous les blessés hors de service furent évacués en Egypte pendant le siége ou l'époque du départ de l'armée : huit cents passèrent par les déserts et douze cents par mer : on en perdit un très-petit nombre dans ces deux traversées : ils durent principalement leur conservation aux précautions prises par le général Bonaparte. Avant la levée du siége de Saint-Jeand'Acre, et le départ de l'armée de la Syrie, un grand nombre de blessés furent attaqués de la peste au moment où ils touchaient à leur guérison par la cicatrisation de leurs plaies, tandis qu'aucun d'eux n'en avait été atteint pendant le cours de la suppuration. De cette observation, M. Larrey en rapproche une autre, c'est que les Européens établis en Egypte et en Syrie se garantissaient de la peste, ou y étaient moins disposés au moyen d'exutoires qu'ils portaient habituellement, et que les personnes affectées de dartres ou d'autres éruptions cutanées de cette bature et habituelles ont aussi généralement échappé à ce fléau. M. Larrey a inséré, dans son ouvrage, un mémoire sur la peste qui a régué dans l'armée d'Orient pendant son expédition en Syrie. Il décrit les principaux phénomènes qu'elle a présentés, à des degrés différens, chez tous les malades qu'il a vus ou traités : il y indique les divers traitemens qu'il a mis en usage avec plus ou moins de succès, suivant la nature du virus pestilentiel. On y voit avec un étonnement mêlé d'admiration Journal général, 1812, No. 2. le que M. Larrey voulant rechercher, jus- Après la levée du siége de Saint-Jeand'Acre, l'armée prit le chemin d'Egypte. Au passage par Jaffa, M. Larrey et ses collégues passèrent trois jours et trois nuits à panser les blessés et les malades qui étaient dans cette ville. La traversée devint ensuite extrêmement pénible sur tout lorsque dans la plaine de sable qui s'étend du pont des Romains à Saléhyeh on fut surpris par les vents pestilentiels. M. Larrey en ressentit si fortement les effets qu'ils faillirent le faire périr; car quelques minutes après cette espèce de tourmente, il tomba en syncope. Beaucoup d'animaux furent suffoqués, et cette journée fut pour quelques convalescens de la peste, le terme fatal de leur carrière. La vue des campagnes fertiles de Salé hyeh, ombragées par les forêts immenses de palmiers, l'eau du Nil, des bons alimens, l'air pur qu'on respira, rendirent à l'armée ses forces. Avant d'arriver dans cette ville on avait rencontré de distance en distance quelques bassin d'eau bourbeuse. Les soldats pressés par la soif se jetaient à plat-ventre sur la bord de ces espèces de lacs et enhumaient avidemment l'eau. Plusieurs avalèrent les sang-sues qu'elles recelaient. Il en résulta pour éux des accidens trèsgraves que M. Larrey fit disparaître, soit par des boissons appropriées, soit même par des opérations dans la gorge. Nous nous arrêterons à cette époque de la campagne d'Egypte, et nous remettrons au prochain cahier à en donner la suite qui ne présente pas moins d'intérêt. ASTRONOMIE. Tables nouvelles de Vénus, d'après la théorie de M. Laplace, et d'après les élémens de M. de Lindenau, calculées par M. Raboul, de la société des sciences, arts et belles-lettres de Bordeaux. Un vol. in-4°. Madame veuve Courcier. 5 fr.5 fr. 50 c. SECONDE CLASS E. ECONOMIE RURALE ET DOMES. d'une introduction qui offre le plan suivi par l'auteur: il est divisé en vingt-huit chapitres. de ma TIQUE. La Ruche pyramidale,ou méthode de conduire les abeilles, nière à en retirer chaque année des paniers pleins de cire et de miel, outre au moins un essaim sans perdre une seule mouche, un seul œuf des couvains, etc.; découverte utile à tous les habitans des campagnes et à tous les propriétaires de biens ruraux, par M. cultivateur. Broch. in-8°. madame veuve Courcier. 