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vassalité. Pour parler comme les feudistes, la souveraineté de Monaco est donc d'une essence supérieure, » de même « essence » que celle des plus vieilles et des plus puissantes monarchies de l'Europe.

Comment ce curieux phénomène a-t-il pu se produire? Par quels prodiges d'habileté et de ténacité cette prérogative a-t-elle été conservée à un simple rocher au centre même du champ de bataille perpétuel des trois plus grandes puissances de l'histoire européenne, la France, l'Empire et l'Espagne, sans que la force ou la contrainte ait amené un jour ou l'autre les seigneurs de cette place forte, convoitée par tous, à « la reprendre en fief » de l'un de leurs dangereux voisins?

Là est le vif intérêt de l'histoire de la maison de Grimaldi; mais il est difficile de répondre à cette question à l'aide des documents publiés jusqu'à ce jour. Obligés, par leur faiblesse même, à une prudence excessive, les princes de Monaco, à une époque où les archives des plus puissants monarques étaient tenues secrètes, devaient, plus encore que ces derniers, garder dans l'ombre les documents qui pouvaient, au cours d'une négociation, leur fournir un argument inattendu ou déjouer une tentative d'empiètement sur leur indépendance. Les historiens ne pouvaient donc se servir que de renseignements puisés à des sources étrangères et nécessairement incomplètes, et les Grimaldi n'avaient cru pouvoir encourager sans danger que des généalogistes, plus curieux de rapporter leurs belles alliances, leurs titres et leurs honneurs, que les difficultés sans cesse renaissantes auxquelles ils ont dû sans doute leur habileté diplomatique pour ainsi dire héréditaire. Aussi le travail de notre confrère M. G. Saige est-il absolument neuf et plein d'intéressantes révélations.

Les seigneurs de Monaco, trop faibles pour se maintenir seuls debout, s'appuyaient sur l'un de leurs voisins, auquel ils se liaient par un traité d'alliance, de protectorat, consenti d'égal à égal en essence, sinon en force, et la disposition de la forteresse et du port, si admirablement situés et alors au nombre des mieux défendus du monde, compensait les avantages de protection à main armée et de subsides en espèces et en vivres qu'ils stipulaient en retour. Au rebours de ce que la diplomatie contemporaine pourrait nous faire penser, ces alliances avaient une durée considérable, et les oscillations de la politique monégasque étaient fort lentes. Le travail que nous analysons n'en envisage qu'une seule, le protectorat consenti à Charles-Quint et continué par ses descendants, et cette évolution embrasse à elle seule une durée de cent vingt ans environ, coïncidant exactement avec l'époque qui vit naître, s'imposer, puis décliner l'influence austro-espagnole dans la Méditerranée. Ce cadre a suffi amplement pour démontrer le vif intérêt des archives secrètes de la principauté, non pas seulement pour l'histoire de Monaco, mais pour l'intelligence de la politique générale de l'Europe.

Beaucoup de points restés obscurs ou inconnus sont éclaircis, révélés

ou rectifiés dans cette étude : les projets d'échange de Monaco contre la souveraineté d'une place forte moins convoitée; le récit des circonstances qui ont précédé l'assassinat de Lucien, considéré généralement comme amené par sa défection au profit de l'Espagne, tandis qu'il est dû plutôt à ses propres menées; la preuve complète qu'Augustin Grimaldi n'a point fait exécuter le coupable Barthélemy Doria, lequel eût supprimé, par la réussite de son plan, les obstacles qui le séparaient de la riche succession de Monaco; les tentatives de retour à l'alliance française dès 1527, et ensuite pendant la mission de M. de Sabran à Gênes, plusieurs années avant la rupture définitive avec l'Espagne et le retour à l'alliance française; le refus de subsides à l'Empire en 1596, lorsque, sommé à deux reprises par Beccaria, vicaire de l'Empereur Rodolphe II, de fournir le devoir féodal, Hercule Grimaldi laisse la première sommation sans réponse, et rétorque la seconde par l'affirmation de sa qualité d'allié et non de vassal. Tels sont les principaux faits de l'histoire de Monaco rectifiés ou révélés par cette étude, si sommaire cependant.

Au point de vue de l'histoire générale, elle renferme les renseignements les plus précieux sur la marine et en particulier sur le condottiere André Doria, sur la politique de la république de Gênes, sur le fonctionnement administratif et financier de l'immense empire de Charles-Quint, dont les vices paralysent les conventions les plus précises et entravent à tout moment la volonté de l'Empereur. Poursuivant son travail d'élucidation, l'auteur établit que le traité dit de Valdetare compromit la situation de la principauté, non par l'effet de ses clauses, comme l'ont dit certains historiens, mais par l'inexécution même de celles-ci, résultat du désordre des finances et du défaut d'obéissance des vice-rois, et consigne à cette occasion des observations utiles à l'histoire de l'économie politique.

