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La thèse de M. Eugène Lefèvre-Pontalis, que le conseil a placée sur la même ligne que celle de M. Langlois, appartient à l'archéologie. Elle a pour sujet l'architecture religieuse dans l'ancien diocèse de Soissons au xie et au XIIe siècle. Nous avons été étonnés qu'un jeune homme ait pu, pendant son séjour à l'École, examiner en détail tant de monuments, se mettre au courant des moindres travaux publiés sur la matière, résumer sous une forme claire des observations aussi minutieuses et aussi compliquées, aborder avec assurance et succès des problèmes fort délicats, et exécuter soigneusement et à grande échelle des planches qu'un habile architecte ne désavouerait pas. M. Eugène Lefèvre-Pontalis sera l'un des meilleurs élèves de l'école archéologique qu'a fondée notre regretté directeur Jules Quicherat et à laquelle un brillant avenir est réservé.

M. Léon Le Grand a choisi un sujet plus modeste que les deux concurrents dont il vient d'être question. Il a écrit l'histoire des QuinzeVingts de Paris, depuis la fondation jusqu'au milieu du xvre siècle. La matière n'était pas très étendue; mais l'auteur en a tiré un excellent parti il a poursuivi ses recherches avec méthode et sagacité; il a présenté avec beaucoup d'ordre et d'habileté les renseignements très nombreux et très variés qu'il avait recueillis de différents côtés, et notamment dans les anciens comptes; on a particulièrement loué le soin minutieux qu'il a mis à justifier par des textes les moindres parties de son exposition.

Les mêmes qualités ont été signalées dans la thèse de M. Coville, qui a, comme M. Langlois, subi avec succès les épreuves de l'agrégation d'histoire. M. Coville a étudié les états de Normandie au xive siècle. Il n'a guère éclairci la question, peut-être insoluble, des origines de cette institution; mais il a exactement rassemblé, nettement classé et judicieusement interprété tous les faits par lesquels nous la voyons se manifester jusqu'au règne de Charles VI. Cette étude, qui n'est pas encore terminée, repose en grande partie sur des documents inédits; elle s'ajoutera à la série, déjà considérable, des travaux qui, dans ces vingt dernières années, ont renouvelé l'histoire de la guerre de cent

ans.

La thèse de M. Henri Stein, intitulée Étude biographique, littéraire et bibliographique sur Olivier de la Marche, nous transporte au xve siècle, à la cour des ducs de Bourgogne. Elle nous révèle beaucoup de particularités intéressantes, en jetant une nouvelle lumière sur le rôle d'un personnage dont beaucoup d'auteurs ont parlé, mais dont la vie était loin cependant d'être parfaitement connue. M. Stein a fait de véritables trouvailles pour la biographie d'Olivier de la Marche, il a judicieusement apprécié les œuvres de cet écrivain, et il en a signalé les manuscrits et les éditions en bibliographe exercé.

Nous passons en Lorraine avec M. Duvernay, dont la thèse sur les

corporations ouvrières de cette province au xive et au xve siècle est bien conçue, bien distribuée et bien écrite. Les conclusions en sont peut-être un peu vagues, et l'auteur s'est peut-être trop exclusivement renfermé dans l'étude des statuts, sans rechercher quelle en fut l'application et sans vérifier comment ils furent mis en pratique; mais il faut lui savoir gré d'avoir bien compris les documents qu'il a rassemblés, d'en avoir dégagé la substance historique et d'avoir fait ressortir les caractères propres aux corporations de la Lorraine et du Barrois.

La thèse de M. Huet est un bon chapitre de notre histoire littéraire. Elle a trait aux chansons de Gasse Brulé, dont nous pouvons espérer posséder bientôt une excellente édition. Les conclusions auxquelles est arrivé M. Huet paraissent s'imposer à la critique. Le degré d'authenticité de chacune des pièces qui forment l'œuvre de Gasse Brulé est discuté avec sagacité et fixé à l'aide d'arguments très variés. La méthode adoptée pour l'établissement du texte a reçu l'approbation des juges compétents.

La place que l'amiral Louis Malet de Graville tient dans l'histoire des règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII suffit pour expliquer l'étendue des recherches que M. Perret a entreprises et souvent menées à bonne fin sur la vie de ce personnage. Les pièces qu'il a réunies sont exactement copiées et les analyses dont il les a fait précéder en rendent l'usage très facile. Les récits qu'il en a tirés devront être repris en sousœuvre, si l'auteur veut nous bien faire connaître et comprendre la vie publique et la vie privée de l'amiral de Graville.