1 fr. 1 fr. 25 c. 1) Sur l'origine des races de chevaux; 2) précis historique des haras avant la révolution ; 3) moyen de relever la race des chevaux français; 4) mode d'épuration de nos races de chevaux ; 5) sur les chevaux d'Angleterre ; 6) sur les appareillemens; 7) de la monte; 8) de la gestation; 9) de l'accouchement ou naissance du poulain; 10) du sevrage; 1) de l'adolescence du cheval; 12) de la ferrure; 13) des sétons et de leur abus 14) de la section de la queue du cheval á l'anglaise; 15) de l'écurie et du pansement journalier; 16) de l'exercice proprement dit; 17) de l'exercice des étalons; 18) des hunters ou chevaux de chasse d'Angleterre; 19) des Road-horses, ou bidets; 20) des courses de chevaux; 21) sur les coursiers d'Angleterre ; 22) de la beauté du cheval; 23) manière de faire l'acquisition d'un cheval; 24) sur les haras forestiers, ou de l'élève des Nous revenons sur cet ouvrage qui, chevaux sauvages, 25) de l'âge du chedans un petit volume, renferme un ex- val; 26) nomenclature de toutes les cellent abrégé des notions sur la régé- ties du corps du cheval; 27) sur la manération des races, de chevaux: en voicinière de tenir le cheval en bonne santé ;le rapide aperçu. L'ouvrage est précédé 28) de la composition des bolles les plus Pi *Manuel des Haras, etc. par ARTS MÉCANIQUES ET INDUSTRIELS. Archives des découvertes et inventions nouvelles, faites dans les ¿çiences, les arts et les manufac tures, tant en France que dans les pays étrangers pendant l'année 1811, avec l'indication des principaux produits de l'industrie nationale française, des notices sur les prix proposés ou décernés par différentes sociétés littéraires, françaises et étrangères, pour l'encouragement des sciences et des arts; et la liste des brevets d'invention accordés par le gouvernement pendant la même année. Quatrième volume de la collection. Un vol. in-8°. Paris et Strasbourg, Treuttelet Würtz. 6 fr. — fr. 80 c. Nous continuons de placer la suite de eet intéressant ouvrage dans la seconde classe de ce Journal, à l'article des arts mécaniques et industriels, parce que, quoiqu'on y expose les découvertes et les inventions faites dans les différentes branches des sciences naturelles, physiques et exactes, on y fait connaître, avec plus d'étendue encore, les découvertes et les inventions faites dans les a ts libéraux, industriels et mécaniques, et dans les manufactures. Ce nouveau volume est divisé, comme les précédens, en trois sections. La première section consacrée aux sciences, embrasse 1) l'histoire naturelle dans ses différentes branches, telles que la géologie, la zoologie, la minéralogie; 2) la physique où l'on s'occupe en particulier de l'électricité et du galvanisme; 3) la chimie; 4) la médecine et la chirurgie; 5) la pharmacie; 6) les mathématiques; 7) l'économie, rurale et domestique. Dans cette première section nous nous bornerons à indiquer les deux articles de géologie qui déterminent la hauteur de hauteur des montagnes du Thibet ; les la végétation dans le pays d'Aoste, et la deux articles de zoologie qui présentent des observations sur la couleur de l'homme et sur les chameaux de Pise; les articles de botanique qui expliquent l'action de la lumière sur les plantes, et les mouvemens de la sève dans ces mêmes plantes; sur les articles de mineralogie qui concernent les exhàlaisons des mines, les phénomènes qu'offre la combustion des gaz qui s'échappent des hauts-fourneaux de fusion, et un nouveau soufflet de forge à trois vents; les articles de physique qui renferment des observations relatives aux riences qui établissent les propriétés sophénomènes atmosphériques, des expénores des gaz; une théorie qui démontre la transmission du calorique à travers l'eau et les autres substances; sur les articles de chimie relatifs aux affinités chimiques, à la découverte d'un nouveau phosphore, à un sang artificiel qu'on est parvenu à composer, à un nouvel éther résultant de l'action de Pacide arsénique sur l'alcohol; les articles de médecine qui ont pour objet les effets produits. sur l'économie animale par les différens gaz injectés dans le système