Enfin, le côté anecdotique, à peine indiqué dans une étude aussi substantielle et aussi concise, laisse cependant pressentir l'intérêt qui pourrait lui être donné. L'épisode du « gubernant,» Étienne Grimaldi, « padre eletto » du prince Honoré, est certainement un des traits les plus originaux de la diplomatie de Charles-Quint, et quelques mots sur les correspondances de l'agent de la principauté à la cour de Henri II sont de nature à piquer la curiosité de tous les chercheurs qui ont quelque préférence pour l'époque des Valois.

Que l'auteur nous permette une critique : la méthode constamment chronologique qui convient à un résumé aussi rapide a été parfois abandonnée par lui, notamment lorsqu'il suit jusqu'à sa mort la biographie de l'assassin de Lucien, Barthélemy Grimaldi. Il en résulte, au moment où il revient sur ses pas pour reprendre la suite des événements, une confusion dans l'esprit du lecteur, qui eût pu être évitée facilement. En terminant, il nous reste à exprimer un vou, c'est que le prince

régnant de Monaco autorise la publication in extenso des précieux documents dont M. Saige nous a donné l'analyse ou la simple mention. Les raisons qui imposaient autrefois le secret des archives n'existent plus de nos jours, et le passé de cette grande maison des Grimaldi sortirait ainsi du domaine de la généalogie, où elle s'est trop confinée, pour prendre dans l'histoire la place qui lui revient de droit.

Mis DE MONCLAR.

Archives des missions scientifiques et littéraires. Choix de rapports et instructions, publié sous les auspices du ministère de l'instruction publique et des beaux-arts. 3 série, tome XI. Paris, imprimerie nationale, 1885. In-8°, 479 pages, 56 planches et 3 cartes.

Ce volume comprend :

1. Un rapport de M. René Cagnat (sept. 1882) sur une mission archéologique accomplie en Tunisie pendant les années 1881 et 1882;

2o Un rapport de M. Ch. Clermont-Ganneau sur une mission archéologique accomplie en Palestine et en Phénicie en 1881;

3. Un rapport du regretté M. Charles Tissot, sur des inscriptions romaines relevées en Tunisie par divers voyageurs;

4o Un rapport d'un caractère plus général (géologie, météorologie et hydrographie, anthropologie, pathologie, dialectes, géographie politique, agriculture, commerce) rédigé par M. le Dr J. Montano et se référant à des observations faites, pendant les années 1879 et 1880, aux iles Philippines et en Malaisie.

Ces divers travaux sont accompagnés de planches gravées insérées dans le texte, d'héliogravures et de cartes géographiques. Les trois premiers renferment un grand nombre d'inscriptions.

LIVRES NOUVEAUX.

C. T.

SOMMAIRE DES MATIÈRES.

SCIENCES AUXILIAIRES.

Épigraphie, 139. - Paléographie, 180.

Bibliographie, 167, 174, 198; bibliothèques, 140, 201; manuscrits, 122, 133, 171; imprimés, 186, 188, 215.

SOURCES. Chroniques, 169. - Archives, 128, 144, 168. Recueils
de documents, 131, 134, 142, 143, 148, 202, 205, 212.

-

BIOGRAPHIE et généalogie. Saint Alexis, 125, 216; Ancel de Join-
ville, 151; Arnaud de Brescia, 118; Arnoul, 124; Bothon, 194; Calixte II,
120; Chambige, 136; Cornilhan, 127; la Cour d'Aubergenville, 121;
Enzio, 113; François Ier, 189; Frédéric Ier, 199; Frédéric II, 172; Gré-
goire VII, 217; Grégoire IX, 172; Henri II d'Angleterre, 166; Hermann
de Salza, 162; Honorius III, 172; R. de Houdenc, 114; Innocent IV,
172; Lifferin, 103; Linange, 158; G. de Long-Champ, 117; Louis de
Bavière, 209; Manassès, archevêque de Reims, 217; Perréal, 106;
Sforza, 214; Sigismond, 161; Visconti, 161; Wycliffe, 146; saint
Yves, 163.

GÉOGRAPHIE, TOPOGRAPHIE, 112.

DROIT, 109, 110, 133, 147, 148, 203, 208.

INSTITUTIONS Communales, 200, 204; militaires, 164, 210.
MOEURS, 149.

RELIGIONS.

-

Judaïsme, 134.

