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dit le Spectateur, il trouve encore des instants à
consacrer au culte des Muses, qui le regardent
comme un courtisan trop digne d'elles pour dé-
daigner jamais ses hommages (ibid.) » Ce conte,
reproduit par le Spectateur, commençait ainsi :
Mes bons amis, moi qui, depuis longtemps
(En vérité je le dis à ma honte),

Tiens le régime à la fleur de mes ans,
A ce sujet il faut que je vous conte

A quel régime un célèbre docteur,
Vieil Esculape et favori d'Hygie,
Pour son salut, mit toute une abbaye
De gentes sœurs, dont certaine langueur
Avait jauni la peau fraîche et polie.

Ce régime consistait à scier du bois, moyen infaillible pour procurer aux nonnes trop replètes un exercice suffisant, destiné à faire diversion aux habitudes sédentaires du cloître. La guérison ne tarda pas à justifier les prévisions du médecin. On dit aussi que, par reconnaissance, Après avoir obtenu la dispense

Que le Saint-Père accorda de bon cœur,
Dans ce couvent, jadis avec ferveur,

Chaque nonnain, faisant la révérence,

Au lieu d'Amen disait: Sciez, ma sœur. (Ibid. p. 442-8).

Ce badinage, dans le goût de l'époque, devait clore la liste des communications de Monperlier: quelques mois plus tard, le poëte marotique mourait jeune encore. C'était la seconde perte notable, par décès, que faisait le Cercle parmi ses titulaires agrégés. Pitt,

que nous avons vu se

faire l'interprète de son ami, à la séance de rentrée, prononça quelques paroles touchantes sur sa tombe (Journal de Lyon du 30 mars 1819) et M. Boullée, quelques mois plus tard, inaugurait, en son honneur, parmi nous, l'éloge funèbre (1), en venant siéger à la place de Monperlier. La facilité et l'activité ne devaient pas manquer non plus à ce nouveau membre, que vous avez vu s'exercer avec distinction dans tous les genres.

Nouvelle lacune, d'août 1819 à 1823, non dans les séances, et encore moins dans les actes, mais dans les procès-verbaux. Quelques rares documents imprimés, quelques ébauches de compterendu éparses dans les journaux du temps, ont conservé les traces de la vie du Cercle à cette époque; mais l'insuffisance de ces notes est d'autant plus regrettable que le mouvement litté

(1) Gay, désigné en 1813, pour faire l'éloge funèbre de Chinard, s'étant retiré du Cercle, la même année, ne s'acquitta jamais de cette pieuse mission.

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L'exemple donné par M. Boullée a été imité plusieurs fois. Ainsi, la Société a reçu communication, depuis 1819 jusqu'à ce jour, des éloges suivants : De J.-D. Segaud, par Bernard (1822), de Jules Servan de Sugny, par M. A. de Boissieu (15 décembre 1831), Ide Pierre Revoil, par M. Martin-Daussigny (27 avril 1842), d'A. Couchaud, par le même (14 novembre 1849), de C. Breghot du Lut, par M. d'Aigueperse (6 février 1850),—d'A. Coste, par M. Fraisse (11 juin 1851) -d'E. Mazelle, par M. de Pettolaz (14 février 1852),—de L.-P.-A. Gauthier, par M. Fraisse (5 mai),—de J.-B. Idt, par M. Servan de Sugny (30 mai 1855), et enfin de L.-F.-M. Menoux et L. Boitel, par M. Martin-Daussigny (8 août).- La Société a voté l'impression des éloges funèbres d'A. Couchaud, C. Breghot, ' A. Coste, et L.-P.-A. Gauthier.