Des observations du même genre ont été faites à l'occasion de la biographie de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Paul, connétable de France, qui forme la thèse de M. Cagé. L'auteur s'est procuré un assez grand nombre de documents d'un réel intérêt, dont les historiens n'avaient pas encore tiré parti; il les a convenablement combinés avec les notions qui étaient déjà entrées dans le domaine public. Le tout a été groupé en bon ordre, mais avec trop peu d'art pour que le lecteur se rende aisément compte du rôle historique du connétable de Luxembourg.

L'étude de M. Auvray sur la vie et la correspondance de Fulbert, évêque de Chartres, est un travail consciencieux, dont les éléments ont été patiemment recueillis et dont la composition ne manque pas de mérite. Il aurait suffi d'y mettre un peu plus d'animation pour que la lecture en fût vraiment intéressante. L'auteur a rendu un compte exact et diligent de tout ce qu'il a vu et n'a rien négligé de ce qui lui était accessible.

M. Funck-Brentano, en voulant traiter à fond la politique extérieure de Philippe le Bel, a fait preuve d'une grande curiosité et d'un très louable empressement à examiner sous toutes les faces plusieurs des questions les plus difficiles de l'histoire de l'Europe au xi et au xive

siècle. Il a été le premier à reconnaître qu'il avait embrassé un sujet beaucoup trop vaste, et c'est à peine s'il a pu en esquisser plusieurs chapitres, dans lesquels les examinateurs ont signalé des défauts qu'une révision méticuleuse fera disparaître et des qualités qu'il sera facile de développer. Dès maintenant le travail de M. Funck-Brentano contient beaucoup d'informations nouvelles, notamment sur les rapports de la France et de l'Angleterre; on y trouve plusieurs rectifications qu'on ne saurait hésiter à admettre.

M. Dunoyer de Segonzac ne s'est pas exposé au reproche d'avoir abordé un sujet trop vaste. Il s'est uniquement occupé de la manière dont la rançon du roi Jean fut ou dut être payée, aux termes du traité de Brétigny, sans même tenir compte des événements qui avaient précédé et amené la conclusion du traité. Il aurait encore pu, même sans élargir son cadre, puiser à des sources qu'il ne paraît pas avoir connues. On doit l'encourager à poursuivre des recherches dont les résultats déjà acquis sont loin d'être à dédaigner. Sur plus d'un point, M. Dunoyer de Segonzac a rectifié des détails répétés par les historiens modernes les plus autorisés.

M. Alaus, qui a concentré, avec une assiduité exemplaire, ses efforts sur l'un des plus célèbres cartulaires du midi, celui de l'abbaye de Gellone, ne s'est pas encore approprié toutes les richesses que renferme une mine aussi précieuse. Il lui reste notamment à revoir attentivement le texte, surtout pour les parties romanes. Il n'a pas suffisamment déterminé dans quelles conditions ont été conservées ou restituées les chartes et les notices antérieures à l'incendie qui détruisit les archives du monastère au milieu du xre siècle. Il devra aussi s'aider des témoignages contemporains que lui fournissent d'autres documents appartenant à la même région. C'est du reste la voie qu'il a suivie quand il a discuté une question de géographie historique, celle de l'emplacement d'Arisitum, qui a donné lieu à tant de controverses et sur laquelle on ne pourra pas revenir sans prendre en considération les observations de M. Alaus.

Dans la thèse de M. Barroux sur Jacques de Vitry, nous avons des matériaux laborieusement amassés, mais très imparfaitement mis en œuvre. L'analyse que l'auteur a faite des Sermons et des Exemples de Jacques de Vitry abonde en traits curieux pour l'histoire des mœurs; mais M. Barroux s'est trop exclusivement borné à lire les œuvres de l'écrivain qu'il étudiait. Une part plus large aurait dû être réservée à la comparaison et à la discussion.

La dernière thèse à mentionner est celle de M. Camille Martin sur Robert Ier de Sarrebruck, damoiseau de Commercy. Les éléments en ont été recueillis à la Bibliothèque nationale dans la collection de Lorraine, à Bar-le-Duc dans les archives de l'ancienne chambre des comptes, et à Nancy au trésor des chartes des ducs de Lorraine. Mal

gré l'étendue des recherches effectuées, la matière est loin d'avoir été épuisée, et M. Camille Martin devra remanier son essai de fond en comble pour nous donner un portrait définitif d'un homme fort peu sympathique, mais qui peut fournir le sujet d'une bonne thèse, parce que son nom est mêlé à l'histoire de beaucoup d'événements du xv siècle. Telles sont, monsieur le ministre, les quinze thèses que le jury d'examen a cru devoir accepter, et dont la plupart pourront être plus ou moins prochainement publiées avec honneur pour l'École des chartes et profit pour les études historiques.