-

Catholicisme, 196; conciles, 166;
papauté, 120, 172, 217; cardinaux, 115; évêques, diocèses, 107, 117,
121, 199, 217; églises, 108; ordres, 162; monastères, 123, 127, 160, 178,
185, 197. Réforme, 146.

-

ARCHÉOLOGIE, 179, 184, 191, 198. — Architecture: édifices civils, 111,
116, 135, 141, 159, 206; édifices religieux, 121, 137, 139, 145, 150.-
Peinture, 103, 106, 130, 150, 176. Mobilier, 132, 165, 176. Bla-
son, 132, 206. Sphragistique, 140. Numismatique, 155, 158, 190,

192, 195.

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LANGUES ET LITTÉRATURES.

-

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Langues romanes: espagnol, 181; français, 114, 125, 152, 156, 175, 216;
italien, 105, 171; provençal, 125, 183, 187. Langues germaniques,
125, 218.

SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.

ALLEMAGNE, 109, 113, 162, 172. - Alsace-Lorraine, 158. Hesse,

-

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-

FRANCE. Bourgogne, 174, 199; Champagne, 195; Gascogne, 202;
Limousin et Marche, 143; Poitou, 191. - Ain, 131; Allier, 137; Aube,
138; Corrèze, 143; Côte-d'Or, 130; Creuse, 143; Doubs, 132, 150;

Eure, 121; Gard, 127; Gers, 188; Loir-et-Cher, 182; Loire, 131; HauteLoire, 145; Manche, 166; Marne, 139, 217; Haute-Marne, 151; Mayenne, 159, 160; Meurthe-et-Moselle, 151, 206; Nord, 124; Oise, 136; Orne, 135, 167; Pas-de-Calais, 123; Rhône, 131, 213; Sarthe, 197; Savoie, 192; Haute-Savoie, 192; Seine, 112, 140, 184, 186, 207; Seine-etMarne, 170; Seine-et-Oise, 141; Seine-Inférieure, 154; Deux-Sèvres, 191; Tarn, 173; Vaucluse, 127, 144; Vendée, 191; Vienne, 191; HauteVienne, 143, 165; Vosges, 185. Algérie, 153.

GRANDE-BRETAGNE.

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Angleterre, 117, 146, 166, 202. Écosse, 190. ITALIE, 113, 199. Calabre, 104; Émilie, 211; Ligurie, 128; Lombardie, 118, 161, 214; Marche, 214; Ombrie, 148; Piémont, 116, 119, 129; Rome, 209; Sardaigne, 204; Sicile, 115, 134; Toscane, 107, 108, 205; Vénétie, 111, 126, 142.

SUISSE, 122.

Turquie, 111.

103. ALBANÈS (J.-H.). Josse Lifferin, peintre marseillais du xve siècle. Paris, imprimerie nationale. In-8°, 16 p. Extrait du Bulletin du comité des travaux historiques, Archéologie, 1884, no 3.

104. AMATO (G.). Crono-istoria di Corigliano Calabro. Corigliano Calabro, tip. del Popolano, 1884. In-8°, xxvш-312 p. 4 1.

105. Ballate d'amore del secolo XII, messe in luce per la prima volta dal dott. prof. Tommaso Casini. Roma, tip. Pietro Metastasio, 6 maggio 1884. Per nozze Anderloni-Veladini. In-8°, vi feuillets.

106. BANCEL (E.-M.). Jehan Perréal, dit Jehan de Paris, peintre et valet de chambre des rois Charles VIII, Louis XII et François Ier. Recherches sur sa vie et son œuvre. Ouvrage orné de nombreuses gravures et d'une lettre de J. Perréal en fac-similé. Paris, Launette. In-4°, IV-252 p., 23 pl.

107. BEANI (conte Gaetano). La Chiesa pistoiese dalla sua origine ai tempi nostri. Appunti storici. Pistoia, tip. Cino dei fr. Bracali, 18831884. In-16, 254 p.

108. BEFANI (sac. G. B.). Memorie storiche dell' antichissima basilica di San Giovanni Battista di Firenze. Firenze, tip. della pia casa di patronato, 1884. In-8°, 220 p., pl. 1 1. 50 c.

109. BEHREND (J.-Fr.). Anevang und Erbengewere. Berlin, Guttentag, 1885. In-8°, 55 p. 3 m.

110. BENSA (E.). Il Contratto di assicurazione nel medio evo. Genova, 1884. In-8°, 238 p.

111. BERCHET e SAGREDO. Il Fondaco dei Turchi a Venezia. Studii storici ed artistici, con documenti e tavole illustrative. Venezia, tip. della Gazzetta. In-4°, 112 p. 8 l.

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