sanguin ou dans les cavités séreuses, et les avantages. du café pour remplacer le quinquina considéré comme fébrifuge et comme anti-septique; les articles de pharmacie où l'on offre un moyen de retirer du pa vot somnifère cultivé en France, soit de véritable opium en larmes, soit dif férens extraits, propres à remplacer l'opium thebaïcum dans la pratique de la médecine; les articles de mathématiques concernant la comète découverte le 25. mars 1811, et celle qui a été observéele 22 août suivant; les articles d'archi tecture hydraulique qui font connaître le triton, nouvelle machine à plouger et un moyen de sauver la vie des naufragés; enfin les articles d'économie rurale et domestique, dans lesquels on remarquera principalement, la culture des pommes de terre dans les caves, l'iris pseudo acorus substitué au café, le hache-paille usité en Pologne, la mesure de ruban pour le service des forêts, un nouvel chenilloir; le moyen de prévenir la gelée des blés, celui d'endormir les abeilles. Dans la deuxième section, consacrée aux beaux-arts, on remarquera surtout des articles 1°. sur la manière de préparer et d'appliquer la composition pour la peinture nommée encaustique à l'imitation des anciens Grecs; 2°. de la peinture sur verre ordinaire, des bas-reliefs en feuille d'argent ; 3°. un nouveau piano harmonica, l'orgue expressif de nouvelles cordes métalliques. La troisième section roule sur les inventions relatives aux objets suivans: 1) amiante; 2) aréomètre; 3) armes; 4) bois; 5) bonneterie; 6) cheminées et poèles; 7) construction des édifices; 8) Couleurs; 9) encre; 10) fer; 11) filtre; 12) horlogerie; 13) huile; 14) imprimerie; 15) laiton; 17) lampes, éclairage; 17) machines; 18) menuiserie; 19) métaux; 20) odomètre; 21) papier; 22) pompes; 23) poterie; 24) savon, sel et Boude; 25) serrurerie ; 26) sucre ; 27) tabac; 28) taches; 29) tannage ; 30) teinture; 31) thermomètre; 32) tuiles et briques; 33) ventilateur; 34) vernis; 35) verre et cristaux; 36) vin et vinaigre; 37) voitures. Tous ces articles offrent beaucoup d'intérêt; mais il se portera principalement sur les articles sucre et teinture où l'on trouve tous les procédés employés avec succès pour remplacer le sucre de canne et l'indigo, par le sucre de plantes indigènes et par le pastel. A la suite des trois sections dont nous venons de donner Paperçu, se trouve un tableau 1o, des séances de la société ; 2o. de l'établissement connu sous le nom de conservatoire des arts et métiers; 3o. des brevets d'inventions accordés par le gouvernement en 1811; 4°. des prix proposés par différentes sociétés littéraires et étrangères. Cours complet de tachygraphie à l'usage des habitans du département du Calvados; ou Traité méthodique de l'art d'écrire aussi vite que l'on parle, inventé en 1788 par M. Coulon-Thevenot: ouvrage à l'aide duquel on peut apprendre cet art par soi-même, par P. L, Hue, premier commis de l'enregistrement et des domaines du Calvados. Un vol. avec sept planches en taille-douce, renfermant près de 500 mots, ou caractères tachygraphiques, A Caën, chez Doret, 2 fr. 75 c.—3 fr. 40 c, Travaux des ponts et chaussées de puis 1800, etc., par M. Courtin, etc. (Voyez pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le précédent cahier de ce Journal. ) Cet ouvrage est divisé en quatorze chapitres dont la nomenclature fera juger de tout l'intérêt qu'il doit inspirer. Le premier jette un coup-d'œil sur les travaux publics avant le dix-neuvième siècle. Le second offre l'état actuel de lą France depuis le commencement de ce siècle sous le rapport des travaux publics dépendans de l'administration générale des ponts et chaussées. Le troisième roule sur la direction des travaux, Le quatrième indique les moyens de conservation. Le cinquième traite des routes. Le sixième s'occupe des ponts. Le septième parle des travaux entrepris pour la fondation de la ville Napoléon, Le huitième a pour objet les télégraphes, |