En tenant compte du mérite de ces thèses et du résultat des examens subis dans le cours de l'année dernière, le conseil de perfectionnement m'a chargé, monsieur le ministre, de vous présenter dans l'ordre suivant les élèves qu'il a jugés dignes de recevoir le diplôme d'archiviste paléographe...

Conformément aux propositions jointes au précédent rapport, le diplôme d'archiviste paléographe a été conféré, par arrêté du 25 février 1885, aux anciens élèves de l'École des chartes dont les noms suivent :

1o Liste par ordre de mérite (candidats de la promotion 1885):

MM.

1. LANGLOIS (Charles-Victor), né à Rouen (Seine-Inférieure), le 26 mai 1863.

2. LE GRAND (Léon-Frédéric), né à Saint-Pierre-lez-Nemours (Seineet-Marne), le 5 juillet 1861.

3. AUVRAY (Louis-Henri-Lucien), né à Orléans (Loiret), le 28 février 1860.

4. LEFÈVRE-PONTALIS (Eugène-Amédée), né à Paris, le 12 février 1862. 5. FUNCK BRENTANO (Jacques-Chrétien - François - Seraphicus), né à Munsbach, commune de Schultrange, canton de Luxembourg, grandduché de Luxembourg, le 15 juin 1862. (M. Funck-Brentano est fils de parents naturalisés français.)

6. DUNOYER DE SEGONZAC (Jacques - Joseph - François - Gaston), né à Carennac (Lot), le 31 décembre 1863.

7. DUVERNOY (Émile-Eugène), né à Nancy (Meurthe), le 25 juillet 1861. 8. PERRET (Paul-Michel), né à Lyon (Rhône), le 24 juin 1861.

9. STEIN (Frédéric-Alexandre-Henri), né à Pierry (Marne), le 28 février 1862.

10. BARROUX (Léon-Marius), né à Paris, le 10 décembre 1862.

2o Liste par ordre alphabétique (candidats des promotions antérieures non classés) :

MM.

ALAUS (Marie-Joseph-Étienne - Barthélemy - Paul), né à Montpellier (Hérault), le 27 juin 1860.

CAGE (Charles-Léonce-Gaston), né à Lucheux (Somme), le 15 janvier 1862.

COVILLE (Alexandre-Alfred), né à Versailles (Seine-et-Oise), le 11 août 1860.

HUET (Gédéon), né à Haarlem (Pays-Bays), le 31 mai 1860. (M. Huet, entré à l'École à titre d'élève étranger, a lors de sa majorite réclamé la nationalité française comme descendant de réfugiés français.)

MARTIN (Camille), né à Bruz (Ille-et-Vilaine), le 11 mai 1860.

- Par décret du 9 janvier 1885, notre confrère M. de Mas Latrie, professeur de diplomatique à l'École des chartes, a été admis, sur sa demande et pour cause d'ancienneté d'âge et de service, à faire valoir ses droits à une pension de retraite à partir du 1er janvier 1885. Il a été nommé professeur honoraire de ladite École.

Par décret du 27 mars 1885, rendu sur la proposition du ministre de l'instruction publique et des beaux-arts, conformément aux présentations faites par le conseil de perfectionnement et les professeurs de l'École des chartes et par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, notre confrère M. Giry a été nommé professeur de diplomatique à l'École des chartes, en remplacement de M. de Mas Latrie.

Par arrêté du 26 décembre 1884, notre confrère M. de Mas Latrie, chef de section aux Archives nationales, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite, a été nommé chef de section honoraire ;

Notre confrère M. Émile Campardon, sous-chef de la section législative et judiciaire, a été nommé chef de cette section, en remplacement de M. de Mas Latrie;

Notre confrère M. Alexandre Tuetey, archiviste à la section législative et judiciaire, a été nommé sous-chef de cette section, en remplacement de M. Campardon;

Nos confrères MM. Parent de Curzon et Buche, archivistes auxiliaires, ont été nommés archivistes, le premier à la section du secrétariat, le second à la section législative et judiciaire.

Par arrêté du 28 janvier 1885, notre confrère M. Ulysse Robert, inspecteur général des bibliothèques et des archives, est chargé de la direction et du contrôle des travaux relatifs au catalogue des manuscrits des bibliothèques publiques.

Par arrêté du 17 mars 1885, sont appelés à faire partie du comité central des bibliothèques de l'Arsenal, Mazarine et Sainte-Geneviève nos confrères MM. de Rozière, Servois, Lacombe et Ulysse Robert.

Par arrêté du préfet du Calvados, en date du 16 décembre 1884, notre confrère M. Bénet a été nommé archiviste du Calvados, en remplacement de M. Chatel, admis à la retraite.

Le 6 mars 1885, notre confrère M. de Mas Latrie a été élu membre libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

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