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raire, à ce moment de trêve, entre la consolida-
tion de la dynastie et la résistance libérale, qui
devait plus tard entraîner les esprits cultivés vers
la polémique, en province aussi bien qu'à Paris,
était encore désintéressé, et que, de part et d'au-
tre encore, on faisait des vers par délassement
plutôt que par hostilité. C'est à cette influence
de verve débonnaire qu'il faut attribuer l'inspi-
ration d'une charmante imitation de Catulle (1),
par Jules Servan de Sugny, enlevé bien jeune
aux plus brillantes destinées littéraires, et qui
fut lue à la séance du 9 août 1821 ( Voir Gazette
(
universelle du 10):

Pleurez, pleurez, habitants d'Idalie,
Pleurez, pleurez, favoris des amours,
Il ne vit plus l'oiseau de ma Lesbie
Et le destin, qui termine le cours
De ses concerts, de sa brillante vie,
De mon amante a flétri les beaux jours.
De ses attraits esclave volontaire,
Par mille jeux et par mille détours,

Il promenait, sur leurs charmants contours,
Son goût volage et son aile légère.
Pour mon amie il gardait ses doux sons,
Et quand ses yeux revoyaient ma bergère,
Comme un enfant qui reconnaît sa mère,
Il commençait ses joyeuses chansons.
Et maintenant son ombre solitaire
Va tristement dans ces sombres prisons
Où n'a jamais pénétré la lumière !

(1) Carmen III, Luctus in mortem passeris.

Soyez maudits, noirs tyrans des enfers:
Votre Achéron dont le gouffre dévore
Les doux attraits qui parent l'univers,
Du jeune oiseau vient d'éteindre l'aurore.
Il ne vit plus, et celle que j'adore

Vit dans le deuil, la plainte et les douleurs.
Chargé d'ennui, son front se décolore,

Et ses beaux yeux sont tout baignés de pleurs.

Un tirage à part, heureusement échappé du naufrage de nos archives, nous apprend qu'à la séance du 11 juillet 1822, le Cercle, après avoir entendu, par l'organe de M. Breghot du Lut, le rapport d'une commission dont il faisait partie avec MM. Cochard, le docteur Janson, Coste et Guillard, avait voté le principe d'une Biographie lyonnaise.

Nous trouvons dans ce rapport, que cette proposition était due à l'initiative de M. Cochard, reprenant les idées précédemment émises à ce sujet par MM. Coste et Breghot. Le Cercle faisait connaître ainsi, par l'organe de son rapporteur, le caractère et le but de la publication dont la création allait être décrétée :

<< Ce ne serait pas un ouvrage destiné seulement à satisfaire une curiosité oiseuse; les lecteurs y trouveraient une source abondante d'instruction; il constaterait, en faveur de nombreuses familles, l'honneur qu'elles ont d'avoir produit des hommes remarquables par leurs

vertus ou par leurs talents; en même temps qu'il sanctionnerait des titres incontestables et des droits reconnus; il rachèterait d'un injuste oubli et vengerait du caprice de la renommée quelques noms qui méritent aussi d'être transmis à la postérité; il fournirait une foule d'exemples capables d'exciter parmi nous une généreuse émulation; il serait enfin un des plus beaux monuments qu'on pût élever à la gloire de notre ville. »>

Après avoir voté quinze articles consécutifs à cet exposé, la Société, dans la séance suivante (24 juillet), élut les membres de la commission d'indication et de distribution : le scrutin désigna MM. Cochard, Coste et Breghot, qui furent remplacés, le 28 novembre, par MM. Péricaud aîné, Grand perret et Larnac (Tablettes histor. p. 105). La Biographie devait être précédée d'un tableau chronologique de l'histoire de Lyon, depuis l'origine de cette ville jusqu'à nos jours. La préface du Catalogue des Lyonnais dignes de mémoire, publié aux frais de la Société, en 1839, nous apprend que « le Cercle avait reçu déjà communication d'un certain nombre de notices, dont plusieurs étaient dues à M. Cochard, enlevé depuis à l'amitié de ses collègues et si vivement regretté de tous ceux qui s'intéressent aux recherches sur l'histoire de notre ville, qui l'ont occupé toute sa vie; enfin, que les événements politiques et quelques autres circonstances ra

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